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Philippe Sers (Éditeur scientifique)Nicole Debrand (Traducteur)Bernadette Du Crest (Traducteur)
EAN : 9782070324323
210 pages
Gallimard (01/01/1988)
3.93/5   165 notes
Résumé :
Quels sont les pouvoirs de la couleur ? Comment agit-elle sur notre conscience profonde ? Quelle est la situation créatrice de l'homme dans notre société actuelle ? Ecrit en 1910 alors que l'artiste venait de peindre son premier tableau abstrait, nourri des observations et des expériences accumulées peu à peu, ce livre compte parmi les textes théoriques essentiels qui ont changé le cours de l'art moderne.
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Du spirituel dans l'art et dans la peinture en particulier .
Vassily Kandinsky, théoricien de l'art, nous livre avec une écriture très accessible et donc dépourvue de technicité sa passion artistique. Il nous dessine sa perception de la couleur à travers un ressenti et une pureté d'esprit qui nous explicite que l'action de la couleur influe sur nos sens. Soit que la contemplation d'un oeuvre éveille en nous des sensations visuelles, mais aussi et au-delà, des ondes sensitives, sensuelles ou physiques et pour le moins gustatives, salées, sucrées ou épicées. Un frisson, la chair de poule sur mon joli bras dénudé au regard d'un paysage neigeux ou la douce chaleur d'un foyer où crépite un joli feu. La mise en bouche affutée par un met délicat qui me chatouille les narines.
Asseyez-vous, le repas est servi.
Novice en la matière, touchant un peu l'eau, l'huile et parfois l'acrylique, je n'avais jusqu'ici qu'un regard un peu vide sur l'abstrait, m'enflammant plutôt pour les beaux paysages de Vlaminck. Et bien, j'y puis faire maintenant une autre lecture et c'est bien agréable que de regarder l'objet quand on y comprend quelque chose.
Ainsi comme un commandement du corps la peinture s'apprécie presque de façon charnelle, on y parle de rugosité, de vibration, d'épineux, de lisse, de velouté et de caresse à l'évocation d'un bleu outremer, d'un vert chrome ou d'un carmin. Ceci à défaut de mollesse ou de dureté vers un vert de cobalt, un oxyde bleu-vert, ou des couleurs qui semblent sèches à peine sorties du tube.
Il nous parle aussi de résonance musicale, (ce qui eût plu à Maurice qui était aussi musicien) de la sensibilité d'un violon vibrant de toutes ses cordes au contact de l'archet. Il nous dit que le son musical a un accès direct à l'âme et qu'il y aurait une parenté profonde entre les arts en général, la musique et la peinture en particulier. Enfin, il statue que l'harmonie des couleurs repose uniquement sur l'entrée en contact avec l'âme humaine et que cette base constitue le principe de la nécessité intérieure et voilà pour la spiritualité. Il ne manque pas non plus de dire, ce qui n'est pas pour me déplaire, qu'un peintre doit aller au bout de son art sans en demander aucune vraisemblance à ses pairs, ni en attendre récompense sachant que, s'il est en avance sur son temps, et comme on sait que la renommée souvent se fait attendre...
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Ce n'est pas ,comme le souligne Philippe Sers dans sa préface, une simple théorie que nous livre Kandinsky, c'est une philosophie de l'Art, de l'Art monumental.
L'artiste s'abstrait en se début du 20e siècle. Il n'exclut pas, il ne s'extériorise pas.
Tout répondra en lui à une nécessité intérieure.
Abs-traction. Examinons le mot. Prendre une distance, considérer le rapport, faire le point. Espace, place, profondeur des champs qu'ils soient sonores ou visuels.
Où se situer ? En ces années 1910, l'harmonie du monde joue la dissonance, exprime des tensions, des divisions, alimente des révolutions. Les années se diront folles avant de perdre pour longtemps toute raison. L'atome se livre, supposé par les anciens, il est à présent sous l'oeil des hommes. Il rayonne. La matière est une composition. Ce que nous nous figurons n'est pas ce qui est. On ne doit pas se contenter de recopier le monde mais on doit le comprendre, rentrer en dedans du monde pour en définir ses particules, et donc ses particularités. L'ensemble est composé. Rechercher l'architecture, la physique de cette composition c'est en saisir l'intelligence, s'assurer de ce fait de sa stabilité. «  comprendre c'est éduquer le spectateur ».
Ce n'est pas un hasard si cette époque a fait naître l'art abstrait. La figuration devient insuffisante. Il y au delà de la vision, il y a l' intérieur.
L'abstraction sera pour certains symboles de défiguration, pour d'autres elle sera révélation.
L'Art pour Kandinsky est spiritualité. Sans intention d'élévation par de démarche artistique. Sans art pas d'ascension. L'artiste n'est pas fortuit. Il a un devoir, un rôle, et avant tout il est nécessaire à la progression de l'humanité, à la construction de sa grande pyramide, le Triangle spirituel .
Voilà donc sous la plume de Kandinsky, le contrat que doit moralement signer l'artiste. C'est au nom de cette éthique qu'il place l'escroquerie artistique au niveau du crime contre notre humanité. Celui qui trompe, égare.
Tendre, tirer, s'élever, s'atteler au grand chariot des hommes pour conquérir ce qui toujours nous dépasse. Ce que nous ne connaissons pas encore mais que nous savons être notre espace prochain. Par la connaissance l'homme atteindra ce que nous conviendrons de nommer le divin. Que nous traduirons par : le très haut de notre conscience collective.
Notre perfectibilité ne peut progresser sans les arts, prenant constamment ses appuis sur leurs exigences, leurs disciplines. L'artiste est bâtisseur, il répond à un ordre un besoin naturel qui tout entier définit sa nature humaine. L'homme ne peut s'accomplir qu'en croissant.
Si Kandinsky dans cet ouvrage s'explique, il laisse surtout apparaître ce qu'il exige de nous tous. L'artiste n'est pas un individualiste, sa quête est personnelle mais sa démarche ne peut se justifier que dans le but d'une démarche commune. L'artiste n'erre pas, il s'attelle. Il ne s'amuse pas, il oeuvre, il ne vagabonde pas, il fait le point et trace la route. On ne badine pas avec la création, on est à son service. «  il n'a pas le droit de vivre sans devoir », «  il n'est pas libre dans sa vie, mais seulement dans l'art ».Il n'y a pas pour Kandinsky de l'art pour l'art, l'art n'est pas un acte gratuit auquel on s'évertue pourtant à fixer le prix. L'artiste ne commerce pas, donc n'échange rien , il est en mouvement , il avance. Par la connaissance l'homme atteindra le divin.
L'artiste doit se nommer, se situer, et avoir conscience de ses actes.
Quelque soit le support qu'il choisit, il s'autorise toutes les prises et toutes les pistes, se hisse et prend appui. Cette liberté de mouvement est la condition de toute progression. L'ordre moral cristallise les valeurs, l'artiste de meut ne s'immobilise jamais. Les explorateurs trace les cartes après avoir découvert les territoires, jamais avant. Pour Kandinsky il en est de même pour l'art, la théorie suit la pratique jamais ne la précède.
Et sur cette longue piste, les temps parcourus et rencontrés contraignent les hommes à « acclimater » leur démarche artistique.
Ce qui est aujourd'hui se justifie par le temps, l'espace traversé.
Les tendances, les cadences, les rythmes s'expliqueront par le « terrain », les forces qui s'opposeront, les vents contraires affrontés. «  toute oeuvre d'art est l'enfant de son temps et, bien souvent, la mère de nos sentiments. » Notre tribu est en marche depuis si longtemps...
« Un art qui n'engendrera jamais le futur, est un art castré ».
Et c'est dans l'opposition, dans la résistance que se comprend la physique du mouvement de l'art son anatomie. Tout mouvement répond à une contraction qui déclenche une détente . On repousse le sol pour avancer,
Tout est croissance, mouvement chez Kandinsky. Il n'y a pas d'achèvement, mais un parachèvement constant. D'un niveau à l'autre nous nous élevons. Mais qu'est ce qui lance ainsi sur la route l'homme ? C'est la volonté de son esprit, sa nécessité intérieure, la force primordiale , primaire pour Kandinsky. Et si l'art lors de sa progression doit reprendre vigueur c'est en se ressourçant par instant dans les arts dits primitifs qu'il y parviendra. Car cette force est pour l'homme essentielle.
La beauté n'est pas le but de l'art, mais en sera inévitablement la conséquence. Justesse et vérité seront ses conditions. Mais c'est avant tout un mouvement, un choeur qui nous met en résonance, qui fait vibrer l'âme, tenant l'homme en éveil , dans son effort ,et, dans la bonne direction. Constamment l'art est un guide, un rappel à l'ordre de marche ascensionnelle.
Il doit être combiner, répéter mais ne doit jamais cesser sous peine de voir l'endormissement de l'humanité, vouée alors à son enlisement et donc à sa perte.
Pour faire vibrer notre âme, appeler nos pas, Kandinsky va mettre en vibration les couleurs. Il comparera les couleurs aux instruments de musique : certaines seront cuivres, à vent, d'autres à cordes. Chaque couleur a son timbre, sa ton, son rôle. «  la couleur est la touche. L'oeil est le marteau. L'âme est le piano aux cordes nombreuses . L'artiste est la main».
Elles entrent également dans l'espace en jouant de leurs contrastes, de leur profondeur.
Elles mettent l'espace en mouvement. Ainsi le bleu est il froid de par son éloignement, le jaune chaud par sa proximité.
En combinant les couleurs, en les juxtaposant, en les contrastant, il arrive à les mettre en scène et à donner à la surface ses dimensions. Les contrastes sont excentriques, concentriques. Les couleurs orientent les formes. Elles les modèlent. L'artiste projette son espace intérieur, son relief interne dans l'oeil « interne » de l'autre. Sons et couleurs sont au diapason. Goethe évoquait ainsi la possibilité d'une basse continue en peinture.
« La couleur peut s'avancer ou reculer, tendre vers l'avant ou vers l'arrière », « faire de l'image une essence flottant en l'air, ce qui équivaut à une extension picturale de l'espace ». Les couleurs sont dynamiques. Leur harmonie s'accorde à notre temps. L'harmonie n'est pas universelle. Elle bouge ses lignes au gré de notre cheminement.
Mais l'évidence des choses nuirait au jeu des perspectives, à ce rapport particulier qui doit s'établir entre l'artiste, sou oeuvre, et le « regardant ».
Le voilé-dévoilé trouve là sa nécessité. Pour découvrir, entrer à l'intérieur, il faudra plisser son regard. «  ce que l'on voile a une énorme puissance ».
Le peintre met en couleurs le monde et le public doit ici tendre son âme pour en saisir l'harmonie.
Kandinsky exige effort et concentration de la part de tous. Cessons de nous perdre dans nos bruits : «  l'homme qui pourrait parler à ses semblables n' a rien dit et celui qui eût pu entendre n'a rien entendu ». L'artiste livre des impressions spirituelles. Voici peut être le nouveau réalisme. L'intérieur de l'homme est atomique. Énergie, puissance, force et matière, l'homme s'intériorise et comprend qu'il ne se situe que par rapport à l'ensemble.
Les formes sont au service de l'intériorité : Cézanne étire les corps des grandes baigneuses pour élever son oeuvre. «  la forme est l'extériorisation du contenu intérieur ».
« Matisse- couleur, Picasso- forme : deux grandes indications vers un grand but »
L'art doit faire entendre le «  quoi ». Il ne peut se satisfaire du comment, du pourquoi.
Il se dit et ne s'interroge pas. Il se comprend. «  ce quoi est le contenu que seul l'art est capable de saisir en soi et d'exprimer clairement par les moyens qui n'appartiennent qu'à lui. » 
On doit plus voir l'oeuvre mais voire en l'oeuvre. En oublier les moyens. On s'abstrait de la pratique.
L'abstraction est un mouvement artistique, un coup de talon nécessaire à l'homme pour prendre de la hauteur, tenter d'échapper à l'attraction terrestre.
La volonté de l'artiste, cette nécessité intérieure est une activité éruptive à l'architecture volcanique. L'extérieur se construit ,se bâtit par l'extériorisation de l'intériorité de l'artiste.
Comme la lave projetée d'un cratère vient construire les parois du volcan en se solidifiant au contact de l'air. Ainsi le volcan s'élève t il.
C'est une vision aérienne des plus puissantes. «  il est clair que la force spirituelle intérieure de l'art ne se sert de la forme d'aujourd'hui que comme une marche afin d'en atteindre de suivante ». Voici l'intelligence de « la lutte de l'objectif contre le subjectif »
Kandinsky veut ériger un art monumental. Il dissocie le réel, cherche les rapports entre formes et couleurs pour identifier la matière , et c'est ce rapport qui assurera la cohésion de l'ensemble . Il ne brise pas, il dilue rien, ne dissout rien, ne lie rien. Il identifie, détermine, établit une grammaire picturale pour s'adresser à l'ensemble. «  l'artiste doit avoir quelque chose à dire, car sa tâche ne consiste pas à maîtriser la forme, mais à adapter cette forme au contenu ».
« Penser, c'est oublier des différences, c'est généraliser, abstraire » écrivait Barthes.
L'abstraction tend vers l'unité.
Astrid SHRIQUI GARAIN
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Prétendre, en quelques lignes, rédiger une « critique » de cet écrit (1909-1910) de Kandinsky me semble être une entreprise bien téméraire et prétentieuse tant il est riche. Ce serait nécessairement réduire, tronquer, voire trahir la pensée de l'auteur. Je ne m'y risquerai donc pas et me bornerai à faire partager, aussi simplement que possible, ce qui m'est apparu comme l'essentiel au-delà des aspects liés directement à la technique picturale : la forme et les couleurs.
Bien plus donc qu'un ouvrage théorique reflétant sa pratique artistique, au moment où il l'écrit – et ceci est important car la notion d'évolution et donc de futur est présente tout au long du texte – , « Du Spirituel dans l'art, et en peinture en particulier » développe une pensée philosophique à replacer dans la sphère de la foi chrétienne orthodoxe russe. La place de l'art, de la création artistique vue comme mission fondamentale, le rôle de l'artiste, aiguillon dans la société (à travers les notions de « triangle spirituel » et de « nécessité intérieure ») et l'élévation de l'Homme vers plus de spiritualité sont au coeur du livre et nous amènent à considérer deux choses : d'une part, l'extraordinaire capacité de Kandinsky à décrypter son époque (les courants artistiques et de pensées) et, d'autre part, la vérification que nous pouvons faire à posteriori de sa pensée presque prophétique, la faisant accéder au rang de l'universalité.
Rien d'étonnant à ce que l'ouvrage fut mal compris à sa sortie en 1911 ; sa portée va bien au-delà d'un simple manifeste de l'art abstrait : il y pourfend, par exemple, les recettes, la réussite immédiate et le plaisir de l'apparence à l'opposé d'une quête intérieure ; il y développe, autre exemple, l'idée étonnante d'une temporalité en peinture distincte de celle liée à la musique, inévitablement irréversible, qui le conduit à l'idée du « voilé-dévoilé » qui semble être au coeur de son mode de communication. Ce livre, lui-même, semble s'appuyer, par son écriture, sur ce mode, se dévoilant par couches successives d'idées chaque fois nuancées, tel ... un tableau.
Précédé d'une superbe préface de Philippe Sens, cette édition présentant le texte original, enrichi des ajouts ultérieurs, est, sans conteste, la meilleure manière d'entrer dans l'univers subtil et profond d'un artiste majeur pour l'histoire de l'art et de la peinture ... en particulier.

Cantus.
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Je ne soupçonnais pas que l'art pouvait être exigeant et intellectuel. Je pensais que l'art, par exemple la peinture, était une invitation à la provocation après avoir été une représentation de la nature, du réel. Je pensais qu'une oeuvre d'art devait être belle et agréable à regarder qu'elle devait réjouir nos sens. Que nenni. Pour Kandinsky, l'art doit être le langage de l'âme. Elle doit montrer l'être intérieur de l'artiste. Je n'ai pas envisagé que l'art pouvait être théorisé. Kandinsky, en pédagogue avisé, offre dans cet essai sa définition de l'art et de la peinture en particulier. Il recherche dans la peinture une nouvelle vérité, une nouvelle forme d'expression qu'il expérimente lui-même. Pour évoquer ce bouleversement, il nomme Maeterlinck , pour la littérature et Schönberg en musique. de cette nécessité d'emprunter un chemin intérieur et spirituel qui entraîne une émotion de l'âme pour l'artiste et le spectateur. La couleur, matière de l'âme pour le peintre personnifie ce nouvel essor de l'abstraction. Elle offre une résonnance presque mystique, entre chaud et froid. La combinaison de couleurs modifie l'intelligence du regard. Kandinsky fuit l'orthodoxie. L'art est vivant et s'émancipe.
C'est un essai très intéressant sur un domaine dont je ne suis pas spécialiste.
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Des formes à la couleur, Kandinsky nous livre ici une analyse extrêmement intéressante, d'autant plus qu'il s'agit de l'analyse d'un artiste, mais aussi d'un individu doté de synesthésie ce qui, au delà de la singularité, ajoute une couche supplémentaire sur toutes les refléxions et les idées délivrées dans du Spirituel dans l'art et dans la peinture en particulier. de l'importance des formes, de la symbolique des couleurs, il s'agit ici d'une théorie artistique à part entière, mais aussi d'une clé de lecture afin de pouvoir mieux apprécier le travail de Kandinsky, comme des autres peintres.A lire pourvu que vous soyez un tant soit peu attiré(e)s par la peinture ou tout simplement curieux de découvertes.
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Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
Les couleurs claires attirent davantage l'œil et le retiennent. Les couleurs claires et chaudes le retiennent plus encore : comme la flamme attire l'homme irrésistiblement, le vermillon attire et irrite le regard. Le jaune citron vif blesse les yeux. L'œil ne peut le soutenir. On dirait une oreille déchirée par le son aigre de la trompette. Le regard clignote et va se plonger dans les calmes profondeurs du bleu et du vert.
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La peinture est un art et l'art dans son ensemble n'est pas une vaine création d'objets qui se perdent dans le vide, mais une puissance qui a un but et doit servir à l'évolution et à l'affinement de l'âme humaine, au mouvement du Triangle. Il est le langage qui parle à l'âme, dans la forme qui lui est propre, de choses qui sont le pain quotidien de l'âme et qu'elle ne peut recevoir que sous cette forme.
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L'artiste est la main qui, par l'usage convenable de telle ou telle touche, met l'âme humaine en vibration. Il est donc clair que l'harmonie des couleurs doit reposer uniquement sur le principe de l'entrée en contact efficace avec l'âme humaine. Cette base sera définie comme le principe de la nécessité intérieure.
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Les grandes foules se promènent à travers les salles et trouvent les toiles "gentilles" ou "formidables". L'homme qui pourrait parler à ses semblables n'a rien dit et celui qui eût pu entendre n'a rien entendu.
C'est cet état de l'art que 'on nomme "l'art pour l'art".
Cet étouffement de toute résonance intérieure, qui est la vie des couleurs, cette dispersion inutile des forces de l'artiste, voilà "l'art pour l'art".
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Notre âme, après la longue période de matérialisme dont elle ne fait que s'éveiller, recèle les germes du désespoir, de l'incrédulité, de l'absurde et de l'inutile. Le cauchemar des doctrines matérialistes, qui a fait de la vie de l'univers un jeu stupide et vain, n'est pas encore dissipé. Revenant à soi, l'âme reste oppressée. Seule une faible lumière vacille comme un point minuscule dans un énorme cercle du Noir. Cette faible lumière n'est qu'un pressentiment et l'âme n'a pas le courage de la voir dans le doute que cette lumière soit le rêve, et le cercle du Noir la réalité.
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Videos de Vassily Kandinsky (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vassily Kandinsky
« Anna-Eva Bergman – Vies lumineuses », une biographie par Thomas Schlesser, historien de l'art et directeur de la Fondation Hartung-Bergman, aux éditions Gallimard.
Ce livre biographique se fonde très majoritairement sur des sources d'archives se trouvant à Antibes, au sein de la Fondation, ancien lieu de vie et de travail d'Anna-Eva Bergman. Thomas Schlesser y raconte l'artiste et sa vie incroyable, inattendue, comme cela n'a jamais été fait auparavant. de son enfance chaotique jusqu'à sa postérité, en passant par ses rencontres marquantes et ses voyages… une plongée dans la vie de l'artiste ancrée dans l'Histoire du 20ème siècle.
Résumé : Elle a longtemps échappé aux radars de l'histoire de l'art. On découvre aujourd'hui avec Anna-Eva Bergman (1909-1987) une peintre d'importance majeure qui a investi dans son oeuvre une ambition sacrée, presque mystique. Sa vie, racontée pour la première fois grâce à une enquête au coeur de ses archives, est hors norme : une enfance norvégienne sous le signe de la peur ; une jeunesse bohème et aventureuse à travers l'Europe ; une carrière d'illustratrice ; des démêlés avec l'Allemagne nazie ; une lutte acharnée avec une santé défaillante ; trois mariages, dont deux avec le même homme – Hans Hartung – à vingt-huit ans de distance ; une fin tragique dans la splendeur de sa villa d'Antibes. Mais, surtout, Anna-Eva Bergman, c'est une vie dédiée à la création, loin des modes. Elle est aujourd'hui l'objet d'un engouement spectaculaire et sa cote s'envole. Il n'en a pas toujours été ainsi. Insuffisamment reconnue dans son pays d'origine, défendue par quelques rares alliés en France et en Europe, elle fera une très honorable carrière, certes, mais en sourdine, souvent dans l'ombre. Elle a beau croiser la route de Kandinsky, Soulages ou Rothko, elle demeure marginale. Caractérisés par l'emploi de feuilles d'or et d'argent et le rythme de la ligne, ses tableaux sont des évocations hiératiques et simplifiées, radicales, des grandes forces structurantes de l'univers – les éléments, les minéraux, le temps … Elle a laissé une quantité considérable de documents (la plupart en norvégien) qui permettent de comprendre enfin cette femme, dans la complexité de son être, le drame de son existence et la magnificence de son oeuvre.
+ Lire la suite
>Philosophie et théorie des beaux-arts et les arts décoratifs>Eléments d'appréciation>Esthétique, voir aussi 111.85 (19)
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