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Je suis facilement entrée dans le roman, appréciant l'histoire qui m'était proposée, l'alternance des points de vue même si j'ai trouvé les chapitres un peu longs. Je me suis réjouie de ce combat biblique entre un David et son Goliath de la pétrochimie. Et puis j'ai trouvé que ça n'avançait plus vraiment, et puis la représentation que j'avais des personnages est devenue de plus en plus floue. Je ne les ai pas accompagnés dans leur amertume grandissante même si elle me semble justifiée. Dans cette veine, bien que sur un sujet différent, comme j'avais été au contraire subjuguée par l'Autre moitié du soleil de Chimamanda Ngozi Adichie ! Ici, j'ai trouvé peu crédibles certains passages assumés dans la narration par les enfants ou la vieille Yaya. Thula finit par être un être désincarné, le récit par se répéter ou devenir grandiloquent. Et la fin aussi réaliste que triste a achevé de doucher mon enthousiasme.
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La parution à la rentrée littéraire de 2016 de Voici venir les rêveurs, premier roman de Imbolo Mbue s'était accompagné d'une certaine fébrilité tant le roman s'était arraché à la foire de Francfort de 2014 ! J'avais eu le plaisir de lire ce magnifique roman d'une jeune autrice camerounaise tout juste naturalisée américaine, arrivée aux États-Unis l'année où la France célèbre en liesse la victoire de ses Bleus.

C'est cette fois dans un pays qui ne sera pas nommé, dans l'ouest de l'Afrique que les bonheurs et les drames se déroulent. À Kosawa, la population souffre depuis qu'une entreprise américaine, Pexton, s'est installée dans la vallée afin de forer le pétrole qu'elle achemine ensuite jusqu'au littoral, avant de partir alimenter l'Amérique.

Depuis son arrivée, avec la complicité intéressée de Son Excellence qui dirige sans partage le pays depuis toujours, les drames se succèdent. Déjà, il y a le bruit et l'odeur, les torchères, les fuites, la pollution du fleuve voisin, la pollution des sols qui ne permettent plus les cultures. Et puis surtout, cette pollution de l'eau du puit qui rend les enfants malades avant que Kosawa ne les enterre en versant des larmes amères.

Pour les habitants du village, rien ne semble être efficace, ni les guérisseurs, ni les demandes appuyées au gouvernement, ni les tentatives de dialogue avec Pexton. Alors quand tout semble perdu, il reste l'irrationnel, l'inattendu, l'action violente bien que le sang appelle le sang. Et puis peut-être Thula, cette jeune fille discrète qui apprend si vite et qui, en partant étudier aux États-Unis, saura peut-être les défendre.

J'ai eu l'impression de vivre mille vies dans ce roman incroyable, j'ai traversé révolte et hébetude, empoigné l'envie de changer le monde et laissé les larmes couler face au cynisme du capital et à la violence du pouvoir sur la vie des Hommes. Un roman qui bouleverse, qui questionne, qui nous donne l'espoir et puis nous en prive au chapitre suivant. Quelle autrice, quel talent !

Chronique partagée depuis le compte Instagram de L'Homme Qui Lit. Service de presse adressé par l'éditeur.
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Dans les années 1980, Thula, fillette d'une dizaine d'années, se souvient de la mort de nombreux enfants de son village de Kosawa, au Cameroun. Des morts probablement dues à l'empoisonnement de l'eau (et des terres environnantes) par une société pétrolière américaine sans scrupules (Pexton) installée sur des sites d'Afrique de l'Ouest depuis quelques années … Thula se souvient de leur duperie auprès des anciens, qui ont (plus ou moins volontairement …) fermé les yeux sur ces agissements destructeurs. de la trahison du chef du village, Woja Beki. de l'attente angoissée de toute la famille, après le départ du père (Malabo) vers Bézam (avec deux autres villageois) afin d'obtenir réparation. de leur inquiétante disparition. de son besoin de découvrir la vérité. de son immense désir de vengeance, enfin …

Un récit tragique qui dénonce un acte criminel. Semblable à tous ceux régulièrement accomplis par de grands industriels occidentaux (pour qui l'argent prévaut nettement sur la sauvegarde de la planète et de ses habitants les plus vulnérables …) Un incisif pamphlet également, contre l'abjecte corruption des gouvernements concernés, qui n'hésitent pas à envoyer l'armée afin d'intimider – et de neutraliser si nécessaire – les plus récalcitrants …

Sujet brûlant et toujours d'actualité : voir par exemple le méga-projet de Total en Ouganda (qui ne ferait qu'appauvrir un peu plus les paysans … ) Un roman chorale magistral, traité avec une grande intelligence, doublé d'une écriture magnifique et non moins percutante ! L'auteure donne la parole aux différents membres de la famille de Thula (tels que : Bongo l'oncle, Yaya la grand-mère, Sahel la mère, Juba le petit frère …) ainsi qu'à ses camarades de classe. Un émouvant moment de lecture !
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République du Cameroun, une petite ville : Bézam. Une grande multinationale pétrolière américaine : Pexton. Un grand nombre d'habitants spoliés de leur terre par cette société ! Non seulement pratiquement aucun subside en retour de extractions de pétrole, si ce n'est la pollution générée par les pipelines rouillés, les torchères avec leurs norias de fumées, les fuites de pétroles ; et en conséquence, les exactions qui touchent les habitants...

Les membres du petit village de Kosawa résistent, et malgré des pourparlers, n'obtiennent rien. le maître mot des responsables locaux de la société, devient un leitmotiv impertinent : patience, toujours une indéfectible patience.

Une jeune femme, Thula, sera l'égérie d'une révolte ; pour faire restituer les terres, les dépolluer ainsi que l'air et l'eau ; et enfin, dédommager les habitants du petit village. Son coeur ne tergiversera pas et toujours son regard et ses actes iront vers la justice, pour combattre l'impérialisme et le népotisme...

Un combat inégal, qui met en exergue, la liste sans fin des pays subissant le colonialisme, au détriment des bienfaits que pourraient leur apporter les richesses de leur pays. Mais souvent l'intervention des puissances occidentales usent sans états d'âme à piller celles-ci ; avec bien sûr la complicité des membres de l'intelligentsia locale.

Il est vrai que pour Thula, la faiblesse ainsi que l'absence de connaissance se trouvent être l'incapacité majeure de son pays ; mais elle veut cependant continuer à lutter pour Kosawa, il s'agit de son droit imprescriptible ; et finalement faire sortir son pays des ténèbres et accéder derechef à la lumière.

Imbolo Mbue, avec sa fougue et sa verve nous transporte aisément dans ce beau pays, avec ses lois et ses moeurs qui différent pour beaucoup des nôtres. Un pays où la parole des anciens, l'entraide et la fraternité ne sont pas des vains mots. Une rédemption pour cette auteure peut-être ? En somme une immersion dans un grand voyage et un bon moment de lecture.

Lien : https://bookslaurent.home.bl..
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Un petit village en Afrique, des enfants qui meurent trop tôt et trop mal. Les villageois qui comprennent que la compagnie pétrolière qui fore sur leurs terres ancestrales pollue l'eau qu'ils boivent, la terre qu'ils cultivent.
Durant des décennies, ils vont se battre, on voit disparaître des hommes qui sont partis à la ville pour négocier, on voit des fausses négociations, de fausses promesses, des paroles non-tenues ... tout cela pour alimenter la machine capitaliste qui place le profit de quelques uns au dessus des peuples. Un colonialisme économique qui écrase la culture, la nature au nom de l'argent... des journalistes passent, des articles dénoncent, des associations s'agitent mais le pétrole continue de couler à flot, les torchères à brûler l'air pur de l'Afrique. Au milieu de tout cela, la vie de quelques uns éclaire le récit. L'amour, les regrets, la lutte... ne jamais rien lâcher pour vivre debout.
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C'est le deuxième roman qu'Imbolo Mbue nous offre, mais le premier que je lis. Je n'ai pas eu la chance de lire Voici venir les rêveurs, mais il ne saurait tarder puisque je l'ai ajouté à ma wishlist. Je ressors fortement ébranlée par la puissance et la profondeur de ce roman. La plume de cette auteure est exceptionnelle!

J'ai pris mon temps pour lire ce roman. Quelques pages à tous les jours. Je voulais rester le plus longtemps possible auprès des personnages. L'auteure nous présente ce roman sous divers points de vue. Celui des enfants du village, ainsi que Bongo, Yaya, mais surtout Thula, cette jeune femme qui quittera son village pour aller s'enrichir de connaissances en Amérique et revenir par la suite au sein de son pays natal. Elle désire sauver son peuple, rien de moins!

Ce qui m'a principalement bouleversée, c'est la vision de ces grandes puissances de notre planète envers les plus démunis. de générations en générations, ils sont exploités. Tout cela pourquoi? Pour s'enrichir! Ce n'est pas nouveau me direz-vous… mais cela me révolte tellement! Il n'est pas aisé de lire ce roman car parfois devant l'inacceptable, les gens ne savent plus quoi faire sinon utiliser la violence. Et le sang coulera à Kosawa!

L'auteure nous fait découvrir les us et coutumes de ce petit village d'Afrique. Leurs visions, leurs croyances, mais aussi leur sagesse. Je pouvais aisément imaginer toutes ces cases et ces gens qui dansent au son du tambour. Leur résilience m'a également touchée, tandis que l'abus de pouvoir de leur gouvernement m'a profondément choquée. Je n'étais plus la lectrice située en Amérique du Nord, tout à coup je me sentais comme partie prenante de ce village.

Vous l'aurez deviné, je ressors de cette lecture avec un petit coup de coeur. Un roman intense et puissant qui m'a permis de voyager au Cameroun et qui m'aura fait découvrir une nouvelle facette peu reluisante du pétrole et de la colonisation.
Lien : http://alapagedesuzie.blogsp..
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Je le dis d'entrée de jeu, j'ai eu du mal à lire ce livre, j'ai eu du mal à aller au bout de ce livre. Ce qu'il raconte est en effet dur, tragique, parfois insoutenable, d'autant plus insoutenable que l'histoire est cruellement possible.
A chaque chapitre son ou ses narrateurs. Ils alterneront tout au long du récit, parce que certains faits ne pourront être racontés par n'importe qui. le narrateur peut être un, comme Thula ou Bongo, son oncle, ou Sahel, sa tante. Il peut être choral, comme ce groupe d'enfants qui a le même âge que Thula, ce groupe de survivants, à la maladie, au massacre.
C'est l'histoire d'une multinationale américaine qui s'est installée dans ce village – dans d'autres villages aussi – avec la bénédiction de Son Excellence, qui dirige ce pays d'Afrique de l'Ouest. C'est l'histoire d'une multinationale qui engrange de grands bénéfices, et néglige tout ce qui peut assurer la sécurité des habitants du village. Les terres deviennent stériles, l'eau polluée. Les enfants tombent malades, et parfois, trop souvent même, ne guérissent pas. le petit frère de Thula aura la chance de revenir à la vie. Un parmi tant d'autres qui seront mis en terre avant leurs parents et leurs grands-parents.
C'est l'histoire d'années qui se transforment en décennies de lutte. Ce sont des tentatives pour faire bouger les choses, pour que réparations soient faites, dans tous les sens du terme. C'est l'histoire de choix, aussi, partir, rester, accepter l'argent, accepter le travail. C'est constater aussi que les employés de la compagnie, s'ils ont accepté de travailler pour la compagnie, ne sont pas forcément mieux lotis.
C'est l'histoire de traditions que les grands-parents, les parents essaient de transmettre. C'est l'histoire du capitalisme qui s'implante tranquillement en terre africaine, c'est l'histoire aussi du colonialisme, de l'esclavage, qui ont laissé des traces sur la terre et dans les mémoires.
Ce n'est pas un livre facile, je l'ai déjà dit, mais c'est un livre important, à lire et à partager.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Merci à Netgalley et aux editions Belfond pour cette lecture. Imbolo Mbue frappe encore dans ce deuxième roman qui l'a fait entrer définitivement dans la galerie des auteurs contemporains à découvrir !

On fait la connaissance de Thula, jeune villageoise de Kosawa. Depuis sa plus tendre enfance, elle partage avec les autres villageois un vie rythmée par la sociète américaine Pexton. Afin d'exploiter les réserves de pétrole, cette compagnie est prête à tout, peu importe le coût : que des enfants meurent avant l'âge de 6 ans sans raison, ou que des habitants perdent leurs terres cultivables ...rien ne les arrête.

Mais Thula ne va pas restée les bras croisés, envoyée aux Etats-Unis pour poursuivre ses études, elle va déclencher un mouvement qui va dépasser ses espérances, et son contrôle... Mais cette femme hors du commun, va tout tenter pour défendre son village.

L'autrice reprend dans son roman la bataille du pot de fer contre le pot de terre, mais le porte à un niveau proche de l'excellence. Avec sa plume toujours pleine d'humanité et conteuse de traditions, elle s'attaque à la problématique du comportement de certaines multinationales, face à des populations en quête de meilleures conditions de vie , s'attribuant même le droit de vie ou de mort, quoiqu'il en coûte ....

Ce roman est très intense, et très sombre, mais cache dans les coins ce ses chapitres l'espoir et la découverte. Espoir de lendemains meilleurs et du réveil des consciences, découverte de traditions et de cultures qui donnent envie.

Et pour ne rien gâcher, cette lutte est portée par un personnage féminin au caractère très fort, et qui se fait l'écho de toute une génération.

Un roman étourdissant qui je ne peux que vous encourager à foncer acheter.
Lien : http://livresforfun.overblog..
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(...) Imbolo Mbue (1982) revient aujourd'hui avec Puissions-nous vivre longtemps (2021), un roman engagé et nécessaire sur les ravages du capitalisme à outrance que je ne peux que très vivement vous conseiller de lire.

Dans son deuxième roman, l'autrice camerouno-américaine dénonce les nombreux abus des sociétés transnationales et les graves conséquences qui en résultent pour l'environnement et les êtres humains. A travers la lutte acharnée d'un petit village africain contre un géant du pétrole américain, Imbolo Mbue livre un réquisitoire vibrant contre le capitalisme sauvage et l'impunité crasse dont bénéficient quasi systématiquement les transnationales qui polluent et tuent sans scrupules.
(...)
Le petit village de Kosawa se meurt depuis qu'une multinationale du pétrole s'est implantée dans le pays et a commencé à exploiter les champs pétrolifères situés à proximité immédiate du village. La terre et les rivières, irrémédiablement souillées, empoisonnent et tuent à petit feu des villageois de plus en plus désespérés. Suite à une énième fausse couche de sa mère, la jeune Thula jure de faire payer aux différents responsables ce qu'ils ont infligé à sa famille et son village. Prête à tout pour survivre, elle ne reculera devant rien, quitte à prendre les armes et user de la violence. Mais que peuvent réellement de simples villageois contre une entreprise toute puissante?

Si elle brosse un très beau portrait d'une femme forte, déterminée à se battre et se sacrifier pour que justice soit rendue, Imbolo Mbue choisit le roman choral pour élargir les thématiques (les ravages de la colonisation par exemple) et mettre en exergue les nombreuses tensions prévalant au sein du village de Kosawa qui est loin d'être unanime sur la stratégie à adopter.

Si je connaissais déjà le sujet et la problématique pour avoir travaillé dans une ONG engagée en faveur de la mise en oeuvre de normes internationales contraignantes sur les sociétés transnationales, je ne peux que me réjouir et acclamer la parution de ce roman qui aborde de façon simple des réalités complexes dont il est plus que jamais nécessaire de parler.

A lire absolument!

Lien : https://livrescapades.com
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Le pot de terre contre le pot de fer. C'est à cette fable De La Fontaine que me fait penser ce roman qui relate la lutte entre un petit village au bord d'un fleuve dans un pays d'Afrique de l'oues où sévit depuis plusieurs années un dictateur sanguinaire et une compagnie pétrolière du nom de Pexton qui exploite un gisement sur les terrains proches du village. L'histoire commence avec la prise de conscience que les nombreux décès d'enfants qui surviennent depuis quelques années sont dus à la pollution engendrée par l'exploitation du pétrole : air vicié, eau empoisonné, sols toxiques sont les maux subis par les villageois impuissants. La narration est confiée à plusieurs protagonistes, multipliant ainsi les points de vue, ce qui permet de rendre compte de la complexité d'une situation emblématique : l'affrontement d'un groupe de villageois contre les intérêts tout puissants d'une entreprise pétrolière profitant d'un régime corrompu. le constat est amer, ni l'appel au dialogue, ni la voie juridique ou politique ni le recours à la violence n'aboutiront.
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