Mathieu Hidalf n'est pas heureux. Non seulement c'est le jour de ses dix ans (un âge inutile selon lui), mais c'est aussi le jour de l'anniversaire du roi. Comme chaque année depuis sa naissance (où ses vagissements ont gâché la fête), Mathieu organise une bêtise. Mais il semblerait que des événements extérieurs reportent le sabotage du royal anniversaire. Foi de Mathieu, ça ne va pas se passer ainsi !
Lorsque en aout 2011
Gallimard Jeunesse a proposé le Premier Défi de Mathieu Hidalf, j'ai hésité à le chroniquer. J'ai eu tort ! J'aurais dû le dénoncer à la Commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à l'enfance et à l'adolescence. Dès la première page, mes zygomatiques se sont mis à travailler. J'ai eu des courbatures au niveau des abdominaux. Je ne renie pas le bienfait du rire, mais durant 246 pages, je dis non ! C'est donc paralysé des zygomatiques, avec des abdominaux hypertrophiés, que je chronique le premier tome de Mathieu Hidalf.
Christophe Mauri n'en est pas à son coup d'essai. Dès seize ans, il publie un premier texte aux éditions Belem, mais il avait commencé à envoyer des textes aux éditeurs à l'âge de treize ans. Précoce et amoureux des lettres, il peaufinera son univers jusqu'à écrire le premier tome de Mathieu Hidalf. Si nous sommes dans un monde de fantasy, avec ses codes et sa faune pittoresque, l'auteur n'oublie jamais de captiver son lectorat avec une histoire solide. A priori, elle était destinée aux plus jeunes. Grossière erreur ! le monde de Mathieu Hidalf est géré par l'administration royale. Qui dit administration, dit paperasse, discussions, négociations, etc... Malgré ses dix ans, notre héros comprend tout le système et le corrompt à sa manière. Croyez-vous que la hiérarchie s'en offusque ? Au contraire, elle participe joyeusement à toutes ses bassesses d'une façon ou d'une autre. Mathieu réussit si bien sa bêtise d'anniversaire que les nobles parient dessus.
Les personnages sont particulièrement bien campés. Mathieu est un adorable diablotin, imbu de sa personne et futur génie. Sa stratégie a toujours deux ou trois coups d'avance et, en cas de problème, il peut toujours compter sur les loyaux serviteurs de sa famille. Une famille qui pourrait détester ce fils indigne si les complots, les serments de la fratrie Hidalf ne la soudaient pas. Les soeurs ont bien compris que les bêtises du frère servent leurs intérêts. Seul Hidalf père (Rigor de son prénom) reste sourd aux aspirations de son fils. Il voudrait faire de lui un futur sous-consul, mais sa progéniture n'en fait qu'à sa tête. Quant aux règles et aux lois édictées par son père, Mathieu les détourne. Elles sont écrites de telle façon qu'une faille est toujours ouverte.
Une porte d'école qui n'ouvre qu'aux inscrits, un chien à quatre têtes (dont une qui ronfle), des adultes préoccupés par leur classement dans la noblesse... le premier défi de Mathieu Hidalf est une farce réussie. le héros assume ses bêtises, l'histoire est solide, bien écrite. Détournement des lois, paris illégaux, dessous-de-table, tout est bon pour que Mathieu arrive à ses fins tout en montrant les failles du royaume. A chaque page, une phrase, une situation vous fera rire. Monsieur Mauri, votre livre est une véritable torture. Impossible de lire en public, on dérange. Les têtes se tournent dans les transports en commun. Quant au lecteur, il finira comme moi, avec un sourire fixé sur les lèvres (le médecin dit que ça disparaîtra sous trois semaines). J'hésiterais à le recommander (mais je prendrai une dose supplémentaire avec le deuxième tome).
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