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3,85

sur 396 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce premier roman d'Imbolo Mbue est une merveille. C'est un roman drôle et dramatique à la fois. Les personnages sont touchants et on se sent vraiment concerné par leur sort. Leurs espoirs, leurs attentes et leurs désillusions sont parfaitement décrits. Ce couple qui a tout quitté pour se donner un avenir meilleur a quand même gardé toute sa lucidité et est resté très réaliste sur les possibilités qui leur étaient offert dans le pays. La rencontre avec la famille Edwards et avec l'Amérique c'est un affrontement de deux paradigmes, des valeurs différentes.

Ce roman nous incite à nous poser des questions sur l'argent et sa valeur. Chez les Edwards l'argent coule à flot pourtant personne ne semble être heureux. L'argent permet-il le bonheur ? La famille mérite-t-elle d'être sacrifiée au nom de l'argent ?
C'est aussi un roman sur le travail, la famille, la cohésion familiale et la recherche du bonheur.

J'ai beaucoup apprécié la trajectoire que l'auteure a choisi pour ses personnages et j'aimerais bien qu'il y ait une suite. Roman à lire !
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Pas mal cette histoire de migrantrs camerounais à New York. Je n'en dévoilerai pas le déroulement mais je suis allé au bout avec plaisir. Très humain et sans fausse sensiblerie.
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2008, à New York. Jende a quitté le Cameroun il y a déjà quelques mois, son cousin lui a payé le billet pour venir tenter sa chance aux États Unis. Depuis, à force de petits boulots et d'économie, il a fait venir Neni, son épouse, et Liomi, leur fils. NY est pour eux synonyme d'Eldorado, puisque dans leur pays, la différence de classe leur interdisait de se marier, de vivre sereinement et d'être acceptés par leurs familles respectives. Mais la vie de migrant n'est pas toujours facile, et si le rêve est à portée de main, l'administration et ses arcanes compliquent passablement les choses. Car pour rester en Amérique, il faut obtenir un emploi et une Green Card, ou une Green Card et un emploi, car l'un ne va pas sans l'autre, mais l'un comme l'autre sont difficiles à obtenir.
Grâce au piston et sans dévoiler son problème de papiers, Jende va se faire embaucher comme chauffeur par Clark, un banquier reconnu et prospère de Lehmann Brothers. Passer des heures ensemble chaque jour dans l'atmosphère confiné d'une voiture, même de luxe, ça rapproche. Clark et Jende se parlent, essayent de se comprendre, même s'ils n'iront jamais jusqu'à évoquer leurs problèmes ni aborder ce qui touche à l'intime.

Deux mondes vont alors se côtoyer et par moment s'accepter, s'écouter, tenter de se connaître. Celui des riches américains, avec grand appartement, bonne éducation pour les enfants, chauffeur, soirées de gala, maison d'été dans les Hamptons, vacances de rêve, et le monde des émigrés, vivant à Harlem, craignant à tout moment de se faire expulser, mais qui mettent tout leur coeur et leur énergie à se faire accepter, à rentrer dans le moule pour profiter à leur tour du rêve américain.
Neni rêve de devenir pharmacien et va enfin entreprendre des études financées grâce au beau salaire de Jende. Jusqu'au jour où, enceinte de leur second enfant, Jende décide qu'elle doit arrêter et rester à la maison. Car dans la tradition africaine, l'homme est celui qui sait et qui décide, et sa femme doit respecter ses choix, même si elle n'est pas d'accord, même si en Amérique elle est en droit d'exercer son libre arbitre. Arriver et vouloir s'intégrer dans un nouveau pays ne fait pas perdre pour autant les prérogatives et les croyances de son pays d'origine. En Afrique l'homme décide, la femme obéit. A New York, Neni devra accepter et obéir, au risque de voir son rêve anéanti. La crise des subprimes est passée par là, les riches banquiers de Wall street ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes et le pays a sombré dans une crise sans précédent, les mois passent, sans papiers et désormais sans emploi Jende se désespère. Certains s'en remettront, mais la famille de Jende devra certainement renoncer à ses rêves.

Imbolo Mbue nous propose une intéressante analyse des différences de classe, du choc de deux mondes en apparence si opposés, mais aussi de tout ce qui rapproche, une enfance malheureuse, les enfants, une bonne éducation, le rêve de s'en sortir. Puis vient la crise, le renoncement, la faillite, qui font prendre conscience aux plus riches de la valeur de la famille. C'est décrit ici de façon un peu caricaturale peut-être, mais qu'importe, car le rythme, l'intérêt sont là. Même si le roman semble un peu lent à démarrer, parfois un peu idyllique lorsqu'il brosse l'entente entre deux familles que tout oppose, jusqu'au moment où tout s'effondre. Et avant tout jusqu'à la fin du rêve américain, de cet espoir que l'on met dans la réussite qu'on va chercher dans un autre pays, quand on a le courage de tout quitter : famille, amis, pays.
Difficile réalité des migrants, de l'idée que l'on se fait de l'ailleurs, et pour les migrants africains où qu'ils soient, de l'aide qu'il faut continuer à apporter à la famille sans faillir, même quand la situation est difficile, car au pays tous espèrent votre réussite pour s'en sortir aussi. Excellente analyse également du poids de la famille, de la classe, de la tribu et des traditions tellement prégnants en Afrique, et exprimés avec tant de force dans les romans de Léonora Miano, quand la voix d'Imbolo Mbue se fait un peu plus légère et laisse une part au rêve et à l'espoir.
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Magnifique couverture d'une subtile simplicité : un arrière-plan africain, un tissu traditionnel, et comme posés sur celui-ci des éléments symbolisant New-York. La trame du roman est bien suggérée par ce montage. Jende a quitté sa ville de Limbé au Cameroun pour faire fortune au Etats-Unis. Faire fortune n'est pas la formule exacte, il ne se rêve pas millionnaire. Il souhaite un travail pour subvenir au besoin de sa famille et surtout pour financer les études de ses enfants. Par l'intermédiaire de son cousin Winston, il obtient une place de chauffeur auprès de Clark Edwards, banquier à la Lehman Brothers. Nous sommes en 2007, juste avant la "chute" de cette institution financière et ses conséquences désastreuses.

Jende a quitté le Cameroun pour New-York, laissant derrière lui Neni, la femme qu'il aime et leur fils Liomi. Au bout de trois ans de galère, il est parvenu à les faire venir et son bonheur serait complet s'il obtenait ses papiers et la green card tant espérée. L'auteure Imbolo Mbue, elle-même originaire de Limbé et installée aux Etats-Unis, nous décrit l'Amérique au travers du regard de Jende et Neni. Ils aiment ce pays sans vraiment le comprendre, ils en observent les us et coutumes sans vraiment les partager, un pied aux Etats-Unis, un pied au pays.

Le personnage principal n'est pas seulement le chauffeur de M.Edwards mais aussi celui de sa femme et de leurs enfants. Il devient spectateur bien malgré lui des crises qui secoue le couple et se retrouve "instrumentalisé" tour à tour par son employeur et son épouse. Il subit par contrecoup l'effondrement de la Lehman Brothers et ne bénéficie pas comme son patron d'un parachute doré.

L'auteure nous dépeint deux familles, deux fonctionnements de couple, deux univers qui se déroulent en parallèle. Les passerelles sont rares entre ces deux mondes, rares et surtout fragiles. Dans ce roman, l'intégration est une belle utopie qui se laisse approcher pour ensuite vous filer entre les doigts.

Ce roman foisonnant bruisse de dialogues savoureux en pidgin ou en anglais mâtiné de tournures africaines. Il fleure bon les bananes plantains et les beignets puff-puff. Il nous parle d'exil, d'appartenance à un pays, à un culture, de rêve de vie meilleure mais aussi du prix à payer pour l'obtenir. La tristesse affleure souvent, partiellement masquée par un verbe haut en couleur, par des chants et des danses, par des rires qui éloignent pour un temps le malheur.

Neni vous dirait sans doute si elle pouvait s'adresser à vous, lecteurs : " Il faut lire ce roman, eh ! Oh, Papa God, vous ne le regretterez pas !"
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L'Amérique, ils en rêvent comme une terre de tous les possibles. Jende, qui à Limbé n'aura jamais d'autre avenir que son métier peu payé d'employé pour le conseil municipal et ne sera jamais reconnu comme gendre acceptable. Neni qui ne pourra jamais en tant que fille accéder aux études. Enfants sans aucun autre avenir que la misère de leurs parents.

» la possibilité d'une vie meilleure était l'apanage d'une poignée de gens bien nés, dans une ville que fuyaient quotidiennement les rêveurs comme lui. »

Grâce à Winston, un cousin devenu avocat d'affaire à New York, Jende est parti tenter sa chance aux Etats-Unis avec l'envie de devenir quelqu'un. Après des années de galère, toujours en situation irrégulière mais recommandé par un ami de Winston, il décroche un emploi de chauffeur auprès de Clark Edwards, banquier chez Lehman Brothers. Il peut enfin faire venir Neni et son fils Liomi du Cameroun.
Après un début un peu plat où la riche famille Edwards, toujours très gentille n'en reste pas moins le cliché des riches Blancs profitant de la servitude de travailleurs immigrés trop contents de gagner un peu d'argent, le roman prend un aspect intéressant avec les cas de conscience que suggèrent certaines situations scabreuses.
Certes, le célèbre adage » l'argent ne fait pas le bonheur » ne fait ici aucun doute. La famille de Jende, malgré un appartement exigu dans Harlem, des soucis avec le service de l'immigration n'en est pas moins heureuse. Neni peut suivre ses cours pour intégrer une formation de pharmacienne, Jende peut aider toute sa famille camerounaise qui ne se prive pas de le solliciter.
Par contre, Cindy Edwards, en riche femme parfaite souffre d'un manque d'amour, terrible sentiment déjà vécu dans sa jeunesse. Clark ne pense qu'à son travail en pleine crise des subprimes. Vince, son fils aîné abandonne études et monde consumériste pour trouver la Vérité en Inde. Mighty, son plus jeune fils est encore trop jeune et passe davantage de temps avec sa gouvernante.

Imbolo Mbue accroche alors son lecteur avec les destins de ces deux couples pris dans la tourmente d'une Amérique en pleine crise. Pour sauver ce qu'elles ont de plus cher, les femmes ne reculent devant rien. Les valeurs profondes et le fonctionnement d'un mariage se révèlent très différentes chez les américains et les africains.

» le mariage entre les gens dans ce pays est une chose très étrange, Bo. Ce n'est pas comme chez nous, où un homme fait comme bon lui semble et la femme lui obéit. »

Ce qui a largement retenu mon intérêt, ce sont ces face à face : la relation de respect, d'écoute, de confiance entre Clark et son chauffeur, la connivence féminine entre Neni et Cindy puis leur opposition pour défendre leurs intérêts personnels.

J'ai aimé l'attachement aux valeurs simples de Jende, sa naïveté parfois et les idées folles de Neni, prête à tous les sacrifices pour défendre son rêve.

Dans une Amérique qui n'a plus de place pour les gens comme Jende, peut-on tout envisager pour garder ses illusions ou n'y a-t-il d'autres choix que l'acceptation?

Pour son premier roman, Imbolo Mbue propose un récit romanesque très agréable à lire sur ce rêve américain qui pousse des milliers d'étrangers à tenter leur chance dans ce pays signe de félicité. Dans un contexte bien marqué par la crise économique et l'élection de Barack Obama, avec une vision éclairée des modes de vie des deux pays, ce roman illustre parfaitement la chute des illusions du rêve américain. On parle déjà d'une adaptation cinématographique, la construction, les rebondissements, les cas de conscience en feront un film dynamique et attachant.

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Jende, Camerounais trentenaire est arrivé à New York dans l'espoir d'y construire son "rêve américain".
Et les choses s'annoncent plutôt bien: un bon travail, chauffeur pour M.Edwards, un riche financier; une épouse aimante, Neni qui a pu le rejoindre et suit à présent des cours à l'université pour devenir un jour pharmacien, enfin Liomi, leur petit garçon qui se réjouit chaque jour d'aller à l'école pour "apprendre" et se donner une chance de réussir comme le souhaitent ses parents.

Bien sûr ni lui ni Neni ne possèdent encore de Green Card, le sésame pour avoir le droit de rester en Amérique. Bien sûr, l'appartement de Harlem est minuscule et il n'est pas toujours facile de mettre de l'argent de côté dans l'espoir de devenir un propriétaire comme l'a fait son cousin. Mais Jende travaille dur et croit en son rêve, croit en sa vie.

M.Edwards aussi a une épouse Cindy, et des enfants Mighty et Vince qu'il aime. Et il travaille dur aussi, même s'il ne croit plus trop ni en son rêve , ni en sa vie.

La crise économique arrive. Lehman Brothers fait faillite, des scandales explosent. Et les choses changent pour les deux familles.

En parallèle du quotidien, la nostalgie de Limbé, la ville dont sont originaires Neni et Jende s'installe peu à peu au fil du récit. Quel sens donner au supermarché froid et organisé de Harlem lorsqu'on a connu le marché vivant et aux mille saveurs de Limbé? Comment comparer les bars américains, où les boissons sont hors de prix et la musique bien trop forte pour pouvoir échanger avec son voisin, avec les débits de boisson de Limbé si agréables.
C'est notamment à travers la nourriture que le lien indéfectible avec le Cameroun est mis en avant. Pour Liomi, les Cherios américains ont remplacé les Puff-Puff au petit déjeuner mais quelle fierté éprouve Neni à faire découvrir ces beignets à Mighty lorsqu'elle s'occupe de lui pendant les vacances.

Par ailleurs, la famille restée au pays ne tarde pas à se rappeler à eux. Là bas l'argent envoyé d'Amérique sert à combler les malheurs, ici il sert à acheter le bonheur. Mais les gens se trompent, Jende le sait.

Dans un style fluide et tout en douceur parsemé de phrases en pidgin délicieuses, l'auteur souligne avec talent que l'American Dream tant pour les natifs que pour les immigrés n'est pas aussi clinquant qu'il en a l'air.
La famille, l'amour, l'argent, qu'est ce qui définit la réussite et jusqu'où jusqu'où chacun de nous(au sens propre comme au sens figuré) est-il prêt à aller pour être heureux?
Un petit coup de coeur assurément!
(SP)
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L'envers du décor du rêve américain…

Les malheurs des plus riches sont-ils pires que ceux des plus pauvres ou inversement ? L'argent et le statut social nous apportent-ils le bonheur ?

C'est un livre qui peut se lire d'une traite tant il est fluide et plaisant. On s'attache spontanément à Jende et sa petite famille, qui essaie vaillamment de vivre son rêve américain. Un rêve très simple, avoir un bon travail pour s'enrichir comme il ne l'aurait pas pu au Cameroun, devenir propriétaire et vivre heureux avec sa femme Neni et leur fils Liomi.

Son quotidien en tant que personne immigrée en Amérique et chauffeur pour Clark Edwards, riche banquier, va nous éclairer sur la question de la quête du bonheur.
Les besoins et les aspirations changent selon le bord où on est né ; selon comment on situe l'essentiel de ce qui fait réellement le bonheur, les perspectives s'orientent différemment…

À travers cette histoire, se télescopent les destins de deux familles que tout oppose ou presque, sur fond d'analyse sociétale et de politique d'immigration. le ton est souvent léger, mais le sujet est profond, l'optimisme de Jende est le contraste de la difficulté qu'est de tout quitter pour réussir dans un pays où tout semble accessible…

Un roman sensible qui pousse à la réflexion.
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Jende et sa famille ont enfin ce qu'ils attendaient depuis longtemps : une vie en Amérique, loin de leur Cameroun natal. La vie dont ils ont toujours eu envie mais une vie clandestine car ils tentent d'obtenir la green-card qui leur permettra enfin d'accéder totalement à leur rêve américain. Après avoir enchaîné plusieurs petits boulots, Jende est embauché comme chauffeur auprès du riche M.Edwards. Les deux hommes n'ont rien en commun et ont des vies radicalement opposées mais malgré tout, un lien se formera entre leurs deux familles.

Avec Jende et sa famille, nous plongeons dans les chimères du rêve américain, dans les difficultés d'obtention des papiers, dans la différence entre les cultures. Jende et sa femme Neni sont persuadés qu'une vie meilleure les attend en Amérique. Ils veulent y rester coûte que coûte mais leur Eldorado leur apportera t-il ce qu'ils désirent réellement? Au fond suffit-il d'être riche et américain pour être heureux? La vie de Clark Edwards et sa famille nous en fait douter.

J'ai aimé suivre les histoires de ces deux familles si différentes l'une de l'autre et suivre l'histoire de Jende, ses espoirs et ses désillusions. J'ai aimé cette réflexion sur la société américaine, la place accordée dans ce pays à ceux qui se battent pour y vivre, la crise économique, le choc des cultures, l'attachement aux racines mais le désir toutefois de se faire une place dans le pays tant convoité. Il y a un certain humour dans ce livre mais également beaucoup d'émotions et les personnages sont attachants, présentés avec leurs qualités et leurs défauts, leurs rêves et leurs déceptions.


Un livre fort à la réflexion subtile que j'ai beaucoup aimé.
Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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J'ai pris un très grand plaisir à lire ce livre découvert grâce aux babeliotes et dont je n'avais jamais entendu parler. Embarquée illico presto, j'ai eu hâte de retrouver Jende et Neni Jonga tout au long de leur périple New Yorkais. Ce n'est pas à proprement parler de la littérature, l'histoire prime mais c'est rondement mené et je ne me suis pas ennuyée une seconde dans ce récit inédit d'une famille camérounaise qui émigre dans la grosse pomme. Les personnages sont très finement décrits en évitant les clichés. Belle découverte.
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Un roman écrit avec talent sur le rêve américain, sur la difficulté d'immigrer et de réussir sa vie dans un pays qui n'est pas le sien. Un récit juste et touchant
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