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sur 396 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pourquoi les hommes cherchent-ils toujours le bonheur dans un ailleurs idéalisé ?

Nous sommes à New York, en 2007.
Jende Jonga vient tout juste de débarquer illégalement de son Cameroun natal grâce à l'aide de Winston, son cousin qui lui, a plutôt réussi en Amérique.
Il a menti sur la durée de son séjour pour obtenir un visa provisoire et depuis, tout en cumulant plusieurs petits boulots, son objectif est d'obtenir la "green card", la carte verte, véritable sésame qui doit lui permettre de rester ici.
Lorsque Winston l'aide à décrocher un poste de chauffeur pour Clark Edwards, un riche banquier chez Lehman Brothers, Jende est fou de joie.
Il va enfin pouvoir faire des économies et réaliser tous ses rêves et surtout il va pouvoir aider Neni, sa femme venue le rejoindre, à poursuivre ses études de pharmacienne et offrir à Liomi, son fils, une vie meilleure.
Le job est plaisant, Jende n'a aucun problème pour s'intégrer à la famille car il sait rester à sa place.
Il prête une oreille attentive à chacun car malgré l'argent, ce n'est pas une famille heureuse...c'est le moins qu'on puisse dire.
Mais la crise des subprimes pointe son nez et l'entreprise de Clark est directement impliquée. Une grande complicité va naître entre le banquier et son chauffeur.
Aussi pour Jende, le monde s'écroule quand on lui refuse son titre de séjour et qu'en plus il perd son emploi...
Il ne voit plus qu'une solution, celle de rentrer au pays, mais Neni, sa femme ne l'entend pas de cette oreille...

Grâce à la plume d'Imbolo Mbue, ce roman qui raconte une histoire comme il en existe des millions dans le monde, atteint une intensité dramatique très forte mais émouvante sans tomber pour autant dans le pathos.
Son écriture, pleine d'humour et très imagée, nous fait entrer aisément dans les coutumes du Cameroun et mieux comprendre les difficultés et les rêves de la famille.

Du coup, le lecteur ne peut s'empêcher de comparer la vie quotidienne américaine et la vie africaine et comprend mieux pourquoi Jende et ses camarades rêvent tous de l'Amérique et confondent ce pays avec un paradis où tous les rêves se réalisent.
Hélas ce n'est pas si simple...
Les immigrés sont rejetés et ne trouvent que des petits boulots mal payés et ne voient presque plus leur famille car ils travaillent plus de 12 heures par jour, six jours sur sept ; ils vivent la peur au ventre à l'idée qu'on découvre leur situation irrégulière ; ils habitent dans des logements indécents, remplis de cafards au coeur des quartiers les plus pauvres de la ville ; les avocats les attendent au tournant pour se remplir les poches pendant qu'ils tentent d'obtenir des papiers en règle...
L'auteur ne fait pas de cadeau en nous montrant les bons et les mauvais côtés de notre société occidentale. La déception qui vient un peu plus briser ces êtres humains qui pourtant nous faisaient confiance, est décrite avec beaucoup de réalisme. Et eux, qui savent avec dignité se relever encore et encore malgré les coups du sort et la pauvreté, nous ne pouvons que les admirer pour leur courage et leur ténacité.

C'est un très beau roman, très humain qui nous montre aussi que grâce au respect mutuel, une certaine complicité peut naître entre deux hommes que tout oppose mais qui, pour des raisons différentes, souffrent...
J'ai aimé les dialogues très imagés et les expressions camerounaises ; les personnages hauts en couleur et les membres de cette famille tous aussi attachants les uns que les autres.
J'ai trouvé que l'auteur n'était pas tombée dans la caricature ce qui aurait été facile lorsqu'elle parle de la famille américaine. Elle montre que eux aussi souffrent pour des raisons différentes, et que Cindy, la mère ressent ce que toutes les femmes du monde ressentirait en vivant sa situation.

L'auteur aborde donc le grave sujet de l'immigration sans porter de jugement. Elle nous montre aussi que l'écart entre les différentes classes sociales est énorme en Amérique (ainsi que l'échelon des salaires), encore plus que chez nous, ce qui n'arrange pas l'ambiance générale si on y ajoute les différences culturelles.
L'auteur nous explique aussi qu'il n'y a pas de véritables mélanges dans la société américaine, chacune des communautés de migrants se repliant sur elle-même et ne fréquentant que les membres de leur pays d'origine à cause du racisme latent entre blancs et "noirs" toujours existant d'une part, mais aussi du racisme inter-communautaire.
La place de la femme dans le couple africain est également abordée sans fioriture mais avec une certaine pudeur : l'homme a toujours raison et la femme suit, un point c'est tout, quitte à renoncer à ses rêves.

Ce roman qui m'a souvent rappelé les propos de Chamamanda Ngozi Adichir dans Americanah, est cependant plus facile à lire et plus léger tout en nous montrant avec réalisme l'envers du décor du rêve américain.


Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Jende vit aux États-Unis avec sa femme et son fils, il est immigré, son visa arrive à sa date d'échéance et il est en attente de sa green card qui lui permettra de s'installer définitivement dans le pays de ses rêves. Il est arrivé en Amérique les mains vides, mais avec de l'ambition et de l'espoir. Il souhaite offrir à son fils ce qu'il y a de mieux, le faire aller dans de bonnes écoles, lui donner une bonne éducation, lui construire une vie stable et confortable... et tout cela n'était pas possible au Cameroun. Alors, Jende s'acharne, trouve un boulot, se lève tôt et s'adapte à sa nouvelle vie.
Mais la réalité est tout autre, la femme de Jende ne se sent pas chez elle, elle voudrait se fondre dans le décor, être une vraie américaine, suivre des études et ne plus vivre son quotidien de femme d'immigré. Les choses ne se passeront pourtant pas ainsi, puisqu'elle va devoir faire face à la réalité, à la dureté de la vie américaine, de la population, de la culture.
Voici venir les rêveurs est un roman d'actualité, il est particulièrement bien écrit, les personnages sont très attachants et plus on avance dans l'histoire, plus on les aime. La suite → http://www.leslecturesdelialy.com/2017/02/voici-venir-les-reveurs-ecrit-par.html#more
Mon blog : Les lectures de Lily
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Voici venir les rêveurs ou comment le « rêve américain » en prend plein la gueule. Imbolo Mbue rend le lecteur témoin des efforts d'une famille de Camerounais débarqués à New York City sans statut légal mais prêts à tout pour s'intégrer à la mosaïque fascinante d'une mégalopole en terre d'Amérique. Les premières pages du roman mettent tout de suite la table pour ce qui va suivre, la dégringolade d'un rêve que tout immigré porte en son coeur lorsqu'il quitte son pays de misère pour un avenir meilleur. J'ai porté les espoirs de cette famille tout au long de la lecture et me suis retrouvée émue jusqu'aux larmes dans certains passages. Et parallèlement aux attentes grandioses de Jende et Neni, il y aussi celles de Vince Edwards, jeune américain bien nanti, qui souhaite quitter son nid trop douillet pour vivre d'autres expériences plus enrichissantes que celles d'amasser de beaux dollars. Un roman qui dessille les yeux.
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Je n'ai pas été particulièrement séduite par l'écriture, mais l'histoire en revanche m'a beaucoup plue. Avoir le courage de bouleverser sa vie pour tenter le rêve américain, et se heurter à la violence de cette société. Penser qu'on va s'habituer, surmonter, pouvoir garder la vie que l'on s'est choisie, et puis devoir y renoncer, parce que c'est trop complexe, trop pénible, trop humiliant. Ces ascenseurs émotionnels m'ont mis en joie et en colère en même temps que les héros de cette histoire, qui en sont bien, même si personne à New York City ne se souviendra jamais de leurs noms.
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Voici l'histoire de Jende, accompagné de sa femme et de leur fils qui ont quitté le Cameroun pour vivre "le rêve américain". le récit met en perspective les traditions camerounaises et le mode de vie américain. C'est une fable moderne sur l'immigration, et à laquelle on s'attache sans mal à cette touchante famille.
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Ah, l'Amérique, les Etats-unis, une destination qui fait rêver bien des migrants de toutes origines ! Jenda Jonga en a rêvé, il l'a fait. Il y est allé, il a fait venir sa femme, son fils. Habiter un logement délabré dans Harlem mais avoir un bon travail, de quoi payer les études de sa femme Neni qui veut devenir pharmacienne.

Mais Jende a menti pour avoir son poste. Il est sans papier. Il doit vivre sans faire de remous. Mais les remous vont venir à lui à travers la crise des subprimes qui est en train d'éclater. Son employeur est un riche banquier de Lehman Brothers, touché de plein fouet. Malgré les liens qui se créent entre eux pendant les trajets quotidiens, Jende va être aux premières loges.

De multiples et riches regards se croisent. La société américaine décrite à travers les yeux de ces immigrés camerounais est très intéressante. Elle fait rêver. Elle fait miroiter un bel avenir, mais on est conscient, même si certains se voilent la vue, que derrière le vernis des hautes sphères peut se cacher une réalité bien plus crue. Ne pas se fier aux apparences. Jende est conscient, tandis que Neni est prête à toutes les extrémités pour avoir des papiers. Sans oublier les intermédiaires, ceux qui prétendent défendre ces migrants, leur promettant papiers et merveilles contre de l'argent sonnant et trébuchant.

Il n'y a guère de place pour les rêveurs, en Amérique. le retour au pays peut-il être envisageable ? Et dans ce cas, avec quel statut ?

Un livre à lire, un regard lucide d'une auteure née à Limbé au Cameroun, comme ses personnages, avant de venir elle aussi s'installer aux Etats-Unis, avec beaucoup de sourires et d'humour provoqué par les décalages sur lesquels l'auteure met le doigt avec manifestement un grand plaisir.
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Imbolo Mbue nous conte avec talent l'histoire d'un couple camerounais qui réussit à quitter le pays pour tenter le "rêve américain". Ce n'est pas un roman qui veut décrire le problème des immigrants africains dans son ensemble, mais qui met en scène une famille bien précise. C'est vrai, tous ceux qui débarquent à New-York n'ont pas un cousin avocat déjà bien implanté aux USA, qui les aide sur les plans financier et administratif. Tous non pas la chance de Jende -le mari- de décrocher un emploi de chauffeur pour un des patrons de Lehman Brothers . Tous n'ont pas sa chance d'être à la fois bien payé et bien considéré. Et tous n'ont pas la chance de Neni -l'épouse- de pouvoir poursuivre des études. Il n'empêche: l'auteure montre bien que le rêve américain n'est qu'une illusion et que les mondes américain et africain sont vraiment opposés. Jende est un homme bon, très fier, qui doit mettre son honneur au second-plan pour ne pas froisser son employeur blanc. Neni, plus volontaire, veut jusqu'au bout rester à New-York et "réussir", c'est-à-dire vivre à la façon des blancs riches, aveugle aux réalités de la vie à Harlem. Féministe convaincue, elle n'ose quand même pas s'opposer à son mari car au Cameroun, l'homme est le chef à qui l'on doit obéir.

Ce livre n'est pas un chef-d'oeuvre, mais il se lit avec plaisir du début à la fin, sans temps mort, dans un style classique des plus corrects.
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Coup de coeur pour ce roman d'Imbolo Mbue !

Ce roman retranscrit avec justesse et humour le destin d'une famille à laquelle on s'attache énormément. J'ai aimé leur énergie dévorante. Leur façon de décrire les choses sans les juger, même si parfois la tentation pour Neni est grande. Globalement, le ton est juste : l'auteure a évité un manichéisme facile entre méchants américains et gentils immigrés, chacun porte son fardeau.

Les difficultés d'intégration sont tout de même dénoncées, et le choc des cultures apparaît. Celui-ci prend tout son sens lorsque Cindy, véritable Desperate Housewife, embauche la femme de Jende à son service. Les échanges entre les deux femmes et l'étonnement de Neni sont savoureux.

Personnellement, je savoure ce genre de roman à la fois profond et facile à lire, qui suit le destin de personnages à travers l'histoire.

J'ai été un peu déçue par la fin à cause des non-dits et quiproquos entre personnages. On s'est tellement pris d'affection pour cette famille qu'on ne peut s'empêcher d'être frustré!

Quoi qu'il en soit, ce roman se lit avec plaisir, les personnages sont bien brossés et, malgré les conditions difficiles, sa gaieté ambiante et son énergie dévorante sont communicatives.
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Très beau livre, fait de pudeur, de tendresse et d'amour. On s'attache à ces personnages qui nous font sourire, rire, pleurer. Un roman qui nous réconcilie avec l'humanité, malgré ses travers...
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Il existe une force indéniable dans ce récit écrit avec des mots simples, et qui accapare votre esprit pour ne le lâcher qu'à la fin du livre.

Le présent et l'avenir de Jende et Neni restent incertains au quotidien.
Camerounais étant parvenus à venir vivre aux Etats-Unis, leurs journées ne sont que hantise de perdre le travail si difficilement trouvé ; travail sans lequel ils ne pourraient continuer à vivre sur cette terre rêvée ; travail qui ne tient que sur le fil du rasoir, tant que la Green Card, sésame pour vivre en règle sur le sol américain, ne leur a pas été accordé.

Grâce à son travail de chauffeur pour un homme haut placé à Wall Street, Jende arrive tant bien que mal à subvenir aux besoins de sa famille, aidée par le travail que sa femme a réussi à trouver en plus des études qu'elle mène de front pour devenir pharmacienne.

Mais même si le quotidien est assuré, Jende et Neni sont confrontés à un mode de vie tellement différent de celui auquel ils sont habitués. Maintenant le leur au travers de leur vie avec leurs amis africains qui les entourent, ils se rendent bien compte, au travers de la vie de leur patron et de sa famille, des différences qui les séparent.

L'espoir et les désillusions ont largement leur place dans la vie de cette famille Camerounaise venue chercher l'idéal de vie qui leur permettrait de vivre décemment, et de permettre à leurs enfants de découvrir tout ce que leur pays ne pourrait leur apporter.


Imbolo Mbue dépeint habilement une atmosphère chargée d'émotions, de peurs, de joie de vivre, de différences, d'interrogations. Elle nous interpellent sur les questions de l'immigration, sur les différences de classes sociales, sur l'acceptation des autres, sur les apparences. Teinté de douceur et non dénué de réalisme, cette histoire émouvante fait un état des lieux simple et sans ambigüité sur les différences de cultures, de traditions, de modes de vie, et de ce que peut être la recherche du bonheur pour les uns et les autres.

Belle découverte que ce premier roman !

Merci à Babelio et aux éditions Belfond de m'avoir permis de le découvrir.
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