Citations sur Feu follet (42)
“La star Fábbio Cássio n’existe pas. Une star, comme un super-héros, n’existe que dans l’esprit des gens. Ce qui existe c’est le Fábbio Cássio réel, qui a des problèmes et prend des coups dans la vie.”
Le scandale fait par un acteur est toujours un spectacle particulier.
Tout le monde veut être célèbre et celui qui dit le contraire ment. La célébrité est la vraie citoyenneté, la citoyenneté réelle de l’être humain, pense-t-il. Sans célébrité, tu es comme ces personnes du public, ces personnes qui applaudissent et envoient un baiser à ceux qui sont restés chez eux et qui regardent la télé sur leur canapé. Et qui forment des files d’attente en semaine. La vérité, pense-t-il, c’est qu’avoir du succès c’est mieux que tringler.
En plus d’être une déesse du sexe. Jolie chatte, tout épilée, seulement un tout petit filet de poils au pubis, comme la moustache de Hitler. Sa bouche est pratiquement un parfait appareil de débauche : elle lèche, elle suce, elle crache. Elle dit des obscénités dans tes oreilles. Elle s’efforce d’être sincère, elle est agile, se met à califourchon, crie, tire les cheveux. Elle griffe. Elle gémit. À quatre pattes, elle redresse les hanches. Et ensuite elle descend, elle s’agenouille, elle est prête à tout. Et, pour finir, elle dit encore presque tendrement : “Que c’est mignon, ta bite est rose.”
Si tu es vraiment célèbre, les gens feraient n’importe quoi pour que tu apparaisses dans leurs restaurants. Dans leurs magasins. Ils se battent comme des malades pour que tu portes les vêtements qu’ils fabriquent. Ils t’implorent pour que tu acceptes le nouveau modèle de téléphone qu’ils sont en train de lancer. Ils te supplient d’accepter tout ce qu’ils peuvent t’offrir. En échange, tu dois donner l’impression d’être un intime. Faire une halte à leur fête et laisser les photographes faire leur travail. Il est aussi recommandé de dire, quand on te met un micro devant la bouche, que tu adores tout ça, cette montre, ce design, ce blazer, ces gens.
Au début, il pensa que son désir était juste enseveli sous la tonne de scènes qu’il devait tourner chaque jour, mais le temps passa, et les choses empirèrent. C’est lui qui avait eu la très mauvaise idée de jouer les voyeurs, et avec Djavan en plus. Ce fut là le début de la débâcle. Maintenant, ils en étaient arrivés à la phase “Mensonge éhonté”. Elle ment en disant qu’elle part en voyage. Et lui ment en disant qu’il va chez le médecin pour parler de son dysfonctionnement érectile.
Le problème, pense-t-il, le problème c’est qu’il ressent de la nostalgie, trop de nostalgie, quand il songe à cette Cayanne-là, celle d’avant, cette Cayanne du début, disponible et pleine d’énergie, qui apparaissait à son côté sur les photos, courant sur la promenade, dînant dans les restaurants du Leblon et dansant la samba dans les loges de Sapucaí[3]. Il n’oubliera jamais la façon qu’elle avait de le regarder. Un regard dévoué, d’adoration, comme s’il était un super-héros. C’est pour ça qu’il avait commencé à la présenter comme “ma femme” avant même de connaître son âge. Où est passée cette Cayanne ? Celle qui faisait ressembler sa bite à un train fou, à une flèche exploratrice, où est cette Cayanne ? Cette Cayanne toujours partante pour de grandes folies ?
Règle d’or : ne jamais se marier avec une traînée.
Ce qu’il aime chez Vera ce sont les mots qu’elle utilise. Il constate : la psychanalyse est une mer de paroles et d’expressions nouvelles. Ludique. Il adore celle-là. Et une zone de confort. Elles produisent un grand effet lors des séances. Et Vera sait expliquer les choses.
Les rues de la ville sont envahies par les Japonais, les Coréens et les Russes. Ce sont des touristes. Ils ne sont pas là pour les opéras. Ils veulent s’amuser, et l’opéra est une sorte de tour Eiffel qu’ils doivent connaître et photographier. Ils accourent vers l’arène, en troupeau, espérant voir des effets théâtraux, un défilé de vainqueurs, des cracheurs de feu, des prisonniers éthiopiens, des éléphants et des chevaux, ou n’importe quelle scène grandiose.