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Citations sur Le Coeur hypothéqué (13)

Quand nous sommes perdus

Quand nous sommes perdus, quelle image invoquer?
Néant égale néant. Mais néant
N’est pas vide. Il préfigure l’Enfer :
De ces heures épiées dans les journées d’hiver, étoiles maléfiques,
Demandant qu’on les meuble. Toutes séparées,
L’air entre elles.

Terreur. Vient-elle du Temps ? de l’Espace ?
De l’imposture des deux notions qui se confondent ?
Pour qui est perdu, ruine parmi les ruines qu’il s’impose,
Toute absence d’air (imposture là encore, peut-être)
Est angoisse immobile. Cependant que le temps,
Imbécile éternel, traverse le monde en hurlant.

*

When We Are Lost

When we are lost what image tells?
Nothing resembles nothing. Yet nothing
Is not blank. It is configured Hell:
Of noticed clocks on winter afternoons, malignant stars,
Demanding furniture. All unrelated
And with air between.

The terror. Is it of Space, of Time?
Or the joined trickery of both conceptions?
To the lost, transfixed among the self-inflicted ruins,
All that is non-air (if this indeed is not deception)
Is agony immobilized. While Time,
The endless idiot, runs screaming round the world.
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Sarabande

Choisis tes chagrins, si tu peux,
Et choisis ce dont tu te moques. Equilibre peine et mensonge.
Accepte un monde divisé
Où tes sentiments les plus purs se plient aux détours de la ruse.
Par quelle alchimie, la nature
Prête au garçon d’épicerie, malgré ses cheveux sales,
La beauté d’Apollon, le regard fabuleux de la jacinthe d’or ?
Si tu dois traverser le parc en avril, fais vite :
N’attends pas la tombée du jour, et le regard absent,
Pour n’être pas jugé comme un imposteur,
Ne prie que l’étoile du soir.

Tes nerfs exacerbés confondent rire et désespoir,
Et quand est né ce cri éperdu, suraigu,
Une armée de chagrins dépareillés t’encercle
Et plus jamais tu ne sauras les reconnaître.
Le monde insulte ta tendresse
Etouffe ton désir.
Ecartelé par tant d’exigences contraires
Tournant de l’aube au soir vers les quatre horizons,
Peut-être n’auras-tu qu’une chose à comprendre :
Sur la mer or et bleu d’un bel après-midi
Quand le ciel est bleu doux de faïence chinoise
Le squelette de Hart Crane, des marins et du pharmacien
Dansent sur l’océan la même sarabande.

*

Saraband

Select your sorrows if you can,
Edit your ironies, even grieve with guile.
Adjust to a world divided
Which demands your candid senses stoop to labyrinthine wiles
What natural alchemy lends
To the scrubby grocery boy with dirty hair
The lustre of Apollo, or Golden Hyacinth’s fabled stare.
If you must cross the April park, be brisk:
Avoid the cadence of the evening, eyes from afar
Lest you be held as a security risk
Solicit only the evening star.

Your desperate nerves fuse laughter with disaster
And higgledy piggledy giggle once begun
Crown a host of unassorted sorrows
You never could manage one by one.
The world that jibes your tenderness
Jails your lust.
Bewildered by the paradox of all your musts
Turning from horizon to horizon, noonday to dusk:
It may be only you can understand:
On a mild sea afternoon of blue and gold
When the sky is a mild blue of a Chinese bowl
The bones of Hart Crane, sailors and the drugstore man
Beat on the ocean’s floor the same saraband.
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La pierre n’est plus la pierre

Il fut un temps où la pierre était pierre,
Chaque visage dans la rue un visage parfait.
Entre Dieu, la Chose et moi-même
L’harmonie régnait aussitôt.
Tu as changé mon univers et la trinité s’est perdue :

La pierre n’est plus la pierre,
Comme aux figures surgies d’un rêve, il manque quelque chose à chaque visage,
Tant que sur le visage imparfait d’un enfant
Je n’ai pas reconnu ton regard d’exilé.
Le soldat gravit l’escalier lumineux où ton ombre se perd.
Cette nuit, la chambre éclatée dormira
Dans un brasier d’étoiles que tu fais se lever.

*

Stone Is Not Stone

There was a time when stone was stone
And a face on the street was a finished face.
Between the Thing, myself and God alone
There was an instant symmetry.
Since you have altered all my world this trinity is twisted:

Stone is not stone
And faces like the fractioned characters in dreams are incomplete
Until in the child’s inchoate face
I recognize your exiled eyes.
The soldier climbs the glaring stair leaving your shadow.
Tonight, this torn room sleeps
Beneath the starlight bent by you.

***
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- D'où êtes-vous ? demanda Ken.
- De Kalamazoo.
- Je me suis toujours demandé si un endroit pareil existait vraiment, ou si c'était une blague.
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Elle fixa la bouteille vide, et laissa son imagination vagabonder de façon absurde, comme elle en avait l'habitude dans ces moments-là. Elle se vit, à l'intérieur de la bouteille de whisky - avec Marshall. Ecoeurants de perfection et de petitesse. De débattant furieusement contre la paroi froide et lisse, comme des singes en miniature. Le nez écrasé, l'oeil hagard, dévorés d'un désir impatient. Après un instant de danse frénétique, elle les vit retomber dans le fond - pâles, épuisés - comme des foetus de laboratoire. Sans rien se dire l'un à l'autre.
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Les souvenirs d'enfance ont l'étrange pouvoir d'être mouvants, et de grandes plages d'ombre entourent les espaces qui restent en pleine lumière. Les souvenirs d'enfance ressemblent aux flammes claires des bougies qui brûlent dans l'étendue nocturne, et font surgir de l'obscurité des figures immobiles.
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QUAND NOUS SOMMES PERDUS

Quand nous sommes perdus quelle image invoquer ?
Néant égale néant. Mais néant
N'est pas vide. Il préfigure l'Enfer :
De ces heures épiées dans les journées d'hiver, étoiles maléfiques,
Demandant qu'on les meuble. Toutes séparées,
L'air entre elles.

Terreur. Vient-elle du Temps , de l'Espace ?
De l'imposture des deux notions qui se confondent ?
Pour qui est perdu, ruine parmi les ruines qu'il impose,
Toute absence d'air (imposture, là encore, peut-être)
Est angoisse immobile. Cependant que le Temps,
Imbécile éternel, traverse le monde en hurlant.
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Tout le monde, un jour ou l'autre, se sent obligé de partir, poussé par quelque chose qu'on doit faire, et certains même partent sans savoir exactement pourquoi. C'est comme une faim qui est en vous, une faim lancinante qui vous commande d'aller à la recherche de quelque chose.
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Car les morts ont droit de saisie
sur les sens de l'amant, le cœur hypothéqué.
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Tout laissait croire qu'ils étaient heureux. Leur lit était contre la fenêtre. Ils s'asseyaient souvent dessus en tailleur, l'un en face de l'autre, et se parlaient en riant. Un jour, ils étaient assis de cette façon-là et mangeaient des oranges en jetant les épluchures par la fenêtre.
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