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Citations sur Acqua-Toffana (29)

Je suis un homme ponctuel. Depuis vingt-cinq ans que je travaille à la mairie je ne suis jamais arrivé en retard, pas une seule fois. L'ascenseur était là. Je suis entré en vitesse, et cette porte idiote, si paresseuse pour se refermer, a gâché ma matinée. J'ai appuyé sur le bouton du rez-de-chaussée, au moment où j'allais sortir j'ai senti une main se poser sur mon coude. J'ai horreur de ça. Je déteste qu'on me touche, toutes ces mains sales. C'était la femme du septième étage. Je ne me souviens jamais de son nom.
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A côté de l’appartement n°3 il y avait marqué : Dora M. Le deuxième étage était à louer. Rubào a sonné à l’interphone ou était écrit : « Dora ». Une femme lui a répondu, à qui il s’est présenté en disant qu’il était le locataire du deuxième étage, qu’il y avait une fuite d’eau dans la salle de bains : « Est-ce que ça ne vous gênerait pas que je monte voir ? Il est possible que la fuite vienne de votre appartement. » La femme a acquiescé, sans hésitation. Rubào est monté et une blonde lui a ouvert la porte. Elle lui a dit qu’elle était en visite chez Dora, qu’elle n’était pas au courant de cette histoire de fuite d’eau, mais que Rubào pouvait aller voir ce qu’il voulait. L’abrutie complète, quoi. Elle lui a montré ou se trouvait la salle de bains et lui à dire de faire comme chez lui, une fois de plus. Alors qu’elle repartait vers le salon, Rubào a frappé. La blonde a essayé de réagir, mais ce n’est [as bien difficile d’étrangler une fille idiote, qui laisse n’importe quel inconnu entrer chez elle et qui en plus lui précise de bien faire comme chez lui et qui le lui dit plutôt deux fois qu’une. C’est facile de la tuer. Je le comprends, Rubào. C’est vrai que ça a de quoi vous porter sur les nerfs. Les gens vous tendent la perche. A croire qu’ils le cherchent. Ils en redemandent. Ils implorent. Vous n’avez jamais eu cette envie organique de tuer, commissaire ? D’accord, d’accord, je continus.
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Une grande partie des assassins sont criminoïdes, criminels par influence de confrères. On tue pour bien des motifs. Par ignorance : onze pour cent. Parce que né dans le crime : deux pour cent. Pour l’argent facile : huit pour cent. La jalousie ne représente que un pour cent. On tue peu par amour. Au Brésil, on tue plus pour une paire de Reebok que par amour.
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Je n’aime pas sortir. C’est inutile, quand on a le téléphone et la télé. Trente personnes assassinées par jour. Dix voitures volées toutes les vingt minutes. Et les morsures de chien, le port illégal d’armes à feu, la prostitution, la corruption, l’ivresse, les suicides, le vagabondage, la mendicité, et j’en passe. La réalité, c’est chiant. Aller à la banque, c’est chiant. Les factures, les gosses, les chèques, faire la queue, les feux rouges, aller chez boucher, l’emploi du temps, les déjeuners, les accouchements, le ménage, tout ça c’est chiant. C’est des Fèces, du latin falcis, qui signifie « faire ». Donc faire toutes ces choses, c’est de la merde, CQFD. La réalité est une merde infranchissable. Jour après jour, elle me met KO, la réalité. Je ne sais pas aller à la banque, je ne sais pas faire la queue, je ne sais pas aller au supermarché, chez le boucher, je n’arrive pas à tenir une maison, gérer les employées, conduire une voiture, ça me met les nerfs en feu, ça me retourne, me laisse impuissante, malade, rageuse et épuisée.
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Je vous l’ai déjà dit, j’ai peur de rester seule à la maison. J’ai horreur du silence. Je ne veux pas qu’ils sachent que je suis à la maison et que je suis bien vivante. Oui, parce que si les assassins me croient morte, je serai sauvée. Oui, je sais, il n’y a pas le moindre assassin. Tout est fermé à double tour. Le cadenas, les bâcles, les verrous, tout. Toutes les portes. Les fenêtres aussi. Avant de fermer la porte de ma chambre à clé je vérifie sous le lit pour ne pas risquer de me retrouver enfermée avec l’assassin.
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Vous m’avez demandé à quel moment j’ai commencé à remarquer des changements chez mon mari. Je vais vous répondre. Ses sorties fréquentes, son mensonge, l’histoire du tee-shirt, la chaussure, et maintenant ces coups de fil. Ce ne sont pas des changements ? Non, ce ne sont pas des changements. Ce sont des signes. Il était pareil à lui-même, je pourrais même dire. Tendre, toujours ses cadeaux. Mais il y avait déjà des signes, des avertissements, voilà ce que je veux dire.
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Suivre son mari, le trouver au lit avec une autre et le mettre au supplice, industriellement. L’ouvrière du mariage doit aussi y mettre du sien. Il s’est garé sur l’avenue Santos. Il est entré dans un restaurant (un très mauvais choix d’ailleurs). Il s’est installé à la table du fond, à côté d’une blonde. Elle était charmante, avec sa main qui chatouillait son collier doré. L’autre main, il la caressait. L’embrassait. Encore et encore.
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Lorsqu’un mariage atteint sa phase industrielle, la trahison ne fait pas souffrir. Elle est un simple recours de la gestion conjugale, comme dit ma mère. N’y pense plus. Passe l’éponge. Sois heureuse. Mais moi, je n’en voulais pas de sa gestion conjugale. Je voulais qu’il m’aime. Faire l’amour trois, quatre fois par jour. Je voulais du Stevie Wonder. Du pop-corn. You Are the Sunshine of My Life. Je voulais le mariage artisanal.
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Moi j’ai vingt-deux ans, commissaire. Ça n’a pas d’importance, mais enfin j’ai vingt-deux ans. Et elle, trente. Quand elle avait huit ans, je suis née. Quand elle en aura quarante, j’en serai à trente-deux. Et une femme de trente-deux ans, c’est pas du tout comme une femme de quarante, pas vrai ? Voilà la différence. Comment Rubào pouvait oublier ça ?
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J’avais peur d’avouer que je savais qu’il avait une maîtresse. Parce qu’il y a encore autre chose qui peut arriver dans un mariage industriel : l’ouvrier quitte la maison en laissant sa femme, seule dans leur entreprise, au milieu de tout ce tas d’équipements industriels. Et comment je ferais pour dormir, alors ? Il fallait y penser à deux fois.
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