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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Massacreries

Entre Texas, Mexique, Colorado... pourchassant plus ou moins les Apaches, une bande de coupe-jarrets trucide tout le monde entre deux comas éthyliques, tantôt couverts de poussière et tantôt de boue. Ca scalpe, ça dépèce, émascule, viole - un peu : même violées les femmes sont peu présentes.

La phrase caracole, c'est un cheval au trot, chaque reprise marquée par la préposition "et" qui donne le rythme et lie les membres jusqu'à l'épuisement du défilé, souvent chargé comme à l'apparat d'inversions du nom et de l'adjectif, transformant un roman long en un "long roman", tout de suite plus stylé. Dressé sur sa selle pour faire le beau, McCarthy n'est pas avare d'effets !

Le style, systématique, hiératique, porte le récit hyper violent, le western halluciné, à une forme de détachement vaguement métaphysique, dont les tenants pourraient être un scapulaire d'oreilles et les aboutissants jusqu'à la fin mystérieux. Ce cortège d'horreurs rutilant de style m'a rappelé Conquistadors d'Eric Vuillard. Mais la où le Français fait sonner sa phrase avec les ors des cavaliers espagnols et inscrit son cauchemar rutilant dans une mémoire historique et politique, Cormac McCarty ne fait rien de sa balade aux enfers.

Le Juge, personnage à la Kurtz (Au coeur des ténèbres / Apocalypse Now) donne un sens de raccroc à un monde qui en est totalement dépourvu : "Si la guerre n'est pas une chose sainte l'homme n'est qu'une poussière grotesque."

Les personnages étant inexistants, leur sort nous est indifférent et les tueries s'enchaînent dans un mol ennui. J'aime le McCarty de la Route, roman sec et dense, pas celui-ci, trop long, trop poseur (comme souvent McCarty à mon humble avis).

"Il n'est guère au monde de désert assez vide pour que la nuit n'y soit troublée par la voix de quelque créature mais il y en avait un ici et ils écoutaient leur propre respiration dans l'obscurité et le froid et ils écoutaient la systole du coeur de viande rubis qu'ils avaient dans la poitrine."

Beau, ridicule ? Les deux : c'est l'élégance qui plastronne. Au moins ce n'est pas rien.

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Inspiré de faits réels le roman retrace le périple du mercenaire chassé de l'armée, John Glanton, au mitan du XIXème siècle. Avec son armée de soudards il fait régner la terreur dans le sud des Etats-Unis et le nord du Mexique. Un homme fou et sanguinaire à la tête d'un bataillon de mercenaires hors-la-loi payés au scalp. Louant ses services à l'état de Chihuahua afin de chasser les Indiens, il en profite pour massacrer les villageois mexicains et globalement tous ceux qui se trouvent sur son chemin.
Voilà pour la vérité historique. C'est la toile de fond et la caution de ce roman. En réalité on comprend vite que ce qui importe à l'auteur n'est pas d'écrire un roman historique, ni un roman d'aventures et encore moins un roman psychologique mais de nous plonger dans un pandémonium hallucinant à valeur universelle.
le parcours de Glanton est parsemé de massacres, de scalps exhibés par ces acolytes, de sang versé, d'os répandus à tout va, de scapulaires faits d'oreilles coupées et d'exécutions sommaires et sanglantes. Au-delà de la violence omniprésente, et somme toute très prévisible, j'ai eu la désagréable impression d'avoir à faire à une caméra qui transforme le lecteur en un spectateur passif, qui n'a pas à se poser de questions, à qui il est refusé de comprendre, ou de développer une quelconque empathie. Les personnages sont rarement nommés. On côtoie le juge, le garçon, l'ancien prêtre, l'imbécile.., les quelques dialogues insérés dans le texte malaisés à suivre. L'auteur nous dénie le droit de s'intéresser à ses personnages. .
Le style ne manque pas de souffle, ni de panache, avec une tendance à la grandiloquence. C'est d'ailleurs un roman très visuel où les descriptions sont rigoureuses, riches et certaines images saisissantes mais la distance permanente recherchée fait de ce roman un défi à la lecture. Quant au sens, l'enfer du sens, il part en flamboyance dans les paroles crépusculaires du juge.
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Méridien de sang ou la longue errance de cow-boy assoiffés de sang. Les indiens qu'ils croisent ne sont pas en reste en termes de barbarie.
Il n'y a pas de méchants ou de gentils. Tout est violence, sang qui gicle, scalps arrachés, carcasses d'animaux qui pourrissent au soleil, plaies qui suintent, odeurs insupportables, chaleur implacables...
C'est sacrément bien écrit, chaque phrase est ciselée mais il faut s'accrocher non pas tant par la violence mais par la monotonie qui s'installe.
Et moi, je n'aime pas m'ennuyer quand je lis même si les phrases sont belles.
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Très impressionné par la Trilogie des confins et par No country…, nettement moins par La Route, j'ai pensé que le livre dont « certains considèrent que c'est son chef d'oeuvre » était garant de plusieurs nuits blanches, pleines d'extase littéraire et d'un de ces anti-westerns dont je suis également friand.
Cormac McCarthy est, selon sa biographie, à un tournant de sa production et de sa vie lorsqu'il écrit Méridien de Sang. Jusque là, son style, apparenté Southern Gothic, ne lui a procuré ni grande notoriété critique ni vraiment succès populaire – un style dont je ne comprends pas trop par d'ailleurs le rapport avec le gothique puisqu'on y trouve Faulkner, Caldwell, Tennessee Williams ou Carson Mc Cullers !
Il va donc, après 20 ans d'écriture, passer au roman western et nous voici en train de lire le premier opus de ce virage.
Le livre est inspiré de faits réels, les massacres d'une bande de soudards dirigés par John Joel Glanton au milieu du XIXème siècle, personnages spécialisés dans toutes sortes de mises à sac de villes, villages, fermes, etc avec un petit bonus « chasseurs de scalps ». Comme dit dans tous les commentaires, les atrocités de ce gang, son gout pour le massacre d'innocents sans défense de 0 à 100 ans nous sera décrit ici dans un style épique qui vise une certaine esthétique de l'ultra-violence que Le Marquis de Sade n'aurait pas renié. Cet aspect ne m'a pas posé de problème.
Il est indéniable que McCarthy est un écrivain au style flamboyant et très marqué, dont l'écriture est travaillée à l'extrême pour produire la fameuse musique dont Céline parlait à propos de « style ». Certains passages sont époustouflants et le début de ma lecture m'a fait retrouver le bonheur de la trilogie : bref, j'étais emballé et prêt à suivre les péripéties de cette épopée jusqu'au bout.
Mais voilà : zéro péripéties ; au dixième saccage de villages, à la nième scène de scalpages et de découpage d'oreilles pour en faire des colliers, à la nième scène de beuverie finissant dans des entre-tueries « et ils quittèrent le village sous les balles », j'ai commencé à échanger les nuits blanches espérées contre une réelle difficulté à ne pas m'assoupir devant un scénario répétitif en boucle. Qui plus est, l'absence complète de tentative de rentrer dans la psychologie des personnages, si elle fait partie du jeu dans le style hard-boiled au scénario plein de rebondissement, voire même de nommer les acteurs du gang (hormis le chef), est un effet de style intelligent mais qui ne tient pas la route pendant 450 pages à lui tout seul.
J'ai abandonné au bout de 250 pages, après plusieurs assoupissements (même diurnes !), par pur manque d'intérêt. Lire 200 pages de plus sur le même modèle, à quoi bon ?
Je pense que, comme de nombreux auteurs, l'équilibre entre un choix stylistique et un roman qui va réellement porter le lecteur jusqu'au bout, ne s'acquiert pas au premier opus. La suite de la production de Cormac McCarthy poursuit cette recherche de style tout en ayant quelque chose à dire à propos de personnages intéressants auquel on va s'intéresser. A mon sens, ce deuxième aspect manque cruellement ici.
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Sainteté de sang ! 8 etoiles
Damnation !

Voici le bouquin qui va te retourner l'estomac , sucker !

Welcome to the Far West sans concession sans foi sans loi....
sans toi que moi et ses foutues pages.

Nous sommes en 1850, dans le désert du Texas, happés dans un déluge de violence dans un monde de sauvage où les morts se comptent par milliers.... je crois.

M'en vais me rincer le gosier, old man.
Whisky chap !

Les mexicos , les nègres, les peaux rouges, les cowboys, les soldats .... tout le monde y passe.

Le sanguinaire Juge Holden, le tortionnaire tueur capitaine Glanton, tous deux scalpeurs et collectionneur d'oreilles et un gamin de 14 plombes sont nos guides dans cette lyrique, brutale et sombre histoire.

Un autr'verre, padre.

Livre difficile à lire tout de même, la cause à de trop longues phrases de Mr. Mc Carthy ou alors faut rester à jeun comme moi, ... hum !!!

T'en faut encore pour le lire ?

OK ....Remplis moi encore ce liquide d'or, négro.

Tant pis pour toi.

Des massacres hyper violents proches de l'enfer et pourtant si hypnotisant et captivant, les situations s'enchaînent au fils des pages malgré le manque de suspense et de tension, ICI, une seule et même issue :
la cruauté, le malheur, l'inhumanité, la mort et les ténèbres.

On est loin de John Ford et le gentil John Wayne, de Sergio Leone et ses spaghettis Eastwoodiennes, c'est tout simplement inadaptable.
Et un western interdit -18 ans ? ... Jamais vu !

Alors, pas l'choix, te faut le lir' .... Hombre ..... hips !

Mais uniquement si tu as le coeur bien accroché, pas peur d'avoir des insomnies, pas peur de dégueuler, pas peur de pisser dans la boue, pas peur du juge, pas peur .... du tout quoi !

Vas y chap, prend ton trip mystique, et ressert moi Chico.

P'tit conseil flingueur ..... Garde ton feu prêt de toi, on ne sait jamais !!!!

Welcome to the cruel World.
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Un livre un peu rebutant à lire. Tout d'abord sur le style, l'absence de ponctuation et des règles d'écriture déroutent souvent, obligeant le lecteur à revenir en arrière pour comprendre qui dit quoi.

Ensuite le fond: oui certes une descente aux enfers, traduite à la fois par un environnement hostile et le comportement humain peu glorieux, où l'animalité pour survivre prend peu à peu le dessus.

Pas inintéressant, mais je n'ai pas été emballé plus que ça, certes les descriptions de paysages sont fines et précises, mais reviennent toutes les 5 pages, ça finit par lasser.
Les personnages sont inégalement traités, certains ne sont que des noms apparaissant ici et là, difficile d'y trouver une quelconque épaisseur. Seuls le juge et Glanton ont une consistance, qui aurait été jubilatoire s'il y avait eut des pointes d'humour noir, mais ce n'est pas le cas, c'est l'absurde et la folie qui règnent ici, un univers où bien peu réussissent à conserver un minimum de lucidité.

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De Cormac McCarthy, j'ai lu La Route bien sûr. Mais ce ne fût pas mon premier. Lorsque j'avais 16 ans, j'ai lu de si jolis chevaux. Attirée par la titre, je me suis prise une bonne grosse claque dans la figure, déjà à cause du style de l'auteur, très particulier, ensuite à cause du contenu, violent, sans concession, totalement à l'opposé de ce que le titre laissait présager. Je me suis relevée, sans trop de dommage, pour me dire que tout de même c'était vachement bien comme bouquin.

On ne pouvait donc pas dire que je n'étais pas prévenue. Mais là où de si jolis chevaux proposait tout de même une histoire d'amour impossible, Méridien de sang se roule allègrement dans la boue de l'histoire de la jeune - et violente - Amérique.
Lien : http://ledragongalactique.bl..
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