Au collège, j'avais beaucoup aimé découvrir et étudier
Carmen et La Vénus d'Ile. Je me souviens aussi avoir lu dans la même période et sans déplaisir Mattéo Falcone et
Colomba. J'étais donc plutôt contente de trouver
Mérimée dans la sélection du Challenge solidaire 2020 et d'avoir ainsi l'occasion de relire cet auteur.
Chronique du règne de Charles IX présentait en plus, pour moi, l'intérêt d'évoquer un événement historique qui m'intéresse particulièrement : le massacre de la Saint-Barthélémy.
Le plaisir de lecture que je me promettais n'a pas été à la hauteur de cette espérance. Non seulement j'ai trouvé cette lecture assez peu palpitante mais, au final, elle me laisse aussi un sentiment de déception. La bonne surprise de cette lecture, quand même, c'était que ce soit un roman et non un récit historique comme le titre pouvait le laisser à penser. Ce roman nous narre les aventures de Bernard de Mergy, gentilhomme huguenot qui se rend à Paris au moment où Henri de Navarre s'apprête à épouser
Marguerite de Valois, soeur du roi, assurant ainsi la paix entre protestants et catholiques. À Paris, Bernard retrouve son frère Georges qui, après sa conversion au catholicisme, est devenu capitaine des chevaux-légers du roi. Bernard ne tarde pas à tomber amoureux de la belle comtesse Diane de Turgis et à s'attirer un duel avec l'amant de celle-ci, le redoutable Comminges.
Je n'en raconterai pas davantage pour ne pas vous priver d'un suspense déjà bien faiblard. Car, oui, à mon goût, c'est le gros point faible de ce roman : son scénario prévisible et sans originalité. Pour une lectrice de Dumas et de Zévaco, les péripéties de
Chronique du règne de Charles IX ont un goût de "déjà-lu en mieux". Par ailleurs, ses héros n'ont pas la présence de ceux des auteurs sus-nommés : ils sont très oubliables. Je veux bien accorder à
Mérimée d'avoir voulu écrire un roman plus réaliste qu'épique mais le lecteur y perd en plaisir de lecture, d'autant que, par ailleurs, le réalisme prétendu est battu en brèche par des péripéties et des coïncidences un peu "too much", dans la grande tradition des romans historiques. La fin, elle-même, est aussi du "déjà-lu ailleurs en mieux".
Une chose qui m'a surprise, dans ce roman, c'est la place que
Mérimée accordait aux débats théologico-religieux entre ses personnages. Si son roman est une charge contre les luttes fratricides sous prétexte religieux, il est aussi un plaidoyer pour la liberté de conscience et une critique courageuse de l'extrémisme et du manque de cohérence entre les professions de foi et la vie morale de certains "croyants".
En résumé : Pas le meilleur texte de
Mérimée. Personnages et péripéties sans surprise et sans originalité. le propos sur la religion est intéressant mais c'est trop peu pour recommander cette lecture.
Challenge solidaire "Des classiques contre l'illettrisme" 2020