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Citations sur Le visible et l'invisible, suivi de Notes de travail (43)

Loin qu'il détienne le
secret de l'être du monde, le langage est lui-même un monde, lui-même
un être, – un monde et un être à la seconde puissance, puisqu'il ne parle
pas à vide, qu'il parle de l'être et du monde, et redouble donc leur
énigme au lieu de la faire disparaître.
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Sartre dit bien qu'à la fin de son livre il sera permis
de passer à un sens plus large de l’Être, qui contient l'Être et le néant.
Mais ce n'est pas que l'opposition initiale ait été dépassée, elle demeure
dans ; toute sa rigueur ; c'est elle qui justifie son renversement, qui
triomphe dans cette défaite ; la passion du Pour Soi, qui se sacrifie pour
que l'être soit, est encore sa négation par lui-même. Il est tacitement
entendu que, d'un bout à l'autre du livre, on parle du même néant et du
même être, qu'un unique spectateur est témoin du progrès, qu'il n'est
pas pris lui-même dans le mouvement, et que, dans cette mesure, le
mouvement est illusoire.
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Si le corps est un seul corps
dans ses deux phases, il s'incorpore le sensible entier, et du même
mouvement s'incorpore lui-même à un « Sensible en soi ». Il nous faut
rejeter les préjugés séculaires qui mettent le corps dans le monde et le
voyant dans le corps, ou, inversement, le monde et le corps dans le
voyant, comme dans une boîte. Où mettre la limite du corps et du
monde, puisque le monde est chair ? Où mettre dans le corps le voyant,
puisque, de toute évidence, il n'y a dans le corps que des « ténèbres
bourrées d'organes », c'est-à-dire du visible encore ?
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Il ne faut même pas dire, comme nous le
faisions tout à l'heure, que le corps est fait de deux feuillets, dont l'un,
celui du « sensible », est solidaire du reste du monde ; il n'y a pas en lui
deux feuillets ou deux couches, il n'est fondamentalement ni chose vue
seulement, ni voyant seulement, il est la Visibilité tantôt errante et
tantôt rassemblée, et, a ce titre, il n'est pas dans le monde, il ne détient
pas, comme dans une enceinte privée, sa vue du monde : il voit le
monde même, le monde de tous, et sans avoir à sortir de « soi », parce
qu'il n'est tout entier, parce que ses Mains, ses yeux, ne sont rien d'autre,
que cette référence d'un visible, d'un tangible-étalon à tous ceux dont il
porte la ressemblance, et dont il recueille le témoignage, par une magie
qui est la vision, le toucher mêmes.
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Moi qui vois, j'ai ma profondeur aussi, étant adossé à ce même
visible que je vois et qui se referme derrière moi, je le sais bien.
L'épaisseur du corps, loin de rivaliser avec celle du monde, est au
contraire le seul moyen que j'ai d'aller au cœur des choses, en me faisant
monde et en les faisant chair.
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. L'ouverture par chair : les
2 feuillets de mon corps et les feuillets du monde visible... C'est entre ces
feuillets intercalés qu'il y a visibilité... Mon corps modèle des choses et les
choses modèle de mon corps : le corps lié par toutes ses parties au monde,
contre lui → tout cela veut dire : le monde, la chair non comme fait ou somme
de faits, mais comme lieu d'une inscription de vérité : le faux barré, non
annulé.
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... Le langage réalise en brisant le silence ce que le silence voulait et n'obtenait pas.

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Quand nous parlons de la chair du visible, nous
n'entendons pas faire de l'anthropologie, décrire un monde recouvert de
toutes nos projections, réserve faite de ce qu'il peut être sous le masque
humain. Nous voulons dire, au contraire, que l'être charnel, comme être
des profondeurs, à plusieurs feuillets ou à plusieurs faces, être de
latence, et présentation d'une certaine absence, est un prototype de
l'Être, dont notre corps, le sentant sensible, est une variante très
remarquable, mais dont le paradoxe constitutif est déjà dans tout
visible : déjà, le cube rassemble en lui des visibilia incompossibles,
comme mon corps est d'un seul coup corps phénoménal et corps
objectif, et s'il est enfin, c'est, comme lui, par un coup de force.
Ce qu'on appelle un visible, c'est, disions-nous, une qualité prégnante
d'une texture, la surface d'une profondeur, une coupe sur un être massif,
un grain ou corpuscule porté par une onde de l'Être.
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On comprend alors pourquoi, à la fois, nous voyons les choses elles mêmes, en leur lieu, où elles sont, selon leur être qui est bien plus que
leur être-perçu, et à la fois nous sommes éloignés d'elles de toute
l'épaisseur du regard et du corps : c'est que cette distance n'est pas le
contraire de cette proximité, elle est profondément accordée avec elle,
elle en est synonyme. C'est que l'épaisseur de chair entre le voyant et la
chose est constitutive de sa visibilité à elle comme de sa corporéité à
lui ; ce n'est pas un obstacle entre lui et elle, c'est leur moyen de
communication. C'est pour la même raison que je suis au cœur du
visible et que j'en suis loin : cette raison est qu'il est épais, et, par là,
naturellement destiné à être vu par un corps. Ce qu'il y a
d'indéfinissable dans le quale, dans la couleur, n'est rien d'autre qu'une
manière brève, péremptoire, de donner en un seul quelque chose, en un
seul ton de l’être, des visions passées, des visions à venir, par grappes
entières. Moi qui vois, j'ai ma profondeur aussi, étant adossé à ce même
visible que je vois et qui se referme derrière moi, je le sais bien.
L'épaisseur du corps, loin de rivaliser avec celle du monde, est au
contraire le seul moyen que j'ai d'aller au cœur des choses, en me faisant
monde et en les faisant chair.
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C'est une
merveille trop peu remarquée que tout mouvement de mes yeux – bien
plus, tout déplacement de mon corps – a sa place dans le même univers
visible que par eux je détaille et j'explore, comme, inversement, toute
vision a lieu quelque part dans l'espace tactile. Il y a relèvement double
et croisé du visible dans le tangible et du tangible dans le visible, les
deux cartes sont complètes, et pourtant elles ne se confondent pas. Les
deux parties sont parties totales et pourtant ne sont pas superposables.
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