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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Manfred attend que la grande faucheuse vienne le chercher, son temps est compté. La vie de Manfred c'est une existence ratée, la séparation d'Emma la femme aimée quittée par ce qu'il la violentait, et qu'il revoit pourtant régulièrement sur le banc d'un square, un homme qui a mis son coeur en hiver toute sa vie, incapable d'éprouver la moindre émotion dans la tristesse comme dans la joie.
McLiamWilson réussit à nous troubler entre empathie et peur, car si Manfred est un sale type, c'est aussi un homme marqué par la honte et les remords.
Après le remarqué et remarquable "Eureka street", l'écrivain irlandais signe un roman à l'écriture sèche, clinique, tendu à l'extrème. Les fantômes de Manfred et d'Emma ont mis à mal leur amour, que Manfred à détruit de la plus lache des façons. Un homme qui attend la mort comme une délivrance, pour expier ces péchés. Un roman remarquable de complexité, sombre, glacial comme une pluie irlandaise.
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- Jurgen , wer ist am apparat ?
- Das ist Manfred !
Voilà les seuls souvenirs qu'il me reste de mes studieuses années d'Allemand et allez placer ça dans une conversation vous , coton , coton ! Il en est désormais un autre qui risque de m'habiter beaucoup plus longtemps : La Douleur de Manfred ,

Manfred est vieux . Manfred est seul . Manfred va mourir ( ah oui , le personnage principal s'appelle Manfred mais les plus perspicaces d'entre vous l'auront peut-etre subodoré ; ) . Moralement , Manfred a baissé pavillon depuis pres de 20 ans . A classer entre la chiffe et la serpillére . Physiquement , il subit un calvaire journalier , refusant tout traitement qu'il considere au mieux comme pouvant le maintenir vainement à flot quelque temps , au pire comme capable de lui voler une souffrance qu'il estime n'avoir que trop mérité ! Car ce tourment est sien . Il l'espére , le chérit , le nourrit tel le Gollum avec son précieux . Ce trésor qui lui lacere la chair , lui déchire les entrailles , le tue à petit feu , c'est la juste récompense d'une vie de violence conjugale qu'il offrit à Emma , l'amour de sa vie . Ses minutes sont tourment , ses heures sont remord , ses jours sont pénitence . La honte le ronge un peu plus chaque jour . Il a fait de la contrition sa compagne attitrée , du repentir sa nouvelle philosophie . Il perçoit sa déchéance comme un chatiment expiatoire et l'accepte comme tel . Pourtant , Manfred ne veut pas mourir , il veut juste ne plus vivre,,,

La Douleur de Manfred parut en 2003 sous la plume acérée d'un jeune écrivain Irlandais : Robert McLiam Wilson . Et le moins que l'on puisse dire , c'est que le fonds de l'Eire effraie !
De prime abord , ce personnage attire une sympathie évidente . Petit vieux au crépuscule de sa vie qui ne tend désormais que vers une nuit éternelle . Perclu de douleurs qu'il se refuse à combattre , l'on en vient presque à admirer ce " héros "  qui a choisi de mourir plutot que de devenir l'énieme cobaye d'une industrie pharmaceutique qu'il abhorre . Manfred est touchant . C'est également ce qu'a du se dire , dans un autre registre , sa femme Emma qu'il frappa , brutalisa , tabassa quotidiennement , brisant inlassablement sa chair , son essence et la défigurant un peu plus chaque jour . La séparation fut inévitable et pourtant , cet homme persiste à appeler régulierement au téléphone une femme qui toujours l'écoute sans dire un mot ; une femme qui toujours assiste à leurs rendez-vous mensuels sans lui autoriser un seul regard...Volonté exacerbée de dématerialiser " l'objet " de tant de haine , la cristallisation de tant de violences...
Comment expliquer ce terrible dechainement journalier de fureur ? Couché Adolf !L'absence d'amour d'une mere exclusive , une guerre psychologiquement dévastatrice , une jalousie maladive ou bien encore un terrible secret tu par une épouse enfermée dans son insondable douleur personnelle , fardeau omniprésent d'expériences concentrationnaires inoubliables ? Les raisonnements sont multiples , les pardons inexistants...
Bizarrement , l'on se prend d'affection pour cet homme sursitaire et ce , malgré son effroyable conception maritale . Affection sans doute légitimée par une inéluctabilité sous-jacente . Que dire d'Emma dont la vie n'aura été qu'un cri muet , une inextinguible peine du corps et de l'ame...
Cet Irlandais possede l'art et la maniere de vous emporter malgré la gravité du sujet . Des descriptions puissantes de la décrépitude , de la dégénerescence physique d'un etre qui se sait condamné . du calvaire prégnant de cette femme aimée , adorée malgré tout . L'amour / haine n'est jamais bien loin...L'auteur alterne la déchéance présente avec le douloureux passé d'un type qui a juste raté sa vie , qui n'a jamais su vraiment aimer . Ni sa famille , ni sa femme , ni son fils...
L'écriture est belle et puissante . Elle vous happe méchamment , faisant du lecteur un voyeur et un complice impuissant ne pouvant s'empecher , cependant , de vouloir découvrir l'évolution finale de ces deux tragiques destinées . Manfred est passé à coté de sa vie , comptant alors sur une mort exemplaire qui lui fera un ultime pied de nez....
Alors écoute moi bien petit canaillou de McLiam Wilson , je ne peux dire ou ni quand mais nul doute qu'un jour nous nous retrouverons et je sais à l'avance que la rencontre sera belle . Beeeelle , beeeelle , couché Quasimodo !

La Douleur de Manfred : douloureusement séduisant...
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La douleur de Manfred a été écrit il y a presque vingt ans, mais il pourrait l'être aujourd'hui car il aborde des sujets intemporels tels que la souffrance, la mort, l'amour, mais aussi un sujet qui fait la une de la presse depuis plusieurs mois, à savoir la violence conjugale.
Si vous n'avez pas le moral, ce n'est peut-être pas le meilleur moment pour apprécier ce livre plutôt sombre mais dont j'ai beaucoup apprécié l'écriture, servie par une traduction de l'anglais réussie. En effet, Robert McLiam Wilson est un auteur irlandais dont c'est le second roman, après Eureka Street.
Pas facile de décrire ce roman car c'est un mélange surprenant. Je n'étais d'ailleurs pas très enthousiaste lors de la lecture des premiers chapitres, jusqu'à ce que qu'apparaisse Emma ; il m'a alors été difficile de reposer ce livre. Celle-ci, comme son mari Manfred, a eu une vie difficile, une enfance dramatique (rescapée des camps de la mort), ce qui explique en partie son comportement de femme battue par un homme qui, pourtant, l'aimait terriblement, d'un amour trop grand pour lui, ce qui était cause d'une grande souffrance, qui le rendait méchant.
Quant à lui, pendant la seconde guerre mondiale, (ce qui donne lieu à un flashback), il avait pour tâche de ramasser les cadavres, ou plus exactement, les restes de cadavres. Pas vraiment un plaidoyer en faveur de la guerre, croyez-moi.
La douleur de ce personnage, qui est donc le thème central, évolue au fil du temps. Après avoir souffert moralement de la guerre, puis affectivement de trop aimer Emma, également de ses relations familiales difficiles et paradoxales – avec sa mère, ses frères, son fils et sa belle-fille –il souffre physiquement à la fin de sa vie d'un problème intestinal, un cancer très probablement.
Ce qui est surprenant, c'est que Manfred peut tout aussi bien éprouver de très grandes joies, notamment quand sa douleur physique est intense, probablement parce qu'alors, cela amoindrit sa douleur morale ou psychologique. Au point de ne pas vouloir se faire soigner ! La joie et la douleur sont les deux faces d'une même pièce, il ne peut vivre ni sans l'une ni sans l'autre. C'est d'ailleurs un homme pétri de contradictions, comme l'indique l'auteur page 180 : « le lendemain il se sentit bourrelé de remords. Mais il se sentait aussi étrangement joyeux. »
Autre curiosité : bien que le couple soit séparé, ils continuent à se voir une fois par mois, dans un parc. Manfred n'a alors pas le droit de regarder Emma. le cordon semble ne jamais pouvoir se couper.
Des passages presqu'amusants parfois, notamment ceux qui portent sur l'arnaque immobilière qui n'a pas manqué d'évoquer pour moi « Au revoir là-haut « de Pierre Lemaître, une espèce de revanche sur la guerre.
Je ne sais pas si je vous ai donné envie de découvrir ce livre ; si ce n'était pas le cas, ce serait dommage, car c'est une découverte intéressante, surtout à une époque où il y a pléthore de livres sur le marché et que bon nombre d'entre eux n'ont, à mon sens, pas beaucoup d'intérêt.
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Depuis combien d'années n'ai-je pas lu de romans de Robert McLiam Wilson ? Trop. J'avais sans doute aussi peur d'être déçue, après avoir adoré Eureka Street. Bien au contraire, ce roman est tout aussi réussi, et qui plus est, il parle de plusieurs thèmes difficiles.
Il parle, il raconte, il ne juge pas, mais en aucun cas il ne justifie les actes de Manfred. Toute l'histoire est raconté de son point de vue, les chapitres alternent entre le présent morose de Manfred, et les retours en arrière. Après une enfance et une adolescence pendant lesquels il est témoin de la mésentente de ses parents, des échecs de son père et de la montée de l'antisémitisme, Manfred subit l'épreuve de la guerre et devient témoin des pires choses dont l'être humain est capable. Il ne sait pas que d'autres vivent pire encore, en Europe.
Il se marie, il devient père, mais comme il a été incapable d'aimer réellement ses parents et ses frères, il est incapable d'aimer sa femme, de lui montrer, et les coups pleuvent. McLiam Wilson ne nous fait pas de cadeaux - et pourquoi en ferait-il ? - et s'étend longuement sur les conséquences physiques de ses coups. Les plaies, les meurtrissures, les hématomes, les cassures jalonnent le corps d'Emma. Son silence effarant est sa dignité.
J'aimerai en dire plus sur les causes de ce silence, sur les conséquences aussi de sa parole, je ne voudrai surtout pas gâcher votre lecture en en dévoilant trop.
Je dirai simplement : âme sensible, préparez-vous au pire de ce que l'homme peut offrir.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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La douleur de Manfred, on la prend en pleine figure ! Douleurs physiques de ce vieil homme, l'abdomen, le pancréas, tout est douloureux et lui annonce sa mort prochaine. Douleurs morales, les plus nombreuses. Pourquoi continue-t-il depuis vingt ans à rencontrer son ex-femme une fois par mois sur un banc à Londres ? Pourquoi l'annonce de la naissance d'un enfant chez son fils lui est-elle aussi insupportable ? Pourquoi l'amour fou qu'il avait pour sa femme s'est-il transformé en ce déchaînement de violence, et pourquoi l'a-t-elle accepté ? Ces questions, Manfred se les pose, nous les pose, pendant les derniers jours de sa vie.

La description minutieuse de son délabrement physique où il semble expier sa culpabilité, l'évocation de sa jeunesse et de son engagement dans la guerre, sa judéité (question centrale), son amour fou, tout est là pour créer un climat fort et oppressant qui vous "scotche" au récit malgré le malaise et la douleur qu'elle provoque aussi chez le lecteur. "Eureka street" et "Ripley boogle", de ce jeune auteur irlandais, avaient secoué le monde littéraire il y a quelques années
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Un roman singulier dans lequel Robert McLiam Wilson nous résume la vie , la mort et l'amour de Manfred. Si, malgré sa douleur et sa solitude, Manfred reste un personnage assez peu sympathique, son histoire est de celle qui s'inscrit durablement dans la mémoire.
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