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Citations sur Je me suis tue (95)

Ne pas avoir d'enfant, à quarante ans, c'est contraire à un certain nombre de Commandements tacites ou explicites de notre société moderne. Alors à quarante ans, sans enfant, dans le regard des Autres, on est une sorte de demi-femme, on vit une misérable vie sans accomplissement, sans héritage, sans autre perspective que la triste certitude de retourner en poussière.
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Belle liberté que celle de travailler toujours plus, de progresser, de gravir les échelons plus vite que les autres, pour s’écrouler le soir devant une série américaine. Nous perdions notre vie à la gagner.
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Le châtiment, la prison, serait pour moi le temps de la reconstruction. J'avais fauté gravement, et il fallait que je reprenne tout à zéro, que je me reconstruise, une nouvelle Claire, qui saurait prendre les choses de la vie comme elles viennent, au lieu de vouloir toujours tout contrôler et se penser infiniment supérieure.
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J'ai sorti mon portable. Mes mains tremblaient. Le 17 ne marche plus, ou si ? Le 112 ? Et merde, il faut appeler qui quand on vient de se faire violer ? Mes doigts tremblent. Je compose le 17. Ça fonctionne ! 'Vous avez demandé la police, ne quittez pas s'il vous plaît.' En trois secondes, j'ai vu défiler devant moi les dix années suivantes de ma vie, étape par étape. Je me suis vue au commissariat en train de raconter mon histoire à un officier de police judiciaire tapant avec deux doigts et me demandant de décrire précisément ce que je venais de subir, puis en train de relire un procès-verbal truffé de fautes d'orthographe et décrivant en quelques mots ce qu'il ne suffira pas d'une vie pour oublier. Je me suis vue transférée à l'hôpital. J'ai vu le médecin en blouse blanche me demander avec douceur d'écarter les cuisses pour effectuer les prélèvements, faire les constatations médico-légales. J'ai vu Antoine arriver, défait, décomposé, enragé, dévoré par la culpabilité de m'avoir laissée rentrer seule. J'ai vu ses yeux me regarder comme une victime. J'ai compris que tout le monde maintenant allait me regarder comme une victime. Plus jamais je ne serais qui je suis. [...] Aux yeux de tout mon entourage, je serais désormais la femme violée. Une victime, à jamais. [...]
J'ai vu le regard des autres, auquel j'attache tant d'importance, se transformer. J'ai vu la suite, aussi. La cellule de soutien psychologique. Les groupes de prise de parole. Plus tard, l'identification de mon violeur au milieu des fonctionnaires et de voleurs à la tire. Le procès. L'avocat à qui devoir tout raconter, encore et encore. La confrontation physique, au tribunal, sans la protection d'une vitre sans tain, cette fois. Entendre l'avocat de ce salopard raconter son enfance misérable, les maltraitances subies, toutes les raisons qui expliquent, voire qui justifient, parce qu'on ose tout dans une stratégie judiciaire, son déséquilibre et ses pulsions maladives. Voir les jurés comprendre, compatir devant une histoire personnelle terrible et la pauvre victime, qui avait eu la malchance de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment. Et finir par entendre le juge prononcer une condamnation. Combien ça vaut, un viol ? Cinq ans ? Dix ans ? Quinze ans ? Et moi, bordel ? Perpète pour moi, pas d'alternative. Toute une vie. Toute MA vie, foutue en l'air, pour cinq minutes de plaisir d'un putain de détraqué. Une vie à la poubelle, aux orties, à la benne. Et pas de remise de peine. [...]
J'ai raccroché. Je ne voulais pas être une victime. Je voulais oublier. Ou-bli-er. Je ne voulais qu'oublier.
(p. 26-28)
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D'en face, du grand quartier des hommes, me parvient le raffut angoissant et obsédant du bâton des surveillants qui tape et retape méthodiquement sur les barreaux des fenêtres avant la nuit, pour s'assurer qu'ils n'ont pas été sciés. Routine de l'administration. Pas vraiment une berceuse.
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Je pleurais quand Antoine est rentré, incapable de faire quoi que ce soit. Désarmée, une petite fille qui attendait son papa, je ne savais plus penser ni réfléchir, j'étais la femelle éléphant, prostrée sur la dépouille de son petit tué pendant la nuit par une horde de lionnes et je n'arrivais pas à me résoudre à lui dire adieu, j'étais la femme africaine qui pleure son nouveau-né mort de faim, j'étais la veuve palestinienne qui s'arrache les cheveux et hurle à la mort devant la dépouille de son fils victime de la guerre, j'étais tout le malheur du monde.
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Ce n'est pas l'amour qui rend aveugle. C'est la haine.
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J’ai choisi la mauvaise route. J’avais espéré qu’elle nous mènerait au bonheur, Antoine et moi. Ce n’est qu’une fois engagée sur cette route que je me suis aperçue qu’il n’y avait pas de sortie. Même cela, ce n’est pas vrai. Les sorties, je les ai toutes ratées, l’une après l’autre. Si bien que la route est devenue une Highway to Hell.
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Sans enfants, avec des semaines où le boulot occupait une place démesurée, Antoine et moi avions instauré une forme de discipline de vie du week-end, où nous nous livrions à des activités ensemble, en amoureux, visites de musées, expositions, promenades à vélo, randonnées en forêt de Fontainebleau ou escapades dans les capitales européennes. Nous avions au moins réussi ça, avoir un univers commun qui dépassait la lutte de pouvoir autour du contrôle de la télécommande.
(p. 35)
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Je n'ai croisé personne. Pas âme qui vive. Vive la télévision, vive internet, vive la modernité et la convivialité de ce monde en ligne où plus personne n'est jamais ni dehors, ni oisif, ni pensif. Les propriétaires de chiens n'ont pas encore trouvé le moyen de les e-promener. Heureusement, quand ils sortent leur fidèle compagnon, ils ont leur smartphone pour rester connectés à leurs amis aussi seuls qu'eux.
(p. 30)
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