AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Eureka Street (242)

Il aimait le nom de l'Américaine. Max. Et il était très content qu'elle soit américaine. Il n'était pas entièrement certain qu'il l'aimerait ou qu'il devrait l'aimer. L'amour était un peu ambitieux. L'échange de fluides corporels suffirait pour commencer.
Commenter  J’apprécie          170
Au coeur de la nuit, Belfast et ses haleines tièdes susurrent néanmoins que la haine est chose divine. Il ne faut pas chercher à comprendre, mais si vous luttez pour la suivre aveuglement, elle vous tiendra chaud pendant la nuit.
Commenter  J’apprécie          170
Il y a des nuits où vous frisez la trentaine et où la vie semble terminée. Où il vous semble que vous n'arriverez jamais à rien et que personne n'embrassera plus jamais vos lèvres.
J'ai erré dans les pièces de mon appartement désert. J'aime bien cet appartement. Mais perfois, quand je m'y retrouvais seul, j'avais le sentiment d'être le dernier homme sur Terre et mes deux chambres devenaient un luxe humiliant. Depuis le départ de Sarah, je n'avais guère brillé. La vie avait été lente et longue. Elle était partie depuis six mois. Elle en avait eu assez de vivre à Belfast. Elle était anglaise. Elle en avait soupé. Il y avait eu beaucoup de morts à cette époque et elle avait décidé qu'elle en avait marre. Elle désirait retourner vers un lieu où la politique signifiait discussions fiscales, débats sur la santé, taxes foncières, mais pas les bombes, les blessés, les assassinats ni la peur.
Commenter  J’apprécie          160
Comme 84 637 autres personnes en Irlande du Nord, Luke Findlater apprit qu'une grosse explosion venait de se produire grâce au tout premier flash info de la radio. Chaque jour, à l'heure du déjeuner, il écoutait une émission très originale de Radio Ulster intitulée 'le Point sur l'agriculture en Ulster'. Il écoutait avec délices certains détails sur l'ensilage, l'élevage des porcs ou les bains parasiticides des moutons. L'Anglais savait que son attitude relevait sans doute d'une honteuse fascination de patricien pour un kitsch pervers, mais il en était néanmoins ravi.
Douze minutes seulement après l'explosion de Fountain Street, le présentateur de l'émission s'interrompit, tripota quelques papiers et annonça d'une voix tremblante qu'il venait de recevoir une information non confirmée sur une grave explosion dans le centre de Belfast, qui aurait fait plusieurs victimes.
La voix de cet homme, si étroitement associée aux problèmes risibles et terre-à-terre de l'engrais et de l'abattage des poulets, prononça curieusement ces mots. L'effet en fut troublant. Luke eut soudain froid. Il s'adossa à sa chaise, en proie à une sensation étrange. Il regarda autour du bureau. Il ne vivait pas en Irlande du Nord depuis assez longtemps pour trouver ces informations banales, normales. Le mobilier de la pièce et jusqu'au papier à lettres lui parurent tout à coup d'une absurdité grotesque.
Commenter  J’apprécie          160
Il y avait quatre groupes principaux.
Il y avait d'abord les cercles prévisibles d'Alcooliques-en-Résidence, qui donnaient leurs séminaires dans les recoins. Tous les bars de Belfast y avaient droit, ce n'était pas une surprise. Mais Lavery's abritait une énorme différence. Lavery's semblait organiser une formation, un apprentissage. Il y avait une tablée de types qui entamaient leur glissade. Ils avaient commencé chez Lavery ; après avoir passé leur examen de poivrot, ils pourraient se disperser vers d'autres bars ou chez les vrais indigents, mais ils avaient commencé ici et ils ne pouvaient plus s'arrêter. Ils seraient toujours diplômés de chez Lavery.
Il y avait ensuite une bande de types frisant la quarantaine, quadra ou même quinquagénaires, vaguement liés au monde musical ou attirés par lui. Ridés, obèses, on les reconnaissait à leur queue de cheval et à l'étonnant succès qu'ils rencontraient auprès de très séduisantes jeunes femmes de moins de trente ans. Ces succès rendaient ces hommes confiants. Jamais ils ne s'étaient dit que cette apparente anomalie - d'autant plus flagrante que mes amis relativement beaux et moi-même faisions chou blanc à tous les coups - s'expliquait par l'abrogation de toutes les lois physiques dans la bulle spatio-temporelle de chez Lavery. C'était à cause de la physique aberrante qui régnait ici que ces types cartonnaient. Dans la rue, c'était simplement d'affligeantes vieilles badernes.
Le troisième groupe était le plus nombreux. Les étudiants de Queens. Des gamins trop niais pour fréquenter une vraie université et qui se retrouvaient dans ce bar. Presque tous originaires de la campagne, ils se décarcassaient pour se donner l'air de vrais citadins branchés. Quelques semaines plus tôt seulement, ils conduisaient des tracteurs et tondaient les moutons.
Enfin, bien sûr, il y avait une splendide sélection de brunes époustouflantes qui se passaient les doigts dans les cheveux et arpentaient inlassablement le bar sans que jamais leur regard ne croise celui d'un homme.
Commenter  J’apprécie          164
Chuckie, en proie à une fièvre de statistiques fiscales, avait calculé que, si mon chat vivait une vie normale de chat, alors en nourriture, en vétérinaire et en modestes gâteries bimensuelles, il allait me coûter plus de huit mille livres avant sa mort. Chuckie ajouta que mon chat représentait un profit unitaire inacceptablement bas et il me conseilla de taper sur la tête de l’animal à coups de brique. Je fus tenté.
Commenter  J’apprécie          160
Car les poseurs de bombes savaient que ce n'était pas de leur faute. C'était la faute de leurs ennemis, les oppresseurs qui refusaient de faire ce que les autres voulaient qu'ils fassent. Ils avaient demandé à ce qu'on les écoute. Ils n'avaient pas réussi. Ils avaient menacé d'utiliser la violence si on ne les écoutait pas. Quand cela non plus n'avait pas réussi, ils furent contraints, à leur grande répugnance, d'accomplir tous ces actes violents. De toute évidence, ce n'était pas de leur faute.
Tout ce chapitre 11, on aurait envie de le citer comme l'a si bien dit une autre babeliote.
Commenter  J’apprécie          160
Parfois, le concept qui bouleverse la vie arrive sans crier gare.
Commenter  J’apprécie          150
Brune, bien en chair, dotée de larges hanches, on aurait dit une Blanche-neige dévergondée. Mon idéal callipyge. Bien sûr, je l’ai aussi désirée.
Je crois que Max l’a remarqué. Elle nous a présenté. Elle s’appelait Suzy. Nous avons bavardé un moment, gentiment chaperonné par Max. Quelques minutes plus tard, le groupe s’est nettement éloigné de nous. Il y eut un silence entre Suzy et moi, la prise de conscience, presque confidentielle, de notre nouvelle solitude à deux. Elle a levé les yeux vers moi (putain, ce qu’elle était séduisante).
« Quel genre de musique aimes-tu ? » m’a-t-elle demandé (je le jure !).
Bon, ç’avait été un mois difficile. J’étais émotif, j’étais vanné, j’étais en plein rut. Je devais prendre une décision.
« Le rythm and blues, dis-je. L’opéra comique, le ska du début des années quatre-vingt, les crooners des années quarante, les musiques de film, les grands orchestres, Mozart… »
J’avais beau bander comme un âne, rien n’a marché avec cette fille.
Commenter  J’apprécie          154
"oui, ai-je répondu à voix basse. J'ai un vrai problème avec la politique. J'ai étudié ce truc-là. La politique, c'est comme les antibiotiques : un agent susceptible de tuer ou de blesser des organismes vivants. J'ai un gros problème avec ça."
Commenter  J’apprécie          150






    Lecteurs (2427) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Eureka Street

    Où se passe l'histoire de ce livre ?

    Aux Etats-Unis
    En Ecosse
    En Irlande
    Au Canada

    11 questions
    60 lecteurs ont répondu
    Thème : Eureka Street de Robert McLiam WilsonCréer un quiz sur ce livre

    {* *}