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4,21

sur 961 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un chef-d'oeuvre que ce livre. On y trouve l'odeur de la bière, de la poudre, de l'encens, les odeurs de graillon, celle de la bruine d'Irlande, forcément tenace, et aussi le goût de la salive des nombreuses femmes qui peuplent les pages de ce livre. le héros, pas nécessairement finaud mais très attachant, va de déboires en sursauts et finira néanmoins par achever sa quête d'amour et de sens entre deux explosions plus ou moins revendiquées par l'I.R.A. Beaucoup d'humour dans ce roman qui juxtaposent plusieurs histoires dont certaines sont particulièrement drôlatiques. du cocasse, du cynique, de la légèreté aussi...Rien à jeter.
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Belfast début des années 90
Jake, le narrateur, se remet difficilement d'une rupture avec une anglaise qui en a eu assez des bombes. Il est catholique (sans conviction). En attendant (quoi?), il bosse la semaine  : gros bras, il récupère des objets en tout genre chez des personnes endettées.
Chukie a 30 ans, il est protestant mais ami avec Jake et sa bande depuis leur adolescence (il y a un passage hilarant avec sa « rencontre » avec le pape Jean Paul II)
Le week end, et aussi en semaine, les deux potes font la tournée des bars, et ne rentrent que saouls comme des barriques ...jusqu'au jour où Chuckie a une illumination...

En toile de fonds Belfast au début des années 90 : des alertes à la bombe tous les jours, des vraies bombes aussi, des flics qui tabassent des gens sans raisons, des bagarres, des immeubles en ruine et des tags partout ...des enfants battus, des mères-courages...

Vu comme cela cela a l'air sordide mais le ton de l'auteur est passionnant : tour à tour cynique, plein autodérision , avec des traits d'humour à une page et à la page d'après on a les larmes aux yeux ...

Je mets cinq étoiles à ce livre : pour l'histoire, le style et les personnages : Chuckie m'a parfois fait un peu penser à mon idole Benjamin Malaussène dans "Au bonheur des ogres" de Daniel Pennac : à la fois réaliste et totalement improbable, on a envie de le gifler et dans le chapitre suivant  de l'embrasser ...

Marquant. A lire
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J'ai aimé me promener dans Belfast avec ces amis-là... et j'en redemanderais même encore ! Mais je n'espère qu'une seule chose après le Brexit : que les violences et les attentats ne recommencent pas...
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Eureka StreetRobert McLiam Wilson (544 pages)

Attention ! Chef d'oeuvre !

Le roman est écrit tour à tour selon le point de vue de deux copains. L'un est gros, chauve, moche, veule, trouillard, a fait peu d'études et il est protestant. L'autre est plutôt beau gosse, bagarreur, grande gueule, romantique, instruit et catholique. Étonnamment, tout semble mieux réussir à Chuckie le protestant qu'à Jake le catholique.

Ce roman foisonnant et brillantissime décortique l'absurdité de la guerre d'Irlande, les aberrations politiques en tout genre, l'imposture et les postures de ceux qui veulent se placer sur le devant de la scène, le tout avec un humour décapant et cru. le style est sublime, à la fois brutal et poétique. La description de Belfast, la nuit, le détail des personnages, même secondaires, tout est magnifiquement écrit. Géant.
Lien : https://laplumedemasquee.com..
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Il faut découvrir ce jeune auteur irlandais qui a un immense talent, l'histoire est captivante, c'est d'une vitalité mordante, et le style est aussi percutant qu'original, les chapitres s'alternent à la première personne (un narrateur hyper-attachant) et à la troisième personne (pour nous faire découvrir l'autre face de la pièce de monnaie, telle qu'elle est vécue par son comparse).
C'est un moment de lecture jouissif, où non seulement on découvre de l'intérieur la grande stupidité de la guerre, en l'occurrence civile, mais on accompagne des êtres tellement vivants et attachants qu'on les quitte avec regrets
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Ouahhh ! Quel livre ! Nous sommes à Belfast pendant la guerre civile. Au milieu de celle-ci, une bande de copains protestant et catho cherche à donner un sens à leur vie entre petits boulots, combines et amours. le livre se lit à plusieurs niveaux : les aventures de Jake et Chunkie, la vie à Belfast, les réflexions sur la guerre civile et l'amour... Un livre plein de rebondissements où les héros se cherchent et se trouvent en cotoyant toutes sortes d'univers : Max, OTG, Carolyn....
Un livre très prenant. Je l'ai lu en anglais et j'ai donc du rater pas mal d'expressions locales.
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« Toutes les histoires sont des histoires d'amour » écrit Robert McLiam Wilson en ouverture du premier chapitre d'Eureka Street qui non seulement ne déroge pas à la règle mais, surtout n'est en fin de compte qu'histoires d'amour. Il y a bien entendu celles, souvent à sens unique, du narrateur, Jake Jackson, catholique et coeur d'artichaut qui tente d'oublier Sarah et tombe amoureux environ une fois par semaine. D'une serveuse du pub qu'il fréquente avec sa bande d'amis, de la jeune caissière du supermarché, d'une fille croisée dans le train… Il y a aussi celle de l'autre héros du livre, Chuckie Lurgan, l'ami protestant de Jake, avec Max, l'américaine qu'il n'aurait jamais pensé pouvoir séduire. Et puis il y a l'amour de Jake pour le jeune Roche, enfant des rues, qu'il essaie maladroitement de prendre sous son aile, et enfin cet amour vache et ambigu de Jake à l'égard de son pays et de ses concitoyens.
Toutes ces histoires d'amour et d'autres encore ont en commun de naître ou de mourir de le Belfast du début des années 1990, dans la période des Troubles et de leurs derniers violents soubresauts en attendant une hypothétique paix. Surtout leurs protagonistes, catholiques ou protestants, à l'exception de l'irritante Aoirghe, colocataire de Max et nationaliste, avec laquelle Jake entretient une relation âpre, ne sont d'aucun parti. Ils sont comme la majorité de la population, pris entre deux feux et essaient malgré tout de vivre une vie à peu près normale.
Cela pourrait facilement verser dans le pathos, d'autant plus que, dans le dernier tiers du roman, le point de bascule se trouve être un attentat particulièrement sanglant qui affecte l'ensemble des personnages. Pourtant, Eureka Street, dès le début et jusqu'à sa conclusion est un des romans les plus joyeux qui soient. Les personnages de Jake, avec son humour flegmatique, son autodérision et ses colères, et de Chuckie, son histoire d'amour improbable et ses combines stupides (obtention de subventions, vente de godemichets fantôme par correspondance ou exportation de bâton de marche de farfadet en brindilles vernies) qui fonctionnent presque contre son gré pour en faire un homme riche y sont pour beaucoup.
Alors que la violence est omniprésente, Robert McLiam Wilson offre un roman lumineux, une ode à la vie, à l'amour et à l'amitié dans un pays divisé et plombé par des siècles de guerres interconfessionnelles que Jake résume on ne peut plus simplement lors d'un débat avec Aoirghe :
« Casse-Couillarghe nous a servi tout le tintouin, la totale. La perspective internationale, l'impératif moral, les raisons historiques pour lesquelles les gens qu'elle aimait avaient le droit absolu de zigouiller ceux qu'elle n'aimait pas. J'avais vécu de nombreuses soirées similaires, réduit au rôle d'otage – étant irlandais, j'aurais eu du mal à y échapper –, mais ça n'avait jamais été aussi pénible, je n'avais jamais participé à un tel bain de boue. […]
Il y avait trois versions fondamentales de l'histoire irlandaise : la républicaine, la loyaliste, la britannique. Toutes étaient glauques, toutes surestimaient le rôle d'Oliver Cromwell, le vioque à la coupe de cheveux foireuse. J'avais pour ma part une quatrième version à ajouter, la Version Simple : pendant huit siècles, pendant quatre siècles, comme vous voudrez, c'était simplement tout un tas d'Irlandais qui tuaient tout un tas d'autres Irlandais. »
Sublime d'humour et de tendresse, Eureka Street est bien un livre sur l'amour, sur la manière aussi dont la violence affecte une société et sur celle dont on essaie de la dépasser pour laisser place à la vie, même si celle-ci ne nous offre pas toujours ce que l'on attend d'elle. C'est beau, c'est parfois triste (les pages sur l'attentat de Fountain Street sont à pleurer), très souvent joyeux et toujours revigorant.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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« Toutes les histoires sont des histoires d'amour. »

C'est ainsi que commence ce roman, dans le genre ballade irlandaise. Les histoires d'amour c'est mon kif, alors je fonce dans le premier pub, irlandais. Ça braille, ça crie, ça gerbe, mon univers. Des gamins qui se pintent, des vieux qui se pintent, des rousses qui se pintent aussi. le ciel est gris, les nuages menaçants, la pluie arrive en trombe, les buveurs aussi. Mon élément, cette grisaille et ses bières. Et ça cause amour, des love story qui mijotent autant que l'irish stew dans une cuisine que l'on croit abandonnée. Une radio diffuse les grands titres du lion de Belfast, de quoi chavirer quelques coeurs autour d'une bonne bière, c'est que les histoires de coeurs sont au centre de toute une vie, le mien par exemple je l'ai donné à van Morrison. Un flash-info, je coupe le son. Une nouvelle déflagration qui coupe cet élan de bonheur et d'ivresse. On s'y habitue presque dans les rues de Belfast. Des graffitis au mur, des bombes qui sautent, des sirènes, des cris affolés, des pleurs chagrinés, ainsi va la vie dans ses rues. Peut-être pour cette raison que chaque week-end est rythmé au son des verres qui s'entrechoquent.

Le grand roman de l'Irlande des années quatre-vingt. Pas moins que ça ! Les jeunes sont au pub, ils se bourrent la gueule, pensent aux filles en mini-jupes, je les accompagne, je me sers une pinte, deux mêmes, jusqu'à la biture et la passion de ces rousses à la poitrine généreuse, en bonne catholiques. Mais les protestantes sont plus lubriques. Parait-il ! Car la vie à Belfast se rythme aussi au son des sermons, opposition de religions. Les murs d'usines désaffectées se tapissent toujours plus de peinture et de sigles barbares. WTF et OTG. Et puis j'arrive tout simplement au chapitre 10. Je n'ai pas fini ma Guinness alors que je sens une atmosphère différente, pesante, palpable. Ce chapitre n'est pourtant qu'une mise-en-bouche, une entrée en matière sur le chapitre 11, chapitre anthologique sur l'Irlande. Tu veux sentir le pouls de Belfast, lis juste ce chapitre 11, phénoménal et glaçant. Peut-être mon plus grand moment littéraire sur les terres irlandaises.

Après cet intermède presque musical, presque poétique, qu'est le chapitre 11 qui marquera à jamais ta vie de lec-teur-trice, la vie reprend son cours, envie d'aller aux States, mais pour un irlandais, même sous les bombes et les décombres, la vie est à Belfast, Eureka Street. Je rallume la radio, musique. La pluie triste et morose s'abat, ambiance élégiaque dans un cimetière, sauf que je bois seul ma pinte dans ce pub, mon âme enfouie sous ma propre tombe.
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J'adore la plume de cet auteur réaliste et humaniste mais en même temps un peu déjanté avec des personnages hauts en couleurs et des vies rendues rocambolesques dans une Irlande en souffrance. C'est jouissif
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Alors là, ALORS LA!

Honnêtement, j'avais pas été soufflée à ce point depuis la page 113 du Sukkwan Island de David Vann (ceux qui savent savent).

Et c'est pour ça là, quand un auteur parvient à une maîtrise parfaite de la construction de son roman, quand la forme et le fond se percutent et éclatent en pleine face du lecteur, c'est pour ça qu'on lit, c'est là qu'on se rappelle, grâce à des types comme Robert McLiam Wilson, pourquoi la littérature est indispensable, comment elle créé l'empathie et pourquoi on en redemande.

Je m'emballe un peu, mais en fait non, et j'aimerais vous expliquer comment, en un chapitre, Robert McLiam Wilson rompt son récit, et comment cette rupture, en entrant en résonance avec le fond, parvient à faire VIVRE le récit par le lecteur.

Mais je peux pas, au risque d'en dévoiler trop, alors croyez-moi sur parole, c'est du génie.

Chuckie Lurgan est gras, oisif et protestant.

Jake Johnson est beau, gentiment torturé et catholique.

La petite trentaine désoeuvrée, les deux amis traînent les bars avec leur bande de copains pas plus avancés.

Ça ricane et ça chicane, ça parle de gonzesses autour de pintes de bières.

La vie somme toute, sauf qu'on est à Belfast, au début des années 90, cette ville à moitié en ruine où la vie continue de grouiller entre les cadavres.

Dans un article pour les Inrocks (indispensable et salutaire) publié peu après les attentats du Bataclan, Robert McLiam Wilson dit de Belfast qu'elle est " un trou, une micro-ville, marinade de haines ancestrales, comme une maladie chronique perpétuellement en semi-rémission. le genre de saloperie avec laquelle on peut vivre mais qui peut aussi réapparaître n'importe quand."...

Comment vit-on dans une ville déchirée par les attentats depuis deux décennies? Et bien comme partout ailleurs, ou presque.

Entre stratégies d'évitement et banalisation, Robert McLiam Wilson raconte ces vies qui ressemblent aux nôtres.

Parce qu'en gros Chuckie et Jake, la politique, ils en ont à peu près rien à carrer. Toute leur vie qu'on les bassine avec des concepts qui n'ont même plus de sens pour ceux qui les manient.

C'est comme une routine, au fond c'est juste un exutoire à toutes les frustrations des plus décérébrés d'entre nous, ceux qui sont tellement persuadés d'avoir raison, ceux dont la haine, liée à la bêtise la plus crasse, privera toujours du moindre sens les actes meurtriers perpétrés au nom de ceci ou de cela.

Robert McLiam Wilson avec pragmatisme et une plume acide mais drôle, tellement drôle, tire à boulets rouges sur l'affligeante bêtise des hommes avec leurs petites convictions médiocres.

L'auteur n'épargne pas non plus la bien pensante élite et ses bonnes leçons bourgeoises:

"Elle manifestait la foi inébranlable de la fanatique bourgeoise, et ça lui allait comme un gant. Personne n'allait venir chier dans son nid. J'ai envié les gens cultivés qui s'enthousiasmaient pour les révolutionnaires (...)C'était sans doute très amusant tant qu'on ne risquait pas sa peau."

Eureka Street est un récit de vie plein de fougue, d'amour et de rage.

C'est férocement intelligent, ça fait un bien fou.

Un manifeste contre la bêtise dont l'auteur sait pourtant, comme il l'a rappelé dans cet autre article, publié cette fois dans Libération, que toute la rage du monde, même ingouvernable, n'empêchera pas le salauds d'être des connards.


Lien : https://chatpitres.blogspot...
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