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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voilà sans doute le livre plus perturbant, le plus éprouvant et le plus dérangeant que j'ai pu lire ces derniers mois. Un livre qui prend aux tripes, qu'on empoigne, qui fait violemment réagir. Un livre où l'on aimerait arracher la plume à l'écrivain pour écrire à sa place une autre fin.

C'est la première fois que je vois un auteur mettre préalablement en garde son lecteur par rapport à la lecture d'un des chapitres de son roman, tout en expliquant la nécessité absolue qu'il y avait de l'écrire. Car ce roman plonge le lecteur dans une tension véritablement insoutenable.

Rafael est un brave type, un peu alcoolo, sûrement fauché, mais pas fainéant. Père de trois jeunes enfants, il est marié à Rita qu'il respecte et qu'il aime. Avec sa petite famille, il vit près d'une décharge avec pour seul horizon ces tas d'immondices dans lesquelles les plus pauvres tentent d'y trouver de quoi survivre.

Son avenir et celui des siens est à l'image des vêtements usés et rapiécés qu'il porte. Alors un jour il va accepter de monnayer la seule chose qu'il peut encore marchander, sa vie. En échange de la promesse de 30.000 dollars versés à sa femme, celui-ci va accepter d'être le héro funeste d'un snuff movies.

Ce roman n'est pas un roman malsain, voyeur ou exhibitionniste. Gregory Mc Donald , l'auteur ne tombe absolument pas dans ce travers. Au contraire il adopte une construction particulière de son texte, qui fait qu'il évacue quasiment des le début la mise à mort ( le fameux chapitre incriminé), par la narration non pas de ce qui est, mais de ce qui sera le moment venu. Car là n'est pas l'essentiel du roman.

Rafael, analphabète, signe donc un contrat, et empoche 300 dollars en guise d'avance. Il retourne vivre le peu de temps qu'il lui reste près des siens. Et nous l'accompagnons durant ces quelques jours où il va essayer de rendre les gens autour de lui un peu plus heureux ,avec l'avance qu'on lui a faite. Nous découvrons son univers, sa vie, ceux qui constituent son horizon, et à travers lui cette micro société de nécessiteux pourtant organisée et solidaire. Nous partageons ces rires, ces éclats de voix, ces échanges, ces petits riens qui remplissent une vie, celle de Rafael.

Toute la force de ce roman réside paradoxalement dans l'humanité qui s'y trouve à travers ce personnage terriblement attachant.

Et ce n'est pas tant la mise à mort annoncée qui rend ce livre pesant et insoutenable que le décalage entre l'innocence et la cruauté d'une même société. Entre cet homme simple et généreux, foncièrement honnête, qui croit encore en la parole donnée, et cette frange d'une société désarticulée, déshumanisée, tricheuse, qui ne trouve plus de sel dans l'existence, que dans l'immoralité de la mise à mort de sa propre humanité.

A la fin de ce roman, m'est revenu en résonnance celui de Steinbeck « des souris et des hommes ». Dans ce monde qui est le notre, il n'y a malheureusement pas de place pour l'innocence.

Bouleversant, poignant, douloureux, le roman de Mc Donald est vraiment un grand livre.
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*** Noir, très noir ... un coup de couteau en plein coeur !***

Ce roman a été adapté dans les années 90' au cinéma, où Johnny Deep incarne le rôle de Rafael.
Je n'ai pas vu le film et c'est tant mieux, car ce roman est un véritable coup de poignard dans le coeur.

Quelques lignes de l'auteur avant le premier chapitre, qui met en garde le lecteur sur le chapitre 3 : possibilité de le sauter pour les âmes sensibles mais tout de même conseillé à lire pour bien comprendre l'état d'esprit de Rafael pendant les derniers jours de sa vie ...
Bien entendu, j'ai lu ce troisième chapitre ... qui fait froid dans le dos c'est le moins qu'on puisse dire.


Ainsi, Rafael vit. Un point c'est tout. Il vit pour sa femme Rita et ses enfants. Rafael vit sans savoir lire et écrire correctement. Il vit constamment dans l'alcool son seul échappatoire à cette vie misérable dans un bidonville tout près d'une décharge, qui permet à cette population de faire de la menue récupération afin d'améliorer un quotidien catastrophique. Rafael vit pour sa vodka quotidienne, il est sale, il ressemble à un indien en guenille. Rafael vit pour aller se saouler chez Freedo, un bar en ville dès qu'il a deux sous.

Un jour, Freedo lui parle de "L'oncle Mac Carthy" et de Larry son neveu. Rafael, peut trouver un travail bien payé auprès d'eux.

Mac Carthy propose à Rafael de lui acheter sa torture suivie de sa mort, en devenant l'acteur principal d'un "snuff movie" où Rafael sera connu dans le monde entier.
Rafael accepte : il a trouvé un vrai travail d'acteur de cinéma !
Grâce à son nouveau travail, Rita et les enfants seront à l'abri du besoin, et grâce à cet acompte durement négocié, Rafael pourra vivre une vraie vie pendant les derniers jours avant sa mise à mort...

Comment qualifier ce roman, cette histoire ?
Dérangeante, perturbante et très éprouvante. La lecture vous fait mal aux tripes, l'attachement à Rafael est à son comble tant il est innocent et humain.

Lecture bouleversante sous haute pression.
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Rafael, derniers jours

Ce livre dérange…

Tout ça on le sait déjà, on fait semblant, on oublie, on s'en tape mais on le sait. Parfois ça dérange surtout quand on voit des images, qu'on lit un article, un bouquin, on s'imagine mais on s'identifie pas, non surtout pas, on est au dessus de tout ça, par contre on condamne, on accuse, on insulte mais jamais on essaie de comprendre, beurk c'est trop moche, trop glauque , on est bien née, au bon endroit, on se plaint souvent parce qu'on oublie toujours ou parce qu'on ne veut pas vraiment savoir, on se sent supérieur, évidement qu'on est supérieur c'est plus facile à supporter comme ça et pourtant c'est là sous notre nez qu'on bouche, trop puant, trop sale et puis la terre continue à tourner avec nous…

Avec eux

Une sacrée claque ce roman, et les claques ça fait mal…
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Ce livre vous laissera K.O !

Il nous raconte les derniers jours de la vie de Rafael, jeune illettré alcoolique et père de trois enfants. Il survit dans un bidonville proche d'une décharge et il fait ce qu'on lui a toujours appris : boire. Un jour un producteur de "snuff movie" lui propose 30000 $ pour le torturer et le tuer en direct dans son prochain film. Rafael comprend soudain qu'il a plus d'avenir mort que vivant. Cette somme pourrait permettre à sa famille de changer de vie... Mais empochera-t-il cette somme?

Ce texte court est incroyablement sombre. Et pourtant, est-ce de la fiction ou une réalité? Dans notre société où tout se monnaie (industrie pornographique, trafic d'organes, d'enfants...), qui peut affirmer que ce genre de transactions n'existent pas?
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Si les chiffres sont infinis , les lettres ne le sont pas.
C'est peut être pour cette raison que Grégory Mcdonald a choisi les lettres de l'alphabet pour chapitrer son roman , laissant au lecteur le soin d'imaginer l'histoire de U à Z. La fin ne laisse de toute façon guère place au doute puisqu'elle nous est plus ou moins relatée dès le chapitre C comme un avant goût de désespoir.
Je m'attendais à un livre malsain. Si le malaise est effectivement distillé de bout en bout , ce n'est pas une impression de dégoût que m'a laissé le récit. C'est davantage une profonde tristesse , un sentiment d'injustice et de révolte.

Rafaël vend sa propre vie , qu'il arrive à négocier pour 30.000 dollars. Il sera filmé une heure , au terme de laquelle les tortionnaires mettront un terme à ses souffrances. Mutilations et éxécution pour la réalisation d'un snuff movie.
Rafaël ne sait quasiment pas lire ni écrire , même son nom est mal orthographié. Il n'a pas la valeur de l'argent : il n'en a jamais eu. Mais il a celle de la famille. Sa femme et ses trois enfants comptent , il se doit de pourvoir à leurs besoins et d'essayer de leur donner un avenir. Rafaël n'a peut être pas eu d'éducation , est peut être alcoolique , mais il est prêt à faire face à ses responsabilités maritales et paternelles. L'unique solution étant disproportionnée avec ce suicide courageux et rémunéré. le croit il , du moins. Offrir un avenir aux siens en toute abnégation.

Si l'idée d'acheter une vie crée rapidement une ambiance pesante , surtout au vu du contrat signé par les deux parties qui est une arnaque et une insulte à la vie , ce n'est qu'un prélude aux derniers jours de Rafaël , qui a un sursis provisoire avant de se livrer.
Avec une toute petite avance - et probablement le seul sacrifice financier que fera l'odieux metteur en scène - Rafaël va essayer de goûter au bonheur que peut procurer cet argent. Il a trouvé un travail. Il en est fier.
Très humain , il voudra en faire profiter sa femme et ses enfants avec de petits présents. Il achètera également une dinde qui permettra à sa famille et à ses amis de manger , le temps d'un repas , à leur faim.

Avec les siens , il vit à Morgantown. Il survit plus exactement. Oublié de tout système social ; son quotidien c'est la maladie , la misère , la souffrance , la crasse et l'alcool. Parfois la violence. Ces personnes seront même à terme privées de la décharge voisine , seule source de quelques trouvailles à revendre.

Les derniers jours de Rafaël sont scindés en deux aspects. Des épisodes encore plus abjects à mon sens que la fin programmée du livre parce que l'homme est montré dans toute son ignominie , se délectant de l'enfoncer un peu plus profondément dans sa misère plutôt que de lui tendre la main.

Mais il y a quelques touches d'espoir qui parsèment le livre , de rares moments de clarté dans les ténèbres. S'il n'y avait pas le moindre bonheur , on ne pourrait pas lui reprendre. de rares protagonistes ont un peu de compassion et surtout l'amour sincère de la famille illumine quelques paragraphes. "En vérité il irradiait de bonheur et d'amour".

Le livre est court , écrit relativement simplement , mais est rempli de petites phrases marquantes.
"Seigneur , je vais finir salement plus amoché que toi" dit Rafaël face à la représentation de Jésus crucifié.
"Une famille pauvre , puant la sueur , sale , qui va dans un endroit improbable".
"Avoir pu agir ainsi pour sa famille remplit son coeur d'amour pour chacun d'eux".
"Je suis un acteur de cinéma!" se vante Raphaël en toute sincérité quand il se fait coiffer. Réplique qui aurait presque pu être amusante si son côté décalé ne dévoilait pas la noire ironie , l'immonde absurdité de cette histoire profondément affreuse et injuste.

J'aurais peut être aimé connaître davantage certains personnages secondaires ou avoir connaissance de l'évènement déclencheur amenant à une telle prise de décision. Mais je ne sais pas si j'aurais pu m'immerger davantage dans Morgentown en restant indemne. Après ce roman coup de poing , une lecture plus légère devrait me permettre de respirer davantage. Sauf si je sens le fantôme de Rafaël derrière moi.
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Quand on a touché le fond, peut-on descendre encore plus bas ?

Eh bien oui nous assène Gregory Mac Donald dans ce livre choc, Rafael, derniers jours.

Comme sa communauté de SDF-zombies, Rafael est illettré, alcoolique invétéré, malade, sans emploi et vit dans des conditions d'insalubrité immondes, dans un campement coincé entre une autoroute et une décharge. Enfants oubliés de l'Amérique, ce sont des parias d'une société qui les méprise (à l'image du coiffeur) ou les soupçonne à la moindre occasion, dans un grand magasin où lorsque un braquage est commis dans le quartier.

Rafael, sa femme Rita et leurs trois enfants ne vivent plus. Ils survivent tout au plus. Et l'avenir s'assombrit encore davantage à l'annonce de la maladie du père puis de l'impossibilité à venir de continuer à trier les quelques objets négociables de la décharge. Plus d'espoir donc...

Si, quand même un peu. L'amour d'abord. Celui qui dans cette désespérance absolue le lie aux siens. le sacrifice ensuite. Celui qui va amener Rafael à se livrer à un producteur de Snuffmovies pour finir ses jours dans d'atroces souffrances filmées en échange de 30 000 dollars versés à sa femme survivante. 30 000 dollars qui l'aideront à fuir, à élever ses enfants, à soigner son père, à... Une métaphore de Pérette et le pot au lait au pays des va-nu-pieds.

Incroyable dureté de cette histoire où la désespérance est poussée à son comble. Mcdonald pousse à son comble cette parabole christique : Rafael (prénom biblique) ne voit plus de solution que dans la mort via la souffrance. le dîner de dégustation de la dinde par la communauté des paumés est décrit comme la Cène de ces damnés. Sans parler de la dernière nuit de Rafael passée seul à méditer entre le feu, la terre dont il s'enduit et l'eau dont il se purifie avant de partir se livrer au petit matin.

Un livre choc qui ne peut laisser indifférent.
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un livre mordant, un uppercut en pleine face. Et une émotion indicible.
.
On s'incline devant le talent de Gregory Mcdonald, son style riche et sobre, une plume d'une grande sensibilité, pleine d'amour et de compassion. Parce qu'il faut du génie pour magnifier cette histoire et ne pas en faire un roman de gare sordide, glauque et dégoulinant de pathos. D'ailleurs l'auteur le précise en introduction : vous pouvez sauter le chapitre trois, dans lequel sont décrits les sévices que subira Rafael, sans que cela nuise à la compréhension du livre. Car ce qui intéresse Gregory Mcdonald, et c'est ce qui fait la qualité de ce roman, ce n'est certainement pas de tartiner des pages d'atrocités pour le simple plaisir de choquer le lecteur.

Gregory Mcdonald nous dépeint ces indigents, les pauvres parmi les pauvres, les oubliés de la société dont le désespoir et la résignation n'ont d'égal que leur amour de la vie et de leur famille. Les déchets humains qu'on fait vivre à côté des décharges municipales. Habillés avec des lambeaux, constamment ivres pour oublier l'absurdité de leur existence, ces hommes et ces femmes ressemblent à des animaux apprivoisés. Et on oublierait volontiers de leur prêter les qualités intrinsèques aux être humains: l'amour, le sens du devoir, l'attachement à la communauté, le dévouement total à leurs enfants, le partage…
.
Rafael, derniers jours est un roman bouleversant qui remet en cause les fondements de nos certitudes. Au XXIe siècle, des gens sont prêts à payer pour voir des humains souffrir et mourir devant une caméra. Rafael ne symbolise pas la décadence et la déchéance de la nature humaine. Ceux qui incarnent cette déchéance sont ceux qui acceptent que des gens comme Rafael en soient réduits à monnayer leur vie en échange d'un avenir pour leurs enfants. Et ceux qui ferment les yeux.

Lien : http://litteratureetchocolat..
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Un roman court, un roman coup de poing, le genre de livre qui, une fois refermé, vous trotte dans la tête pendant quelques temps.
Une histoire sombre, une ambiance digne des meilleurs romans noirs, l'auteur nous raconte l'histoire de Rafael, un père de famille alcoolique, une personne qui incarne la misère dans tous les sens du terme.
Au fur et à mesure de ma lecture, je me suis attachée à Rafael, quel personnage...j'ai partagé ses doutes, sa misère, ses peines, ses rires et ses espoirs, un homme qui se révèle pendant ses derniers jours.
Un roman qui est centré sur l'espoir qui prend naissance et grandit petit à petit. La découverte d'un auteur et de sa sombre plume, qui met en scène des personnages avec de belles âmes, bienveillants malgré la misère qui les entoure.
Et une fin qui j'ai reçue comme un uppercut, un roman cruel, qui ne vous laisse pas indifférent.
Je suis curieuse de lire ses autres romans.
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Rafael a 21 ans. Il est marié, père de 3 enfants, analphabète et alcoolique. Quand il apprend qu'un réalisateur de snuff films paye 30 000 dollars pour montrer sa mort, il n'hésite pas. Il lui reste 3 jours à vivre avec sa famille. 3 jours pour profiter de sa femme et ses enfants.
On a l'impression au début de se retrouver face à un personnage stupide mais au fil des pages, on découvre un homme résigné qui vit dans un bidonville mais qui a l'envie de voir les siens s'en sortir. C'est un roman révoltant, injuste. Cela peut-il vraiment arriver ? Je ne sais pas ; mais l'auteur a plus mis l'accent sur la misère qui peut exister et le sacrifice nécessaire pour arriver à sortir d'une telle pauvreté.

L'auteur fait la comparaison de Rafael avec le Christ dans son chemin vers la croix...
(ATTENTION, au début du livre, l'auteur prévient que le troisième chapitre peut choquer certaines personnes. le livre est diviser en sections alphabétiques ; du coup, je n'ai fait attention à ce chapitre (le c, en fait). Ne pas le lire ne nuit pas à la compréhension de la suite du récit.)
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Quel roman ! fort ! Lu sur le très bon conseil de Caro, Rafael derniers jours est d'abord un style percutant : les premiers chapitres sont déstabilisants. Mais cela vaut la peine de persister (ce que l'on peut faire sans peine car il y a quelque chose de fascinant). Car après ce moment de lecture équilibriste où l'on craint de chuter à chaque ligne, on découvre enfin la raison de cette violence… une violence bien plus radicale encore, quoique moins spectaculaire et plus sournoise : celle du sort des victimes du rêve américain (on pourrait dire du rêve du monde contemporain tant ces situations sont désespérément étendues de part la planète désormais). Mais Raphaël, c'est aussi l'histoire d'un clan, d'une famille et d'un homme, qui ne porte peut-être pas le nom d'un saint tout à fait par hasard…
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