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J'avoue avoir été déroutée par le style de ce roman. J'ai trouvé l'écriture assez confuse, car les narrations se mêlent. La trame est aussi très psychologique ce qui fait que ce livre est assez complexe à lire. Ce n'est pas une lecture limpide ou captivante. Ce n'est qu'à la fin du roman que tout se décante, que le voile se lève, et que le lecteur comprend... Mon premier roman de Laurent Mauvignier. Un livre intéressant, mais un style qui déstabilise.
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Premier contact avec Laurent Mauvignier, et me voici marqué..."Seuls" est un de ces livres que vous ne pouvez pas oublier.

Exigeant par le style : on lui retrouve des similitudes avec nombre d'écrivains des éditions de minuit, cette marque de fabrique des Jean Echenoz, Christian Oster, et avant eux les chantres du Nouveau Roman, Michel Butor et Alain Robbe-Grillet, phrases longues et complexes, avec un art consommé des sinuosités. Il faut être concentré, attentif à l'ordonnancement des mots pour tout saisir, ne pas décrocher...mais page après page, l'oeuvre se déroule, mine de rien tant on frise l'unité, l'unicité d'espace, lieu, temps...

Solitude, incommunicabilité des mots, des sentiments, qui restent bloqués à l'intérieur...Tout le roman tourne dans l'incapacité de Tony d'avouer ses sentiments à Pauline, son amie de jeunesse, revenue s'installer quelques mois chez lui en attendant de trouver un appartement. C'est une torture, une tumeur en lui qui le ronge, il lui faut fuir, mais peut-on se sauver de ses fantômes et démons intérieurs ?

Le subtile et le sublime s'effeuillent peu à peu, lorsque les sentiments se complexifient...angoisse, colère sourde, jalousie, lâcheté, peur...et toujours cette solitude qui n'est pas le seul apanage de Tony, mais aussi de Pauline elle-même, et du père de Tony...

L'écriture est éprouvante, on l'a dit, le malaise et la tension sont permanents, et vont crescendo avec l'appréhension de voir le drame survenir. Tous les personnages souffrent en silence, pudiques, et sont cabossés, ambivalents... la maestria de l'auteur est de nous rendre cette ambiance parfaitement palpable par le mode de narration, puisque se succèdent, immergés dans le drame qui se noue, le père de Tony et le nouvel ami de Pauline, si seul lui aussi dans sa responsabilité et sa panique de la catastrophe qu'il pressent !!!

Une saisissante illustration du drame de l'humain, bien seul dans sa peau de mortel, avec une âme parfois bien en peine lorsqu'il est handicapé des sentiments, que le courage, le sens lui manquent, que les mots ne sortent pas et l'étouffent, le menaçant de folie, d'auto-destruction et mettant son entourage en danger...

Un livre bouleversant, à n'entamer qu'en période de moral au beau fixe...










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N°1731 – Avril 2023

SeulsLaurent Mauvignier – Les éditions de Minuit.

Un soir Pauline appelle Tony pour qu'il vienne la chercher à l'aéroport. Lui qui vit seul d'un travail qu'il n'aime pas, veut y voir un signe du destin qui va précipiter les choses et faire revenir vers lui cette jeune fille devenue femme qu'il connaît depuis l'enfance et à qui il n'a jamais cessé de penser depuis qu'ils étaient étudiants ensemble. A cette époque ils partageaient un appartement en colocataires et il n'y avait entre eux qu'une solide amitié, une vie de frère et soeur. Puis elle est partie longtemps à l'étranger avec un homme, abandonnant tout. Avec son accord elle s'installera chez lui le temps de trouver un appartement. Pendant quelques temps ils vivront donc ensemble, comme ils l'ont déjà fait jadis, et pour les yeux des autres seront comme un couple d'amoureux, singeant une vie de couple. Ce mensonge le ravit et il voudrait que cela dure toujours, qu'elle reste enfin avec lui, devienne amoureuse de lui. Il revit au point d'envisager de quitter son travail, de reprendre ses études... Pourtant, tout les a toujours séparé, elle était toujours très courtisée et lui était un garçon complexé, sentimental, idéaliste, timide et qui rêvait d'un « grand amour » et elle était sensuelle, libre et aimait l'amour physique. Rien n'a changé entre eux mais la réapparition inattendue de Pauline réveille pour Tony cet amour refoulé qu'il a toujours éprouvé pour elle sans oser le lui avouer et sans même qu'elle-même s'en aperçoive. Maintenant, c'est un peu comme s'il voulait rattraper le temps perdu et il transforme son appartement pour que Pauline s'y sente bien et peut-être y reste, une démarche pourtant vouée à l'échec Leur relation est révélatrice de la complexité de l'être humain qui trahit à la fois son besoin d'être aimé et la crainte de l'être, l'illustration de l'attirance et de la répulsion des êtres entre eux. Mais Pauline se lasse vite de cette monotonie, de cette routine banale de Tony devenu vieux garçon à force de l'attendre et disparaît à nouveau et s'installe avec Guillaume, plongeant Tony dans un désespoir dévastateur qui provoque sa disparition brutale dont le père cherche l'explication auprès de Pauline.
De ce roman au titre évocateur il ressort une grande solitude, une fragilité, celle du père qu'on sent tourmenté, désemparé face à ses souvenirs de guerre, qui s'aperçoit bien tard qu'il est passé à côté de ce fils sans avoir cherché à le connaître et peut-être à l' aider, celle de Tony, ballotté par les événements qui s'imposent à lui mais aussi celle de Pauline, incapable de se fixer et qui ne pense qu'à elle. C'est un peu comme si, hautaine, indifférente, volontiers arrogante, elle vivait à ses côtés sans le voir, comme s'il était un témoin transparent, impuissant face aux aventures amoureuse de cette femme. J'ai même eu l'impression qu'elle jouait avec lui, avec sa candeur, avec sa timidité et prenait un certain plaisir à détruire tous les espoirs fous que Tony avait tressés et auxquels il s'accrochait désespérément. Ce sont à l'évidence deux êtres qui ne se ressemblent pas, qui ne sont pas faits l'un pour l'autre mais que la vie a réuni pour mieux les séparer et pour qui la vie commune eût été impossible, de toute manière.
Cette impression de solitude est renforcé par l'absence de dialogues, le style est fluide, poétique parfois, agréable à lire malgré des phrases un peu longues.
Je redis ici que j'apprécie cet auteur pour la qualité de son style, à la fois simple et précis mais aussi pour les thèmes de réflexion qu'il choisis pour nourrir son oeuvre.
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Depuis qu'ils sont enfants, Tony aime Pauline. Il a toujours été là pour elle comme l'ami sur qui on peut compter : chagrins amoureux, nuits brouillées par l'alcool ou les pleurs. Pauline l'a toujours considéré comme un frère. Même quand ils étaient tous les deux étudiants, elle n'a pas voulu voir ses regards où l'amour était bien présent. Tony ne lui a jamais rien avoué. Quand Pauline est partie suivre Guillaume à l'étranger, Tony a arrêté la fac pour une vie fade et un boulot alimentaire.

Un jour elle l'appelle. Elle revient et lui demande de venir la chercher à l'aéroport. Elle s'installe chez lui provisoirement, le temps de trouver un appartement et un travail. Il le lui a proposé avec cette idée que les mensonges que l'on se fabrique peuvent devenir réalité. Et tous deux ont joué à une parodie : sorties, cinéma, restaurant. Toujours tous les deux. Tony la surveillant mine de rien, ayant trop peur qu'elle s'envole pour une nuit avec quelqu'un. Un soir, elle s'est faite belle car elle a une nouvelle à lui annoncer. Elle va se remettre en couple avec Guillaume et Tony devrait être content pour elle, avoir des sourires de pacotille et la féliciter. Faire comme si une fois de plus. Mais Tony ne peut plus. Un trop plein de non-dits refoulées depuis longtemps, de cet amour qui le consume à le rendre fou, de sa relation faite de silences avec son père. Tony disparaît.

Ce père enseveli sous le poids de l'Algérie et de la mort de sa femme cherche à comprendre. Il demande de l'aide à Pauline et l'accuse. Pas ouvertement ni franchement mais à demi-mots. Et Pauline lui renvoie au visage les blessures cachées de son fils. le père perd espoir de revoir son fils.

Des personnages qui sont seuls ni innocents ni coupables et qui se cognent, se cherchent tels des phalènes devant le scintillement d'une lumière. Ils encaissent les heurts ou ne veulent pas voir l'étendue dévastatrice de leurs silences. Les voix comblent peu à peu ce qui n'a pas été forcément raconté jusqu'à ce que l'inéluctable sans concession se produise .

Une écriture magnifique, une construction admirable pour une lecture qui implose les silences, dépeint les drames de vies tissées sur un quotidien bancal.
Que dire de plus? Laurent Mauvignier est un maestro...
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Difficile sujet que celui de la solitude. Une matière complexe à aborder, qui l'est encore plus lorsqu'à celle-ci s'adjoint l'Amour, fou et désordonné, destructeur. Et pourtant. D'une écriture singulière et remarquablement touchante, Laurent Mauvigner trace ici les contours, tantôt flous, tantôt acérés, d'êtres auxquels la vie ne cesse d'échapper, et qui, en voulant se rejoindre, s'abîment finalement dans des abysses de tristesse et d'isolement.

Au centre de cette histoire, Tony. Jeune homme complexe et complexé, voguant en solitaire dans une vie qui ne lui appartient plus, seul avec ses souvenirs d'un Amour presque irréel, sa soif d'un corps et d'un coeur qui toujours se refusent à lui. Tony, et son futur mis entre parenthèses quand Pauline est partie. Son existence aux reflets d'alcool et de nuit, immobile.

Il n'aime qu'elle, ne veut qu'elle, cette femme qui se perd dans les bras des hommes. Cet objet de désir et de désespoir, qu'il ne sait pouvoir posséder qu'en tant qu'amie.
Et voilà qu'elle revient, comme sortie de nulle part. S'installant chez Tony pour quelques jours de vie ensemble, comme lorsqu'ils étaient jeunes.

Alors, pour quelques temps, il faudra nier la vérité, s'étourdir encore, comme avant, étouffer les battements de coeur qui résonnent pour la bien-aimée aveugle à l'Amour dévorant. S'effacer, devant les nuits du passé où elle lui hurlait sa douleur et sa déception, à lui, lui seul qui ne l'a jamais abandonnée, lui enfermé, cadenassé dans son rôle bienveillant. Lui qu'elle n'a jamais vu comme un homme.

Mais l'Amour peut-il être ainsi caché ? Jusqu'où peut-on nier l'existence de l'Autre ? le temps de quelques pages, l'auteur nous invite à cette difficile réflexion sur l'égoïsme, le manque de compréhension et le poids de la solitude.

Ce roman est le récit tragique d'un Amour désavoué, d'un homme qui ne mérite rien, d'une vie marquée par l'attente, et qui peu à peu se désagrège. C'est le combat perdu d'avance de celui qui a fait de l'Amour d'une femme la vocation de sa vie toute entière, suspendu aux paroles qui blessent, aux récits des enlacements qu'il ne connaitra jamais. C'est le long glissement, presque imperceptible, vers la folie dévastatrice, vers la fin inéluctable, apogée d'un mal construit sur le silence.

Un très grand roman.











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Ce livre, je n'en ai lu aucun autre comme celui-ci. Seuls, c'est un genre à part entière, une longue mise à nu de la part des protagonistes. Une oeuvre qui se lit d'une traite presque, sans aucun dialogue à proprement parler, tout est dans la description, l'explication de vies qui s'entremêlent et se lient, presque malgré elles.

Tout commence quand Pauline revient dans la vie de Tony, pour lui, la peur des retrouvailles est énorme face à son amie d'enfance qui est désormais une femme et que Tony n'a cessé d'aimer depuis leur rencontre. Petit à petit, l'auteur nous enfonce dans un silence sans nom, grâce au fait qu'il n'y ait pas de dialogues, silence qui représente la solitude de Tony, personnage au coeur de l'oeuvre. Ils se retrouvent, comme avant, comme des frères et soeurs. Malgré tout, l'exil de Tony est toujours présente, elle reviendra dans une deuxième partie qui s'ouvre au moment où Pauline déménage pour retrouver Guillaume.

Contre toute attente, Tony est brisé, il disparaît après une visite rendue à son père où il lui apprend tout, son histoire avec Pauline, ses sentiments pour celle-ci. le père, narrateur, décide de trouver Pauline, afin de comprendre pourquoi son fils est parti. Tout s'enchaîne, irrémédiablement, jusqu'au coup final, qui clôt cette tragédie. C'est un peu comme ces tragédies grecques, on connaît l'issue, on est impuissant face aux évènements qui se déroulent sous nos yeux. On suit péniblement ce désespoir qui ne cesse de s'accroître au fil des pages, l'appartement de Tony qui, au début est une sorte de sanctuaire à l'effigie de Pauline, de l'amour même. de ce besoin d'être aimé mais également de ne pas vouloir l'être, cette répulsion que ressentent les êtres, parfois, face à l'autre. Ce même appartement qui quelques pages plus loin n'est plus que l'ombre de son résident. Un lieu sombre, caché de toute lumière, qui pue le tabac froid et le renfermé ainsi qu'un clic-clac désormais toujours déplié.

Ce qui est au coeur de ce roman, c'est la fragilité des êtres, le désir qui mène à la folie. J'ai cependant eu un peu de mal parfois, à suivre les changements de narrateur, je me retrouvais deux pages plus loin à me dire "Ah oui, c'est ce personnage-là, ah bon d'accord", j'avoue que j'aurais aimé plus d'indications pour que ma lecture soit un peu plus fluide. Il faut être concentré pour le lire, car, bien qu'il soit petit, l'auteur fait énormément de phrases très - très - longues, par moments, je devais m'y reprendre à deux fois pour certains passages.

Excepté ce petit défaut, j'ai été entraînée par ce roman, célébration de la solitude, de la peur et de l'errance. Ce livre, c'est la passion qui se mêle à la répulsion de l'autre, de soi. Il nous parle, nous raconte une seule et même histoire contée par plusieurs narrateurs. Parfois on perd le fil, mais c'est pour mieux retrouver ces phrases magnifiques, lyriques et si puissantes, qu'on ne peut passer à côté de cette histoire.

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Une claque.
Personne n'est ménagé, ni personnage ni lecteur.

Une femme, un homme. Torturés tous deux psychologiquement, ils revivent une colocation ambiguë, se font souffrir, se fuient, culpabilisent, se cherchent, se blessent, et selon le point de vue, le font plus ou moins innocemment. Il n'a pas grandi, elle n'a pas changé. Et puis il y a cet abîme de silence entre eux qu'il ne supportera plus.

L'écriture, violente, a ce pouvoir à la fois d'intrusion et d'écartement. Oui, nous faisons un pas de côté car nos narrateurs ne sont pas les protagonistes de l'histoire, ils en sont les témoins impuissants. le voyeurisme n'est pas tant dans l'action, relativement elliptique, que dans les sentiments et les caractères de ce non-couple. Bienvenue dans l'engrenage.
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Quelle plume ! Seuls, du pur Mauvignier, un roman à lire un jour de pleine forme tant il est bouleversant, dérangeant, d'une tension extrême.
Dans ce roman choral, qui donne la parole à ceux qui ne l'ont pas, le récit déroule la solitude de personnages emmurés dans leurs souffrances, leurs non-dits ; cette incommunicabilité engendre la souffrance, une souffrance qui va atteindre son paroxysme dans les dernières pages et troubler le lecteur. Seuls peut être lu comme un roman d'amour et comme un roman social.
Et le début de l'histoire ?
Pauline et Tony se connaissent depuis longtemps. Etudiants, ils cohabitent. Tony est l'ami, le confident de Pauline qui enchaîne les déboires sentimentaux. Tony est amoureux de la jeune fille mais il ne le lui dit pas. Il n'arrive pas à sortir les mots de lui. Il a souffert de ne pas être écouté par son père. Il a interrompu ses études au départ de Pauline. Leurs retrouvailles ont lieu à l'aéroport. Tony héberge Pauline en attendant qu'elle trouve un logement, elle lui apprend que Guillaume son amoureux va venir la rejoindre. Au moment du déménagement de Pauline, Tony déraille. Son père va trouver Pauline, dans un face à face émouvant des choses se disent.
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J'avais eu beaucoup de mal à démarrer cette lecture au style haché, aux phrases courtes, mais portant le texte sans doute idéalement. J'avais même, je crois, pris des pages au hasard, continué par la fin et finalement repris la lecture, comme si je n'avais pas triché.
Je sentais la tragédie, la solitude des personnages, le désarroi, l'esseulement dans lequel la ville contribuait à les plonger, et une tristesse sourde que je ne voulais pas, que je refusais..
Oui, ce roman est difficile à lire, mais je ne peux pas dire qu'il m'ait déplue. Il m'avait dérangé comme me dérangent la noirceur de la vie, les destins tragiques et les gens désespérément seuls. Il faut lire d'autres livres pour mieux comprendre le style Mauvignier sans doute…


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L'histoire de Tony et Pauline, et quelques personnes qui les touchent de près.
Un récit à la troisième personne, qui dévoile peu à peu les ressorts des relations entre eux deux, entre eux tous.
Ce roman se lit bien. Pour ne pas trop en dire, je le qualifierais de roman d'octobre, quand les jours rapidement diminuent.
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