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sur 396 notes

Une maison jamais ne s'en va
A chaque retour, une maison est là
Que tu partes pour trouver fortune
Que tu partes pour fuir l'infortune
Que tu partes pour partir
A chaque retour
Ton retour que nous tous espérons
Ta maison toujours sera là
p168

Ce qui devait arriver arriva la deuxième semaine de septembre, quand l'air du soir commence à balayer les souvenirs de l'été et que le tintement autrefois joyeux du marchand de glaces résonne désormais comme une élégie.
Malgré les vertus oeuvrant tout au long de cet ouvrage, malgré tous les espoirs fondés pour une vie meilleure, les chateaux de cartes espagnols s'effondrent en même temps que Lehman Brothers, les subprimes , les espoirs des réfugiés, alors pourquoi persévérer !? Que Néni ne baissera pas les bras : Si une rivière a porté la barque jusqu'à la moitié de son cours, pourquoi ne pas la laisser la porter jusqu'au bout de l'océan ?
Premier roman réussi de Imbolo Mbue, qui vous emporte au delà de vos frontières quoique déboussolé par une traduction qui semble des fois désorientée !
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Les années 2000 et quelques.....
Le rêve américain d'un camerounais, devenir un jour un vrai américain.
Le rêve américain d'un noir, avoir un jour les mêmes chances de prospérité qu'un blanc.
Le rêve américain imaginé dans une société soi-disant ouverte, où tout est possible et chacun est supposé être libre de se réaliser, mais où racisme et rapports de classe sont latents.
Le rêve américain dans un monde de plus en plus interdépendant, aux technologies sophistiquées qui dépassent la raison et l'intelligence humaine, au point que l'homme perd le sens de ses limites et de ses responsabilités.....et au-delà , le gouffre. Un gouffre qui engloutit pêle-mêle sans distinction, responsables et innocents.
Le rêve américain dans toute sa force et sa fragilité.....jusqu'où aller pour le réaliser, quitte au désenchantement ?

C'est l'histoire de Jende chauffeur privé d'un magnat financier de Wall Street....de chez Lehman Brothers.... oui,cette fameuse banque privée qui a fait sauter en 2008 les plombs d'un système financier mondial, interdépendant.
Un riche blanc et un noir pauvre, de surcroît demandeur d'asile, les deux extrêmes de la société américaine. Quel sera leur point de rencontre ?
L'auteur, jeune femme camerounaise, n'oublie pas aussi ses congénères.Femmes mariées, quelque soit leur couleur de peau et l'ampleur de leur porte-monnaie, elles ne sont pas à leur avantage et peinent à trouver leur identité à l'ombre de leurs maris.

Bien que l'histoire en soi, ne soit rien de très originale, la chaleur humaine qui se dégage des personnages,sincères et attachants, dans un monde de crocodiles, et le regard décalé de l'étranger sur l'américain servis par une prose limpide (v.o.) et fluide font le charme de ce beau roman.
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Un grand merci à Babelio et aux éditions Belfond...

Depuis Limbé, petite ville au Cameroun, Jende et son épouse, Neni, rêvaient des États-Unis et de devenir citoyens américains. Jende, rêveur et obstiné, a quitté son pays parce que celui-ci ne lui offrait rien de bon et le père de Neni ne voulait pas qu'il épouse sa fille. Trop pauvre pour lui offrir un quelconque avenir. Alors, il s'installe, illégalement, à New-York. Enchaîne les petits boulots et réussit à mettre suffisamment d'argent de côté pour faire venir Neni et leur fils, Liomi. Grâce à son cousin, le jeune homme réussit à trouver un emploi beaucoup plus valorisant et bien mieux payé: il devient le chauffeur de Clark Edwards, un riche banquier de chez Lehman Brothers. Neni va alors pouvoir commencer ses études de pharmacienne dont elle rêvait et la famille Jonga espère au fond d'elle-même obtenir la Green Card. Malheureusement, la crise financière va quelque peu ternir les rêves de Jende...

Imbolo Mbue, d'origine camerounaise vivant aux États-Unis, nous plonge au coeur de cette famille très attachante et porteuse d'espoir. Jende Jonga, homme intègre, loyal, travailleur, à la fois émerveillé et réaliste, désireux d'offrir à sa femme et son fils une vie meilleure aux États-Unis, devra s'armer de patience s'il veut enfin voir son rêve se concrétiser. Neni, quant à elle, plus fonceuse, obstinée et qui se rêve en Américaine moderne, est prête à tout pour rester au États-Unis. L'auteure parle avec sincérité, justesse et émotion de l'immigration, de l'espoir d'un avenir meilleur ailleurs (un ailleurs peut-être idéalisé?) mais aussi du problème d'intégration et du clivage entre personnes d'origines différentes. Elle met brillamment en parallèle les us et coutumes et les vies de chaque famille. L'on se rend finalement compte que chacune d'entre elles souffre, certes différemment, et a ses propres problèmes et l'on sourit face au décalage entre ces deux cultures. Deux visions bien distinctes de ce pays pas si ouvert, à en croire l'auteure. Un roman sensible et touchant, profondément humain et réaliste porté par une écriture vivante et des dialogues hauts en couleur.
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Gende Jonga, jeune camerounais émigré à New-York, rêve de la citoyenneté américaine, synonyme pour lui et sa famille d'une vie meilleure. Après plusieurs petits jobs mal payés, il devient en 2007, au moment de la crise des subprimes, le chauffeur de Clark Edwards, un banquier de Lehman Brothers.

Gende et Clark, deux hommes issus de mondes qui n'ont rien en commun mais qui vont partager des émotions dans des moments difficiles. Car Noir ou Blanc, pauvre ou riche, Africain ou Américain, même si les aspirations au bonheur ne sont pas les mêmes, les raisons d'être malheureux aussi, " les mêmes choses n'important pas aux mêmes gens ", il se peut en Amérique que les uns établissent avec les autres une complicité authentique. Ce qui n'évite pas le désenchantement, accentué par une crise financière, aux rêveurs comme Gende.

Un premier roman plein de tendresse et d'humanité, inspiré en partie de sa propre histoire, où la camerounaise, Imbolo Mbue, s'attache à montrer la foi des émigrés africains dans le rêve américain. Une croyance souvent balayée par une réalité bien moins reluisante, celle d'un pays qui peut tout reprendre après avoir tout offert.
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L'herbe est-elle plus verte dans la prairie d'à côté ? C'est un peu le thème de la fable qui nous est contée là par cette jeune auteure américaine d'origine camerounaise, qui se penche sur la question du rêve américain dans la crise économique de 2008.
La verte prairie de tous les rêves de Jende et Neni son épouse, c'est l'Amérique en général et New York en particulier.

Depuis Limbé, au Cameroun, un petit coin du monde où l'on dépense des fortunes pour se marier ou enterrer un proche, la statue de la liberté apparaît comme la solution de tous les problèmes financiers de Jende qui voit le père de sa belle lui refuser la main de sa fille car il n'est pas assez riche, dans une société où le paraître a une énorme importance.

Ce roman bien construit et haut en couleur dans les dialogues, raconte ce parcours de migrants sans papiers qui bravent les services de l'immigration, travaillent dur, se posent la question du bonheur et du sens de la vie au cours d'épreuves, de joies et désillusions. Les personnages sont vraiment savoureux, la traduction rend compte de la langue imagée et des africanismes qu'elle contient.

Jende et Neni découvrent que leur appartement miteux où courent les cafards est loin d'être le paradis. Il y a aussi le malheur et la pauvreté des américains dans la crise économique, et comme domestique et chauffeur d'une famille riche, ils côtoient Cindy dépressive et Clark qui passent son temps au travail , les deux négligeant leurs deux fils.

C'est un roman plein d'émotions sur un pays en crise qui ne se construit plus sur l'apport des migrants, sur la fin du rêve américain, et sur les relations ambivalentes avec le pays d'origine, qu'on dénigre à tout va, mais dont la nostalgie transpire à chaque moment culinaire en particulier. C'est aussi un regard lucide sur la société de consommation qui est en pleine faillite.

On s'agace de l'aveuglement de Neni, on souffre avec Jende. On s'attache à cette famille, et on a vraiment envie de savoir comment ils vont s'en sortir. C'était un bon moment de lecture, sur une thématique assez universelle. Que ceux qui n'ont jamais pensé que leur bonheur pouvait être ailleurs que là où ils vivent, lèvent la main !

Bonne rentrée littéraire en littérature étrangère et merci aux éditions Belfond et à Babelio pour l'opération masse critique.



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Pauvreté, famine, guerre, suffit-il d'un bateau, d'un avion pour rejoindre le monde derrière lequel courent les promesses de la paix, de la faim assouvie, de l'espoir? Existe t-il un monde meilleur ?

Les rêveurs, eux ils existent.

Voici venir les rêveurs :
Jende, Neni et leur fils Liomi quittent leur Cameroun pour tenter une vie meilleure en Amérique.
Ils s'en vont loin de Limbé, loin de ce panneau avec ces quelques mots «bienvenue à Limbé, ville de l'amitié ».
En Amérique, c'est autre chose, les gens courent, après l'argent, après l'amour. La misère court elle aussi dans les rues du Bronx. Être citoyen américain coûte cher.

La famille Jonga telle une marionnette accrochée aux doigts de l'Amérique, entre rêves et réalité, virevolte au bon vouloir de la chance mais aussi de la crise économique.
Les rêves sont fragiles. Emprisonnant parfois les rêveurs dans leurs propres rêves.

Au-delà de la trame et de l'histoire camerounaise, avec fluidité et sincérité, Imbolo Mbue questionne subtilement : où s'en vont les rêves quand on ne les voit plus ?

« La société pardonne souvent aux criminels, jamais elle ne pardonne aux rêveurs ». Oscar Wilde.
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Être un rêveur, espérer en une vie meilleure, dans cet eldorado que représentent les États Unis d'Amérique pour une famille camerounaise.

Le rêve américain a quand même la gueule de bois dans cette période des subprimes. Pas le meilleur moment pour une intégration réussie! Les américains de souche vont vivre une crise financière sauvage, et l'espoir en l'élection d'un président noir n'ouvre pas aux lendemains enchantés.

Les rêves sont une chose, mais pour Jende et Neni, la réalité se résume à la Green Card ou à la clandestinité.
Jende a beau trouver un excellent emploi de chauffeur pour un banquier de Wall Street, et Neni être étudiante, leur situation reste précaire. En attente du sésame tant espéré, ils vont se battre, travailler avec acharnement, et découvrir un monde où la réussite est incontournable et la consommation frénétique.

J'ai lu ce livre avec un vrai plaisir (je dirais même compulsivement) dans les pas de personnages hauts en couleur dans un contexte social ciselé. C'est le parcours d'une immigration courageuse, déterminée à la réussite par tous les moyens pour protéger la famille et améliorer le quotidien. Réalité transposée et déformée pour la famille américaine confrontée à son propre tsunami personnel et professionnel.

Le fossé entre les deux familles en présence, le décalage des deux cultures, la confrontation des valeurs humaines rendent le récit passionnant, avec une réflexion subtile sur les notions de classe sociale, de race et de mariage. Ici chacun poursuit ses rêves comme il le peut.

Imbolo Mbue est une conteuse captivante, qui offre un premier roman pétri d'humanité et de gravité et aussi de naïveté, de légèreté et de cocasserie.
Elle nous laisse sur la question d'un rêve africain possible...
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Critique de la version audio.
Première fois que je "lis" un livre audio. C'est très plaisant d'écouter une belle histoire tout en faisant autre chose, avec tout de même un petit inconvénient chez moi... les interruptions ne peuvent se signaler par un marque-page, et pour reprendre l'écoute, il faut parfois quelques manipulations et retours en arrière.
Mais ce fut une très agréable découverte. La narration, par Julien Chatelet, offre à chaque personnage une personnalité bien marquée, c'est un véritable plaisir que de l'entendre prendre des intonations africaines sans forcer le trait. Vraiment formidable !
Bien sûr, l'histoire en elle-même est belle... je crois que tous les avis s'accordent la-dessus... alors, tout ça a fait de cette lecture un véritable bonheur !
Pour ceux qui ont beaucoup apprécié la version livre... je peux conseiller la version audio, ils en auront probablement une nouvelle vision.
Je vais confier ce livre audio à ma mère qui, elle, ne voyant plus, en écoute déjà depuis quelques années... je suis presque sûre qu'elle aimera aussi.
De sa part et de la mienne, un grand merci aux organisateurs de Masse Critique et à Audiolib pour cet envoi.
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« Qu'allez-vous sacrifier pour obtenir ce que vous voulez ? »

Pendant la lecture de ce roman, les paroles de la chanson ‘Across 110th Street' me sont revenues « Harlem is the capital of every ghetto town ». C'est à Harlem que Jende et Neni vivent avec leurs enfants. Il sont venus du Cameroun pour espérer un avenir meilleur, pour vivre le (leur) rêve américain dans les années 2000. Mais déjà en 1972, Bobby Womack le chantait « trying to break out of the ghetto was a day to day fight… » et rien n'a changé en 30 ans manifestement. Jende doit régulariser sa situation au regard de l'administration en charge de l'immigration -il est entré avec un visa pour trois mois- et voilà des années qu'il tente d'obtenir des papiers, Neni doit suivre des cours pour devenir pharmacienne et assurer ainsi, le maintien de son visa d'entrée. Ils travaillent des heures et des heures pour vivre dans un appartement où la famille s'entasse, économisant le maximum. Mais Neni est prête à tout pour rester, parce que « l'Amérique, pour elle, était synonyme de félicité. » Elle supporte, d'autant qu'apparaît une petite lumière lorsque Jende a la chance d'être recruté en qualité de chauffeur pour le compte d'une riche famille, dont le père est un cadre de Lehman Brothers.

Le décor est planté et les lignes de fracture sont tangibles, un rien et le tout s'écroule. Alors, chacun, la peur au ventre, tente de trouver ses solutions (« Êtes-vous contente d'être la femme que vous devenez ? »). Très vite l'auteur nous fait entrer dans les relations au sein de ces deux familles si dissemblables et montre les failles dans lesquelles chacun pourrait tomber, dans les deux camps. Qui est réellement heureux dans ce New York ? Jende et Neni vont déambuler dans ce tourbillon que fût la chute de la banque d'investissement entraînant des drames humains considérables.

Les personnages sont bien décrits par l'auteur, tout en nuance et fragilité. L'auteur montre l'usure des corps et des âmes avec des phrases très explicites (« Tout se passait comme si sa convocation au tribunal avait transformé l'homme heureux de vivre qu'il était en un mourant empli d'aigreur qui se faisait un point d'honneur de cracher au monde sa colère avant d'y passer. ») J'ai beaucoup apprécié le fait qu'Imbolo Mbue ne limite pas son propos au couple d'immigrants mais ait une vision plus large : la famille américaine -riche d'argent, faute de mieux, et sa faillibilité-, les salariés de Lehman Brothers, les liens au sein de la communauté camerounaise installée aux États-Unis ou encore les relations des camerounais avec les leurs, restés sur leur terre natale. C'est un livre très complet.

Un très beau roman sur le déracinement « Un homme peut trouver sa maison partout, monsieur », sur la force et la volonté « Il me disait que je devais me contenter de la vie que j'avais, même si cette vie n'était pas celle que je voulais », sur l'amour et le rêve, et je remercie Babelio et les éditions Belfond pour ce beau cadeau.

« Nous l'aimons, nous le détestons, mais c'est toujours notre pays. »
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Jende, à la suite d'un heureux piston, devient le chauffeur particulier de la famille d'un banquier et jouit du luxe feutré auquel il a ainsi accès: les discussions qu'on lui permet d'avoir avec ses patrons qui n'omettent jamais de tempérer leur supériorité d'un désir de décence ; la mallette qui contient ses mouchoirs et son sandwich , et qu'on pourrait prendre pour un attaché-case; l'argent presque facile qui lui permet de croire que son épouse et lui-même pourront devenir de vrais Américains, avec papiers en règle.
Mais le banquier travaille pour Lehman Brothers et s'il ne respecte pas plus la morale dans sa vie privée que dans son univers professionnel, c'est Jende qui paiera les pots cassés et verra son rêve américain s'effondrer.
Le roman d'Imbolo Mbue est agréable à lire et il est étonnant qu'il n'ait pas encore été adapté tant il relève de l'esthétique de la série: suprématie des dialogues, équilibre des hauts et des bas, personnages campés sans subtilité excessive, distribution harmonieuse des bons points et des cartons rouges (les Blancs aussi ont leurs problèmes, et si les Noirs ont une vision traditionnelle de la famille, les Américains ne sont pas en reste), final malin qui fait de l'American way of life un tremplin commode vers le rêve africain.
Si ce livre est loin d'être un chef d'oeuvre impérissable, il ne manque pas d'intérêt et offre un regard nouveau sur les desesperated asylum seekers.
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