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Tout Ce Qui Est Solide Se Dissout Dans l'Air est le premier roman d'un jeune (36 ans) Irlandais venant du théâtre, Darragh McKeon. Son livre commence le 26 avril 1986 et suit les pas d'un pianiste virtuose, d'une ancienne journaliste dissidente, d'un chirurgien talentueux et d'un ado qui part chasser l'oie avec son père.

Le 26 avril 1986, c'est aussi le jour d'un essai d'îlotage du réacteur n°4 de la centrale de Tchernobyl, en Ukraine. L'exercice tourne à l'accident nucléaire et entre dans la vie des personnages de McKeon : "Elles sont si curieuses les couleurs qui filtrent aujourd'hui à travers la vitre, si différentes des autres matins."

Dépeint par la 4ème de couv' comme "un Docteur Jivago qui aurait pour toile de fond Tchernobyl", ce livre s'appuie contre un fond qui se fissure, qu'il s'agisse de Tchernobyl ou de l'URSS. La petite et la grande histoire se mêlent en deux monstruosités parricides, le nucléaire et le régime totalitaire, contre lesquels luttent les personnages principaux.

Le livre propose quelques épisodes puissamment dramatiques : la partie de chasse, le début de l'accident nucléaire,ce qu'il advint de la porte de la maison d'Artiom (page 130) sont des récits particulièrement réussis. D'autres passages m'ont semblé plus flous, notamment le dispensable Vasili et ses souvenirs du service militaire.

McKeon a consacré dix ans à la préparation de son livre et on peut dire qu'il n'a pas raté son entrée. Il est en lice pour le Prix de la Fnac et a recueilli un peu partout des critiques élogieuses. Il pourrait bien le ramasser, son Prix, et pourquoi pas d'autres en passant, tel celui de la couverture la plus ratée ? La couv' française semble une copie mal comprise de l'oeuvre originale où une matière évanescente survolait un paysage russe (comprenez Russe au sens expansionniste du terme). Il en reste une espèce de grillage froissé sur fond blanc dont je saisis mal les goûts et les couleurs.

Les éditions Belfond ont mis les petits plats dans les grands : la version française de ce roman de plus de 420 pages a été mitonnée par l'expérimentée Briochine (non non il ne s'agit pas d'une spécialité boulangère !) Carine Chichereau, déjà coupable d'une cinquantaine de traductions.
Merci à Babelio pour sa confiance et sa patience (vacances obligent !) et aux éditions Belfond pour leur gentil petit mot.

A ceux qui ont lu et aimé Tout Ce Qui Est Solide Se Dissout Dans l'Air , je conseille vivement de prolonger leur lecture avec La Supplication, sidérant recueil de témoignages sur Tchernobyl par Svetlana Aleksievitch.
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Mon deuxième livre de la rentrée littéraire est un énorme coup de coeur, qui laisse groggy. Merci, Darragh McKeon.

« Tout ce qui est solide se dissout dans l’air » est une œuvre d’envergure, que l’on sent profondément documentée. L’union soviétique vacillante, la catastrophe de Tchernobyl. Une histoire portée par des personnages forts. Longtemps je penserai à eux ; Grigori, Maria, Evgueni, Artiom.

L’écriture est sobre, fluide, profonde, poétique : parfaite. Et la traduction, tout aussi belle.

Comment en parler ? J’ai noté de très nombreux passages, que je relirai. J’ai déjà commencé à les relire. Des descriptions, des réflexions, belles, vraies, obscures, tragiques. Des pépites. C’est un livre dont je pourrais apprendre des passages entiers par coeur, je le sens.

Visuellement très fort, ce premier roman de Darragh McKeon est porté par un rythme étudié, virtuose ; comme un ballet, ou plutôt un opéra, poignant et dramatique. La vie à Moscou, puis ce qui se joue à Tchernobyl. Tout au long du roman, les personnages oscillent, en chair ou en pensées, entre ces deux univers.

Evgueni, jeune pianiste prodige de neuf ans, sa tante Maria, journaliste dissidente maintenant ouvrière d’usine, son ex-mari Grigori, chirurgien, et Artiom, treize ans, qui vit avec sa famille dans un kolkhose non loin de Tchernobyl. Nous sommes le 26 avril 1986 au matin et le monde ne le sait pas encore, mais sa face vient de changer : le coeur du réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl est entré en fusion.

La survie quotidienne, face au drame. Ou même la survie tout court. Car dans ces lignes il y a Tchernobyl, mais aussi tout le reste. L’inertie d’un système totalitaire agonisant. L’ampleur de tous les désastres. Et les volontés qui résistent, même infimes, envers et contre tout. La vie. L’amour.

A certains moments de lecture, j’ai été obligée de poser le livre tellement c’était triste, poignant, douloureux, abominable. Sortir, respirer une grande bolée d’air frais, regarder les feuilles s’agiter dans les arbres, vérifier que le ciel ici est toujours bleu. Il y a ça aussi chez Darragh McKeon : l’identification aux personnages, à leur simple humanité.

Un roman dense, extraordinaire, en plus d’être un hommage bouleversant à tous les sacrifiés de Tchernobyl. Je ne suis pas prête de m’en remettre. Un livre à découvrir d’urgence.
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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Tout ce qui est solide se dissout dans l'air.

Cette citation du « manifeste communiste » de Marx et Engels était prémonitoire puisque le bouquin de Darragh McKeon a mis presqu’un mois à franchir les éditions Belfond jusqu’à ma boite au lettre et qu’au bout du compte j’en ai reçu deux exemplaires presque simultanément par le truchement de masse critique (que je remercie).

Donc,
On est en Avril 86 près de la centrale de Tchernobyl. Boum !. Tout le monde a oublié trente ans après et en matière de référence nucléaire on cite plus volontiers Fukushima, plus spectaculaire et surtout plus « transparent » (la communication a été immédiate, à ceci près que les Yakusas, les politiciens et leurs financiers affidés se partagèrent en quelques heures les bénéfices sur la spéculation des terrains proches de la catastrophe voués à perdre toute valeur commerciale.)

(Lire à ce sujet « les évaporés » de Thomas B. Reverdy parfaitement clair sur le sujet).

En 1986 en URSS, évidemment, le temps n’est pas à la spéculation immobilière. L’important est de cacher l’évènement au plus grand nombre. D’une part aux ukrainiens forcément contaminés et d’autre part à l’Europe et au monde « libre » qui accréditeront la thèse du « dévoiement » du nuage radioactif venu de Minsk pour ne pas affoler les populations concernées au-delà du rideau de fer. Et au-delà, les moyens employés par les soviétiques pour « réparer » les dégâts et éteindre l’incendie.

Sans états d’âmes, comme dans une guerre ordinaire contre un ennemi ordinaire, les soviétiques décident de sacrifier des vies pour colmater les fuites du réacteur. Ils assument les morts, l’horreur, les naissances avortées, les bébés difformes, les estropiés, les grands brulés puisqu’il faut à tout prix éradiquer la puissance destructrice de la catastrophe que personne n’avait prévue ou n’avait voulu prévoir tant l’union soviétique avait une haute idée de sa technologie triomphante. Et du reste il en est de même encore aujourd’hui sur l’ensemble de la planète à tel point que Tchernobyl est devenu un site touristique où certains imbéciles vont faire des selfies avec le Tshirt « j’y étais »

C’est le contexte du livre de Darragh McKeon et il l’évoque d’une manière un peu détachée, sans vouloir prendre parti (communiste…) bien que le titre de son livre laisse à penser qu’il aurait pu avoir des affinités avec ces deux philosophes allemands prosélytes malgré eux de la révolution de 1917.

Artiom est un gamin qui assiste avec sa famille aux effets anodins de l’explosion : la mort de quelques poules, la couleur du ciel. Artiom ne comprend pas ce qui arrive. On l’exile avec sa mère et on le sépare de son père qui restera sur place (ce qu’il souhaitait au fond de lui) pour travailler sur le site et survivre le plus longtemps possible jusqu’à l’extinction du feu.

Grigori est un chirurgien efficace qu’on délègue à Minsk pour soigner les victimes. Grigori ouvre et ferme les corps avec conviction et efficacité sans trop réfléchir à ce qu’est exactement sa profession. En cela il ne diffère en rien des autres chirurgiens du monde, épuisés de leurs interventions en chaines, qui n’ont pas le temps de lire ni même de s’offusquer de ce qu’on pourrait écrire sur leur manque absolu de culture et de sociabilité.(Chacun connait le sien)

Maria a quitté Grigori. Elle était journaliste et vit désormais avec Margarita, veuve de guerre et d’Evgueni son fils de 9 ans pianiste turbulent et introverti. Elle est meilleure tante que Margarita n’est mère. Elle a quitté Grigori parce qu’elle ne voulait pas de l’enfant qu’elle portait (elle s’est débarrassé du « fétu » (page 273, bravo le traducteur) pour une bonne raison). Maria travaille à Moscou dans une usine d’assemblage. Maria ferme sa gueule comme tout le monde, comme Grigori, comme Artiom et sa mère, Comme Margarita. En URSS en 1986 avec La Glasnost et la Perestroïka on continue à fermer sa gueule et les dirigeants aussi à propos de Tchernobyl, à propos de tout. Puisqu’au bout du compte comme le dit Wittgenstein dans le dernier aphorisme du Tractatus logico-philosophicus : Ce dont on ne peut parler il faut le taire (c’est une des traductions parmi d’autres).

Et l’acceptation blasée de la situation tragique dans laquelle se trouvent les personnages ne fait que confirmer une grande lassitude qui compense une certaine lâcheté. Mais pas complètement, on aimerait plus de rébellion.Du coup on s'ennuie et c'est dommage.Et McKeon perd des points.

Doit-on alors blâmer l’attitude politique de l’Union Soviétique face à un tel évènement. Pour ma part je pencherais volontiers pour un partage des responsabilités étendues à toutes les nations qui n’ont fait que reprendre le refrain sans rien dire. (Quand je pense que le thym sauvage de ma campagne du Vaucluse est irradié …). Doit-on blâmer l’inertie des personnages qui ne trouvent la résolution de leur vie ou de leur mort ,30 ans plus tard dans une troisième partie à mon sens inutile qui nous montre un Evgueni de 35 ans ( l’âge de l’auteur) triomphant dans les salles de concerts.

L’auteur, oui, au fait, l’auteur ? Que vient-il faire à Tchernobyl ? Né en Irlande en 1979 n’a-t-il pas été plus choqué par les effets du thatchérisme guerrier que par le silence ouaté de la fin du communisme ? Animateur d’une troupe de théâtre comment en est-il arrivé à ce sujet-là, qu’il supervise plutôt qu’il n’y participe. Je reste dubitatif en regardant sa photo avec casquette et vue sur océan floutée. Sympa le mec.


Un peu comme si un Togolais avait écrit un livre sur les Incas.

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Ce que l'on peut retenir de la vie à Moscou dans les années 80, la crise cardiaque de Brejnev en 1982 qui a mis fin au népotisme qu'il avait organisé ou laissé s'organiser, les pales efforts de ses successeurs, déjà malades au moment de leurs prises de fonction Andropov (82-84) et Tchernenko (84-85), pour faire évoluer le système, le jeune et énergique dirigeant de 54 ans, Mikhaïl Gorbatchev devenu le premier secrétaire du Parti, il lança la glasnost, (« publicité des débats », politique d'informations libres) et la pérestroïka (« restructuration », nouvelle politique économique et sociale), avec trois principaux objectifs ... Changer l'économie en adoptant la propriété privée ... Démocratiser le système politique en favorisant le pluralisme politique ... Limiter l'armement qui revient trop cher au budget.

Ce qu'on peut retenir de ce qu'il reste d'un manuel destiné aux soldats de cette glorieuse république : "la braguette du pantalon doit être perpendiculaire à la ceinture, les crans de la fermeture seront débarrassés de tout corps étranger et nettoyés deux fois par semaine avec une brosse a dents. le pli du pantalon doit démarrer à mi cuisse et descendre jusqu'au bas de la jambe sans dévier." ... important quand il s'agit de défendre la patrie !

Ce qu'on peut retenir des existences dans la grande république ... de simples existences qui ont vu leurs vies bousculées par le 26 avril 1986 ... car tout ce qui est solide (comme nos existences) se dissout dans l'air comme ce qui est dit dans le manifeste communiste ... "Tout ce qui était solide, bien établi, se volatilise, tout ce qui était sacré se trouve profané, et à la fin les hommes sont forcés de considérer d'un oeil détrompé la place qu'ils tiennent dans la vie, et leurs rapports mutuels."

Ce qu'on peut retenir de ce qui est encore nommé l'accident de Tchernobyl ... ces vies fracassées, mutilées, endeuillées ... parce qu'on n'a pas voulu voir ce qui se passait, on n'a pas voulu écouter les voix discordantes qui s'élevaient pour prendre la mesure de ce qui venait de se passer ... l'impensable, l'insensé, ce qui n'était pas prévisible parce qu'on ne voulait pas l'imaginer.

Le temps a passé les solutions ne sont toujours pas trouvées, on continue à ne pas se poser de questions sur ce qui ne peut pas se reproduire, sur ce qu'on ne veut pas imaginer ....
On redécouvre une anecdote comme une autre, celle de Mathias Rust qui le 28 mai 1987 a atterri dans un petit monomoteur à côté de la place rouge de Moscou, juste pour promouvoir la paix dans le monde.
Pourrait on aujourd'hui renouveler cette expérience ?
Cela aurait il plus de répercussion pour faire revenir l'espoir ?
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Quel beau roman ! je l'ai fermé à regrets. Tout me plaît même la couverture est jolie. Une fresque qui débute en URSS en plein Tchernobyl et se finit à Paris. On sent que l'auteur a beaucoup d'amour pour ses personnages et qu'il s'est beaucoup investit dans leur élaboration. J'ai été bouleversée par l'histoire des quatre personnages et par la description de la catastrophe dont tout le monde se souvient. On y presque c'est terrifiant.

Une fresque historique et une histoire d'amour émouvante et prenante que j'ai eu bien du mal à quitter. L'auteur a mis 10 ans à mettre à bien son projet et j'ai été surprise de savoir qu'il n'a jamais mis les pieds en Russie tant tout est réaliste et poignant. Les personnages sont totalement résignés, ils subissent leurs sorts et luttent pour survivre , je me suis attachée à eux ils sont tellement courageux et nobles dans leur façon de relever la tête.

Mais n'allez pas croire que la lourdeur et la tristesse de la situation en font un roman morne et lourd , ça serait une erreur . En effet, il y a beaucoup de rythme . J'ai aimé la compassion et l'empathie qui se dégage du tout sans toutefois sombrer dans le larmoyant ce qui aurait tout gâché. Il y a également beaucoup de poésie et de beauté malgré la noirceur des événements et la tristesse de la vie des personnages.

Cela permet de découvrir et d'en apprendre plus sur un pan de l'histoire du monde et de la Russie en particulier.

Un premier roman extrêmement maîtrisé et réussi, c'est dingue d'avoir autant de talent et de maîtrise dès le premier roman. J'attends avec impatience le prochain que je ne manquerai pas de lire.

VERDICT

Coup de coeur pour cette fresque magnifique et poignante. Offrez-le, faites vous le offrir, prêtez-le c'est une petite merveille
Lien : https://revezlivres.wordpres..
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Un roman fait de personnages magnifiques, derrière leur apparente banalité.
Des personnages si bien campés que j'avais envie de les connaître, de les retrouver sans tarder en fin de journée, de saisir la moindre brèche de leurs parcours brisés.
Des destins brisés par la catastrophe de Tchernobyl, élément clé de l'intrigue, mais pas seulement : c'est toute l'horreur du régime totalitaire soviétique qui apparaît en creux. La vie moscovite désabusée. Rares sont les espaces de liberté ; faible est la place laissée aux émotions.
Trois hommes - Gregori le médecin confirmé, Antiom le jeune paysan, Evgueni l'enfant prodige - mais surtout une femme. Ancienne journaliste devenue paria du régime, Maria est extrêmement attachante avec son fragile courage, son abnégation, ses doutes, ses sentiments déglingués. le genre de personnage féminin qui me fait intimement vibrer.
L'écriture est sèche, brute. Pourtant elle a quelque chose de chaud et d'attendrissant. Parfait mélange pour raconter ces vies poignantes. Des histoires de plus en plus bouleversantes à mesure que le récit se déroule.
Le texte dégage une certaine lenteur ; il est même reposant. Et l'approche intime, au coeur des individus, permet beaucoup de profondeur. de saisir des vies ordinaires dans un contexte dramatique.
Un roman superbe, tout en finesse, définitivement humaniste.
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Poignant !

Les univers de plusieurs personnages se retrouvent ici entremêlés, d'un côté une famille modeste de paysans, de l'autre un médecin - Grigori, mais également Maria, ancienne journaliste relayée à l'usine, habitant avec sa soeur Alina et son neveu Evgueni...

L'histoire - romancée - se déroule pendant l'explosion de Tchernobyl. On a tous entend parler de cette fameuse journée où le nuage radioactif est passé au-dessus de nos têtes tout en s'arrêtant à ces fameuses frontières invisibles. Je ne m'étais cependant jamais posée la question de savoir ce qu'il s'était déroulé au cours des heures, jours et mois qui ont suivi ce drame dans un pays encore sous le joug du KGB et des propagandes militaires russes.
Par ailleurs, le style est une vraie prose littéraire. Très bien écrit et malgré l'horreur des événements, on ne tombe pas dans le pathos.

On se rend compte ici que tout était caché et tabou, que personne ne savait réellement ce qu'il se passait, et que les drames des naissances, maladies et morts étaient étouffés. Cela m'a donné envie d'en apprendre plus sur le sujet.
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Le 26 avril 1986, à Tchernobyl (Ukraine), lors d'un exercice pour tester l'alimentation électrique de secours, une série d'erreurs concernant la sécurité est commise par les techniciens. Il en résulte un accident nucléaire classé au niveau 7 sur l'échelle de l'INES. Il s'agit de la plus grave catastrophe nucléaire du XXième siècle.
Des pompiers, des plongeurs, des militaires, de simples habitants de la région (les liquidateurs) sont envoyés, sans protection particulière, combattre les incendies, fermer les vannes, nettoyer la zone infectée par les radiations. Gravement irradiés, ils mourront pour la plupart.
La ville de Pripyat située à 3km de Tchernobyl n'est évacuée que 30 heures plus tard et pendant tout ce temps, les habitants, ignorants tout de la situation vaqueront tranquillement à leurs occupations habituelles. Très vite les premiers symptômes d'une forte exposition aux radiations commencent à apparaître. Beaucoup développeront ensuite des cancers (en particulier de la thyroïde) et de nombreux enfants naîtront présentant des difformités sévères.
Compte-tenu du régime politique déviant sévissant en URSS et de l'extrême bureaucratie qui en est la conséquence, Mikhail Gorbatchev, qui dirige à cet époque l'URSS n'est mis au courant qu'un jour plus tard et encore, les évènements lui sont présentés minimisés. Ce n'est que le 14 mai (soit plus de 15 jours plus tard) qu'il présente une allocution télévisée reconnaissant l'ampleur de la catastrophe et la gestion dysfonctionnelle de la crise.
Seul, peut-être, élément positif de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, la volonté de Mikhail Gorbatchev de mettre en œuvre la politique de la glasnost et de la perestroïka.
Le livre de Darragh-McKeonnous raconte cela à travers l'histoire de Grigori, un chirurgien envoyé sur les lieux de la catastrophe et qui se battra, jusqu'à en être écarté, pour réveiller les consciences aux dangers de la radioactivité, d'Artiom un jeune paysan touché de plein fouet par la catastrophe contraint de fuir avec sa mère et sa sœur la zone irradiée et qui doit survivre dans un camp de réfugié, de Maria l'ex-femme de Grigori journaliste rebelle envoyée par le régime travailler en usine pour la punir de ses articles trop engagés, de son neveu Evgueni, jeune musicien prodige de 9 ans, martyrisé à l'école et qui fait l'éducation de la violence dans les rues de Moscou et tant d'autres : Pavel et Danyl qui organisent la grève dans l'usine de Maria, Alina la sœur de Maria et la mère d'Evgueni qui cumule les emplois pour essayer de survivre.
Un bon livre mais auquel il manque quelque chose. Ce qui aurait été intéressant selon moi, aurait été de développer le contexte historique pour que les histoires individuelles aient une charge émotive encore plus percutante.
À lire cependant.
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La vie de plusieurs personnes confrontées de près ou de loin à la catastrophe de Tchernobyl. Je me suis documentée sur Tchernobyl à l'époque où cela s'est passé et j'ai eu la désagréable impression d'avoir déjà lu ce livre. Je ne sais pas pourquoi … je m'y suis profondément ennuyée, je ne me suis attachée à aucun personnage. Des personnages qui m'ont semblé très fades. Aie aie aie, pas facile de n'être pas en accord avec les autres lecteurs et les critiques mais vraiment je me suis presque endormi sur ce premier roman.
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Tout ce qui est solide se dissout dans l'air est un roman dramatique qui évoque en gros le tragique épisode de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl surgit en 1986. le livre est subdivisé en 3 parties non régulières, deux se situent en 1986 entre Minsk, Moscou et Tchernobyl, et la troisième a lieu vingt ans plus tard à Paris.
Les conséquences induites par l'explosion sont évoquées en détail, clair et choc. Mais l'évolution du phénomène et la manière dont le tout a pu se résorber à travers le temps, l'instabilité qu'a pu provoquer l'explosion du réacteur n'apparaissent qu'en bruit de fond. Tchernobyl n'est plus tellement le coeur du récit. Elle ne devient plus qu'un murmure, qu'une radiation dans la vie des personnages : en plus de la ville infectée, il y a Evgueni, l'enfant prodige pianiste ; Grigori le chirurgien en chef insoumis et l'amour de sa vie, Maria la journaliste engagée ; il y a aussi Alina, la mère d'Evgueni passive et plus en retrait.
Le solide régime communiste, les solides relations entre les personnages principaux, la solidité de la nostalgie, la solidité des atrocités, la solidité du silence devant l'erreur humaine, la solidité de l'indifférence, la solidité de la mort dans l'air, dans l'âme ; avec le temps où tout se dissout.
C'est ce qu'exprime ce livre.
Le lecteur sera témoin d'une véritable castration de l'information.
Un triste constat offert par une écriture aigre-douce, simple à l'abordage et concise de fond.
Une solide première.
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