New York, nouvel an 1882. Les gentlemen rendent visite aux dames (respectant ainsi la coutume du Jour de l'An instauré par les Hollandais au XVIIè siècle) du matin jusqu'à la tombée de la nuit et la ville (enfin les quartiers riches) n'est qu'une monstrueuse ruche et la première journée de l'année n'est que mondanité et courbette. Les gentlemen se vantent d'avoir avalé un verre dans chaque maison qu'ils visitent et les dames s'enorgueillissent du nombre de cartes de visites laissées par les convives. Pendant ce temps, dans les quartiers pauvres, les coupe-gorges, les vieux appartements miteux, les bars et tables de jeux sordides, les hôtels de passes, bref les bas-fonds de New York où s'entasse toute la misère et le vice, les enfants meurent de faim, des vieux meurent dans leur lits et les escrocs sont de sortie.
Michael McDowell nous entraîne sur les traces de deux familles new yorkaise. Les Stallworth qui appartiennent à la première catégorie et les Shanks, qui eux, figurent dans la seconde. Les Shanks font partie d'une lignée corrompue de criminelles. A leur tête, Lena Shanks dite Lena la Noire, originaire d'Allemagne, arrivée à New York à l'âge de seize ans. Elle dirige l'organisation familiale avec ses deux filles, Daisy, une avorteuse réputée et Louisa, une faussaire de génie, ses petit-enfants Rob et Ella ainsi que sa belle-soeur Maggie (qui porte en permanence des verres teintés et des gants, je vous laisserai découvrir pourquoi). Elles traitent uniquement avec des femmes et leurs domaines d'activités sont nombreux : vol à l'étalage, pickpocket, escroquerie, paris, prostitution, meurtre, avortement clandestin. Elles tiennent un établissement de prêteur sur gage dans le "Triangle Noir", zone entre MacDougal Street et la rivière, délimitée au sud par Canal Street et au nord par Bleeker Street.
En ce qui concerne la lignée des Stallworth, le patriarche James Stallworth, juge républicain, connu pour vous envoyer à Sing Sing ou Blackwell's Island en un claquement de doigt, dirige d'une main de fer son tribunal et sa famille. Son fils, Edward, est un pasteur influant qui peut compter sur un nombre importants de fidèles parmi la communauté. Sa fille, Marian, est marié à Duncan Phair, un avocat aux dents longues promis à un bel avenir. Enfin, le juge a quatre petit-enfants, bien que décevants pour lui, ils devraient néanmoins assurer la lignée de la famille.
Le juge Stallworth a pour projet de dénoncer la politique laxiste de la ville dirigée par des démocrates et l'inefficacité de la police. Il profite de la mort d'un avocat le jour de l'an pour concocter un plan, qui dis-je un grand projet ! Celui d'éradiquer l'un des coins les plus gangrenés de la ville, le fameux "Triangle Noir". Avec l'aide de son fils Edward et ses sermons incendiaires ainsi que son gendre et un journaliste du Tribune, ils comptent bien se mettre l'opinion public dans la poche et révéler à la face du monde ce qu'il se passe dans ce quartier. Mais s'attaquer au "Triangle Noir" c'est s'attaquer au Shanks et à leur affaire. Lena ne compte pas se laisser faire, d'autant plus qu'elle a un vieux contentieux à régler avec le juge. Une vraie partie d'échec commence entre les Stallworth et les Shanks et ils se pourrait bien qu'aucun des deux ne sortent gagnants d'un tel affrontement. Vous connaissez l'expression "oeil pour oeil, dent pour dent", car c'est de ça qu'il s'agit dans ce roman.
Les aiguilles d'or est un roman ingénieux, très bien construit, petit à petit l'intrigue se révèle, les personnages sont délectables (Maggie Kizer est ma préférée). On ne s'ennuie pas une seconde, tout ça sur fond de lutte des classes, de corruption et de vengeance. Autant la fin de la série Blackwater m'avait un peu déçu autant ici je me suis régalé d'une telle perversité et d'un tel esprit créatif dans la vengeance !!! J'attends avec impatience
Katie du même auteur.