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Avril 1986 : Artiom vit à 10 km de Tchernobyl avec ses parents et Sofia, sa soeur. Il est heureux du fusil que son père vient de lui offrir et a hâte d'entrer dans le monde des hommes.
A Moscou, Grigori, chirurgien de talent, revoit Maria, sa femme, dont il est séparé depuis quelques années, sans que la blessure se soit refermée.
Maria, journaliste dissidente, travaille dans une usine de voitures et vit chez Alina, sa soeur. toutes deux tentent de réunir assez d'argent pour que le fils prodige d'Alina, Evgueni, puisse entrer au Conservatoire.
Le 26 avril, Artiom s'étonne du ciel constamment rougeoyant : le réacteur 4 de la centrale de Tchernobyl est en feu. La chape de silence s'étend sur tout un continent alors que l'existence de millions d'individus est brutalement infléchie vers un avenir opaque.
Le roman de Darragh Mac Keon est brûlant de passions, glaçant de peurs et pétri de sang et de larmes. Il nous plonge au coeur d'un système moribond mais encore redoutable dans ses derniers sursauts. le quotidien des personnages est régi par la peur, le mensonge, l'absurdité et le silence érigés en règles de vie, de survie. L'auteur sait nous faire ressentir la paranoïa qui dirige les actes et les choix sans pour autant négliger le romanesque. J'ai partagé les destins de Maria, de Grigori, d'Evgueni et d'Artiom. J'ai tremblé avec eux, souffert avec eux, aimé avec eux. Oui un romanesque échevelé avec une toile de fond sociale et politique qui détermine et peut broyer les destinées individuelles jusqu'à l'apocalypse du nucléaire.
Un roman qui m'a tenue captive jusqu'au dénouement !
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Avis de Grybouille (Chroniqueur chez Léa Touch Book) :

Tout ce qui est solide se dissout dans l'air, un roman découverte, je ne connaissais pas cet auteur Darragh McKeon qui m'a bien surpris par son style agréable et sa maturité dans la construction de son récit, dans la grande tradition anglo-saxonne.

La couverture, un mot « géniale », ces teintes de gris sans aller jusqu'au noir qui écrasent les reliefs, uniformisent le paysage. La neige, oui, mais pas immaculée, un objet solide qui est en train de se dissoudre et qui inévitablement va souiller cette étendue blanchâtre.

Le récit, à travers la vision des personnages nous découvrons ce qui a pu être la vie des habitants de l'Ex-Union Soviétique. L'action se passe en grande partie dans les années 80. La période, l'accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine.
Mais nous avons droit à des « flash-back » pour expliquer comment la vie des personnages s'est construite de cette manière et pourquoi à ce moment précis ils en sont arrivés là.
Une mise en place intelligente, à aucun moment je n‘ai été mis en difficulté dans ma lecture. le récit est clair, l'histoire des personnages est crédible et les points historiques respectés.

L'écriture, une alternance de paragraphes et de dialogues qui rythme l'histoire, l'équilibre est parfait. Une plume mature, plaisante, sans compromis.
La lecture est enrichissante et agréable.
L'auteur a su retranscrire un monde que le pouvoir a rendu sans saveur, un système qui nivelle les personnes, une vie d'amertume, la peur toujours présente.

Les personnages, ils ont tous une histoire qui ne laisse pas insensible et cette épreuve va les révéler à leurs destins.

Evgueni, 9 ans, surdoué lorsqu'il s'assoie devant son piano
M. Leibniz, et son épouse, professeur de piano d'Evgueni, une histoire qui le lie à sa femme
Grigori, 36 ans, chirurgien, séparé de Maria, une belle personne dévouée au service des autres
Maria, ex-journaliste prise dans les griffes du pouvoir des hommes, tante d'Evgueni
Alina, la mère d'Evgueni, trouver de l'argent pour subsister
Vassili, l'ami de Grigori, leur passé lors de leur service militaire et leur métier les rapprochent
Artiom, 13 ans, un gosse de la campagne, une famille qui s'aime
Vygotsky, représentant du ministère, le poids du silence

Tous vont être confrontés directement ou indirectement à ce rouge profond bizarre, cette invisible libération… Cette vapeur qui noie les sens… Témoins de la force brute de cette mystérieuse énergie… Une catastrophe d'ampleur inimaginable !

C'est bien là le noeud du problème car pour la population aucune information ne transpire.
Tout est tu !
Le monde Soviétique en concurrence directe avec le « monde occidental » ne peut pas avoir engendré cette abomination.
Faire moins bien que l'Ouest est tout simplement inenvisageable. Les enjeux politiciens sont énormes, l'image même du monde Soviétique est en jeu…

« Aucun système de pensée ne peut justifier pareille réalité. »

Alors on envoie l'armée et les nettoyeurs à qui on donne de la vodka : « La Vodka, çà guérit tout ! », à eux de gérer en première ligne l'Apocalypse…

Des passages,

Une loi universelle, « Plus on est jolie, plus les choses vont dans votre sens. », Maria
L'arrivée des réfugiés qui se présentent en ville, « Lilya, je suis ta soeur laisse nous rentrer » « …vous êtes contaminés. Foutez le camp d'ici… »
Les principaux intéressés, « J'en sais rien. Eh quoi, tu crois que je sais tout ? J'en sais rien. »
Le bilan, 100 pastilles d'iode pour une ville de 100.000 habitants… Des privilégiés qui doivent subir des lavages d'estomac pour en avoir trop pris et le peuple qui n'en a pas…
Dans la centrale, une infirmerie, à l'intérieur… un brancard ! Car pourquoi prévoir ce qui ne peut arriver…
Vygotski, le représentant de l'état, « C'est à nous de fermer les portes de l'étable. »


« le passé exige qu'on lui soit fidèle. Je me dis souvent que c'est la seule chose qui nous appartienne vraiment. »
En aparté, rattrapage d'été, en cours d'Histoire-Géo en terminale_ 1986_ Source les manuels.

« Pour ceux qui avaient séché le cours, j'en vois là-bas qui se cachent près du radiateur, non loin de la fenêtre… » G.

« La catastrophe de Tchernobyl n'a pas seulement eu lieu en Ukraine, elle a agit sur l'ensemble du monde à cause de l'importante radioactivité qui s'est déplacée dans les vents, touchant les pays alentours et dévoilant aux yeux du monde que le système soviétique n'était pas fiable.

Il est clair que l'explosion du réacteur de Tchernobyl fut rendu possible par les multiples travers du système soviétique. On peut donc dire que le volet « accident de l'évènement Tchernobyl » fut d'abord soviétique avant d'être nucléaire.

A cause de cet incident incontrôlé, le système soviétique a perdu pied face à la bataille virtuelle qu'il menait contre le système américain et s‘est décrédibilisé aux yeux du monde, cette catastrophe est devenu un symbole de l'effondrement soviétique.
Mais parlons un peu des conséquences engendrées par la catastrophe sur la France.

Le nuage radioactif issu de la catastrophe de Tchernobyl atteint la France le 29 Avril 1986, détecté par les systèmes de la centrale nucléaire près de la frontière Luxembourgeoise.
Une polémique s'ensuit, souvent résumée par « le nuage s'est arrêté à la frontière ». Certains pourtant affirment que les pouvoirs publics ont menti en France (Libération). Malgré tout, le gouvernement français estime alors qu'aucune mesure particulière de sécurité n'est nécessaire. Cependant, la France a été contaminée autant que ses voisins européens par le nuage. » Fin, inter classe...

Un livre à ne pas manquer, pour ceux qui trop jeunes n'ont pas connu le rideau de fer et les deux « Blocs » ce sera une découverte à travers l'une des catastrophes industrielles les plus marquantes du XXème siècle.
Pour ceux qui étaient présents en Europe à l'époque, une piqure de rappel sur les dysfonctionnements et les mensonges dont sont capables les personnes en charge de notre sécurité…
Et enfin pour tous les lecteurs, pourquoi les médecins prescrivent des écographies et des analyses de sang dès que votre tyroïde est un peu grosse ?
Car le nuage est bien passé au-dessus de nos têtes en essaimant ici ou là des particules radioactives !

Merci à Darragh McKeon en cette rentrée littéraire pour ce roman émouvant et plein d'humanité, car il faut bien continuer…
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Dans un minuscule appartement de Moscou, un petit prodige du piano s'entraîne sans appuyer sur les touches pour ne pas gêner les voisins. Non loin de là, sa tante s'échine dans une usine à la chaîne et tente de faire oublier son passé de dissidente.
Dans un hôpital moscovite, un chirurgien s'efforce d'oublier l'échec de son mariage en se tuant au travail.
Et en Biélorussie, dans la campagne, un jeune garçon regarde le jour se lever. L'aube est rouge, inquiétante, et peu après des oies tombent du ciel.
Nous sommes le 26 avril 1986. Il s'est passé quelque chose à Tchernobyl...

Ce qui m'a attiré en premier dans ce livre, c'est son titre que j'ai trouvé très fort - il est extrait du Manifeste du Parti communiste de Marx et Engels. Je l'ai acheté sans trop lire le résumé, en plus il y avait un macaron coup de coeur de mes libraires donc c'était bon signe. Au final, Tout ce qui est solide se dissout dans l'air est un roman bouleversant et lucide sur une catastrophe sans précédent.
Étant née en 85, j'ai toujours vécu avec Tchernobyl, je n'ai presque pas connu la vie avant, et il est indéniable que cet accident nucléaire a eu un terrible impact sur des millions de gens. C'est un sujet fascinant, oppressant, j'ai déjà lu un thriller qui s'y déroule en partie (Atom[ka] de Franck Thilliez) et j'ai regardé de nombreux documentaires sur la catastrophe elle-même mais également sur l'évacuation de Prypiat, sur cette ville devenue fantôme en quelques jours, sur la nature après...
L'auteur, Darragh McKeon, nous plonge intégralement dans l'URSS post-Tchernobyl à travers le regard de 4 personnages : Evgueni et sa tante Maria, Grigori le médecin et Atriom, l'adolescent biélorusse. Et à travers leur regard, l'auteur décrit leur Tchernobyl. Celui des humains, du quotidien, d'Atriom et de sa famille qui vivent non loin de la centrale. de Grigori et de tous ces médecins envoyés là-bas pour sauver des vies, tout en dissimulant l'étendue de la catastrophe. Et enfin Maria, et Evgueni qui ne savent rien de cet accident car à Moscou, presque personne n'est au courant. le Parti, l'Etat, ont tout fait pour dissimuler, cacher et mentir sur la gravité des faits. Ils ont menti aux pays voisins mais pire, ils ont menti à leurs propres habitants. Darragh McKeon livre un récit touchant et d'une réalité glaçante sur le mode de fonctionnement de l'URSS et sur toutes ces vies gâchées et sacrifiées pour la nation...
Par miracle [les techniciens de la centrale] retrouvent le manuel des opérations, humide mais utilisable. Arrivent à la bonne section. La section existe donc. Oreilles vrillées par l'alarme. Yeux larmoyants. La section. Les pages feuilletées. Un titre : « Procédure d'opération en cas de fusion du réacteur ». Un bloc noirci à l'encre, sur deux pages, cinq pages, huit pages. Tout le texte a été effacé, les paragraphes masqués sous d'épaisses lignes noires. Pareil évènement ne peut pas être toléré, ne peut être envisagé, on ne peut pas plus prévoir une telle chose qu'elle ne peut se produire. le système ne dysfonctionnera pas, le système ne peut dysfonctionner, le système est la glorieuse patrie.

C'est sans conteste un roman fort et convaincant, qui ne peut laisser indifférent car finalement ce drame est très proche de nous, aussi bien dans le temps que géographiquement... J'ai aimé la façon de Darragh McKeon de raconter cette histoire, de proposer un récit à plusieurs niveaux, à travers plusieurs voix (j'ai peut-être un peu moins aimé celle d'Evgueni). Son écriture est juste et percutante, terriblement proche et humaine. Tout ce qui est solide se dissout dans l'air est un premier roman marquant et vraiment bien écrit.
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Quatre personnages, quatre vies en divers endroits de l'Union soviétique. Nous sommes le 26 avril 1986 et dans quelques instants, la centrale nucléaire de Tchernobyl va exploser et changer à tout jamais la vie des habitants. Destins vacillants, rencontres, regrets, espoir, courage, amour : l'auteur nous emmène avec maestria au plus profond de l'âme de ses personnages.
Au final, c'est toute l'absurdité du système politique et social mis en place par les dirigeants de l'Union soviétique qui s'impose.
Un livre bien construit, d'une grande maturité littéraire et qui se lit facilement. On sort de ce livre sonné, touché avec une seule pensée : qu'il est bon d'évoluer dans une société où chacun peut vivre et s'exprimer librement.
Lecture touchante, instructive et salvatrice….
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Pas vraiment un "livre de plage" quoique... "Tout ce qui est solide se dissout dans l'air" est un livre immédiatement attachant. Dès les premières lignes le destin des personnages principaux nous importe alors que l'on est glacé par "l'incident majeur" qui vient de se produire et l'impréparation du pays... Un premier livre brillant.
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Je ne sais plus exactement comment j'ai découvert ce livre mais il est resté très longtemps dans ma wish-list. Il n'est pas donné alors j'ai pas mal hésité et quand je l'ai vu dans les rayons de ma médiathèque, inutile de dire que j'ai sauté dessus comme une dingue !

Dans un minuscule appartement de Moscou, un petit prodige de neuf ans joue silencieusement du piano pour ne pas déranger les voisins.
Dans une usine de banlieue, sa tante travaille à la chaîne et tente de faire oublier son passé de dissidente.
Dans un hôpital du même quartier, un chirurgien s'étourdit dans le travail pour ne pas penser à son mariage brisé.
Dans la campagne biélorusse, un jeune garçon observe les premières lueurs de l'aube, une aube rouge, magnifique, presque inquiétante de beauté.
Nous sommes le 26 avril 1986. Dans la centrale de Tchernobyl, quelque chose vient de se passer. La vie de ces quatre personnages va changer. le monde ne sera plus jamais le même.

Je ne savais pas si j'allais aimer ma lecture lorsque j'ai attaqué les premières pages de ce livre. L'écriture est très précise, très méticuleuse et du coup, le récit est extrêmement lent. J'ai eu du mal à avancer sur les premiers chapitres. Mais lorsqu'on passe le cap, on se rend compte que cette lenteur et cette précision sont nécessaires pour bien nous planter le décor et nous présenter les personnages.

On suit donc plusieurs destins qui finissent par s'imbriquer les uns avec les autres. L'auteur n'hésite pas à malmener ses personnages et heureusement à vrai dire parce qu'on parle tout de même de la catastrophe de Tchernobyl (oui je sais, en ce moment ça me travaille mais ne me demandez pas pour quelle raison, je n'en sais absolument rien !). Je pense que j'aurai trouvé très improbable si Darragh McKeon avait pris le parti de placer son récit dans un monde de Bisounours.

J'ai finalement beaucoup aimé la plume de l'auteur qui a un petit côté poétique et qui permet de rendre la vie un peu plus belle. J'ai été étonnée que l'auteur ne soit pas russe parce qu'il est très documenté sur la façon de vivre et de gouverner à l'époque. Il rend bien les interdits qui étaient opposés à la population, il évoque sans fard le manque d'informations qui a été donné à la population, c'est d'ailleurs assez effrayant.

Un livre coup de poing qui mérite d'être découvert ...
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Tchernobyl, des destins bouleversés, excellent roman proche de la réalité. Un thème très peu abordé
A lire
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Un roman irlandais qui se passe dans l'ex-Union soviétique, ce n'est pas tous les jours que l'on voit cela. Un premier roman de surcroît d'un jeune écrivain irlandais (36 ans), paru il y a peu dans son pays natal et rapidement traduit un peu partout. de quoi aiguiser ma curiosité...

Pourtant, si je me jette souvent sur les romans irlandais et que je les avale avec gloutonnerie en quelques jours, je dois avouer que ce pavé de plus de 400 pages a eu le pouvoir de durer plusieurs semaines entre mes mains.

Darragh McKeon possède une belle plume, qui a le pouvoir de distiller un malaise de plus en plus pénétrant. A la manière des particules radioactives des réacteurs de la centrale de Tchernobyl, en quelque sorte : un malaise qui vous irradie. Mais contrairement aux personnages, votre vie de lecteur ne sera pas en danger, mais la sensation est garantie ! On sent qu'il se passe quelque chose de grave mais sans pouvoir mettre exactement le doigt sur la cause du malaise, du moins au début.
Le récit est éclaté entre la vie de plusieurs personnages. Un chirurgien qui s'évertue à opérer jusqu'à l'étourdissement, pour sauver les vies des victimes de la centrale nucléaire, comme pour conjurer sa vie conjuguale réduite en miette. Un adolescent part pour la première fois chasser l'oie avec son père. Un petit génie du piano est réduit à jouer en silence. Une journaliste dissidente à la carrière brisée "paye" son esprit contestataire en travaillant à l'usine.
Un récit fractionné entre Moscou, Minsk, Tchernobyl (et son village martyr),Paris; entre 1986, avant 1986, et aujourd'hui.
Un réacteur nucléaire en fusion et un gouvernement soviétique qui s'acharne à étouffer une affaire gravissime comme on cacherait de la poussière sous un tapis.
Aveuglement, peur, silence, violence larvée et mort sont les thèmes majeurs de ce roman.
L'atmosphère est étouffante. Il faut un moment pour entrer dans le roman qui ne se donne pas dès les premières pages.

La catastrophe de Tchernobyl comme écho lancinant de la fin de l'Union soviétique. On sent que Darragh McKeon a travaillé son sujet, que sa documentation est importante. Il lui a d'ailleurs fallu dix ans pour écrire son livre.

Un roman habile, savamment construit et bien documenté. Mais j'avoue que je ne me suis pas parvenue à m'attacher aux personnages. Je n'ai pas vraiment appris des choses que j'ignorais sur l'Union soviétique et la gestion calamiteuse de la catastrophe de Tchernobyl. L'originalité du roman réside dans la métaphore (est-ce d'ailleurs le bon terme ?) entre la centrale nucléaire en fusion et la fin de l'Union soviétique.

Bref, je suis un peu restée sur le bord du trottoir, tout en ayant conscience que ce roman était réussi et exigeant. Ce n'est pas tous les jours qu'un livre me laisse ce sentiment, aussi ambigu soit-il.

En exergue du roman, deux citations qui éclairent le titre et le sens du roman :

"Tout ce qui est solide, bien établi, se volatilise, tout ce qui était sacré se trouve profané, et à la fin les hommes sont forcés de considérer d'un oeil détrompé la place qu'ils tiennent dans la vie et leurs rapports mutuels."
Karl Marx, Friedrich Engels, le Manifeste communiste .

"A mon sens, la radioactivité est une véritable maladie de la matière. En outre, c'est une maladie contagieuse. Qui se propage. Si l'on approche d'atomes sains ces atomes déphasés, s'effondrant sur eux-mêmes, alors ceux-ci à leur tour cessent de mener une existence cohérente. C'est à l'échelle de la matière la même chose que la décadence de notre culture ancienne au sein de la société : une perte des traditions, des distinctions et des réactions attendues."
H. G. Wells, Tono-Bungay
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On ne peut pas dire que le titre soit particulièrement parlant ou attractif (d'ailleurs j'ai beaucoup de mal à m'en souvenir …je vais peut-être envisager une cure de gelée royale tiens), je n'avais jamais entendu parler de l'auteur étant donné que c'est son premier roman.

L'auteur est irlandais et il est chaudement conseillé par Colum McCann mais cette pratique qui consiste à convoquer un autre écrivain (c'est écrit dans leur contrat ? « dans l'année tu recommanderas deux ou trois auteurs de la même maison édition que la tienne ») étant plutôt courante, je me demande de plus en plus si on doit y porter du crédit.

Ce qui m'a donné envie de lire ce livre plutôt qu'un autre tient au fait que l'intrigue se déroule quelques jours avant le 26 avril 1986, date de l'accident de Tchernobyl puis pendant et après et que c'est un évènement peut-être peu traité dans la littérature. En tous cas, je n'avais rien lu de romanesque sur le sujet jusqu'à présent.

Le livre s'ouvre sur 4 chapitres installant 4 personnages dont la vie va être touchée par la catastrophe à différents niveaux : Evgueni, petit prodige de 9 ans qui vit à Moscou dans un minuscule appartement et qui, pour ne pas déranger les voisins, joue du piano en silence ; Maria sa tante qui travaille dans une usine et donne des cours le soir; Grigori, un chirugien qui se perd dans son travail pour oublier son ancienne femme..qui n'est autre que Maria; Artiom, un jeune garçon qui vit à la campagne et qui observe dès l'aube d'étranges phénomènes dans la nature et qui sera soigné par Grigori.

On trouve dans ce roman tous les ingrédients qui m'importent : la petite histoire mêlée à la grande, des personnages qu'on apprend à connaitre et qu'on suit sur plusieurs années (sans que les personnages secondaires ne soient sacrifiés d'ailleurs, beau portrait par exemple de la mère d'Artiom), une façon de décrire la nature aussi bien à travers le froid qu'à travers cet accident nucléaire assez précise et sensible pour qu'on se sente transporté dans un pays où l'on a pourtant jamais mis les pieds.

"Tout est ce qui est solide se dissout dans l'air " décrit aussi un système où chacun espionne son voisin, où chacun peut vite être vu comme suspect ou traitre au régime, un système écrasant, oppressant dont il est difficile de s'échapper.
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Evgueri, 9 ans, étudie la musique. Se fait molester par deux autres garçons.

Grigori est médecin. Il a 36 ans et il est divorcé. Maria est son ex-femme et la tante d'Evgueri.

Artion habite à la campagne. Se prépare à aller chasser avec son père.

Mais un matin, tout change, le ciel n'est pas comme d'habitude, tout comme les animaux.

Avril 1986, Tchernobyl.


Un premier roman excellent avec lequel j'ai passé un très bon moment de lecture. Attention, il n'y a aucun suspense mais l'auteur a mis les mots, et de magnifiques mots, simples, sur ce qui s'est passé avant, pendant et après Tchernobyl en 1986, en Union Soviétique. Bien entendu, il n'y a pas que ça. Il y a la vie des habitants, comment ils obéissent, comment ils tentent de se révolter. Ils semblent passifs mais règnent chez eux toujours l'espoir.

Malgré la richesse du roman, les personnages, une finesse d'écriture qui tente de laisser de nombreux espoirs, malgré l'horreur et la tragédie, je n'arrive pas à donner la note maximale, si je devais noter ce roman. Il me manque un je ne sais quoi, que je n'arrive pas à expliquer, peut-être ce qui arrive au jeune Artion mais pas que. Toutefois, cela n'enlève rien à la poésie et au charme de certaines descriptions et des personnages. On sent la pureté de l'air, de l'eau, de la musique.

Le roman se découpe en trois parties. L'avant Tchernobyl où nous faisons connaissance avec les personnages. Pendant Tchernobyl et ce qui a été mis en place. Mais aussi l'après, pratiquement immédiat et l'après qui se déroule quelques années. Il est possible, selon moi, que cette partie soit la moins aboutie. Tout semble tourner autour de la musique, de l'air, de l'eau, des éléments essentiels, de la couleur comme ces papiers qui tombent du ciel. le roman est assez politique et dénonce ce que n'a pas fait le gouvernement pour informer les populations, pour permettre à ce qu'une telle tragédie ne se reproduise plus. Mais toute personne s'intéressant à l'histoire de ce pays sait ce qui se passe au niveau propagande et surtout taire ce que le monde entier ne doit pas savoir. Pourtant, certaines personnes tentent de se « soulever » même si elles savent que cela peut aller très loin avec l'emprisonnement. Les gens souffrent, gardent espoir et ne veulent pas que leurs proches soient pris à parti.

Je n'ai pas été rebutée par toutes les explications données concernant l'explosion de la centrale, l'évacuation des habitants, la violence des militaires à leur encontre, les conditions de vie après l'explosion, le travail des médecins. Tous ces gens ont souffert, ont été soignés, beaucoup sont morts à cause des radiations et du travail demandé, des enfants sont nés avec de nombreuses malformations. Ils ont tenté d'avoir une vie, de trouver dans des petits riens quelque chose à quoi se raccrocher. Certains ont aidé du mieux qu'ils le pouvaient. le système politique russe est bien présent, tout comme dans l'histoire de Maria, ancienne journaliste, qui travaille maintenant à l'usine. L'espoir fait vivre et certains tentent d'améliorer leurs conditions de vie et surtout de travail. Une formidable fresque humaine, des histoires de famille qui démontre que ce peuple tend à être connu, lui qui connaît la misère, la dureté de la vie. Les humains se révèlent aux autres, à leur famille, ils montrent leur visage véritable.

Tout ce roman a un sens alors que tout est anéanti.
Lien : https://jelistulisillit.word..
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