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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Deux frangins - un cadet encore candide, protestant convaincu, un aîné plus aguerri, catholique par la force des choses mais plus agnostique que croyant - qui s'aiment malgré tout et se retrouvent embarqués dans le chaos fratricide des guerres de religion : le prétexte était des plus séduisants, surtout pour moi que cette époque fascine et qui ai un faible marqué pour les histoires de frangins.
Tout commence, de fait, à merveille : des personnages accrocheurs (le cadet un peu falot mais attachant, l'aîné vraiment intéressant), un récit énergique, qui sait aller à l'essentiel pour faire vivre son sujet, avec juste ce qu'il faut de détails pittoresques et des dialogues bien tournés. Plus encore : une certaine distance de l'auteur vis à vis de son sujet, qu'il met en perspective avec autant d'esprit que d'originalité, comme dans ce chapitre intitulé "Dialogue entre le lecteur et l'auteur", pied de nez superbe du second aux attentes stéréotypées du premier.

Malheureusement, le récit a les défauts de ses qualités et finit par y perdre un peu en puissance et en équilibre formel.
Tout d'abord, Mérimée fait clairement du roman historique à la manière romantique, avec son lot d'aventures et d'anecdotes, l'inévitable histoire d'amour, les billets mystérieux, les rendez-vous secrets, l'amant jaloux, le duel incontournable. C'est un brin cliché (même si ces clichés-là, à l'époque, n'étaient peut-être pas encore aussi fermement établis qu'ils le sont devenus par la suite) et cela l'emporte un peu trop sur le plus intéressant : la relation des deux frères, les tensions religieuses qui couvent et vont bientôt éclater. C'est un peu cliché, mais de manière sans doute très assumée : Mérimée, il le fait bien sentir, ne prend pas lui-même très au sérieux cette partie-là de son récit, même s'il la conte assez bien pour la rendre accrocheuse. Il joue avec son lecteur, fait mine de lui offrir ce qu'il désire, écarte le masque sur un sourire, le remet pour quelques chapitres encore... et avec la Saint-Barthélémy, le jette pour de bon. L'histoire d'amour est expédiée, c'est la guerre qui l'emporte.
Malheureusement, à ce moment où les choses deviennent les plus intéressantes, la narration se fait beaucoup plus rapide, Trop rapide. Les trois quarts du roman sont déjà derrière nous, et le dernier quart se dénoue en une série de chapitres très courts, tous efficaces et bien tournés, mais trop distants dans la chronologie des faits et trop expéditifs. C'est efficace, c'est implacable, mais on n'est plus emportés comme au début et au final, pas grand chose n'est analysé, ni des rapports humains, ni des ressorts politiques de cette guerre civile qui broie sans pitié les individus qu'elle a pris dans ses rets.
L'histoire des deux frères de Mergy illustre habilement son temps, ses cruautés, ses ambiguïtés, mais si l'illustration n'est pas sans puissance et sans finesse, l'impression finale reste celle d'un récit un peu anecdotique, qui manque soit de souffle pour conquérir totalement son lecteur, soit de profondeur pour totalement l'interpeller.
Un récit qui joue un peu trop avec les conventions de son temps, quand au yeux du lecteur moderne, il ferait mieux de plus franchement s'en affranchir.

Ces défauts n'enlèvent rien au charme de l'écriture de Mérimée, vive, efficace, spirituelle, remarquablement moderne, et à une fin très réussie où s'affirme, sur cette trame tragique et sanglante des fanatismes exacerbés, la paisible grandeur de l'agnostique.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Il y a longtemps que cette oeuvre était sur ma liste de lecture, ce qui n'est pas très logique de ma part, vu que la Saint Barthélemy, je trouve qu'on nous la sert un peu à toutes les sauces dans les romans historiques et que des épisodes moins rabâchés de l'histoire de France, tout aussi éclairant sans doute, auraient bien droit à leur tour.
Mais les envies de lecture... Bref, sujet ultra classique mis à part, que vaut la Chronique du règne de Charles IX? Cela dépend ce qu'on y cherche en fait. La description de la cour, de l'époque, est brillante. On sent cette tension qui monte graduellement, mais aussi l'état d'esprit d'une frange de la population qui s'entretuait en duels joyeusement sous le premier prétexte: la vie , malgré les protestations de foi de tous les protagonistes, ne valait pas tripette, ni la vôtre ni celle de votre prochain!!
Non, ce que je n'ai pas apprécié dans ce roman, c'est l'un des deux protagonistes principaux. Bernard et George de Mergy sont frères, l'un huguenot, l'autre catholique et se trouvent chacun dans un camp, et autant j'ai apprécié George, porté par son humanité , son amour fraternel, plus agnostique que catholique à vrai dire, et surtout d'opinion que chacun devrait faire selon son choix, autant j'ai trouvé Bernard franchement pâlot. Il passe tout le début du roman à expliquer qu'il est mieux que son frère, que lui jamais ne trahira sa religion, ni les principes de celle-ci, et notre dévoué huguenot porte des reliques, comme les catholiques, sous prétexte que ça vient d'une dame, tue en duel sans avoir de remords plus d'un chapitre, prend maîtresse...
Les ressorts de la Saint Barthélemy sont aussi évoqués un peu rapidement: le lecteur a l'impression que l'auteur l'estime cultivé, et déjà en main de toutes les clefs sur les protagonistes de l'époque.
Cela reste un roman historique des plus agréables à lire, il lui manque juste un petit je ne sais quoi d'épique pour le rendre vraiment prenant, mais les amateurs auraient tord de bouder leur plaisir!
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Voila un livre qui se lit diablement vite, je dirais presque que je l'ai englouti plutôt que dévoré ! Mais si la vitesse de lecture et la sensation plaisante à son écriture a dominé tout au long de ma lecture, je suis en revanche moins dithyrambique au sortir du livre. Prosper Mérimée s'y entend pour nous faire un récit prenant et agréable, qui exploite L Histoire pour nous en faire une version romancée, avec quelques petits anachronismes et digression historique sans fondement, mais qui s'attache avant tout à nous représenter la vie de cette époque et le choc que fut le massacre de la Saint-Barthélémy. Cinq cent ans plus tard, ce massacre nous saute encore au visage, intact. Une barbarie sans nom s'emparant d'habitants qui massacrèrent au nom du même dieu. Belle ironie !

Cela dit, Prosper Mérimée tente de montrer avant tout l'affrontement fratricide de ces guerres de religion en nous mettant face à deux frères qui sont dans les camps opposés, bien qu'attachés l'un à l'autre. En les mettant dans des conditions plutôt évidentes de l'époque (duel d'honneur, marivaudage, lutte politique et religieuse ...), Mérimée entend dresser un tableau de cette absurdité, dans lequel il ne se prive pas d'humour et de pointe acide envers un comportement qu'il n'aime pas. Il ira jusqu'à introduire un dialogue entre l'auteur et un avatar du lecteur, expliquant qu'il ne s'entend pas à décrire les personnalités historiques, mais à raconter une histoire. Ce dont je lui suis totalement gré d'ailleurs, la forme romanesque étant bien plus adaptée à la plume de Mérimée.

Mais voila, l'ouvrage est vite lu, et j'en sors moins marqué que j'aurais cru. Moins pris par ces guerres de religion que l'auteur l'aurait voulu, sans doute. J'ai déjà entendu et lu sur ces guerres, et ce livre parait plus anecdotique à ce propos. C'est dommage, l'auteur à réellement une plume agréable et un style encore très lisible aujourd'hui, près de deux cent ans plus tard. Cela reste une lecture distrayante et agréable, le genre qu'il faut sortir lorsqu'on en sent l'envie et gouter comme une douceur au palais.
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Un roman historique qui reprend tous les codes / toutes les visions que porte le romantisme du XIXème siècle sur la période des guerres de religion. Donc forcément, Catherine de Médicis est une sorcière noire conseillée par Nostradamus, Charles IX est un roi incapable et manipulé, il y a du sang, de la violence et des passions. Mérimée n'a pas le talent ni le souffle de Dumas dans la Reine Margot, mais il apporte une touche personnelle à une période importante de l'histoire.
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Prosper Mérimée a écrit Chronique du règne de Charles IX en 1829, en reprenant scrupuleusement les événements historiques de 1572 mais en confiant les rôles principaux à des personnages fictifs : sont ainsi mis en scène Bernard et George, deux frères appartenant chacun à un clan religieux opposé.
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Écrit en 1828, 1572, Chronique du règne de Charles IX est publié à l'âge d'or du roman historique. Mettant en scène les deux frères de Mergy, Bernard étant protestant et George ayant rejoint la religion catholique, le récit s'inscrit dans le contexte des guerres et de religions et se veut une photographie des moeurs de la noblesse à cette époque. Il y a un peu de d'Artagnan dans le personnage de Bernard de Mergy, jeune cadet de province monté à Paris pour y rencontrer l'amiral Coligny, le chef du camp protestant. Mais c'est George qui constitue sans aucun doute la figure la plus marquante du récit, incarnant à la fois l'amour fraternel et la tentation de l'athéisme. Comme l'indique avec justesse la notice du roman, les huit premiers chapitres permettent de se familiariser aussi bien avec les moeurs de l'époque, les villes et les villages livrés au pillage, le Paris de Charles IX, la cour et les courtisans, qu'avec les règles qui régissent le duel ou bien encore les débats religieux qui agitent alors le royaume de France. Ensuite l'intrigue s'accélère, entremêlant l'habituelle trame amoureuse à l'explosion paroxysmique de la Saint-Barthélemy. Au sujet de cette nuit tragique de l'histoire de France, qui vit des (...)
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