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« Les cavaliers afghans » de Louis Meunier débute en mars 2002. L'auteur juste diplômé d'une école de commerce, ne veut pas du parcours classique que son diplôme pourrait lui offrir : marketing, finance internationale…

Il finit, après un détour par l'Asie et l'Afrique, par répondre à une annonce d'une des nombreuses ONG arrivées en Aghanistan après l'opération américaine « liberté immuable » qui a renversé le régime taliban en 2001, ONG qui participent à la tentative de mise en place d'infrastructures permettant à ce pays déchiré par des années de guerre de se reconstruire.

Cet engagement va le mener très loin et le contraindre à puiser en lui-même, au cours des années, la force de continuer. Il va le rendre de plus en plus humble et profondément respectueux de tous les êtres accueillants qui croiseront sa route.

Car Louis Meunier a tout à apprendre quand il débarque dans ce pays rude aux paysages et au climat variés et changeants, où il lui faut se plier aux règles tribales et aux coutumes des multiples groupes ethniques qui le composent. Il faut ajouter à cette complexité la déstabilisation provoquée par la cohabitation avec des troupes étrangères, la reprise des attentats et attaques des talibans qui feront évoluer et changer d'attitude des hommes devenus progressivement méfiants vis à vis des promesses de ceux qui se disent leurs libérateurs.

Et lui-même ne choisit pas la facilité car, passionné de chevaux et bon cavalier à la manière occidentale il rêve, après avoir lu « Les cavaliers »  de Joseph Kessel,  de parvenir à s'introduire dans le cercle très fermé des joueurs de Bouzkachi « les tchopendoz » et de participer à cette mêlée violente qui veut que l'on parvienne à s'emparer de la dépouille d'un bélier ou d'un veau et dans une course effrénée où tous les coups sont permis, de ne pas se la laisser reprendre avant de la lâcher dans le cercle de justice matérialisé par un drapeau.


J'ai aimé suivre ce jeune homme dans sa quête où il surmonte progressivement les difficultés qui se dressent sur son chemin. Il nous fait le récit, douloureux parfois, des abandons successifs que les circonstances vont le contraindre à faire et à finir par accepter, un peu comme un pur sang qui doit finir par se résoudre à se laisser dompter mais ne perd rien de ses qualités.
J'ai de l'admiration pour le courage dont il fait preuve, pour son obstination et sa ténacité car la passion seule, tout en étant le moteur de sa quête, ne suffit pas à vaincre les multiples obstacles qu'il aura à franchir, qui le conduiront à remettre par trois fois ses projets. A chaque nouveau départ Louis Meunier aura gagné, gagné en profondeur, en humilité, en compréhension et amour pour tous les amis rencontrés, qui l'ont aidé, reconnaissant aussi envers la part de « hasard » qui le remet en selle pour lui permettre de repartir.

Une petite déception, il reste un peu trop en retrait. J'aurais aimé retrouver dans son écriture un peu plus de fougue, le souffle brûlant de la passion qui animait celui de Kessel qui avait su donner une dimension épique à son roman et ses personnages.
J'ai hésité entre 3 ou 4 étoiles mais j'ai opté pour 4 car ce livre est celui de Louis Meunier, un beau témoignage, une profonde leçon de vie.

Cette lecture m'a rendue mélancolique et inquiète quant à l'avenir de ce pays et de ses habitants vraiment attachants même si en conclusion Louis Meunier nous dit :
«On ne connaît plus l'Afghanistan qu'à travers les talibans, l'opium et les burqas. pourtant, ce n'est pas le pays dont je veux garder le souvenir. Ce livre témoigne d'une autre réalité, qui existe toujours en filigrane derrière les lignes de l'actualité. Ecrire est devenu une nécessité, pour manifester ma reconnaissance à Shams, à Jawed, à Yunus, à Kheiri ; à tous mes compagnons d'aventure ; à tous ceux qui m'ont accueilli et aidé au cours de ce long voyage initiatique au coeur du monde du buzkashi ; à Tauruq, à Moushki, à Komight, et à tous les chevaux d'Afghanistan. »
Souhaitons que les afghans continuent à préserver leur traditions comme ils ont su garder à l'abri et dissimuler aux regards prédateurs leurs beaux purs-sangs

Merci aux éditions Kero et à Babelio qui m'ont permis de partager cette belle aventure
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Les éditions KERO et Babelio m'ont proposé de me rendre gratuitement en Afghanistan en compagnie de Louis Meunier, le temps de la lecture des « Cavaliers afghans ». Je les en remercie.

J'y suis allée, bien sûr, et je me suis imprégnée de ces paysages grandioses, de ces déserts, de ces lacs, de ces champs de pavots, de ces montagnes quasi infranchissables...J'ai fait la connaissance de ces terribles tchopendoz, cavaliers sans peur bravant la mêlée lors du jeu national, le buzkashi.

Il faut dire que Louis Meunier est un excellent guide et qu'il n'a pas son pareil pour faire ressentir une atmosphère, pour décrire un homme, que ce soit un paysan hospitalier ou un chef de guerre cruel.
Son aventure en Afghanistan, ou plutôt son destin, il nous le narre avec conviction. Hanté par le roman « Les Cavaliers » de Kessel, il arrive dans ce pays mythique, à Maïmana, une ville du Nord, engagé par une ONG. Et à partir de ce moment, il n'aura de cesse de se procurer un cheval pour jouer au buzkashi, ce qui est très difficile pour un étranger ! Il est floué par des chefs, mais ne renonce pas. Pour affermir sa volonté, il se lance dans l'exploration des provinces profondes, accompagné d'un Ouzbek et de 3 chevaux. Après plusieurs semaines de grands espaces et de rencontres singulières, affaibli par la maladie, il sera rapatrié d'urgence en France. Mais il revient, et là, à Kaboul, il renoue avec sa passion, les chevaux et le buzkashi. Difficile...très difficile de renouer avec cette tradition ancestrale, alors que le pays plonge dans une situation politique difficile, avec des attentats, des enlèvements... bref tout ce que l'Occident connait de l'Afghanistan, alors qu'il est autre chose pour Louis Meunier : le pays des chevaux et de la liberté, de l'honneur et du courage.

Je referme donc ce récit de voyage initiatique, ce témoignage d'une passion fermement accrochée au coeur de l'auteur, toute contente de connaitre un peu plus ce pays et ses coutumes, ses splendides paysages (quoiqu'il n'y ait pas de photos, dommage) et ses personnages typés et vrais.
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L'Afganistan, l'Avshvagan, le Terre des chevaux. Un nom au pays inoubliable, aux images parfois imprononçables .
Qu'est ce qui décide du destin d'un aventurier ? Un livre, peut être. Mais certainement bien plus.
Le livre : « les Cavaliers » de Joseph Kessel. L'aimant des « coeurs purs », l 'aviateur, le résistant, l'immense reporter, l'écrivain, le baroudeur, le journaliste, le joueur, ce « coureur d'horizons »comme l'écrit Olivier Weber .
Kessel aimait l'Afghanistan. Il l'aimait telle qu'elle est. En portant témoignage de ce là bas jusqu'à nous, ici.
Louis Meunier jeune frais moulu de nos écoles de commerce européennes aurait pu vivre le destin qui l'attendait. Mais comme le veau sur le terrain de Buzkashi , son destin, il est allé le chercher. Se battre pour le remporter.
Partir pour un ailleurs. le hasard aurait du le mener au Tadjikistan , mais le hasard a choisi : ce sera l'Afghanistan.
Afghanistan, pays, non. Royaume peut être davantage.
Royaume des pierres précieuses, des vignes, des fruits, des plateaux,des steppes, des montagnes, des déserts, des lacs bleus, des neiges, des maisons de terre, des campements, des thés brûlants, de roches, de poussière, de caravansérail, pays des chefs de guerre, des seigneurs, des clans, des peuples, des luttes, des combats.
Braise immortelle de l'Asie et de l'Orient.
Résistance, rébellion, opposition, alliance, autorité ,fierté, honneur, conflit, vengeance, religion.... la grandeur des mots face au tumulte de leurs maux.
Royaume tribal, royaume du cheval.
L'Afghanistan est plongé dans le chaos, bien sûr..La guerre... les guerres.. toutes ces guerres sur les terres d'un seul pays et pourtant le royaume afghan reste vivant.
Un pays est une chose sur la carte des hommes. Un royaume est un parfum dans le coeur de l'homme.
Alors il ne faut pas oublier, le chaos, il ne faut oublier les meurtres, les carnages, le terrorisme, les talibans d'hier et ne l'espérons pas - d'après demain, et ces bacha pazi, ces garçons jouets, d'aujourd'hui. Il ne faut pas oublier le musée des horreurs. Ne pas oublier les incohérences d'un pays qui cache le regard de ses femmes et qui travestit les aînées de leur filles en fils, en basha poch. Parce qu'il ne faut pas perdre la face, par ce que malgré tout, au delà de tout, il faut survivre contre tout.
Ne pas oublier que les femmes sont devenus des ombres, et qu'elles ne peuvent assister au Buzkashi, parce qu'elles sont femmes, ne pas oublier la faim, la soif , le taux de mortalité infantile qui dans certaines régions atteint le chiffre les plus élevé de la planète, ne pas oublié les mariages forcés, l'analphabétisme . Ne pas oublier que si aujourd'hui dans les villes du pays les palais se construisent à une vitesse accélérée au rythme grandissant et vertigineux du négoce de l'opium, aujourd'hui, pour les peuples afghans c'est encore la peur, la violence, l'insomnie, les mines, l'exode.
Parce qu'il faut écrire « les peuples afghans » et non le peuple afghan. Il faut se détacher de notre vision occidentale. Pour nous un seul peuple un seule nation. Mais la rose des vents nous apprend qu'en virant d'azimut tout peut être à la fois si semblable et pourtant différent. Où la mesure du temps, le poids d'une parole, la valeur d'une vie, tout est différent. Mais l'homme est de nature universelle, alors comment vivre en Afghanistan ?
Aimaqs,Ouzbeks, Turkmènes, les Pachtounes, Les Hazaras, les Tadjiks, les Baloutches, les Pashayis, les Kirghizes, les Nouristanis.... des sikhs , des hindous. Des bouddhistes, des musulmans, des sunnites, des chiites... de la steppe, de la montagne, du désert, ou de Kaboul, il faut survivre.
Cela relève du miracle. Tremblement de terre, froid himalayen, invasion de sauterelles, sécheresse, maladies endémiques ( tuberculose, scorbut, choléra,poliomyélite), exécutions, mines, roquettes, enlèvements, raquettes..Il faut alors survivre. Ni adieu , ni au revoir lorsqu'on se quitte en Afghanistan mais « Zenda Bashi », sois vivant !
L'aventure que vivra louis Meunier sera celle d'un jeune cavalier qui atteindra l'un de ses rêves : devenir tchopendoz, cavalier de Buzkashi. « Harakat o barakat » : c'est dans le mouvement que l'on trouve la grâce de Dieu. »....
Alors il monte, il galope, il ouvre la route, il trace. Il regarde, il apprend, il comprend.
Il comprend que si l'on peut jouer sa vie nul ne devrait jamais perdre la sienne.

Récit initiatique, regard pertinent et extrêmement bien écrit. Dans les cavaliers de Kessel, le vieux Guardi Guedj disait : » la meilleure, la véritable prière est d'accomplir au mieux le destin pour lequel un homme a été jeté sur la Terre ».
Destin, donc, accompli.

Lire ce livre.
Lire les Cavaliers de Joseph Kessel
Voir «  Voyage en Afghanistan » 1967 Émission d'Igor Barrère et Michel Colombes – Ina Films
Écouter les entretiens France culture – Kessel , sa vie, son oeuvre – 1969 et entretien avec Chaudine Chonez 1973.
Voir le documentaire « Les Bacha Posh afghanes - Des filles au masculin » de Katrin Eigendorf et Shikiba Babori
Voir « La Danse des garçons afghans » Documentaire de Jamie Doran – 2010
Voir « les Prisonniers de l'Himalaya » film documentaire réalisé par Louis Meunier, 2012.
Voir «  7 000 mètres au-dessus de la guerre » film documentaire réalisé par Louis Meunier en 2013.
voir : Nothingwood , film de Sonia Kronlund, 2017.
Opération Babelio- Masse critique en partenariat avec les Editions KERO. Juin 2014.

« à Jehol. » 
Astrid Shriqui Garain
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Les voyages forment la jeunesse.

Nous sommes en 2002. Fraîchement diplômé de son école de commerce, Louis Meunier n'est pas pressé d'intégrer le marché du travail. Il décide de faire une pause et de s'engager dans une ONG. le voilà prêt à partir en Afghanistan. La veille de son départ, un ami lui conseille la lecture des Cavaliers de Joseph Kessel. Et avant même d'avoir mis les pieds sur le sol afghan, voilà notre jeune aventurier déjà sous le charme de la culture et des paysages qui l'attendent. Une idée fixe germe en lui : partir sur les traces d'Ouroz et devenir tchopendoz.
Quiconque aura lu Les cavaliers de Kessel ne pourra que comprendre Louis et sa soif de découverte. C'était mon cas et j'étais très curieuse de suivre Louis dans son périple et de pouvoir vivre à travers lui ce fabuleux voyage dont m'avait fait rêver Joseph Kessel.

Louis Meunier se rendra à plusieurs reprises en Afghanistan. Chaque partie du récit est dédiée à un voyage. le premier concerne sa mission au sein de l'ONG et raconte ses premiers pas dans le pays, ses premières difficultés, ses premières rencontres. Il fait connaissance avec le monde du buzkashi et ses tchopendoz, se familiarise avec la culture équestre locale.
Sa mission terminée, Louis rentre en France mais l'appel des contrées sauvages le taraude. Il repart avec un projet bien précis en tête : effectuer, à l'instar d'Ouroz, une expédition à cheval à travers une partie du pays. Muni de laissez-passer, Louis part accompagné de son guide Shams et de 3 chevaux. le voyage n'est pas sans risques. Les talibans et des bandits rôdent dans les parages. Les rencontres sont diverses, souvent positives, parfois décevantes et inquiétantes. Mais c'est l'occasion de découvrir l'extrême richesse et diversité des peuples afghans, leur culture, leur mentalité, leur mode de vie au quotidien. Par exemple, il est étonnant de constater les différences du statut des femmes d'une ethnie à l'autre. La curiosité des autochtones envers Louis donne aussi lieu à des situations et des dialogues plutôt cocasses.

Bien que pour un étranger, cette diversité soit perçue comme une richesse, du point de vue local, cette situation créé autant d'occasions de confrontations et est source de racisme. La hiérarchie sociale est très marquée et cloisonnée. La loi du talion et la vendetta règnent, signes de l'absence d'autorité suprême reconnue et capable d'unification.
Louis Meunier explique ainsi l'impact de l'intervention des occidentaux sur la politique et l'économie locale, bouleversant les relations sociales, les coutumes et la tradition. Vus dans un premier temps comme des libérateurs après que les armées occidentales aient renversé le régime taliban, les étrangers sont peu à peu jugés responsables des désordres et ne sont plus désirés. La méfiance voire la haine supplantent la règle d'hospitalité afghane qui veut que la présence d'un étranger soit un honneur pour celui qui le reçoit.
Cette dérive est très visible dans le récit de Louis comme le montre par la suite un grave incident survenu à son guide.

Malheureusement, l'expédition de Louis ne peut être menée à son terme. La vie dans les grands espaces a un prix. Louis doit être expatrié en urgence pour revenir aussitôt comme employé dans une entreprise implantée à Kaboul. Dégoûté de la vie superficielle et consumériste menée en occident, il est bien décidé à réaliser son rêve et devenir tchopendoz. Il intègre alors la première équipe de buzkashi de Kaboul.

Plus qu'un simple récit de voyage, Les cavaliers afghans est le résultat d'une expérience humaine incroyable, celle de s'être immergé au sein d'une population extrêmement diversifiée que seuls l'islam, le cheval et le jeu du buzkashi semblent souder et d'un pays qui n'a connu que la guerre depuis 50 ans. Les différentes rencontres de Louis permettent de connaître le véritable visage de l'Afghanistan à travers des témoignages personnels et des échanges enrichissants. On apprend énormément. J'ai beaucoup aimé vivre cette aventure par procuration, retrouver ces paysages à couper le souffle parsemés des vestiges de l'époque soviétique et des traces de la misère et du trafic d'opium souvent seule alternative pour les paysans appauvris.
Je déplore seulement le peu de détails sur la carte en fin d'ouvrage et l'absence totale de photographies.
Néanmoins, je conseille fortement cette lecture à tous les amoureux de grands espaces, tous les lecteurs éblouis de Kessel et tous ceux qui sont curieux de savoir comment un étranger peut vivre dans un pays en guerre.
Un récit dépaysant et très enrichissant à découvrir !

Un grand merci à Babelio et aux éditions KERO !




Lien : http://0z.fr/7GwRe
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Curieux, voyageurs et aventuriers, à vos marques... lisez : les Cavaliers afghans sont fait pour vous !
Je me rappelle avoir eu de très forts désirs d'aventure à la lecture de deux livres, « Les Cavaliers » de Kessel et « Un petit tour dans l'Hindou Kouch » d'Eric Newby : je n'avais qu'une envie, m'envoler vers l'Afghanistan, le Nuristan et l'Hindou Kouch pour découvrir des contrées splendides et des peuples hospitaliers… las, la guerre est passée par là et le tourisme est fortement déconseillé en Afghanistan, à fortiori pour une femme.
Louis Meunier est passé outre les menaces qui pesaient sur les touristes occidentaux et a décidé d'aller au bout de son rêve, celui de devenir un « tchoppendoz », c'est-à-dire un cavalier expert au jeu du « buzkashi », le sport national afghan.
Grosso modo, vous mettez sur un terrain un tas d'étalons quasi sauvages montés par des fous furieux prêts à en découdre, vous jetez au milieu la dépouille d'un animal, veau ou chèvre et vous attendez que cavaliers et montures s'étripent pour attraper la bestiole qui peut faire 50kg, faire le tour d'un mât et jeter la bestiole dans un cercle dessiné par terre. Bon, là évidemment, je force le trait, mais le buzkashi est au polo ce que la soule est au rugby, autrement dit un jeu sauvage et dangereux, où cavaliers et étalons rivalisent de force, de vitesse et de témérité. Et évidememnt, c'est beau ! Il suffit pour s'en persuader de revoir les extraits du film adapté des Cavaliers avec Omar Sharif.
Louis Meunier, donc, grand amateur de chevaux était, comme beaucoup, fasciné par le roman de Kessel, mais là où il s'est distingué du vulgum pécus, c'est qu'il a décidé de partir en Afghanistan pour une ONG, son diplôme en poche, afin de découvrir le pays qui le hantait. Et on peut dire qu'il a de la suite dans les idées car il aura fallu pas moins de trois séjours avant de réaliser son rêve, celui de devenir tchoppendoz.
Car entre Kessel et Ben Laden, il y a eu l'invasion russe, la guerre civile, la prise de pouvoir des Talibans et l'intervention de l'Otan, autant dire que l'Afghanistan n'est plus le même que celui de Kessel.
Mais Louis Meunier ne se laisse pas arrêter par les dangers, les attentats, ou les innombrables difficultés qui jalonnent son entreprise : plusieurs fois mis en échec, il ne renonce pas et finira par réaliser son rêve.
J'ai beaucoup aimé ce livre qui nous livre un témoignage extrêmement vivant de l'Afghanistan contemporain, qui n'est pas que, comme l'écrit Louis Meunier, le pays de l'opium, des burqas et des Talibans, mais aussi un pays de contrastes, un pays sauvage et beau, un pays malgré tout hospitalier et séduisant.
Et si Louis Meunier n'est pas Kessel il nous livre un livre passionnant et j'ai pris beaucoup de plaisir à lire son aventure (même si il fait abstraction du sort réservé au femmes dans ce pays).
Merci à Babelio, à la masse critique et aux éditions KERO.
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En 2002, Louis Meunier abandonne une carrière de cadre toute tracée pour s'engager dans une ONG et partir en Afghanistan afin d'aider à la reconstruction du pays après la chute des talibans. Désireux de s'immerger dans la vie et les traditions de son pays d'accueil, il apprend la langue et découvre avec fascination le buzkashi, un combat équestre où hommes et montures se disputent avec une violence inouïe la carcasse d'un veau qu'il faut déposer dans un cercle tracé au sol pour marquer un point. Rêvant de devenir un cavalier du buzkashi, un tchopendoz, Louis meunier se met en quête d'un cheval et d'une équipe acceptant de l'accueillir.


Le récit se découpe en trois grandes parties et commence par son arrivée sur place et ses difficiles premiers pas professionnels ainsi que le début très compliqué de sa carrière de tchopendoz. La seconde partie, que j'ai trouvée la plus passionnante, relate la traversée du centre pays effectuée à cheval, en 2005. Un périple de deux milles kilomètres entre les montagnes et les vallées de l'Hindou Koush avec trois chevaux et un compagnon afghan, à la rencontre des populations les plus isolées du pays. Dans la dernière, nous sommes en mars 2006 et Louis Meunier s'est installé à Kaboul, où il a créé sa société de production audiovisuelle, réalisant des reportages et des documentaires tout en continuant à vivre pleinement sa passion pour le buzkashi.


J'ai beaucoup aimé cette plongée pleine de tendresse mais aussi d'une grande objectivité dans l'Afghanistan « des seigneurs et des chefs de guerre, une société moyenâgeuse où ne survivent que les plus forts. Dans cette contrée secouée depuis toujours par les combats, les intrigues et les luttes de pouvoir. » L'auteur conjugue à l'analyse géopolitique parfois assez poussée son ressenti intime, son émerveillement devant la nature sauvage et indomptable qui l'entoure et la richesse de ses rencontres avec la mosaïque d'ethnies (Ouzbeks, Turkmènes, Pashtouns, Tadjiks, Hazaras, arabes, etc) croisées au fil de ses pérégrinations. Admirable aussi sa lucidité devant son statut de « Khareji », d'étranger qui, quoi qu'il fasse et quelles que soient les amitiés qu'il parvient à nouer, ne pourra jamais s'intégrer totalement dans la société afghane (« les alliances et les amitiés des afghans avec les étrangers sont intéressées et temporaires »).


« Les cavaliers afghans » est un récit initiatique autant qu'un témoignage éclairant sur ce qu'est l'Afghanistan d'aujourd'hui, loin du triptyque « taliban-burqua-attentat » servi par les médias occidentaux pour stigmatiser un pays à la réalité bien plus complexe. C'est aussi et surtout une magnifique invitation au voyage qui ravira les lecteurs épris de grands espaces et de liberté.

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Diplôme en poche, prêt à tout pour repousser l'horizon, Louis Meunier a trainé ses basques en Asie, asséché son compte en bancaire en Afrique et n'a qu'un seul impératif à son retour : Prolonger l'aventure. Une annonce, un contrat avec une ONG, une veste de chasse gonflée de billets verts et, rêvant aux cavaliers de Joseph Kessel, il prend de nouveau le large pour l'Afghanistan.

Pendant que le nouvel administrateur de programme humanitaire à Maïmana s'envole à bord d'un vieux Tupolev de Inch'Allah Airlines, le lecteur, lui, est emporté par cette écriture directe et efficace, au plus proche du réel, du voyage et de l'aventure.

L'Afghanistan, « La terre des chevaux », l'Ashvagan en persan est le carrefour de la route de la soie puis de celle de la drogue, du gaz et du pétrole.
Ouzbeks ou Turkmènes mais aussi Pashtouns, Tadjiks, Hazaras, Arabes… Regards sombres ou yeux clairs, barbes teintes au henné, chevelures brunes ou blondes…dans ce pays rude et sans âge où la nature règne en maître, l'on ne parle pas en nationalité mais en peuples.

A lire et à offrir. Des tournois de Buzkashi à cet incroyable périple à cheval de plusieurs semaines qui lui valu le titre de Long Riders, des rencontres extraordinaires aux luttes des clans, ce livre est un cadeau pour les cavaliers ou les amateurs de récits de voyages, pour les jeunes et les vieux. A tous Louis Meunier offre espace, liberté et dangers que l'Occident ne peut plus proposer.

Zenda Bashi, Rasta nabashid !

Lectori salutem, Pikkendorff

Lien : http://quidhodieagisti.over-..
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Louis Meunier arrive en Afghanistan en 2002, tout juste diplômé d'une école de commerce et cherchant à repousser l'inévitable "entrée dans la vie active". Il accepte l'offre d'emploi d'une organisation humanitaire qui l'envoie à Maïmana, dans le Nord-Ouest du pays. La toute récente intervention américaine qui a chassé les talibans du pouvoir est à cette époque vécue comme une libération par les habitants. Les étrangers sont les bienvenus, et l'auteur peut parcourir la région avec une relative facilité. Son travail le charge, à 23 ans à peine, d'énormes responsabilités dans des programmes d'aide aux populations ; il est rapidement dépassé par la tâche à accomplir, et trouve auprès des chevaux une échappatoire qui lui donne le courage de continuer à travailler.

Fasciné par la lecture du roman "Les Cavaliers", de Joseph Kessel, et pratiquant l'équitation depuis son enfance, il rêve tout à coup de devenir lui aussi un "tchopendoz", comme les héros du roman : des cavaliers qui s'affrontent dans le jeu de "bouzkachi", une joute équestre pétrie d'honneur et de violence. Sa découverte de l'Afghanistan et du monde du bouzkachi s'apparente à un récit d'apprentissage et de perte des illusions : son rêve de s'intégrer en tant qu'étranger, dans un pays aussi complexe où chacun est défini par son ethnie, fera long feu. En parallèle de l'évolution personnelle de l'auteur sur une décennie, on assiste aussi en filigrane à la transformation d'un pays qui va progressivement rejeter les étrangers, désormais vus comme des envahisseurs.

Ce récit de voyage en plusieurs volets passe son temps à nous surprendre de manière heureuse. Louis Meunier n'est pas un n-ième voyageur un peu béat et autosatisfait qui joue à l'écrivain. C'est, sans avoir l'air d'y toucher, un aventurier comme on aime les lire, souvent inconscient, parfois lucide, mais surtout d'une sincérité qui force la sympathie. Il cherche, il se trompe, il échoue, il risque sa vie (et celle des autres), et repart de plus belle à chaque fois. Il ne taît pas ses doutes, ses erreurs, ses regrets. Je pense particulièrement à l'épilogue où il conclut : "L'aventure dans un pays en guerre est un caprice d' étranger qui frise l'indécence." Au cours de cette décennie cruciale, l'aventurier un peu candide d'une vingtaine d'années, prêt à s'engager dans les périples les plus dangereux, est devenu sous nos yeux un trentenaire conscient de ses responsabilités d'homme. Un récit au ton juste et tout simplement passionnant.

Merci à Masse Critique de Babelio et aux éditions Kero pour cette lecture.
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En 2002, enthousiasmé par la lecture des « Cavaliers » de Joseph Kessel, le jeune Louis Meunier, frais émoulu d'une grande école de commerce, décide de partir à l'aventure en Afghanistan plutôt que de se lancer dans le monde impitoyable des affaires. Employé par une ONG, il commence à découvrir le pays à Kaboul puis à Maïmaya, tout au nord du pays, aux confins du Turkménistan. Il est ébloui par la beauté des paysages et saisi par la dignité farouche de ses habitants. Il découvre un jeu (ou un sport équestre) ancestral, le « buzkashi », sorte de tournoi dans lequel s'affrontent des cavaliers qui doivent s'emparer d'une carcasse de veau bourrée de sable pour aller la jeter dans un « cercle de justice » et marquer le point. Tous les coups, même les plus rudes et les moins fair-play, sont autorisés. Les parties sont d'une violence et d'une sauvagerie si envoutantes que Louis Meunier n'aura de cesse de vouloir être le premier européen apte à y participer quel qu'en soit le prix à payer.
Témoignage aussi surprenant que saisissant, « Les cavaliers afghans » ne peuvent pas laisser indifférent tant y souffle un grand vent de passion et de liberté. Il nous fait partager, au fil de voyages et de périples mémorables en des lieux où aucun touriste ne se risque (et pour cause !), toutes ses découvertes dans un pays à la fois conforme aux clichés véhiculés par les médias (talibans, drogue, burka et guerres tribales) et également fort différent (mentalité aussi moyenâgeuse que chevaleresque, accueil de l'étranger mais aussi loi du plus fort et esprit clanique n'admettant aucune influence venue d'ailleurs). Jamais colonisé, l'Afghan est resté un peuple fier et intransigeant sur ses moeurs et ses valeurs. Au fil de pages qui se dévorent comme celle d'un excellent roman (et même mieux car tout ce qui est raconté est authentique), le lecteur découvrira qu'avec le temps et la dégradation des rapports entre les locaux et les occidentaux (américains principalement), le coup de foudre pour ce pays attachant puis la belle histoire d'amour équestre et humaine va malheureusement se déliter avant de devenir de moins en moins possible. Accueillis comme des libérateurs, les Occidentaux sont lentement passés au statut d'occupants avec le rejet et la résistance qui l'accompagne, ce qui désole Meunier bien évidemment... Un magnifique livre à lire absolument si l'on veut en savoir un peu plus sur l'Afghanistan et sur une discipline qui n'a rien à voir avec le concours complet ou avec le Derby d'Epsom...
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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LE POLO DES HUNS

Un sport équestre mettant aux prises des cavaliers chevronnés dotés de superbes chevaux spécialement entrainés pour l'évènement.
Des cavaliers qui se disputent âprement un enjeu.
Des points marqués lorsque qu'une ligne est franchie
Un arbitre, des spectateurs excités par l'enjeu…

Voilà donc un livre sur le polo ?!
Que nenni.
Ici point de greens britanniques ou de club réservé à des gentlemen triés sur le volet. Point de « fighting spirit » accompagné de « fairplay ». Point d'école d'équitation, d'anciens nobles en mal de sensations ou de militaires issus des écoles de cavalerie désireux de se valoriser aux yeux de quelque promise ébaudie.

Ici, c'est l'Afghanistan, la Perse, la Route de la Soie, Maïmana à la frontière du Turkménistan.
Ici, ce sont les Ouzbeks, Turkmènes, Pashtouns, Tadjiks, Hazaras, Arabes…
Ici, c'est l'école de la vie qui prévaut depuis plus de quatre mille ans en Asie Centrale.
Ici, la vie est rude, d'autant plus rude que fleurit la culture du pavot.
Ici, un homme n'existe que par son cheval. Comme les Huns d'Attila de jadis.
Ici, c'est le « bouzkashi », le sport national équestre afghan.
Ici, c'est le « Polo des Huns » !

Le terme « bouzkashi » est issu du persan et composé des mots « boz » (chèvre) et « kachi » (tirer à soi). le sport consiste, dans la mêlée des chevaux, à attraper le cadavre d'une chèvre et à le transporter seul contre tous, derrière une ligne.
Ici c'est la violence, la brutalité pure, l'absence de règles où tout est permis, y compris tuer un adversaire.

L'afghan est férocement indépendant. Il refuse de se soumettre à un pouvoir central.
Les russes, les talibans et les « démocrates » afghans mis en place par les américains peuvent en témoigner.
Ce pays n'est pas « consolidable » dans une entité unique sauf en deux occasions.
Si une menace externe nécessite une alliance temporaire de la mosaïque des tribus en place.
Mais surtout, si un tournoi de « buzkashi » a lieu dans une des provinces du pays.
Alors là, c'est l'union sacrée autour de l'événement.

Louis MEUNIER a lu Les Cavaliers de Joseph KESSEL et sa vie en a été changée.
Jeune diplômé, en 2002 il tourne le dos à l'orthodoxie d'une carrière occidentale et décide d'une « césure » au sein d'une ONG. La destinée l'envoie en Afghanistan. Il y retournera en 2004 pour une randonnée équestre de 1500 Km à travers le pays. Puis en 2006 pour y vivre à Kaboul.
Il y raconte sa vie d'humanitaire, l'impact du pays sur la santé, ses relations avec les autochtones mais aussi avec les chevaux qu'il décrit superbement.
Il relate sa soif de participer à ce même « buzkashi » puis son implication dans ce sport primitif.

Ce récit de 330 pages révèle une aventure hors normes qui se déroule en trois parties et un épilogue.
Comme quoi, au 21ème siècle, il est encore possible de vivre ses rêves comme le faisait KESSEL le siècle dernier dans les territoires encore sauvages d'Afrique ou d'Asie Centrale.
Le style de Louis MEUNIER est simple direct. Sa narration laisse clairement transparaître le caractère anticonformiste du narrateur et ses pulsions intimes : la recherche de l'authentique, la prise de risque, l'ouverture sur l'autre mais surtout son amour pour les chevaux

Conclusion : une superbe surprise que ce livre reçu d'une opération « Masse Critique » - dévoré d'une traite – à ne pas manquer pour ceux qui aiment les équidés et / ou les récits d'aventures hors normes – un livre dense sur l'âme de l'Afghanistan.

P@comeux - 2014/06 ©
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