Je ne vais pas peser mes mots pour exprimer que ce roman m'a profondément déplu. Même s'il se lit vite, que l'écriture est fluide. Encore heureux que le titre est bien trouvé : je me suis tue. C'est là que le bât blesse. Encore une histoire de femme devant un drame incapable d'extérioriser sa souffrance et dont le silence fait tomber tous les dominos de sa vie.
Si je n'avais pas lu il y a peu le malheur du bas qui est à tout point de vue ou presque le même roman avec les mêmes ingrédients, j'aurai peut-être été plus ouverte et indulgente. Mais trop c'est trop.
Dans le malheur du bas, Inès Bayard choisit de plonger à l'intérieur du mal, elle tranche pour le noir et c'est viscéral.
Dans Je me suis tue, il y a une distance constante entre l'héroïne et tout ce qu'elle traverse. Ce n'est pas un scoop, elle est violée et se retrouve enceinte alors que cela fait quatorze ans qu'avec son mari Antoine, ils essaient d'avoir un enfant. Rien ne m'a semblé crédible à partir de là. Ses tergiversations sur le choix de garder cet enfant sont aussi brèves que le choix de tuer son enfant aux yeux bruns alors que les deux parents ont les yeux bleus.
Je n'ai pas pu ni voulu comprendre cette femme. Le silence est assassin. Surtout ici. Comment continuer sa vie tranquillement avec un tel poids sur sa conscience ?
Je ne fais en aucun cas jugement sur les femmes victimes de viol ayant choisi le silence, ce que je peux bien sûr comprendre. Je ne le comprends pas pour cette héroïne dudit roman. Rien à dire sur la forme mais c’est le fond qui m’a gênée, ce qui m’a empêché de cerner l’héroïne ou de m’y attacher.
Le tout est entrecoupé de phrases musicales, certes pourquoi pas mais à quoi bon, un sujet si grave et zou une petite ballade pour en rajouter une couche.
De loin, ma préférence va pour le malheur du bas qui a eu le mérite de choisir son chemin.
Commenter  J’apprécie         9429
Ce livre est une confession. Pour qu'une confession fictive fonctionne il faut que le lecteur y croit, qu'il ressente de l'empathie pour le personnage. Surtout quand le personnage est la victime d'un viol. Cela n'a pas fonctionné avec moi. du coup je me suis lassée de cette femme qui s'obstine à se taire, pour protéger, en priorité, son petit égoïste de mari. Je me suis lassée aussi de ces bouts de chansons qui ponctuent le texte et qui ne sont pas toujours pertinents. Peut-être faut-il y voir la maladresse d'un premier roman.
Commenter  J’apprécie         60
Alors ça, si je m'attendais ! Je crois qu'à certains moments de ma lecture, mes globes oculaires ont dû quitter mes orbites. Je pense même avoir dit à haute voix « Mais ma pauvre Claire, comment c'est possible d'être aussi conne dans déconner ».
Je vais être obligée de spoiler
Claire, notre héroïne, rêve d'avoir un enfant avec son bien-aimé mais stérile Antoine. Un jour, la belle sur son Vélib se fait violer par un vilain SDF (bonjour le cliché du SDF violeur), et bim, enceinte. Elle ne sait pas du tout ce qu'elle doit faire et finit par décider, comme l'indique le titre, de se taire. Et de garder l'enfant aussi, tant qu'on y est.
Qu'elle fasse le choix de mentir à tout jamais à son mari sur un sujet aussi grave, déjà il ne faut pas trop avoir de problème avec sa conscience. Mais en plus, à aucun moment elle ne s'interroge sur la pertinence de donner la vie à un enfant en la construisant sur un mensonge avant même sa naissance. Non, elle est contente Claire, elle va avoir un bébé.
Ça c'est le plus gros, mais s'il n'y avait que ça :
À 40 ans, la fille n'est pas au courant que son cycle menstruel commence le premier jour de ses règles. Précisons quand même qu'elle vient de passer par des années de parcours de PMA.
Elle se présente à la pharmacie alors qu'elle a déjà un retard de règles mais n'est pas au courant non plus que la pilule du lendemain se prend dans les 5 jours du rapport à risque et trouve aberrant que la pharmacienne soit étonnée de son ignorance.
En revanche, elle s'y connaît à mort en gène récessif et sait parfaitement que deux parents aux yeux bleus ne peuvent que donner naissance à un bébé aux yeux bleus. Et, bien que son violeur ait les yeux noirs, elle y va quand même notre Claire. Allez hop, coup de poker, sur un malentendu comme on dit. En plus, quand son mari découvre le pot aux roses, elle fait sa victime, tranquille, même pas honte.
Le mari, parlons-en aussi de celui-là. le lendemain du viol, celui que Claire qualifie volontiers de « formidable » a envie de faire l'amour à sa femme, elle pas trop mais elle s'y colle quand même parce que c'est dimanche et qu'un refus « lui aurait valu une scène, des cris. […] Il aurait appelé son pote Christophe pour lui dire qu'il en avait marre de sa femme qui se refuse à lui ». Non mais au secours, c'est quoi ce couple ?
Attendez c'est pas fini, vous allez rire :
Quand Antoine constate que son gamin a les yeux noirs, ça lui met la puce à l'oreille et il a beaucoup moins envie de sa femme, même le dimanche. Claire pourtant met le paquet, mais Antoine reste de glace « malgré des mots crus, des encouragements, des autorisations à emprunter des sentiers habituellement interdits ». Là, je pose violemment ma liseuse, excédée, et je marmonne « Comment Antoine ? Ta femme accepte de se faire sodomiser alors que ça fait 10 ans qu'elle résiste, et toi, égoïste que tu es, tu refuses de fermer les yeux sur ta non-paternité. Franchement t'abuses Antoine ». Les mecs, tous des salauds.
Il y a des succès qui m'échappent. Celui-là, en plus de m'échapper, m'inquiète. Je n'en tire rien de bon, si ce n'est peut-être le point de non-retour, l'instant qui fait basculer la vie.
Commenter  J’apprécie         44
je n'ai vraiment pas aimé ce livre, on comprend très vite où l'auteur veut nous emmener, je n'ai pas compris l'intérêt des références musicales, je ne me suis attachée à Claire... et je n'ai pas apprécié plus que ça le style de l'auteur. Je suis déçue de ce livre, surtout après toutes ces bonnes critiques...
Commenter  J’apprécie         00