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Quelques phrases suffisent pour sentir que cela va être un grand moment et cela ne s'est pas démenti au cours de ma lecture .

26 Avril 1986 , comment oublier cet épisode si tragique de l'accident nucléaire de Tchernobyl .
Darragh McLéon nous fait revivre cet événement ,un tournant dans l'histoire de l'URSS , contemporain de la Pérestroïka.

Les personnages de ce roman sont tous attachants, se battant pour le bien des autres comme Grigori, le chirurgien ou plus simplement luttant pour manger, vivre au quotidien sans être dénoncé, garder son toit et se chauffer . Pour des milliers de gens vivant près de Tchernobyl et qui ont été déplacés , il faut survivre malgré l'accueil hostile des autres qui ont peur d'être contaminé, ignorant eux-mêmes qu'ils le sont également .

Grigori , le chirurgien réputé est envoyé dès les premières heures sur les lieux de la catastrophe, c'est un des seuls à avoir un regard lucide vis à vis des conséquences de l'irradiation sur les populations locales et à exprimer son inquiétude malgré la chape de silence imposé par le parti avec son lot de mensonges d'état.

Maria, son ex-femme , journaliste aux écrits subversifs ,virée de son journal , elle travaille à la chaine dans une usine et est hébergée chez sa soeur Nadia et son neveu , Evgueni.

Evgueni, enfant doué pour la musique, joue sur un piano aux touches silencieuses, seule musique admise par les autres habitants de l'immeuble .
Un gamin à la dérive, comme les jeunes de ce pays qui ne voient pas d'avenir et se constituent en bandes , vivant de petits trafics .

Artiom, jeune adolescent et sa famille vivaient à la campagne près de la centrale et font partie des premiers évacués ; les hommes, comme son père sont envoyés nettoyer les abords de la centrale, Les Liquidateurs comme un certain nombre d'hommes arrivés spontanément pour aider leur pays et dont la mort rapide fait froid dans le dos .

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce roman ne se complait pas dans le pathos, le rythme est rapide, les gens font preuve de beaucoup de combativité et de courage face à une vie difficile .
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Après La Supplication de Svetlana Alexievitch, Darragh McKeon a tiré un superbe roman de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl survenue en avril 1986. L'action débute à Moscou, cette « cité bâtie sur des murmures » et se poursuit dans les villages environnant la centrale. Les personnages évoluent sans le savoir vers une fin de régime communiste, exacerbée par l'explosion du réacteur. Artiom, treize ans et Evgueni, neuf ans en subiront les conséquences à des degrés divers, ainsi que les adultes qui les entourent. L'auteur s'est documenté solidement sur le sujet et nous restitue l'ambiance du secret qui régnait à cette époque et toutes les tractations ourdies par les grands pontes gouvernementaux afin de cacher les faits à la population et au monde entier. D'une construction originale et d'une écriture suggestive, ce roman est peuplé de gens ordinaires qui se battent avec un quotidien terne et un enfermement de tous les instants, érigé en système. On respire avec eux et on compatit, c'est ce que j'appelle un tour de force littéraire.
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Ce 26 avril 1986, le réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, surchauffe au point de conduire à la fusion du coeur.
Darragh McKeon, jeune écrivain irlandais,au look atypique, nous fait partager le quotidien d'un chirurgien, d'une journaliste dissidente, d'un fils de paysan biélorusse et d'un jeune pianiste virtuose, quatre personnages qui vivent cette tragédie de l'intérieur.
Premier roman, au nom étrange, « Tout ce qui est solide se dissout dans l'air » est une plongée dans l'ex-URSS. La découverte des privations ordinaires, de la promiscuité, de la violence, des dénonciations et de ces personnages tristes, désabusés et résignés m'ont attristée. Et je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec l'actualité et toutes ces personnes qui fuient leur pays en guerre ou parce qu'ils sont soumis quotidiennement à ce type de vie.
Il m'a fallu avancer un peu dans la lecture pour m'attacher véritablement aux personnages. La mise en place est un peu longue sans être déplaisante. Ma curiosité et l'émotion ont fait le reste !
C'est un remarquable et touchant roman à la narration captivante : j'avoue avoir apprécié le style sensuel de bruits, d'odeurs, de couleurs utilisés pour ses descriptions, sa mise en scène précise pour recueillir et commenter les faits pour les porter à notre connaissance avec sérieux.
Merci donc à l'opération spéciale de Masse Critique de Babelio et aux Editions Belfond de m'avoir donné l'occasion de lire ce premier roman talentueux.
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J'avoue que la plupart du temps, je ne lis pas la quatrième de couverture et lorsque je la lis, je fais tout pour l'oublier le plus vite possible. C'est ce qui s'est passé pour ce livre. J'avais lu le résumé avant d'accepter de recevoir le livre mais j'avais complètement oublié que l'histoire parlait de Tchernobyl et je me souvenais surtout que le titre m'avait intrigué. Ce livre a donc été une découverte de bout en bout.

On commence l'histoire avec Evgueni, prodige de la musique mais surtout jeune garçon mal dans sa peau. Puis on fait la connaissance de Grigori, chirurgien renommé à la routine immuable. On fait ensuite un saut à la campagne où vit Artiom. La dernière protagoniste est Maria, femme de Grigori mais qui a quitté ce dernier. Ce roman est un roman chorale. A travers leurs histoires, on suit différents quotidiens d'habitants de l'URSS et on découvre – ou re-découvre – cette réalité pas si lointaine.

Dans l'ensemble, j'ai trouvé le livre vraiment intéressant. J'ai été choquée de me rendre compte que l'action se situait à une période finalement récente alors que tout ce qui est décrit m'a paru très loin. J'avais l'impression d'être dans un livre d'Histoire. 1986, ce n'est pas si loin – j'étais même presque née – mais 1986 en URSS, ça parait être il y a des siècles! Les conditions de vie décrites sont effrayantes entre le rationnement, la répression, les jeux de pouvoirs… La gestion de crise à Tchernobyl fait peur.

Pour moi, ce livre est avant tout un livre pour décrire la vie à cette époque et pour parler de la façon révoltante donc a été gérée l'accident de Tchernobyl. Lorsque l'auteur évoque les conséquences des radiations, j'ai eu l'impression de lire un roman d'horreur et pourtant, je suis sûre que c'était la réalité. Accessoirement, on suit les quelques personnages principaux. Mon gros regret du livre est que je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages. Que ça soit le chirurgien, Grigori, qui se rend sur les lieux de l'accident, ou encore sa femme, Maria, qui affronte les problèmes du quotidien, les personnages m'ont paru loin. Peut-être est-ce parce qu'on ne les suit jamais longtemps ou alors je n'ai pas réussi à m'identifier à eux, mais ce ne sont pas eux qui m'auront marqués dans l'histoire même si cela s'améliore un peu dans les derniers chapitres.

C'est donc un roman que je vous recommande surtout pour le cadre historique qui est fort et intéressant. Si cette période vous intéresse ou que tout simplement vous voulez en savoir plus sur le quotidien en URSS il y a 30 ans, vous ne serez pas déçus.
Lien : https://latetedansleslivres...
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Moscou avril 1986
Gregori est un jeune chirurgien de 36 ans, il commence à se faire une très bonne réputation auprès de ses supérieurs, grâce à la bonne tournure prise lors d'opérations délicates. Il aime travailler au bloc, confiant et rassuré par l'ordre qui y règne. Il trouve dans la natation la détente et l'apaisement nécessaires après les tensions nerveuses de son travail. Cet homme profondément empathique avec ses patients souffre de sa rupture avec Maria. L'ancienne journaliste qui travaille aujourd'hui dans une usine de montage de voitures a choisi la séparation après avoir décidé seule d'avorter. Ce couple-là avait très certainement beaucoup à partager encore et leur séparation semble être un gâchis, un malentendu.
Gregori va être missionné pour rejoindre le site de Pripiat là où vient de se déclencher la plus grande catastrophe nucléaire de tous les temps. Maria à Moscou va s'intéresser à son neveu Evgeni pianiste prodige de 9 ans et essayer d'utiliser ses talents pour servir la cause du prolétariat. Dans le camp des réfugiés de Tchernobyl, Gregori va soigner Artiom qui, du haut de ses 14 ans, rêve de devenir enfin un homme…

La catastrophe de la centrale Lénine va, le 26 avril 1986, arroser de ses particules toxiques et meurtrières ces vies ordinaires en creusant, déchirant, déformant et transformant définitivement les environs du site maudit. Autour des personnages centraux du livre s'avance en titubant toute cette population victime de la catastrophe mais aussi victime du silence des autorités qui les considèrent comme du bétail de second ordre ; des gens qui ne méritent même pas la vérité et dont une partie d'entre eux, les liquidateurs, seront sacrifiés. Au désarroi et à la détresse des personnes évacuées répondent la violence de l'armée et le mépris des autorités.
Darragh Mc Keon a su saisir l'ambivalence des journées qui ont suivi l'explosion du réacteur numéro 4, la situation critique et périlleuse de ces exilés qui quittent leur maison sans espoir d'y revenir et l'obsession première des autorités qui est de cacher, de nier l'ampleur de l'évènement. En plaçant le personnage de Gregori au centre du roman, il apporte la touche d'humanité qui fait tant défaut à ce gouvernement totalitaire : liberté inexistante, délation et violence quotidiennes, approvisionnements en nourriture et biens essentiels aléatoires…
Le style très poétique, la fluidité du texte surprennent dans ce contexte d'extrêmes souffrances et dénuements. « Tout ce qui est solide se dissout dans l'air » est à rapprocher du texte d'Antoine Choplin dans « la nuit tombée » qui traitait de l'après catastrophe et qui réussissait, lui aussi, à parer les relations humaines d'empathie, de solidarité, d'amitié et d'amour afin d'éclairer d'une lumière tamisée un étroit passage dans un monde de désolation et d'adversité.
Merci aux éditions Belfond et à Babelio pour cette lecture éclairante et nécessaire.


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Je tiens à remercier chaleureusement Babelio à travers son opération masse critique et les éditions Belfond car c'est grâce à eux que j'ai découvert ce texte. Dans le foisonnement de cette nouvelle rentrée littéraire, je serais peut-être passée à côté de ce texte et cela aurait été regrettable.

Le sujet m'a beaucoup intéressée. Nous sommes en avril 1986 et la vie quotidienne est difficile à Moscou. Alina, Evgueni son fils et Maria, la tante de ce dernier, ne cessent de travailler pour pouvoir manger, se loger, se vêtir… Pour ne pas déranger leurs voisins, Evgueni est contraint de jouer silencieusement du piano. Il ne peut s'exercer que chez son professeur loin de chez lui. Or il semble promis à une brillante carrière de pianiste. Il est le souffre douleur de tous les jeunes et moins jeunes de son environnement. J'ai souffert avec lui à chaque vexation, privation, racket…

La vie d'Artiom en milieu rural n'est pas réjouissante non plus. Il aimerait être traité comme un grand par son père, notamment à sa première participation à la chasse.

Il se produit un terrible accident à la centrale nucléaire de Tchernobyl. Pour ne pas effrayer la population, ne pas alerter le reste du monde… le système en minimise les conséquences qui s'avéreront pourtant désastreuses tant pour les hommes que pour l'environnement. Grigori et son collègue médecin sont envoyés sur place pour soigner les victimes. Ils se retrouvent vite dépassés par les évènements et surtout les moyens sont insuffisants : pas assez de comprimés d'iode, pas assez de lits, de combinaisons de protection, de conseils de prudence... Comment continuer à exercer son métier dans ces conditions ? Comment tenir le coup aussi bien physiquement que moralement, soulager les malades, réconforter les familles à moins que ce ne soit elles qui réconfortent les soignants impuissants ?

J'ai été très touchée par le portrait que l'auteur dresse de Grigori, de Maria, d'Alina, d'Artiom et de sa mère. Au fil des pages, chacun évoque ses souvenirs et nous laisse entrevoir ses failles, ses doutes, ses espoirs et ses joies… J'ai été révoltée par l‘inconscience du système face aux conséquences d'une telle catastrophe. J'ai cordialement détesté les membres du parti pour tout ce qu'ils font subir aux différents personnages : les privations, le manque de liberté, les écoutes, les filatures, la suspicion…

Darragh McKeon nous offre l'occasion de nous plonger dans la vie quotidienne en Union soviétique après Tchernobyl et avant la chute du mur de Berlin et cela m'a beaucoup intéressée.

Si vous voulez savoir si Grigori parviendra à faire entendre sa voix, si Evgueni deviendra un pianiste de renommée internationale, si la vie de Maria, Alina et Tania s'adoucira au fil du temps, je vous invite chaudement à vous plonger dans ce texte. C'est le premier roman de cette rentrée littéraire 2015 que je lis et je suis contente de la démarrer avec eux.
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un tourbillon dont il ne reste rien ou presque

Et bien voici le vilain petit canard qui ne va pas faire comme les autres, car non, je n'ai pas aimé ce roman insipide qui assurément va vite se dissoudre dans mon air.

Pourquoi ?
Parce que j'ai été emballé par la quatrième de couverture ventant l'ouvrage de Darragh McKeon comme étant un « Docteur Jivago » ayant pour toile de fond Tchernobyl. Là j'aurais déjà dû me méfier ! Quelqu'un qui écrit comme…..c'est qu'il y a un truc.
Car finalement qu'est ce donc que « tout ce qui est solide se dissout dans l'air » si ce n'est qu'un roman évanescent d'amour ayant pour contexte la catastrophe de Tchernobyl, mais dont il aurait tout à fait pu se dispenser ; ou bien une roman sur l'ignoble maltraitance qu'a dû supporter le peuple russe durant le règne de l'URSS ; que ce soit l'épuration idéologique, le goulag, les massacres de la guerre mondiale, et des guerres plus récentes, la terreur du KGB, la dictature du prolétariat qui, oui, fut une oppression, les essais nucléaires, les sacrifices des cosmonautes, etc, etc, etc… Et là non plus, Tchernobyl n'apporte rien ; si ce n'est de nous faire bien prendre conscience que l'emprise de l'idéologie soviétique sur le peuple, au risque du sacrifice ou, au mieux de la persécution, aura duré jusqu'aux tous derniers moments précédant sa chute.

J'aurais aimé un vrai docteur Jivago, une vrai immersion dans l'horreur de Tchernobyl ; j'aurais aimé des caractères trempés, slaves, des gens attachants ou suscitant la haine et je n'ai trouvé que des fragments de caractères trop nombreux à moitié dissous et des allusions pâlottes à l'horreur de l'atome.

Certes Darragh McKeon a un réel talent pour dépeindre les variations de l'esprit les plus intimes de l'être humain ; vous savez, ceux que l'on ressent tous et qui sont indicibles tellement ils sont confus, parfois presque honteux. En cela l'auteur est bien un écrivain original maniant la plume comme un vaisseau explorateur de l'âme humaine ; et j'ai aimé.

Mais son écriture est, à mon goût, trop et mal contemporaine.
Si elle n'est pas sans me rappeler une Leila Slimani par son usage immodéré du présent de l'indicatif rendant la lecture agréable et vivante ; par ces jonglages incessant entre les lieux, les personnages, les époques, je l'ai trouvée trop virevoltante, inconstante, décousue, fragmentaire, fofolle et finalement désagréable, un peu comme ces émissions télévisées avec des sautes de plan incessantes, des commentaires décousus et insipides dont on ressort fatigué et pas enrichi du tout.

Bref un roman pas fait pour les dinosaures de mon espèce.

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Avec ce livre, j'ai eu une longue histoire : il a intégré ma PAL pour la première fois en septembre 2015, alors qu'il était sorti tout récemment chez Belfond. Puis il a pris la poussière... A tel point que j'ai prêté à une amie. Sauf qu'elle a renversé son café dessus ! Alors, elle m'a racheté (avec d'autres choses) ce livre dans la version poche chez 10/18, sorti en mars 2017. Avec tout cela, il était BIEN TEMPS que je me lance dans cette lecture, surtout que le sujet m'intéresse énormément !
Nous sommes en Ukraine, en avril 1986. le jour de la catastrophe nucléaire. L'augmentation incontrôlée d'un réacteur conduisit à la fusion du coeur. Ce qui a fait craqué les circuits de refroidissement, causant une explosion et la libération d'une quantité énorme d'éléments radioactifs dans l'atmosphère. Les conséquences ont été terribles, que ce soit en terme de contamination de l'environnement, et de nombreuses maladies et décès à cause des irradiations et contaminations, et ce de manière immédiate ou à long terme... C'est le premier accident classé au niveau 7 sur l'échelle internationale des événements nucléaires, le deuxième étant la catastrophe de Fukushima du 11 mars 2011). Il est considéré comme le plus grave accident nucléaire jamais répertorié...

(Voir mon avis complet sur mon blog.)
Lien : https://chezlechatducheshire..
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Evgueni vit à Moscou avec Alina, sa mère qui est blanchisseuse à domicile et passe son temps à repasser du linge. Elle se fait beaucoup de soucis pour son fils. Il n'a que 9 ans et est particulièrement doué pour le piano. Il rêve d'ailleurs d'entrer au conservatoire. Mais comment s'entraîner régulièrement quand les voisins se plaignent du bruit et qu'il est obligé de jouer sur les touches en silence sans même pouvoir les effleurer...
Heureusement, il prend des cours. Mais un soir, en se rendant chez son vieux professeur de musique, il se fait agresser par deux garnements plus âgés que lui qui lui cassent un doigt...
Maria, sa tante, vit avec eux depuis son divorce. C'est elle qui va le conduire à l'hôpital et le faire soigner. Elle va y retrouver par hasard Grigori, son ancien mari qui terminait juste son service et qu'elle n'avait pas revu depuis leur séparation.
Maria était journaliste mais certains de ses articles ont été jugés "déplacés" par le régime... Elle travaille désormais à la chaîne dans une usine fabriquant des pièces de voiture. Là, elle tache d'être une employée modèle pour se faire oublier.
Grigori, l'ex-mari de Maria, est donc chirurgien à l'hôpital de Moscou. Il a 36 ans et ne se remet pas de son divorce. Il se consacre donc totalement à son travail et tente d'améliorer la situation de l'hôpital. de temps en temps, il va rejoindre ses amis, Vassili et Margarita pour passer une soirée et partager un bon repas avec eux. Mais ces soirées le ramènent ensuite d'autant plus durement à sa solitude.
Grigori et Vassili se sont rencontrés en faisant leurs classes et Grigori a tout fait pour faire entrer son ami à l'hôpital.
La famille d'Artiom, enfin, habite la campagne et les parents sont paysans. le jeune garçon de 13 ans est sur le point de se rendre pour la première fois à la chasse avec son père...Il trouve le ciel et la lumière du matin différente des autres jours.
Rien ne va se passer comme prévu ce jour-là, car nous sommes en Ukraine le 26 avril 1986....
Et un réacteur vient d'exploser dans la centrale de Tchernobyl...ce que la population locale ne sait pas encore.
Rien ne sera plus comme avant...
Grigori et Vassili vont être envoyés sur les lieux pour tenter de sauver des vies. La famille d'Artiom sera évacuée dans la violence et ses membres séparés. Au loin à Moscou, les nouvelles arriveront des semaines plus tard jusque chez Maria et Margarita...
Le roman est découpé en trois parties : le cadre et les personnages principaux sont clairement identifiés dès le début du roman, dans une première partie qui se situe juste avant que les hommes aient pris connaissance de l'accident de Tchernobyl ; l'accident et ses conséquences immédiates sont développés dans une seconde partie ; puis quelques années après, en 2011, le lecteur retrouve certains des personnages : le mur de Berlin est tombé, l'Union soviétique a été dissoute, et la corruption est entrée dans leur vie quotidienne...
Tous les personnages vont se croiser à un moment ou à un autre. C'est Grigori qui fera le lien entre eux.

Le lecteur entre dans la catastrophe par le vécu et le ressenti des gens. Tout est dit avec beaucoup de pudeur et de réalisme...
L'oppression du régime, la difficulté de vivre au quotidien, le silence des employés qui tentent de se réunir pour se rebeller mais ne vont pas y arriver, la solitude, le désarroi des évacués, le démantèlement des familles, les hommes étant envoyés sur la centrale pour des interventions qui causeront leurs morts quelques années après, l'impuissance des médecins pour réparer les dégâts humains, la révolte de ceux qui n'acceptent pas et de ceux qui ne veulent pas voir la vérité en face...
Je suis restée parfois en marge des personnages, ne comprenant pas toujours leurs motivations. J'ai eu en particulier beaucoup de mal à suivre Maria dont on découvrira l'histoire au fil du roman...je ne vais pas vous dévoiler son passé de dissidente ni sa vie privée et les événements qui ont brisé son mariage. Vous les découvrirez par vous-même.
Il y a de nombreuses descriptions de l'accident, des interventions sans protection des pompiers et militaires tentant d'éteindre le brasier sur la centrale, des conditions de l'évacuation par les militaires, du déni des autorités et même du cynisme avec lequel elles ont envoyé des êtres humains à une mort certaine, sans protection contre les radiations pour "nettoyer" après la catastrophe...
Toute la partie historique, sanitaire et environnementale est très bien documentée, même si je n'ai rien appris que je ne sache déjà, cela m'a paru très intéressant que l'auteur mentionne ainsi en détails les événements et que le lecteur comprenne à quel point personne n'était préparé à cette catastrophe nucléaire...
Bien sûr l'intervention du régime, le silence qui a entouré la catastrophe, laissant vivre les populations comme avant (consommer l'eau, les légumes et les fruits contaminés par exemple) ainsi que la répression qui a suivi, empêchant toute personne d'informer au grand jour des dangers des radiations, ne peuvent que nous révolter mais n'oublions pas que chez nous non plus, rien n'a été clair, et que le nuage est censé s'être arrêté aux frontières...

C'est un premier roman très fort, pétri de poésie et d'humanité, que j'ai lu avec beaucoup d'intérêt. J'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteur nous fait entrer dans les sentiments des personnages.
L'auteur ne cherche pas du tout à manipuler le lecteur. Il ne porte d'ailleurs aucun jugement. Il nous montre comment des êtres humains cherchent à s'adapter à une catastrophe qui les dépassent et sur laquelle ils n'ont aucune prise.
Le titre d'ailleurs, que je trouve personnellement très beau, est tout à fait évocateur...

Lien : http://bulledemanou.over-blo..
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Un matin d'avril 1986 en Ukraine, l'aube apparaît, inquiétante, d'une rougeur inhabituelle. Artiom, 13 ans, part à la chasse avec son père. Dans la campagne, des boeufs saignent des oreilles, des oies agonisent... Les premières victimes animales de Tchernobyl seront rejointes par des morts, cette fois-ci bien humains, les riverains de la centrale mais aussi ceux qui ont été dépêchés sur place, sans protection, pour éteindre l'incendie.
A Moscou, Grigori, un chirurgien réputé, le personnage le plus attachant, se remet difficilement de la trahison de son épouse, Maria, une journaliste obligée de travailler dans une usine pour expier sa dissidence.
Quatrième personnage de ce premier roman écrit par un auteur irlandais féru de théâtre, Evgueni, 9 ans, jeune pianiste prodige.
La distance un peu froide avec laquelle Darragh McKeon s'empare de son sujet m'a empêchée d'être emportée par un récit qui met en scène des êtres manquant de chair et de psychologie entraînés dans un tourbillon dont certains n'en réchapperont pas.
Plus intéressante est la manière dont il traite la catastrophe dont la gestion en dit long sur l'incurie d'un gouvernement en déliquescence (« Rien n'est ordonné dans toute cette tragédie » peut-on lire). Tchernobyl serait le signe annonciateur de l'éclatement de l'URSS qui surviendra quatre ans plus tard.

Lien : http://papivore.net/litterat..
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