Que faire lorsqu'on s'ennuie à mourir lors d'un dîner en ville dans le très chic 16ème arrondissement de Paris ? Sachant qu'il est très tard, que l'appartement n'est pas loin et qu'on peut y rentrer à pied ? Partir, bien sûr, laisser le mari avec ses amis-relations professionnelles et regagner son petit chez-soi . Enfin, petit, c'est une façon de dire car Clair et Antoine sont des quadras bien installés dans une vie confortable et rien ne leur manque si ce n'est de façon chaque jour plus douloureuse la venue d'un enfant. Antoine est la cause du problème et ils ont quasiment fini par renoncer.
Alors, ce soir-là, Claire rentre seule chez elle. Sur son trajet il y a la traversée d'un tunnel forcément désert à cette heure. Enfin, il y a un homme assis là, un genre de SDF. Et l'horreur se produit. Claire rentre chez elle, se lave comme on le fait toujours dans ces cas-là et, finalement, se tait. Ni plainte, ni constat, ni même récit à son mari. Elle porte seule ce fardeau, pour ne pas être « celle-qui-a-été-violée », celle qu'on observe à la dérobée, qu'on plaint (peut-être en se disant qu'il fallait bien être un peu idiote pour emprunter seule un tunnel en pleine nuit à Paris!).
A partir de là, les faits s'enchaînent de façon implacable et la vie
De Claire bascule : elle raconte son histoire depuis la cellule d'une prison, murée dans son silence face à la police, face aux juges, face à sa famille.
C'est la force de caractère
De Claire qui séduit et intéresse. Une belle image de femme. Cependant, et sans être grande devineresse, aucune surprise ! On sait parfaitement quels événements vont se succéder, jusqu'au prétendu coup de théâtre final qu'on a tellement vu venir ! Juste peut-être l'ultime dénouement, peu envisageable car assez peu plausible... Maître Camille, vous avez fait une grosse bêtise, qu'à mon avis aucun avocat ne ferait !
Quant au parti pris de glisser une foultitude de titres ou extraits de chansons dans le texte, je ne vois pas ce que cela apporte. Cela affaiblirait plutôt le texte. Comme un jeu déplacé.
Voici donc un roman assez intéressant si on considère le personnage central mais plutôt prévisible. Quant au contexte social, j'ai lu dans d'autres chroniques qu'il était assez lassant (les nantis du 16ème) et je suis d'accord, sans être sûre qu'un autre contexte m'aurait plu davantage ! Enfin, un mot sur l'auteur, un homme qui dit « je » en tant que femme et, pour une fois à mon avis, qui ne s'en sort pas trop mal ! J'ai souvent trouvé que les hommes qui écrivaient en tant que femmes étaient plutôt « à côté »...