Après avoir lu ce roman, j'ai attendu quelques jours pour écrire cette chronique.
C'est un livre pas facile et qui ne peut laisser indifférent. Certains, au bout d'une cinquantaine de pages le lâcheront et passeront à autre chose, et d'autres, entreront dans ces paysages désertiques, dans cette violence des images et des mots, happés par un je-ne-sais-quoi tenant à la fois au style de l'auteur, à ses longues phrases, aux descriptions des paysages ou des scènes, au caractère des personnages.
J'ai découvert
Cormac McCArthy avec "
La Route", et fasciné par son écriture, j'ai souhaité mieux connaître cet auteur.
Au risque d'être accusé de commettre un contresens aux yeux de certains, j'ai trouvé de nombreuses similitudes dans la construction de ces deux ouvrages,
la Route et
Méridien de sang
Dans ces deux romans un gamin est mis en scène. Un gamin de quatorze ans qui a fui sa famille et dont on ignorera jusqu'au bout le prénom. Un gamin seul avec un ou des adultes, confronté à un monde de violence, cherchant à échapper à cette violence dans "
La Route", aspiré par elle au contraire dans "
Méridien de sang". Un gamin face à un monde nouveau, le monde survivant à notre monde actuel, après une catastrophe, dans "
La Route", et le Nouveau Monde, recherché par des colons à la recherche de terres vierges dans ces immensités désertiques de l'Amérique du Nord du XIX ème siècle dans "
Méridien de Sang". Un roman dans lequel des hommes blancs détruisent systématiquement la civilisation indienne, hommes, femmes, enfants et également bisons, pour permettre à des colons de s'installer, sauvagerie indienne contre sauvagerie blanche, scalps contre scalps, flèches contre balles, massacres contre massacres, sordide contre sordide. Un monde de violence également entre les membres du groupe, une horde dans lesquels les hommes ne reculent devant aucune bagarre, aucun coup bas, aucun crime.
Le gamin participera à ces crimes.
En mettant en scène ces hommes, ces "adeptes de quelque secte obscure envoyés là pour porter la bonne parole parmi les fauves de ces contrées"
Cormac McCArthy nous fait partager un morceau de l'histoire peu reluisante de la création des États-Unis : des gouverneurs payant en or les scalps des indiens tués par cette "meute d'humains à la mine cruelle", des gouverneurs mis en place pour éradiquer toute la civilisation ancienne afin d'établir des familles de colons sur le sol américain.
Menée par quelques hommes aidés par des indiens, Glanton un ancien médecin, un géant glabre prêchant son interprétation de la Bible, un prêtre défroqué, cette troupe hétéroclites d'hommes violents de toutes origines, blancs et noirs, de repris de justice ayant subi la flétrissure, est cette horde sauvage, pour reprendre le titre d'un film célèbre, que furent une partie de ces premiers américains. Une troupe qui après l'un de ses crimes"chevauchait en loques et en sang avec ses ballots de pelleteries ressemblait moins à une troupe de vainqueurs qu'à l'arrière-garde harassée d'une armée détruite reculant à travers les méridiens du chaos et de l'ancienne nuit"
"
La Route" était un roman noir, un roman de cendres refroidies, de paysages brûles, "
Méridien de Sang" est quant à lui un western rouge, rouge du sang versé, sang des hommes et des bisons, bien sûr, mais rouge aussi du fait de ces déserts, de ces prairies brûles par le soleil, traversées par le lecteur
J'ai été emporté par ces phrases longues décrivant ces paysages nord-américains, et par le vocabulaire riche, mystique parfois quand il fait référence à la Bible. J'ai été souvent très perturbé par ces descriptions parfois difficilement soutenables de cette violence, qui en rappelle d'autres plus actuelles, dans d'autres lieux, sous d'autres cieux.
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