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Critique de Lamifranz


Abraham Merritt (1884-1943) est un de ces auteurs américains qui ont fait les délices des « pulp magazines » chers à tous les amateurs de fiction (fantastique et science-fiction, mais aussi aventure et policier, quand il n'y a pas mélange des genres !) aux côtés de Edgar Rice Burroughs (Tarzan et John Carter), Robert Erwin Howard (Conan le Barbare), H.P. Lovecraft (le mythe de Cthulhu), et dans d'autres genres Johnston MacCulley (Zorro) ou Erle Stanley Garner (Perry Mason), et bien d'autres.
Merritt s'est spécialisé dans un genre hybride entre fantastique et science-fiction, comme c'était souvent dans le cas, dans ce genre de magazines. La cohérence n'étant pas l'élément prioritaire, les auteurs usaient abondamment de clichés, sur des thèmes récurrents, voire éculés : civilisations perdues et retrouvées, aventuriers anglosaxons ou scandinaves, adversaires en tous genres, le plus souvent horribles et cruels, princesses d'une beauté aveuglante et mystérieuse, voire dangereuse… tous les ingrédients d'un bon roman d'évasion sont là. D'un auteur à l'autre, la différence se fait sur l'épaisseur (ou non) des personnages, la psychologie (en général sommaire) des protagonistes, ou bien entendu la qualité de l'écriture. Merritt n'est ni pire ni meilleur que ses confrères (Burroughs ou Howard, à qui on le compare souvent), mais il a le souci du rythme, du mot juste, de la description utile, il a le don du suspens pour maintenir le suspens, et, ma foi, c'est tout ce qu'on lui demande.
« le visage dans l'abime » raconte les aventures de Nicholas Graydon, ingénieur des mines, qui, avec trois compagnons, part en expédition au Pérou. Ils sont sur la trace du trésor d'Atahualpa (pas Yupanqui, c'est quand même un peu plus vieux), le dernier empereur inca. En chemin ils rencontrent Suarra, une authentique princesse couverte d'or et de bijoux, qui dit pouvoir les mener au trésor, dans le pays perdu de Yu-Atlanchi. Les trois amis se précipitent sur le trésor et disparaissent. Plus heureux qu'eux, Graydon est évanoui et blessé, il se réveille dans une tribu sauvage qui le ramène vers la civilisation. Dès lors, il n'a qu'un désir, repartir vers le continent perdu de Yu-Atlanchi, et retrouver Suarra. Il y parvient, mais de nouvelles aventures l'attendent, avec des hommes-lézards et des hommes-araignées, des sorciers et des sorcières qui font revivre des vieux mythes, et il lui faudra bien du courage et de ruse pour combattre ces malédictions millénaires, et délivrer sa belle.
Il y a de l'Indiana Jones chez Nicholas Graydon : il est à la fois aventurier et scientifique, ce qui lui permet d'avoir un regard à la fois rationnel et émerveillé sur les prodiges auxquels il assiste. On l'a compris, il ne faut pas chercher une intrigue tirée au cordeau, avec une cohérence parfaite. Si la linéarité est respectée (on ne se perd pas en chemin !), il arrive qu'on soit parfois un peu dérouté par les pratiques magiques, les créations insolites d'animaux fabuleux, ou les descriptions de contrées aussi fabuleuses que dangereuses…
Le thème du monde perdu, grand classique de ce type de roman (illustré avant Merritt par Jules Verne et son « Voyage au Centre de la Terre », Arthur Conan Doyle avec « le Monde perdu » ou Henry Rider Haggard avec « She ») parcourt toute l'oeuvre de Merritt : « le gouffre de la lune » (1919), « La nef d'Ishtar » (1923) ou « Les habitants du mirage » (1932). C'est à chaque fois un gage de dépaysement assuré, un voyage vers un inconnu peuplé de belles princesses et de monstres hideux, de sorciers malfaisants et de héros au grand coeur, quelque part entre Indiana Jones et les contes des Mille et une nuits. On ne s'ennuie pas une seconde.
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