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4,16

sur 1228 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tout d'abord , qu'il me soit permis de remercier l'équipe de Babelio et les Editions Monsieur Toussaint Louverture pour l'envoi de ce roman qui a vraiment retenu toute mon attention et restera un vrai bon moment de lecture .
Qu'il me soit permis de lancer un grand " coup de chapeau " au concepteur de cette couverture originale et superbe qui me renvoit à celles que j'ai pu trouver sur certains ouvrages de mon enfance , élément ô combien important à mes yeux .Même si le titre et le nom de l'auteur manquent un peu de visibilité , j'aime .
Et puis , disons le tout net , ce qu'on attend , c'est l'intrigue .Alors là , l'intrigue , c'est d'abord la plongée dans un monde à peine imaginable dans " le triangle noir " de New York en 1882 .Une description à la Dickens , une sorte de cour des miracles à la Victor Hugo , ce lieu sans foi ni loi , lieu où règnent la prostitution , le vice , l'avortement , les trafics en tous genres , la violence , les coupe - gorges , la lutte du " chacun pour soi " , la drogue , bref , tous ces vices qui permettent , d'une façon ou d'une autre , d'échapper à une condition désespérée que l'on sait immuable . Immuable sauf , hypocritement , seul sujet de discussion électorale pour l'autre classe , celle qui recherche le pouvoir , celle des bourgeois avides de notoriété , de réussite personnelle . Alors , lorsqu'un avocat de renom est assassiné dans ce quartier de misére , la machine se met en marche et frappe pour laver un honneur perdu .. Inflation de violence , de perversité , tous les moyens sont bons ...Sauf que ...Ben oui , sauf que ...le vacillement ou la chute des Stallworth ?Pour le savoir , à vous de jouer ...Ou plutôt , de lire et " tout , tout , tout , vous saurez tout ...Et vous n'êtes pas au bout de vos surprises...
Deux parties bien distinctes dans ce roman , l'immersion dans l'enfer et le récit d'une vengeance machiavélique ...Voilà ce qui vous attend dans ce récit un peu long ( pour moi ) dans sa partie initiale , mais à " se ronger les ongles" dans la seconde .
Je vous l'ai dit , j'ai retrouvé les auteurs de ma jeunesse , ceux qui me passionnaient au point de me voir m'endormir , à bout de fatigue , le livre entre les mains ...
Les personnages ? Ils sont nombreux et le petit arbre généalogique des premières pages est bien utile .Quant à leurs caractères , je vous laisse les découvrir mais c'est " du lourd ".
Trés bien écrit et traduit , ce livre devrait plaire à ceux et celles qui aiment ce " noir " tellement lointain qu'il nous semble inimaginable dans notre monde d'aujourd'hui ( ?) .
Pour ceux qui voudraient s'y rendre , ne comptez pas sur moi , je suis retraité et ne recherche plus ce genre d' aventures . A lire certaines critiques , je suis certain que vous trouverez un guide plus compétent que moi .Bienvenue dans le monde d'une bourgeoisie avide de tout et d'une société où la survie quotidienne n'empêche pas une certaine idée de l'honneur , fût elle discutable .
je vous laisse pour ce soir , amis et amies , je vais regarder un certain film , " La vie est un long fleuve tranquille ". Je ne sais pas pourquoi .Il y a sans doute un rapport mais ..lequel ?
Mille excuses à Babelio pour avoir rédigé ce petit commentaire le 31 août au lieu du 30 .
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La couverture de ce roman est un petit bijou.
Si celles de la saga Black Water étaient déjà magnifiques, ici la maison d'édition s'est surpassée.

Ce roman est manichéen, il commence doucement, trop doucement même. Et puis insidieusement, les choses se mettent en place. Les personnages et les lecteurs sont pris dans les filets d'un scénario implacable.

L'auteur, fait une critique acerbe de la société du XIXe et de l'abus de pouvoir de certains puissants.
J'ai adoré l'écriture de l'auteur, emprunt d'humour très cynique. Ce qui est tout a fait a l'image du roman.

Un roman très noir, qui même si la mise en place est un peu longue, emporte le lecteur dans les méandres du Triangle noir

Une fois encore, les éditions Monsieur Toussaint L'ouverture ont fait un travail remarquable.
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1882 : Une nouvelle année qui commence, qui verra de nombreux changements pour deux familles de New-York, les Stallworth et les Shanks, et ceux qui s'en sortiront le mieux ne seront sans doute pas ceux que l'on aurait pu penser au départ.

On est à New-York, où la ville est gérée par les démocrates. Une famille de républicains, les Stallworth, désireuse de les discréditer, va lancer une campagne de presse contre un quartier de misère et de délinquance le triangle noir, causant par la même, dommages et morts dans une famille de ce quartier, une famille de femmes, qui règne dans l'ombre, et gère quelques activités très lucratives, les Shanks. Et cette famille jurera de se venger. On lira le récit de cette vengeance dans une deuxième partie, plus enlevée que la première, mettant en place décors et personnages et relatant la campagne de presse qui prend parfois un peu trop son temps.
Un vieux contentieux opposait d'ailleurs déjà la matriarche de ce clan au patriarche des Stallworth, juge impitoyable. Et rien que ces deux termes, patriarche d'un côté, matriarche de l'autre révèlent une des oppositions entre ces deux familles

Un roman foisonnant, truffé de détails sur le New-York de cette époque, qui évoque de façon quasiment cinématographique cet univers. J'ai évidemment pensé au Londres de Dickens, au Paris de Hugo, des lieux où règnent le vol, la vente de cadavres, la prostitution et son corollaire les avortements clandestins, les salles de jeu, les pugilats, les crimes de toutes sortes, la maladie, la mort. Et l'opposition est d'autant plus grande avec ces beaux quartiers, où les femmes de la Haute réunies en comité soi-disant d'aide à ces indigents, discutent surtout de la façon dont elles doivent s'habiller pour leur visite dans ce quartier.

L'auteur n'est tendre ni pour les unes, ni pour les autres, et aucun des personnages n'est vraiment attachant. Et c'est peut-être ce qui m'a manqué pour être plus séduite, même si j'ai été fascinée par le récit de cette vengeance, orchestrée de main de maitre, par la profusion de détails sur la vie à cette époque. J'ai lu ce livre avec plaisir, mais sans être pressée par le désir de le reprendre dès que possible.


Je fais partie de ceux qui n'ont pas lu la saga Blackwater. À tous ceux que six tomes effraient, ce livre est une bonne façon de découvrir l'auteur, conteur émérite.

Merci à Nicola, Doriane, Xavier, Hélène, Pat, Berni, Sandrine, djdri25 et Altervorace pour cette lecture commune
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J'ouvre la première page de ce livre à la magnifique couverture ciselée comme le bel et mystérieux écrin qui me tente depuis quelques jours. Me voici entrant dans le secret des pages de ce roman, écrit par un certain Michael McDowell, auteur américain contemporain que je découvre ici, me voici dégringolant dans le dédale d'une ville déjà secrète et tentaculaire, sombre et dévorante. New-York, 1882. New-York, New-York, me voici !
J'entre à tâtons, attentif, étonné, inquiet quand même un peu, j'ai l'impression d'avoir soulevé une trappe et d'entrer dans le tréfonds de l'âme cachée d'une ville, New-York underground... Déjà l'image de l'incipit me happe comme une scène cinématographique marquante.
« Par une nuit sombre d'hiver, sept enfants se blottissaient près d'une grille de ventilation sur Mulberry Street. Chacun à leur tour, pendant environ une minute, ils s'asseyaient directement sur la grille en fer pour profiter de la vapeur qui s'échappait de la chaudière des locaux de la police de New-York. »
J'imagine la scène comme si j'étais là devant eux, moi planqué dans un coin de la rue, les observant, eux dans leur crasse si immonde qu'on pourrait presque sentir leur odeur depuis l'endroit où je me terre, moi dans le silence glaçant de la nuit qui m'étreint, eux vêtus de simples haillons informes et répugnants. C'est un quartier sordide et infame de New-York qui s'appelle le Triangle noir.
L'an de grâce 1881 s'apprête à devenir l'an de grâce 1882. Dans la fatalité d'une ville immense et de ses vertiges où tout est peut-être déjà écrit, que peut-il se passer qui vienne bouger l'ordre immuable des choses ? D'un côté c'est l'opulence, de l'autre c'est la misère.
Le Triangle noir concentre dans ses bas-fonds tous les vices de la terre, la survie, la peur aussi... Une certaine Lena, dite Lena la noire, tire les ficelles d'un clan féminin, les Shanks. Son organisation parfaitement huilée, traversant trois générations, est à la fois redoutable et résiliente dans un monde glauque où chaque pas remet en jeu le principe même de vie. À quelques encablures de ce quartier, règne une famille de juges et d'avocats, les Stallworth, famille dirigée d'une main de fer par le patriarche, l'influent et implacable juge James Stallworth... Comme le contrepoint parfait, ici aussi il est question de trois générations...
L'assassinat d'un avocat en plein Triangle noir va donner enfin au juge Stallworth l'occasion de nettoyer l'infâme quartier, déraciner le mal, en éradiquant la lignée corrompue de criminelles qui y sévit : les Shanks. Les intentions des Stallworth sont-elles si nobles que cela ?
Me voici dès les premières pages happé dans un récit haletant, addictif, à la tonalité envoûtante, digne de... Digne de qui ? de quoi ? Je cherche tant bien que mal dans ma mémoire brinquebalante à quelles références littéraires ce récit me fait penser. Émile Zola ? Charles Dickens ? Eugène Sue ? Paul Féval ? Victor Hugo, celui des Misérables ou de la Légende des siècles... ? Edgar Allan Poe ? Henry James ?
Mais je m'aperçois très vite que je fais fausse route sur ces pistes-là, tandis que je m'enfonce à chaque page un peu plus encore dans l'univers sombre et malfaisant du récit. J'en arrive à me prendre d'affection pour ces redoutables lames, Les Aiguilles d'or, aussi redoutables que les mains habiles qui les manient, faiseuses d'anges ou de démons, lancées dans une implacable vengeance digne du Comte de Monte-Cristo. Tiens ! En voilà encore une référence... ! J'en arrive à éprouver une empathie sans filtre pour ce gang de femmes, dans ce duel entre deux familles, mais aussi entre deux classes opposées, où tous les coups sont permis, deux formes de morale pour présenter une certaine vision du monde, celui de New-York en l'an de grâce 1882...
Une vision un peu clanique, manichéenne du monde, peut-être... Voilà, j'en arrive vite à la limite de mes digressions. Si j'ai cité quelques références de littérature classique vers lesquelles me renvoie l'imaginaire de ce récit, c'est bien l'atmosphère qui entoure ces évocations, l'ambiance, le côté visuel, esthétique... Pour le reste, je ne saurai pas bien définir l'endroit où ce récit m'a rejeté, comme une vague sur un rivage lointain, comme rincé de la crasse des personnages, échoué dans le tréfonds des égouts d'une ville démentielle et survoltée de violence, de haine et d'injustice, mais aussi de sororité dans l'épreuve chaotique du monde...
C'est un roman cinématographique qui fait déambuler le lecteur, parcourant des rues, des estaminets, des bouges, des scènes de vie qui saisissent à la gorge, des décors emplis d'étrangeté... J'avais l'image d'une noirceur tout au long du récit.
Malheureusement, cette vision sombre d'un monde qui l'est tout autant n'offre pas sur le plan littéraire ce cher clair-obscur que j'aime tant découvrir en entrant dans les pages de certains romans classiques. Évidemment, je pense ici à ce cher Victor Hugo...
S'il y a beaucoup de personnages dans Les Aiguilles d'or, finalement on les voit peu, on ne les voit pas de si près, je ne les ais pas vus d'assez près...
Michael McDowell nous entraîne dans un roman d'ambiance plus que de caractères, c'est peut-être là le bémol que j'ai envie d'exprimer.
Le ressort narratif qu'il déploie est efficace, rondement mené, mais tout ceci manque cruellement de nuance et de subtilité. Michael McDowell se contente d'effleurer ses personnages, de les mettre en scène en les jetant dans la mécanique inexorable de la fatalité qui les anime, mais sans introspection, à distance d'eux, sans venir au plus près sentir, capter l'émoi d'un visage, le vertige d'un coeur, l'étreinte d'une émotion traversant un regard, le reflet d'un sentiment étouffé dans l'envers des faux-semblants, l'effleurement d'une errance, d'un exil intérieur condamné à se terrer dans la violence comme seul espoir de survivre, tenir debout dans l'effondrement de ce qu'il reste d'humanité...
Finalement, j'ai trouvé que seule la couverture du livre, certes un peu kitsch, était finement ciselée...
Je ressors de cette lecture comme ayant vécu un bon moment de lecture, mais je ne suis pas sûr que dans quelques temps, j'en garderai encore un souvenir inoubliable... Sauf peut-être celui d'avoir accompli cette lecture avec un autre gang tout aussi redoutable mais cette fois d'amitié, celui de mes amis de l'an de grâce 2023, j'ai nommé : Doriane (@Yaena), Nicola (@NicolaK), Xavier (@Aquilon62), Anne-So (@dannso), Patounet (@Patlancien), Hélène (4bis), djdri25 et Altervorace, entraînés dans le sillage de notre amie Sandrine (@HundredDreams) partie en éclaireuse avec sa lampe frontale.
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Ce roman, initialement paru en 1980, est une nouvelle fois superbement traduit et édité par Monsieur Toussaint Louverture. Dans la continuité esthétique de la saga Blackwater (six volumes), au succès que l'on sait, cinq autres volumes de ce qui constituera une Bibliothèque Michael McDowell sont prévus, à raison d'un tous les six mois.

« Les Aiguilles d'Or », le premier à paraître après Blackwater, est en ce qui me concerne une découverte de l'univers macabre de cet auteur doué. A New-York, en 1882, deux familles de grands monstres, dont les destins sont liés depuis la fin de la guerre de Sécession, vont d'affronter impitoyablement.

D'une part les Stallworth, membres ambitieux et apparemment irréprochables de la haute société, veulent se tailler une place encore plus grande au soleil. Leur patriarche est un juge à la réputation d'inflexibilité, son fils un pasteur influent et son gendre un avocat retors.
Face à eux on trouve les Shanks. le juge Stallworth a condamné à mort Cornelius Shanks, quinze ans plus tôt, puis envoyé sa femme Lena en prison pour sept ans, la séparant de ses filles. Lena la Noire, comme on l'appelle, porte toujours en deuil de son mari. Entourée presque exclusivement de femmes elle est la matriarche d'une famille dévouée au crime.

Alors que le status quo se durait depuis des années, les Stallworth vont réactiver le brasier de cette vengeance hors norme. Pour des raisons politiciennes ils ont décidé de s'attaquer aux délits sur un des quartiers les plus mal famés de New-York, en instrumentalisant la presse pour influencer l'opinion publique en faveur des Républicains. Problème de taille, ce Triangle urbain c'est le terrain de jeux favori de Lea Shanks. Pour elle cela équivaut à une déclaration de guerre…

Comme dans un roman-feuilleton du 19ème siècle, aux multiples rebondissements horrifiques, la mécanique de la violence une fois lancée va devenir incontrôlable.

Michael McDowell nous embarque dans cette vendetta sans nous permettre de souffler jusqu'à la fin. Les décors d'un New-York très sombre, dans des quartiers décrépits, en proie au meurtre, à la maladie, à l'alcoolisme, à la prostitution et à la drogue dominent. L'auteur réussit pourtant à nous rendre parfois humains, sinon sympathiques, certains de ses personnages les plus hors la loi et atypiques. C'est un roman d'atmosphère, étrange parfois malgré l'absence de recours au registre du Fantastique.

Je remercie l'éditeur et Babelio, qui m'ont permis de dévorer ce roman dans le cadre d'une opération Masse Critique. En librairie le 06/10/2023.
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Les aiguilles d'or est un roman historique qui se déroule dans la New-York de la fin du 19e siècle.
Livre entamé après la lecture de la chronique inspirante de Sandrine que je remercie.
Je l'ai lu en LC avec les copinautes de Babelio que je salue au passage : Aquilon62, Berni_29, dannso, NicolaK, Patlancien, Yaena, 4bis.
C'est un roman noir.
Le livre s'ouvre tout d'abord sur le quartier du Triangle Noir où vivent des miséreux, des enfants en guenilles, des mendiants, des serviteurs de tous bords, des brigands et bien d'autres personnages dont la condition sociale ne leur permet pas de s'intégrer à la société cruelle de ce début de siècle. Tous et toutes tentent de survivre et de combler leurs besoins les plus primaires quitte à contourner la loi et commettre des forfaits et bizarreries en tous genres.
Le narrateur souligne la misère de ce quartier en l'ouvrant sur des scènes bouleversantes, répugnantes qui font froid dans le dos.
Par opposition apparaît en second lieu, la riche famille des Stallworth vivant dans un quartier cossu. Ils disposent de pouvoirs illimités, les membres de clan sont à la fois corrompus, cruels, cupides, égoïstes, magouilleurs, manipulateurs, ils sont des politiciens véreux, hommes de loi corrompus, n'hésitant pas à s'allier avec d'autres personnages aux pouvoirs tout aussi élevés que les leurs pour les épauler et consolider leur réputation.
Les Stallworth vont ériger les membres du Triangle noir dont ceux de la famille Shanks en boucs émissaires criminels pour asseoir définitivement leur pouvoir sur ce secteur de la ville de New-York et conforter leur image aux yeux des habitants de la ville, tous les coups bas et mensonges leur sont permis.
Mais bien mal acquis ne profite jamais. Aux accusations abusives, aux crimes gratuits et injustes répondent les vendettas de la famille Shanks atteinte en plein coeur.
Le personnage central du Triangle aussi sombre que fascinant est Léna la noire, chef de file de la famille Shanks, elle sera aidée par son clan dans leur lutte contre les Stallworth. Elle peut se montrer aussi généreuse et protectrice envers les siens que cruelle lorsque la menace pointe à l'horizon. Rien n'échappe à son instinct de veuve noire et à son regard acéré et inquisiteur. Elle n'hésite pas à piquer au besoin.
On est fasciné par les personnages du Triangle noir, victimes de leurs conditions et des puissants de la ville.
On navigue entre fascination et répulsion face à la violence déployée et aux ripostes tout aussi néfastes.
C'est une lutte acharnée entre les deux clans qui en fait un roman manichéen.
L'intrigue est centrale, c'est sur celle-ci et les personnages forts que repose le roman. Elle est prenante et bien menée, malgré ses plus de 500 pages, le livre se lit très rapidement, il faut dire que c'est un petit format. La couverture est très jolie, elle est aussi brillante que l'intrigue est sombre.
J'ai apprécié la lecture de cet ouvrage plutôt distrayante malgré la noirceur du sujet.
Je le recommande aux amateurs du genre.
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La très honorable maison Monsieur Toussaint Louverture a réussi un joli coup d'édition, avec le lancement très remarqué de la « Bibliothèque Michael McDowell », collection constituée de l'adaptation française de la saga Blackwater et de quelques autres ouvrages de l'écrivain et scénariste américain. Mort en 1999 à l'âge de quarante-neuf ans, McDowell avait produit dans les années quatre-vingt une oeuvre littéraire prolifique et variée, qui rencontra un grand succès populaire dans les librairies anglophones, avec de nombreuses rééditions en livres de poche.

Les réseaux sociaux ont beaucoup mentionné récemment Blackwater, ce qui a éveillé ma curiosité. Je n'ai pourtant pas eu envie de me lancer dans une série en six volumes et je me suis contenté de lire Les Aiguilles d'or, traduction d'un thriller social datant lui aussi de plus de quarante ans. Certaines publications de Monsieur Toussaint Louverture étant aujourd'hui disponibles en version numérique, j'ai pu lire Les Aiguilles d'or sur ma liseuse, étant toutefois privé de la magnifique couverture réalisée selon la tradition de l'éditeur, et dont je n'ai pu voir qu'une photo en noir et blanc.

L'histoire imaginée par l'auteur se situe à New York en 1882. le livre aurait très bien pu être écrit à la même époque, tellement le style littéraire de l'ouvrage fleure bon celui des romans du XIXe siècle : une description très méticuleuse et détaillée des visages des personnages, de leurs expressions, de leurs vêtements ; même souci de précision pour l'agencement des locaux et pour l'atmosphère des quartiers dans lesquels se déroulent les actions, notamment les bas-fonds de New York. L'éditeur évoque d'ailleurs avec discrétion un esprit à la Dickens. On pourrait aussi citer Victor Hugo. Une conception littéraire qui incite le lecteur à mettre en scène dans sa tête les images des péripéties. Ecriture cinématographique, dirait-on aujourd'hui.

L'intrigue globale met aux prises deux familles, que tout oppose. Les Stallworth, luxueusement installés dans les beaux quartiers de Manhattan, sont de grands bourgeois fortunés, confits dans l'autoadmiration de leurs bonnes manières et dans la certitude de leur supériorité morale, qui devrait légitimer n'importe lequel de leurs projets. Les Shanks habitent un taudis, au coeur d'un secteur nommé le Triangle noir, où prolifèrent la misère, la dépravation et le crime. Ils vivent d'expédients illicites, ne pouvant compter que sur leur malice, leur absence de scrupules, leur esprit de solidarité et leur instinct de survie.

Face à face, manipulant avec autorité leur lignée d'enfants et de petits-enfants, se dressent l'implacable Juge Stallworth, qui conçoit de grandes ambitions pour les siens, et la redoutable mère-maquerelle Lena la Noire, qui pilote avec finesse les activités diverses d'un gang féminin efficace. Comme au théâtre de marionnettes, on se prend à ressentir plus de sympathie pour Guignol que pour le gendarme. Peu à peu, le roman évolue ainsi vers le conte moralisateur, avec une pointe d'humour noir. Mais les derniers chapitres et le dénouement, plutôt violents, ne sont pas à mettre entre les mains des petits enfants…

Les événements s'enchaînent avec fluidité. On découvre avec amusement les stratagèmes élaborés par les uns et les autres. Il n'est pas difficile d'imaginer, dès leur énonciation, ceux qui réussiront et ceux qui feront pschitt. le livre se lit donc agréablement, sans vraiment de surprise. Un bon moment de lecture. Une littérature comestible, mais dont la dégustation s'oublie vite.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Michael McDowell, décédé en 1999, est en train de se créer une renommée incroyable en France, à titre posthume. Cela tient un peu de la magie, à l'image de ses livres qui n'en manquent pas.

Le succès rencontré par la série des 6 livres de Blackwater était inimaginable. D'une ampleur impossible à anticiper. Gageons que Les aiguilles d'or trouveront également un bel écho auprès du public, tant le roman est bourré de qualités.

Ce livre, son deuxième, est sorti en 1980, trois ans avant Blackwater. Que ceux qui imaginent y retrouver les mêmes ingrédients se détrompent, aucun aspect fantastique dans cette intrigue.

Mais clairement, la patte McDowell est là, par sa manière de raconter des histoires, par ses personnages atypiques, pour ne pas dire déviants, tout en nuances de gris (foncé). Par sa capacité à créer une ambiance immersive au possible, même si le récit se déroule deux siècles en arrière.

Place donc à une vraie fiction historique, façon saga familiale, récit social et roman noir, qui prend place en 1882 à New York. Deux familles aux destins bien distincts, étendant leurs puissances sur la ville, à leurs manières.

Les Stallworth, en pleine lumière. Et les Shanks, dans l'ombre. Les premiers actionnant tous les leviers pour tenir la ville officiellement, pas toujours dans la légalité pour autant. Les seconds régnants dans les bas-fonds, développant leurs activités à coups de vices et de truanderies.

Deux familles, deux mondes, liés par le sang versé, qui vont s'affronter à travers toute la ville. Pouvoir et vengeance, les deux mamelles nourrissant cette intrigue puissante.

Plusieurs protagonistes par famille, plusieurs générations, les Stallworth droits dans un système patriarcal, les Shanks aux mains des femmes. Avec NYC comme personnage à part entière pour compter les points (et les morts).

L'immense talent de l'écrivain américain embarque les lecteurs dès les premières pages, avec une capacité étonnante à lui faire vivre les scènes et ressentir les odeurs, à se retrouver plongé au sein même des drames et des tensions.

Avec une plume cinématographique et puissante, à la fois belle et d'un réalisme à couper le souffle. Vous voilà transportés dans le passé, en cette fin du XIXe, à sillonner les travées, les rues, les coulisses et les secrets de Gotham.

Toujours près des personnages, comme si vous vous teniez à leurs côtés. Même nombreux, ils sont si bien caractérisés que vous vous en ferez une projection mentale très nette.

De sacrés personnages, aux comportements guère reluisants, aucunement sympathiques de prime abord, mais que le talent, que dis-je la magie, de l'auteur rend proche du lecteur. Vu les pedigrees, c'était une sacrée gageure, remportée haut la main.

Avec une particularité qu'on ne retrouvait pas si souvent dans les livres de l'époque, des femmes fortes, qui détiennent une partie du pouvoir derrière le rideau. Pour une confrontation dantesque avec les hommes qui tiennent officiellement la ville. Car il est question autant de guerre des sexes que de lutte des classes.

Au final, les plus de 500 pages se lisent sans la moindre baisse de régime, sans jamais avoir envie de lâcher ces deux familles pourtant peu fréquentables. Jusqu'au feu d'artifice de la dernière partie, et les étincelles qui embrasent le récit.

Même sans la pointe de fantastique de Blackwater qui rendait le livre si atypique, Les aiguilles d'or est une fiction historique noire de haut vol, par la grâce d'un Michael McDowell qui comprend si bien les affres de l'âme humaine, et sait les mettre en scène avec un formidable élan romanesque.
Lien : https://gruznamur.com/2023/1..
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Diaboliquement bien positionné ce roman! Amateurs d'atmosphère mâtinant Poe, Dickens et Henry James, d'intrigues feuilletonnées à la "Mystères de Paris", de lecture prenante et détendante à la fois, de vengeance mitonnée aux petits couteaux affutés sur fonds d'inégalités sociales criantes dans un New York fin 19ème plus vrai que nature : ce thriller machiavélique est pour vous!
Ce n'est pas le roman du siècle, mais l'intrigue est tenue au cordeau, les personnages solidement campés, la mécanique riches contre pauvres et pauvres contre riches parfaitement huilée; on ne s'ennuie pas une seconde, et même si on oublie assez vite l'intrigue une fois le livre refermé, on n'oublie ni la sensation d'avoir arpenté les rues d'un New York grouillant de misère crasse ni surtout la terrible et déterminée Lena Shanks!
Lecture sympa, comme Blackwater en fait: addictive, efficace, et en en redemande. ça tombe bien, j'ai cru comprendre que Monsieur Toussaint Louverture en avait d'autres sous le coude.
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Une histoire de vengeance, de trahisons et d'ambitions dans le New-York de la fin du 19e siècle.

D'un côté les Stallworth et son patriarche James Stallworth, une famille aisée et influente des beaux quartiers de New York. de l'autre, les Shanks dirigée par la matriarche Lena Shanks, une famille de criminelles du Triangle Noir, un des quartiers les plus pauvres et mal famés de la ville.

A priori aucun liens entre eux si ce n'étaient les ambitions démesurées des Stallworth, qui rêvent des plus hautes fonctions de la ville. Leur plan est simple, organiser le « nettoyage » du Triangle Noir pour le débarrasser de ses pires criminels et profiter ainsi des retombées médiatiques. Rien de plus facile quand on compte dans la famille, un juge (James Stallworth), un pasteur (son fils Edward Stallworth) et un avocat (son beau-fils Duncan Phair).
C'est sans compter sur la pugnacité et le désir de vengeance de Lena Shanks et des siens.

« Nous voulions dénicher une famille embourbée dans la corruption, élevée dans le crime, et la voilà enfin. Et celle-là est d'autant plus vicieuse qu'il s'agit uniquement de femmes, d'autant plus encore qu'elles sont à la tête de nombreuses activités délictueuses. Si on inclut Maggie Kizer, nous avons de tout : meurtrière, prostituée, receleuse, faussaire, avorteuse… et on peut toujours accuser les enfants de vol. Il ne manque que le chantage et le kidnapping, en fait. »

Une intrigue plutôt classique mais dont la dimension tragique est accentuée par son atmosphère sombre et inquiétante, qui est à mon sens la grande réussite de ce roman. Michael McDowell nous emmène dans les bas-fonds de New-York, dans ce dédale de ruelles dangereuses et insalubres à la rencontre des laissés pour compte, de ceux qui manquent de tout et qui tentent tant bien que mal de survivre. C'est saisissant de réalisme et tout est là pour nous confronter à la pauvreté, à l'insalubrité et à l'insécurité des lieux. Chaque porte ouvre sur un tripot, un bouge, un taudis ou encore une fumerie d'opium, et le contraste avec l'opulence de la famille Stallworth n'en est que plus frappant.

« Partout dans King Street, des hommes et des femmes titubaient d'un cabaret à l'autre, ivres et tapageurs, la musique étouffée se faisant d'un coup plus forte à chaque fois qu'une porte s'ouvrait à la volée. Cependant, personne ne prêta la moindre attention aux petits chiffonniers qui avançaient au milieu de la chaussée d'un pas laborieux, silencieux, las et lents, taches sombres de misère glacée au milieu des réjouissances du réveillon. »

Les personnages, nombreux, sont bien caractérisés mais auraient sans doute mérités d'être plus nuancés. Cela ne m'a pas empêché de suivre avec intérêt et appréhension le récit, curieuse de savoir qui sortirait vainqueur de la guerre entre les Stallworth et les Shanks.

Difficile de conclure sans saluer la qualité de l'édition proposée par Monsieur Toussaint Louverture. La couverture imaginée par Pedro Oyarbide est un petit bijou plein de détails qu'on se plait à découvrir et à explorer.
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