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Critique de Tu_vas_voir_ce_que_tu_vas_lire


Thomas Melle est bipolaire. Ce n'est pas un secret. Mais sûrement pas une fierté non plus : il rendrait volontiers son génie, s'il en a, pour ne plus être malade. Il le dit tout en récusant l'idée selon laquelle la bipolarité permettrait de développer sa créativité. Son livre, entre l'essai et le récit autobiographique, est construit chronologiquement à partir des phases maniaques qui en 1999, 2006 et 2010 le conduisent en hôpital psychiatrique. Il veut en finir et fait une tentative de suicide qui le met en grand danger. En nous retraçant son parcours, Thomas Melle nous plonge aussi dans la culture underground allemande et anglo-saxonne qui a trop souvent accompagné ses délires, entre paranoïa et sentiment d'être l'élu. Dans certains épisodes psychotiques, il en était persuadé : certains artistes lui adressaient directement la parole dans leur chansons ou leurs livres. Il fait des parallèles aussi avec des artistes qui ont eu sans doute maille à partir avec des troubles psychiatriques : Stephen Fry, Sarah Kane, Ingeborg Bachmann, Werner Schwab ou Sylvia Plath.

Le Monde dans le dos est un grand livre sur la bipolarité. On pense à Rien ne s'oppose à la nuit, de Delphine de Vigan, ou à L'autre qu'on adorait de Catherine Cusset. Mais avec Thomas Melle, il ne s'agit pas du témoignage d'un proche : l'auteur est à la fois celui qui doit lutter avec le trouble psychiatrique et qui compose une oeuvre sur sa maladie, comme pour l'exorciser. Et contrairement à Emmanuel Carrère, il ne vient pas de la découvrir : il la pratique depuis longtemps déjà, bien qu'il lui ait fallu un certain temps pour en prendre pleinement conscience. Mais le Monde dans le dos est avant tout un livre sur l'écriture : le récit se construit au fil de la plume et révèle comment une oeuvre s'élabore avec et en dépit de la maladie.
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