Lorsque j'ai reçu ce livre grâce aux Agents littéraires et l'ai feuilleté pour la première fois, j'ai été assez intriguée : des photographies assez abstraites, ne représentant a priori rien, plus ou moins colorées, certaines m'évoquant parfois des peintures (pour en avoir un petit aperçu, vous pouvez vous rendre sur le blog de l'éditeur, Au fil du temps), cachées derrière une première de couverture très sobre (titre en blanc sur fond noir encadré de blanc, afin d'évoquer un iPhone ou une tablette) dans un format à l'italienne. J'avoue m'être demandé ce qui m'avait pris de demander cet ouvrage…
Heureusement, la préface de
Serge Regourd et l'entretien entre Laurent Roustan et le photographe
Jean-Henri Meunier sont éclairantes quant au travail de ce dernier. Au gré de ses promenades, de ses trajets à pied, il s'est intéressé à ce qu'on ne regarde généralement pas, à ce qu'on piétine, contribuant ainsi à les former, à ce qu'on méprise : aux traces, tâches et autres
empreintes sur le sol ou les murs. Certaines restent là quelques années, tandis que d'autres se transforment sans cesse sous l'effet des pieds des passants ou de la pluie. Il y perçoit des images, des animaux, des paysages, des visages ou encore d'autres choses, comme les enfants imaginant des monstres ou d'autres figures sur les motifs des papiers peints. Son travail consiste alors à cadrer ces tâches pour montrer ce qu'il y a vu et inviter le lecteur à faire lui aussi preuve d'imagination.
Toutes ces photographies, plus ou moins colorées en fonction de leur support, sont réparties dans six parties nommées : Macadam… ; Murs, Murs… ; Taches… ;
Empreintes… ; Cicatrices… ; et Imaginaire… Chacun de ces titres, surtout les deux derniers, oriente l'interprétation du spectateur et les images qu'il décèle. L'idée me semble donc plutôt bonne, mais parfois un peu artificielle malgré tout. le cadrage efface en effet d'après moi souvent la perception du support pour insister sur la tâche : pour cette raison, je n'ai pas toujours distingué clairement les raisons du classement de telle photographie dans telle partie plutôt qu'une autre. Les
empreintes par exemple m'ont semblé fort proches du macadam et les cicatrices des taches, pour ne citer que ces deux exemples.
En conclusion, je considère ce projet photographique comme assez original et très bien exécuté, bien que je n'y aie pas toujours été sensible. J'ai souvent vu des visages dans ces taches, parfois des animaux, ou rien du tout. Mon goût personnel me faisait préférer les images plus colorées et dédaigner celles du macadam. Ce fut donc pour moi intéressant plutôt que vraiment plaisant.
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