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4,09

sur 101 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quelle étrange impression que de se lancer dans une lecture sans rien en attendre de particulier et de la terminer pantelant. Les moments d'émotions littéraires qui vous chamboulent, vous meurtrissent (et vous enthousiasment), sont suffisamment rares pour qu'on tente de les partager en mots.

Il faut dire que Cloé Mehdi fait montre d'un talent unique pour conter un genre d'histoire qui a tendance à devenir par trop banal dans notre société actuelle. Elle fait preuve d'une expressivité hors normes à travers ce récit carné où elle incarne littéralement ses personnages. Des protagonistes qui ont du corps, au point qu'on a l'impression qu'ils vivent toujours à nos cotés même lorsque les pages sont refermées.

A l'image de Mattia, du haut de ses onze ans. Si on accepte d'intégrer le concept ; côtoyer un gamin à part, qui s'exprime comme un adulte et réagit parfois comme tel ; la rencontre devient marquante. Car Mattia n'est décidément pas un gamin comme les autres, et son environnement « familial » non plus.

Quel paradoxe que de ressentir de telles émotions pour un gosse qui, lui, pense être invisible. Quelle singularité que d'être bouleversé par des personnages qui ne savent pourtant rien exprimer entre eux de leurs ressentis au quotidien.

Rien ne se perd, ou la perte de repères. Un roman terriblement sombre d'où émane une certaine lumière, particulière. Des personnages qu'on aimerait sauver alors qu'ils sont si proches de la noyade.

Cloé Mehdi arrive à faire vibrer la corde sensible dans un monde qu'on pourrait croire désensibilisé. Un univers terrible de solitude et d'injustice, dans lequel plus personne ne trouve sa place.

Sujet très sensible s'il en est (les violences policières), thème dérangeant autour duquel l'auteure développe son intrigue. J'aurais pourtant tendance à dire que ce n'est pas la seule matière du roman, ni même la plus importante. C'est un contexte dans lequel se meuvent ces personnages si humains, engoncés dans leur mal-être, très loin des stéréotypes habituels des banlieues.

Des protagonistes qui baignent littéralement dans ce qu'on a trop vite tendance à cataloguer comme de la folie. Ne pas savoir comment vivre et tout le système psychiatrique se met en branle autour de vous. Rien ne se perd est imprégné de ce malaise psychologique et c'est sans doute ce qui est le plus perturbant dans ce roman.

Rien ne se perd, mais tout se transforme t-il ? En tout cas, ce roman de Cloé Mehdi m'aura transformé quelque part, par sa sensibilité à fleur de peau et son humanité désespérée. Une jeune auteure qui a tout d'une grande.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Rien ne se perd, tout se transforme même, et surtout, le sentiment de culpabilité. Mattia n'a que onze ans mais déjà toute une vie lourde derrière lui. La culpabilité il connait, avec un père suicidé, une mère démissionnaire et un tuteur bourrelé de remords, Mattia regarde le monde des adultes et déjà se demande déjà à quoi ça sert de vivre ?

Un faits divers vieux de quinze ans remonte à la surface et met en émoi la petite ville de banlieue, une bavure policière, un adolescent mort et un policier relaxé. Tous les adultes qui rayonnent autour de Mattia ont un lien avec cette histoire ancienne, alors le jeune garçon sait, en lisant, un matin, sur un mur de la cité : « Justice pour Saïd » que l'histoire c'est remise en marche et que rien ne pourra l'arrêter.

L'injustice et l'oubli est un couple toxique qui ne peut engendrer que la haine, mais l'injustice et la haine sont souvent d'excellents ressorts pour un vrai polar urbain. La cité devient un ring où tous les tristes protagonistes de cette tragédie vont s'affronter. Cloé Medhi est une très jeune romancière et on ne peut s'empêcher de penser en lisant « Rien ne se perd » que les yeux de Mattia sont les siens.

Audacieuse et sincère elle utilise avec brio la matière sociale et psychologique pour nous offrir un opéra tragique où les destins inextricablement mêlés devront aller au bout de leurs sacrifices.

Un roman de jeunesse très prometteur.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Cloé Mehdi est une très jeune auteure (née en 1992, ça ne me rajeunit pas !), un peu confidentielle, dont j'avais entendu beaucoup de bien sur la blogosphère. La sortie de son deuxième roman en format poche a été l'occasion de découvrir cette artiste précoce.

Dès les premières lignes, l'écriture est fluide, accessible et on entre rapidement dans le vif du sujet. Et le sujet en l'occurrence, c'est la banlieue. Par le regard d'un enfant, on ouvre la porte d'un appartement de quartier. On se retrouve au milieu d'une famille de fortune composée de personnages aux destins tourmentés. Chaque acteur porte sur ses épaules de lourds secrets et de lourdes culpabilités qui hantent son quotidien. Ils errent donc dans leurs petites vies défavorisées, toujours sur un fil, embourbés dans leur détresse. Par ailleurs, autour d'eux, règne une atmosphère encore plus malsaine. Un terrible drame est survenu quelques années auparavant et les séquelles sont encore présentes dans tous les esprits. L'ambiance de l'histoire est donc particulièrement tendue et navigue entre mélodrame familial et véritable tragédie.

Cloé Mehdi utilise un style simple afin de nous entraîner dans les engrenages d'une justice partiale qui déclenche les désillusions des exclus de la rue. La misère et le désespoir s'ajoutant au tableau, les représailles ne sont pas loin.

L'atmosphère désenchantée m'a beaucoup plu. On sent que l'auteure maîtrise son thème, les personnages sont attachants et l'étude sociale est très intéressante. J'apporterais seulement une petite nuance à l'engouement général. J'ai trouvé que le texte perdait parfois un peu de son objectivité. le parti pris de l'auteure est flagrant et tourne à certains moments au règlement de compte. Elle tombe même par moments dans le jeu des préjugés qu'elle voudrait combattre. Sinon, malgré ce mini bémol, j'ai beaucoup aimé cette immersion au coeur de la cité, à la fois dure et tendre, qui frappe fort en donnant la parole aux écorchés.
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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Rien ne se perd de Cloé Mehdi c'est l'histoire d'un gamin, d'une banlieue, d'un espoir anéanti et de survie.

Mattia a onze ans. Sa famille est disloquée, sa mère ne peut plus l'éduquer, sa soeur va-et-vient, son demi-frère ne souhaite pas l'avoir dans les pattes et son père est mort. Ne lui reste plus que Zé, un jeune homme instable qui aime une jeune femme suicidaire. Voilà, c'est le monde de Mattia. Mattia et la cité, et ses interrogations, et les affiches d'un jeune mort depuis plusieurs années qui réapparaissent.

A 19 heures on passe à table. Gabrielle invite les travailleurs sociaux à se joindre à nous. Titre du documentaire : « La famille dysfonctionnelle dans la vie quotidienne ». Ça pourrait même faire une bonne émission de télé-réalité. J'imagine le pitch : Un meurtrier passionné de poésie, une dépressive suicidaire et un enfant perturbé tentent de vivre ensemble au-delà de leurs différences, mais les services sociaux s'en mêlent. Zé, Gabrielle et Mattia parviendront-ils à faire illusion et à déjouer la menace ?

Ce qui est bluffant dans ce roman, c'est l'intelligence, la perspicacité de ce gamin de 11 ans. On comprend ses non-dits, sa retenue. Il a un langage d'adulte avec une réflexion encore plus mature que son entourage, mais avec ses peurs d'enfants. Ce môme est très attachant, lui qui pourtant est si seul.

Cloé Medhi, nous offre un roman noir, saturé de résignation. Habituellement on entend « Rien ne se perd, tout se transforme » en l'occurrence je dirai plutôt » Rien ne se perd, tout se transmet » . Car dans ce roman, c'est exactement ça ! On transmet nos peurs, nos constats. On transmet notre passé, notre histoire. On transmet notre souffrance, notre résignation ou on contraire notre combativité . Et Mattia est le réservoir de tout cela. du haut de ses 11 ans, il comprend tout ça.

Vous l'aurez compris, il y a deux histoires dans ce roman : l'histoire de Saïd , le jeune homme mort lors d'une bavure policière et celle de Mattia. Celle de Saïd est la toile de fond de celle de Mattia. Tout est enchevêtré brillamment et avec beaucoup de sensibilité.

Un deuxième roman pour cette auteure. Une très belle réussite. Quand la désespérance frôle la folie, cela donne des personnages captivants. A découvrir !
Lien : https://lesciblesdunelectric..
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Pas vraiment un roman policier bien qu'il ait fait partie de la sélection des 20 meilleurs polars de l'année 2016 par le Monde ...

Pas vraiment un thriller non plus ...

Lauréat du Prix Mystère de la critique 2017

Mattia, un jeune garçon est le narrateur de cette histoire, de son histoire

Mattia, malgré son jeune âge a une lourde histoire ... 

Sans pathos, sans violence inutile, sans fioritures ... 

 Un roman factuel, mais plein de tendresse entre les personnages ... 

Un excellent roman ... 

Je vais m'empresser de chercher d'autres titres de cet auteur ...  
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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Une lecture qui sort des sentiers battus.
Mattia flotte dans son environnement familial, parti en miettes suite au suicide de son père, et se déroule en parallèle une étrange intrigue autour de l'assassinat d'un jeune du quartier des Verrières, quinze ans plus tôt.

L'écriture de Cloé Mehdi traduit une connaissance fine du vécu de ses personnages, de leurs émotions et rages intérieures.
Un écueil gênant dans le roman, Mattia, censé être en CM2, suit un programme scolaire digne du collège ...
On sent que l'auteure a de quoi monter en puissance dans son écriture, je vais en lire d'autres.
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En choisissant d'axer son roman sur Mattia, onze ans, Cloé Mehdi donne à son histoire une saveur amère redoutable.

En effet, à l'age où il devrait ne rêver que de partie de foot, de sucreries et de douceur de vivre, Mattia est percuté de plein fouet par la violence et l'âpreté de la vie.

Bien sûr, il est arrivé dans une famille qui dysfonctionne.

Bien sûr, il vit dans une cité qui n'attend que la petite étincelle qui lui permettra de tout mettre à feu et à sang.

Bien sûr, les adultes vont quelquefois mal sans qu'on en comprenne la cause.

Bien sûr, il faut des fois se battre pour obtenir de petits riens.

"- Ne t'attache jamais à personne parce que tout le monde finira par t'abandonner."

Bien sûr, qu'à onze ans, on entend : "Ce n'est pas ton problème, ça, tu n'es qu'un gosse, va jouer plus loin."

Et pourtant, cela n'empêche pas de vouloir comprendre pourquoi le monde ne tourne pas rond, pourquoi personne ne se parle, pourquoi la plus gentille des jeunes filles a l'envie de mourir chevillée au corps....

Parce qu'après tout, onze ans, n'est-ce pas l'âge des "pourquoi" ?

Parce qu'après tout, onze ans, n'est-ce pas l'âge auquel on choisit quel genre d'homme on va devenir ?

"Quitte à terminer ses jours dans une prison, autant choisir soi-même
la nuance des briques et la qualité du ciment."

Grâce à cet angle choisi par Cloé Mehdi, le lecteur est plongé dans une réalité noire, violente et sous-tensions mais ciselée par des mots justes, évitant en permanence de tomber dans les clichés.

Grâce à son écriture acide et sombre, Cloé Mehdi offre un roman noir absolument juste et sublime.
Lien : http://cecibondelire.canalbl..
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Au cours de cette lecture j'ai retrouvé le syndrome "cocotte minute" de nos banlieues. On pourrait titrer en préambule "toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé n'est pas une pure coïncidence"
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Voici un livre qui va me hanter longtemps, un récit sombre, très sombre : '' Rien ne se perd '' de Cloé Mehdi.
Il y a 15 ans, un petit caïd d'une cité meurt suite à une bavure policière. Des tags rappellent ce fait et demandent vengeance, le flic responsable ayant été disculpé.
Mattia, 11 ans, sous tutelle, veut comprendre le lien entre cette bavure, le suicide de son père et la dislocation du reste de sa famille.
L'écriture simple mais maîtrisée, les phrases courtes et incisives renforcent l'émotion. Les personnages sont torturés mais attachants. On voudrait réconforter Mattia, lui assurer que la vie n'est pas que dégueulasseries. On souhaiterait affirmer à Zé, le formidable jeune tuteur de Mattia, qu'il n'est pas responsable de la tragédie dont il a été témoin. Quant à Gabrielle, amie de Zé, il nous faudra respecter son terrible choix.....
Nous ne pouvons que sortir bouleversés de celle histoire où le pessimisme est exalté par la plume de la jeune auteure.
Un seul bémol : ce roman semble colporter une arrière pensée anti flics, et cela me gêne. Mais peut être que je me trompe. C'est juste que, au regard de la conjoncture actuelle, je suis sensibilisée par la difficulté de cette profession.
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Un roman noir qui se lit avec la boule au ventre, lourd, très lourd... Techniquement, c'est très bien raconté, l'écriture est fluide, le point de vue de l'enfant rend le récit immersif. Mais le propos, la vie, la survie, d'un enfant entouré d'adultes suicidaires rend l'histoire difficile à digérer. Ce réquisitoire contre les violences policières, la justice à deux vitesses, la responsabilité des adultes vis à vis des enfants, traité à charge, ne m'a pas complètement convaincu. J'ai trouvé cela un peu trop sans espoir.
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