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Citations sur Le grand passage (48)

L'autre se tait. Comme s'il réfléchissait à ce qu'il va répondre. Il demande à l'aveugle s'il peut pleurer. L'aveugle dit que tout le monde peut pleurer mais ce que l'homme veut savoir c'est si les aveugles peuvent pleurer des larmes qui coulent là où étaient autrefois les yeux. Le peuvent-ils ? Il n'en a aucune idée. Il tire une dernière bouffée de la cigarette et la jette dans la rivière. Il répète que le monde dans lequel il se déplace est bien différent de ce qu'imaginent les hommes et qu'à vrai dire c'est à peine un monde. Il dit que d'avoir les yeux fermés ne nous apprend rien. Pas plus que le sommeil nous apprend quelque chose de la mort. Que le monde soit ou non une illusion est sans importance. Il parle des étendues arides du barrial et du fleuve et de la route et des montagnes au-delà et du ciel bleu au-dessus des montagnes et il dit que ce ne sont là que des divertissements pour tenir le monde à distance, le monde vrai et sans âge. Il dit que la lumière du monde n'est que dans les yeux des hommes car le monde lui-même se meut dans une éternelle obscurité et l'obscurité est sa vraie nature et sa condition et que dans cette obscurité il tourne avec une parfaite cohésion de toutes ses composantes mais qu'il n'y a rien à voir. Il dit que le monde est sensible jusqu'à son noyau et plus noir et secret que ce que peuvent imaginer les hommes et que sa nature ne dépend nullement de ce qui est visible ou pas. Il dit qu'il pourrait contempler le soleil jusqu'à ce qu'il se couche et à quoi cela servirait-il ?

Ces paroles semblaient imposer silence à son ami. Ils étaient assis côte à côte sur le pont. Le soleil tombait droit sur eux. Finalement l'homme lui a demandé comment il en était arrivé à de telles idées et il a répondu que c'était des choses dont il se doutait depuis longtemps et que les aveugles avaient bien des choses à méditer.
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Il avait cessé de pleuvoir dans la nuit et il s’avança sur la route. Immobile dans cette inextricable obscurité. Où il n’y avait aucun bruit nulle part sauf le bruit du vent. Au bout d’un moment il s’assit sur la route. Il enleva son chapeau et le posa sur le bitume devant lui et baissa la tête et prit son visage dans ses mains et pleura. Il resta assis là longtemps et au bout d’un moment l’orient se teinta de gris et au bout d’un moment le juste soleil de Dieu se leva, une fois encore, pour tous et sans distinction.
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Il avait très froid. Il attendait. Tout était très tranquille. Il voyait à son haleine dans quelle direction soufflait le vent et il regardait son haleine continuellement apparaître et disparaître et apparaître et disparaître devant lui dans le froid et il attendit un long moment. Puis il les vit arriver. Bondissant et se tordant. Dansant. Leurs narines fouillant la neige. Bondissant et courant et se dressant deux à deux pour danser debout et se remettant à courir.
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Il dit que de toute façon le passé n'était guère plus qu'un rêve et que le pouvoir qu'on lui accordait dans le monde était grandement exagéré. Car le monde était refait chaque jour à neuf et c'était seulement parce que les hommes s'accrochaient a des coquilles disparues qu'ils avaient pu faire du monde une coquille de plus.
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Et tout ce qui était vu était dit et tout ce qui avait été dit était gravé dans la mémoire.
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Finalement, ce dont le prêtre a fini par se convaincre, c'est que la vérité nous est souvent apportée par des hommes qui en sont porteurs a leur insu. Ils portent en eux ce qui a poids et substance mais n'a pas de nom pour eux par quoi ils peuvent le désigner et l'évoquer. Ils vont et viennent ignorants de la vraie nature de leur condition, telles sont les ruses de la vérité et tels ses stratagèmes. Puis un jour, d'un geste machinal, d'un subtil mouvement d'abandon, ils déchaînent sans le savoir un tel tumulte sur un coeur soumis que ce coeur en est a jamais changé, a jamais arraché a la route qu'il comptait suivre, pour être au contraire jeté sur une voie qui lui était jusqu'alors inconnue. Cet homme neuf ne connaîtra ni l'heure de sa métamorphose ni sa source. Il n'aura lui-même rien fait pour connaître un tel bien. Mais il aura l'essentiel, vois-tu. Sans l'avoir cherché ni mérité. Il aura en sa possession cette insaisissable liberté que les hommes cherchent avec un désespoir infini.
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Tout homme sait au fond de lui que quelque chose est averti de son existence. Quelque chose en est averti, dont on ne peut ni fuir ni se cacher. Imaginer qu'il peut en être autrement c'est imaginer l'innommable.
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Elle l'observait de ses yeux jaunes où il n'y avait point de désespoir mais seulement le même insondable abîme de solitude qui taraudait le monde jusqu'au coeur.
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Les longs voyages finissent souvent par mal tourner.
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Du moment qu'elles étaient assez grandes pour saigner, elles étaient assez grande pour qu'on les saigne.
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