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Citations sur Transatlantic (74)

Le monde a cela d'admirable qu'il ne s'arrête pas après nous.
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L'herbe suffoquait sous le poids de la guerre.
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Il ouvre un peu plus sa fenêtre. Le vent de la mer. Les bateaux là-dehors. Tant de générations qui fuirent. Huit cents ans derrière nous. Notre vision de l'histoire préfigure notre avenir. Toutes ces traversées, dans un sens ou dans l'autre. Passé, présent, et un futur fuyant. Une nation. Le présent remet tout en cause, à chaque instant. Le temps, cet élastique tendu, jour après jour. Tension, rupture, violence, ainsi de suite. Vous n'avez pas idée...
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La paix ne peut se concevoir sans impératifs moraux. Nulle coexistence sans la reconnaissance de toutes les parties. Les exclus du milieu. Le dépassement du moi. Pas de supériorité culturelle. Conscience individuelle, responsabilité collective. Et toujours, toujours répéter ce qui devrait être compris depuis longtemps.
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Une trace de brûlé en dessous, le noir aujourd'hui cramoisi. Sûrement un cocktail Molotov, quelques années plus tôt. Les hiéroglyphes de la violence.
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Il aurait aimé se débarrasser des hommes, remplir de femmes les salles et les couloirs. Le choc, court et cuisant, de trois mille deux cent mères. Celles qui, au supermarché, cherchent dans les décombres les jambes de leur mari. Qui lavent encore à la main les draps du fils jamais revenu. Qui, en cas de miracle, mettent un couvert de plus à table. Les élégantes, les furieuses, les malignes, celles qui couvrent leurs cheveux d'un filet, toutes celles que la mort épuise. Ni photos sous les bras, ni gémissements publics, elles ne se frappent pas le torse. Le chagrin se lit dans leurs pupilles, un puits sans fin dans une mer de lassitude. Mères, filles, petites-filles, grands-mères ne faisaient pas la guerre, mais leurs os et leur sang en portaient les souffrances. Combien de fois les a-t-il entendues ? Deux phrases pour la même chose : il s'appelait Seamus, mon fils est mort, il s'appelait James, mon fils est mort, il s'appelait Peader, mon fils est mort, il s'appelait Billy, mon fils est mort, il s'appelait Liam, mon fils est mort, il s'appelait Charles, mon fils est mort, il s'appelait Cathal, mon fils est mort, il s'appelle Andrew.
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Il déteste les éloges, les effusions, les démonstrations hypocrites, les références à sa patience, sa maîtrise de soi. S'il faut se mesurer à quelque chose ou à quelqu'un, ce serait plutôt aux fanatiques, les vaincre sur le terrain de la ténacité. Une violence différente qu'il ressent en lui-même, qui le pousse à s'accrocher, se battre. Le terroriste se cache toute la nuit dans son fossé trempé. Le froid, l'humidité remontent au travers de ses bottes, le long du dos jusqu'au sommet du crâne, rejaillissent par ses pores, l'attente glaciale, le départ des étoiles, puis le matin et ses miettes de lumière. C'est cet homme-là qu'il faut confondre ; supporter comme lui le gel, la pluie, la saleté. Le guetter derrière les roseaux, dans le noir, même sous l'eau en respirant par un tube - pour l'empêcher in fine de braquer son arme. Qu'importent le froid, l'épuisement qui succède au plus pur ennui. Faire mieux que ce salaud, avoir une longueur d'avance, ne serait-ce qu'un souffle. Ce sera lui qui, transi, n'aura plus la force de presser sur la détente, lui qui, dégoûté, découragé, gravira lentement la colline. Jouer le temps, l'obstruction sous d'autres formes, mais être là lorsqu'il sortira du fossé. Alors le remercier, serrer sa main, l'escorter dans l'allée de ronces, la lame du droit dans le dos.
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Cent fois, les journalistes lui demandèrent d'expliquer l'Irlande du Nord. Comme s'il allait attraper une formule au vol, une déclaration pour l'éternité. Il aime bien Heaney, le poète. « Deux seaux sont plus faciles à porter qu'un. » « Quoi que vous disiez, ne dites rien. » Illusions dispersées, moments de calme, des voies s'ouvrent dans le paysage. Il n'a jamais pu rassembler tous les partis politiques autour d'une table, encore moins résumer la situation par une phrase. Une qualité bien irlandaise, l'art de détruire et d'étoffer la langue en même temps. L'estropier et la vénérer. Même leurs silences sont poétiques. L'éloquence élevée au rang de menace. Des heures durant, il a écouté leurs logorrhées sans que jamais ils ne lâchent le verbe auquel ils tiennent. Hystériques méandres, tours et détours. Brusquement, il les entend répéter : « Non, non,non », comme si le langage n'avait jamais eu que ce mot pour produire du sens.
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Il a lu quelque part qu'un homme sait réellement d'où il vient lorsqu'il a décidé de l'endroit où on l'enterrerait. Il a déjà chois, l'île des Monts Déserts, la falaise au-dessus de la mer, la courbe de l'horizon et le vert profond, la mousse qui éclabousse la roche escarpée. Tout ce qu'il demande : un carré d'herbe au-dessus d'une crique, une clôture blanche autour, des petits cailloux pointus pour lui griffer le dos. Semez mon âme dans la terre rouge, laissez-moi reposer heureux devant les pêcheurs qui relèvent leurs nasses, la longue danse de l'écume, la ronde des goélands.
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La fièvre du travail. Il voulait qu'on sache ce que cela signifiait d'être marqué au fer, de porter sur sa peau les initiales d'un autre, le joug sur le cou et le mors aux dents. De traverser les mers dans des bateaux ravagés par la variole, le typhus, la rougeole. De se réveiller dans le champ du négrier. D'entendre le cliquetis des chaînes, les clameurs du marché. De subir la brûlure du fouet. De se faire couper les oreilles. D'accepter. Plier. Disparaître.
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