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3,67

sur 187 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il y a des livres que l'on ouvre avec impatience et d'autres dont on ne sait pas grand chose et qui nous ont appelés , d'une façon ou d'une autre. Et quand ces livres nous apportent ce que l'on espérait en secret sans trop y compter, la lecture est envoutante.

C'est mon cas pour "Les belles choses que porte le ciel" , phrase extraite de l'enfer de Dante et qui nous narre le quotidien d'un Ethiopien vivant à Washington depuis 17 ans.
Propriétaire d'une épicerie, il se retrouve fréquemment avec ses copains d'immigrations , un Congolais , serveur et un Kényan , ingénieur. Leur jeu ? Lancer des noms de dictateurs africains et poser dessus une date et un pays.

C'est un livre que je qualifierais de "frais". On y aborde des thèmes comme l'immigration , l'intégration , la vie communautaire de façon nuancée, douce, avec beaucoup de pudeur et de retenue.
C'est une très belle histoire, bien écrite, touchante , où vont venir se mêler Judith et Naomi dans ce quartier défavorisé que les promoteurs veulent vendre aux riches.
Un vrai bon moment de lecture, avec des personnages attachants et qui ont le mérite de ne pas être caricaturaux , loin de là, contrairement à ce qu'on peut souvent lire.
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Stephanos a immigré aux USA .Il vient d'Ethiopie, pays qu'il a dû quitter après la mort de son père, avocat influent assassiné pendant la révolution.15ans plus tard il a acheté une petite épicerie dans un quartier noir et pauvre de Washington D.C. situé à seulement 20 blocs de la Maison Blanche. Dans son rêve de se construire une vie à l'américaine il a eu le soutien de ses 2 amis immigrés eux aussi Kenneth le Kenyan et Joseph venu du Congo.
Le quartier où Stephanos vit et travaille commence à changer.
Les familles pauvres, toujours noires, quittent le quartier ou en sont expulsées. Arrivent pour les remplacer des familles plus aisées et blanches .De là à se sentir envahis il n'y a qu'un pas !
La nouvelle voisine de Stephanos, Judith, blanche, débarque à Logan Circle avec sa fille Naomi métisse
Stephanos va tomber sous le charme de la mère et de la fille et commence à se questionner sur sa position dans la société américaine ; quel avenir pour son épicerie qui périclite ?; lui faudra-t-il repartir au pays et rejoindre sa mère et son frère ? Quelle place un Africain comme lui, riche de son histoire de son passé peut-il trouver au sein de cette population noire américaine ?
Avec beaucoup de finesse et de talent ce jeune auteur américain d'origine éthiopienne nous relate l'histoire universelle de l'homme .déplacé au gré des évènements politiques
J'ai été conquise par ce récit ; j'ai aimé l'atmosphère tout à la fois fataliste et optimiste .Pour moi ce premier roman est une réussite et Dinaw Mengestu un auteur à suivre
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« Par un pertuis rond je vis apparaître
Les belles choses que porte le ciel
Nous avançâmes et une fois encore, vîmes les étoiles »

C'est le blues de l'exilé, le spleen du migrant, la complainte des rêves brisés, l'espoir déçu d'une vie meilleure promise par cette sortie de l'enfer décrite dans ces vers de Dante.

Flotter entre deux mondes, ne plus trop savoir qui on est et où on va, car la douleur de l'exil est encore trop forte, telle est l'émotion diffuse qui imprègne ce roman sur la vie de Sepha Stephanos, un immigré éthiopien installé comme épicier dans un quartier en rénovation de la capitale américaine .

Sepha, le narrateur raconte ses amis, Kenneth, le Kenyan et Joseph, le zaïrois, avec lesquels il partage de mémorables soirées bien arrosées à jouer au quizz des dictateurs et des coups d'état de leur continent. Tous les trois ne font pas que vivre la pauvreté en Amérique, avec des petits boulots mal payés, des études surréalistes, ils disent aussi le mal du pays, l'isolement, le manque des proches, les rêves vite déçus. Les mérites comparés des colonels et des généraux pour faire des dictateurs accomplis est plein d'un humour désabusé.

Sepha raconte aussi le déclassement brutal de l'exilé politique qui est parti du jour au lendemain, suite à l'irruption des soldats dans sa vie, son père battu à mort , sa ville à feu et à sang. C'était le coup d'état d'un sinistre colonel, Mengistu Haile Mariam, qui a déboulonné un empereur d'opérette, le récit fait froid dans le dos.

Pas facile de se stabiliser dans un environnement en constante évolution. Autour de l'épicerie le quartier change, plus de mixité raciale et sociale, avec l'arrivée de Judith et Naomi, une amitié compliquée, mais aussi plus d'expulsions des pauvres. Le temps semble arrêté dans l'épicerie autour de la lecture de grands auteurs.

Un très beau roman, lent au début qui chemine dans les méditations et la dépression latente de son narrateur à la recherche de son point d'équilibre, observateur de son monde, qui nous parle de toutes sortes de fractures, sociales, raciales, familiales, culturelles, et comme si les conflits qu’on croit lointains pouvaient couver aussi autour des immeubles vétustes d'une Amérique en panne de rêves .
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C'est Dante Alighieri qui nous invite à entrer dans le roman « Par un pertuis rond je vis apparaitre les belles choses que porte le ciel ». Car comme Dante l'auteur sort de l'enfer, celui de la guerre civile d'Ethiopie. Comme ses deux seuls amis Kenneth et Joseph l'un venant du Kenya l'autre du Congo, il a fui la violence. Exilé aux Etats Unis, il mène une vie de migrant ni intégré à la communauté éthiopienne, ni à celle des américains « coincé entre deux mondes ». Mais ce qui vaut dans ce roman c'est la maturité de l'écriture et des idées qui y sont développées. Sans oublier les capacités à conduire le lecteur dans un monde de fiction ou la misère côtoie le merveilleux. Mengestu vous mène dans une épicerie miteuse du centre de Washington et c'est comme si vous étiez dans un palace, il regarde des gamins voler dans son magasin et ce sont des anges qui passent et quand sa vie le met face à un Naomi une petite fille métisse et sauvage il nous offre une rencontre hors du temps, suspendue au dessus des êtres et des lieux. Pas un mot de trop pour parler de la solitude sans amour de trois immigrés africains, pour parler des rêves de fortune inaboutis, d'une vie vécue à lire et à attendre. Car Sépha ou Stéphanos vit comme s'il était en transit, comme s'il allait retourner en Ethiopie. Il envoie de l'argent à sa mère et son frère. Il ne s'investit pas dans sa boutique qui se délabre, ce qui lui tient lieu de vie ce sont les livres et ses deux amis. Pourtant, un jour s'installent à côté de chez lui la blanche Judith et sa fille Naomi. La vie rebat les cartes et Sépha découvre non seulement qu'il est encore capable de sentiments mais aussi une forme de vérité sur lui-même. Peut-il continuer à rester entre deux mondes ? Tout le roman tend vers la réponse qui reste en demi-teinte. Megestu s'appuie aussi sur des géants de la littérature pour livrer son message et outre Dante, on croisera Dostoievski, Toqueville, Emily Dikinson ce qui donne encore plus de profondeur à ce roman qui n'en manque pas.
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C'est brillant, sensible, très prometteur. Je n'avais jamais été touchée à ce point par l'écriture d'un contemporain. Ce très beau premier roman d'un jeune auteur américain d'origine éthiopienne se lit comme une poésie, s'écoute comme un morceau de Bach ou de Mulatu Astatké.
A travers le portrait de Sépha, jeune éthiopien ayant fui son pays dans des conditions dramatiques, tentant de se reconstruire, dans sa petite épicerie de quartier de Washington, entre deux passages d'un livre de Dostoievski et deux passages des enfants et des paumés du quartier, Dinaw Mengestu nous parle de l'exil mieux que personne.
Tous nos Noms , le 3ème livre de Mengestu vient d'être publié en France.
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C'est un beau roman. C'est une histoire simple, limpide. C'est une histoire dans lequel le narrateur, Sépha, revient souvent en arrière, sans que le lecteur se sente aucunement gêné par ses va et vient dans le passé. Il vit depuis dix-huit ans aux Etats-Unis. Il a deux amis, l'un, Kenneth, est ingénieur, l'autre, Joseph, est serveur dans un grand restaurant. Tous les trois sont seuls les uns à côté des autres. Un de leur passe-temps ? Enumérer les coups d'états, les révolutions qui ont bouleversé le continent africain.
Sépha tient une petite épicerie de quartier - dans un quartier où les expulsion se multiplient et où une maison (un immeuble ?) de quatre étages vient d'être rénové, pour une professeur et sa fille. Une amitié se noue entre Sépha et Judith, la jeune femme, une amitié, et peut-être un peu plus du côté de Sépha, qui, comme ses amis, n'a jamais vécu d'histoires d'amour véritablement importantes. La vie n'est légère pour personne, même pas pour Judith et sa fille Naomi, que sa mère ne parvient pas vraiment à "gérer". Quant à son père, il n'est pas réellement présent - et quand il le sera, ce ne sera pas pour apporter quoi que ce soit de réellement positif.
Une histoire simple, oui, une histoire presque universelle, celle des réfugiés qui ont trouvé une terre d'asile aux Etats-Unis, qui ont espéré un jour retourner dans leur pays et qui ont dû y renoncer. Pas de rêve américain, non, même si on leur rappelle la chance qu'ils ont d'être dans ce pays libre. Pas d'intégration : Sépha reste un homme entre deux mondes, lucide, toujours, sur lui, sur les autres. Un homme pudique et échaudé par ce qu'il a vécu - aussi.
Un auteur à découvrir.
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Premier roman de Dinaw Mengestu.

Stéphanos l'Ethiopien, Kenneth le Kenyan et Joseph le Congolais sont trois amis que l'histoire sanglante de l'Afrique a contraint à trouver refuge en Amérique, terre de promesses et de fumée. Stéphanos possède une petite épicerie dans un quartier délabré de Washington, sur Logan Circle, une grande place où trône la statue du général Logan. Les trois hommes se retrouvent régulièrement dans l'arrière boutique de Stéphanos. Ils s'adonnent à leur jeu favori, répertorier les dictateurs et les coups d'état qui ont secoué et secouent l'Afrique. L'existence de Stéphanos change quand Judith, une riche blanche, achète une des maisons en ruine qui bordent Logan Circle et la fait entièrement rénover pour s'y installer avec sa fille Naomi, une adorable fillette métisse. Entre les trois voisins se nouent une douce relation faite de timidité, de gêne et de fossés à franchir.

Très beau texte sur l'impossibilité de s'intégrer totalement à une société. Et les exclus ne sont pas vraiment ceux que l'on croit. Si Stéphanos et ses amis sont plus que déçus par les promesses vaines de la grande Amérique, c'est Judith qui est la plus perdue. Entre un ex-compagnon noir et une fillette qui la repousse et la teste, dans un quartier qui n'a d'américain que la statue qui trône en sa place, la femme blanche est celle qui a le moins de racines.

Stéphanos résume en quelques mots son intérêt pour Logan Circle et en tire des conclusions sur l'histoire de l'Amérique: "J'aimais cette place à cause de ce qu'elle était devenue: la preuve que la richesse et le pouvoir n'étaient pas immuables, et que l'Amérique n'était pas aussi grandiose que cela, après tout." (p. 25)

Avec l'Afrique toujours présente, représentée sur une carte des années 1980 ou revisitée en mémoire par les trois hommes, le récit devient un conte de l'errance, de la perte de la terre originelle, de son manque, mais aussi du dégoût qu'elle provoque et du mépris qu'elle suscite. C'est une terre qui tue ses enfants, qui les force aux pires exactions, qui les pousse à s'enfuir. Loin des yeux, près du coeur, mais tout de même dans la haine.

Troublante ressemblance entre le nom de l'auteur américain, dont le personnage est éthiopien, et celui du dictateur éthiopien Mengistu Haile Mariam. Comme un petit clin d'oeil et un rappel: entre le génie et le monstre, il n'y a qu'un pas.

Avec de belles références à l'Enfer de Dante, à qui le roman doit son titre, et aux Frères Karamazov de Dostoïevski, le texte est riche d'une profondeur littéraire et historique tout à fait agréable à découvrir au fil des pages.

Un grand merci au site Chezlesfilles et aux éditions Livre de Poche qui m'ont offert ce livre.


Lien : http://lililectrice.canalblo..
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Dans « Les belles choses que porte le ciel (The Beautiful Things that Heaven Bears) », l'écrivain d'origine éthiopienne Dinaw Mengestu nous raconte l'histoire de Sepha Stephanos qui a quitté très jeune Addis Abeba alors que son père avocat se faisait persécuter par le régime. Il tient maintenant vaille que vaille une épicerie sur Logan Circle à Washington, DC. Il retrouve souvent ses amis « Congo Joe » et « Ken the Kenyan » deux autres immigrants d'Afrique qu'il a rencontrés lors de son premier job dans un hôtel. Logan Circle est un ancien quartier prestigieux de la capitale, mais qui est maintenant devenu décrépit. Un endroit où peu de Blancs s'aventurent, sauf les policiers et les travailleurs sociaux. Pourtant voilà que Judith, une mère célibataire blanche s'installe avec Naomi, sa fille métisse, dans une des belles maisons de la place, maison qu'elle rénove avec goût. Naomi passe son temps après l'école dans la boutique de Sepha à lui tenir compagnie. L'attachement de Naomi rapproche Sepha de Judith et ils pourraient presque tomber amoureux. Mais les habitants du quartier n'apprécient guère l'arrivée de Judith, annonciatrice de la gentrification des lieux. Encore un roman écrit avec beaucoup de subtilité et sans aucun pathos et qui raconte merveilleusement les espoirs, les attentes, les malentendus et les déconvenues qui jalonnent le parcours des Africains s'installant aux USA.
Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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C'est l'histoire d'un émigré éthiopien à Washington qui constate, après vingt ans passés aux US, qu'il se trouve dans l'impossibilité d'entrer en contact avec les autres, et ce, au moment où son histoire d'amour se termine sans jamais avoir commencé, faute d'avoir su se déclarer.

Le héros a perdu son père lors de la guerre civile à Addis, dans des circonstances terribles, à ce moment de sa vie où il se construit, à l'adolescence. Il erre, mentalement et concrètement, car personne n'est en mesure de le comprendre, de le saisir. Il n'arrive pas à parler, il n'en a pas envie. Il refuse ce traumatisme, alors que son père lui manque et lui ravive ces moments épouvantables.

Le récit aborde avec sensibilité la distance qu'il peut y avoir entre des gens traumatisés et les autres, les différences culturelles entre les noirs et les blancs, entre ceux nés dans le pays et ceux qui ont dû fuir le leur ...

Est-ce qu'un homme qui a vécu l'horreur, qui doit faire son deuil, peut se reconstruire ? Sujet d'actualité à méditer avec ce très beau livre

Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Un superbe livre qui décrit sans concessions la vie des immigrés aux États-Unis où les rêves et les désillusions sont intimement liés. J'ai beaucoup aimé le style de l'auteur.
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