Krishna avait grandi parmi une tribu de bergers. A la puberté, il s’était fait bon pasteur à son tour. Séduisant garçon à la peau indigo et flutiste prodigieux, il avait usé de ses atouts pour éloigner des bovins les forces du mal mais surtout pour faire perdre la raison à leurs gardeuses. A la faveur du printemps , les Gopis s’étaient baignées dans une rivière et le coquin éphèbe en avait profité pour marauder leur sari coloré. Mais elles ne lui en avaient pas voulu bien longtemps et avaient vite dansé lascivement pour attirer son regard libidineux sur leur corps dénudé. Toutes lui avaient ensuite offert sans réserve leurs orifices pour tenter de le rassasier tant il avait exhibé une ostentatoire appétence de volupté.
On raconte aussi qu’alors, en quelques endroits mystérieux, à des altitudes incertaines entre ciel et terre, étaient des refuges discrets : les beyuls . L’accès à ces ermitages était gardé par des hauts cols, des tempêtes de neige et, tels des arcanes, d’impénétrables secrets connus de seule une poignée d’initiés. Bien des hommes téméraires avaient recherché ces havres pour y vivre un repos éternel en âmes fortunées, mais en vain.
Il existe au Népal des milliers de lieux sacrés disséminés sur tout le territoire : temple en haut d’une colline, stûpa au coin d’une rue ou simple bloc erratique au fond de la jungle. Certains de ces sanctuaires discrets abritent des reliques millénaires qui alimentent l’imaginaire des croyants.