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Citations sur Le Golem (23)

Je (...) passai en revue les maisons vilainement décolorées qui s'accotaient les unes contre les autres sous la pluie, telles de vieilles bêtes rechignées. Comme elles avaient l'air lamentable et déchu, toutes ! Plantées là au hasard, elles faisaient penser à de mauvaises herbes jaillies du sol. On les a appuyées à un muret de pierre jaune, seul vestige encore debout d'un ancien bâtiment en longueur, il y a de cela deux ou trois siècles, au petit bonheur, sans tenir compte des autres. Là-bas, une maison en retrait, la façade de biais et une autre à côté, proéminente comme une canine. Sous le ciel morne elles avaient l'air endormies et l'on ne décelait rien de cette vie sournoise, hostile, qui rayonne parfois d'elles quand le brouillard des soirées d'automne traîne dans la rue, aidant à dissimuler leurs jeux de physionomie à peine perceptibles.
Depuis une génération que j'habite ici, l'impression s'est ancrée en moi, indestructible, qu'il y a des heures de la nuit et de l'aube à peine grisonnantes, où elles tiennent un mystérieux conseil muet. Souvent un faible tremblement que l'on ne saurait expliquer traverse alors leurs murs, des murmures courent sur leurs toits, tombent dans les gouttières et nous les percevons distraitement, les sens enrouillés, sans chercher leur origine.
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Curieuse personne d'ailleurs, cette Mirjam ! Un type comme je n'en avais jamais vu. Une beauté si insolite qu'on ne peut la saisir au premier regard, une beauté qui rend muet celui qui la contemple et éveille en lui une impression inexplicable, une sorte de léger découragement. Je me disais, tandis que je la voyais devant moi par la pensée, que ce visage devait être construit selon des canons perdus depuis des millénaires.
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Une présence maléfique hante le ghetto de Prague: le Golem est de retour. Semant la panique sur son passage, cette statue d'argile animée par une formule magique a surgi du néant. Et qui désormais saurait l'arrêter?
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Je m'approchai de la fenêtre : tel un cimetière fantomatique tremblant dans l'air, les rangées de pignons chantournés faisaient penser à des pierres tombales aux inscriptions effacées par les intempéries, dressées sur les sombres caveaux, les "lieux d'habitation" dans lesquels le tourbillon des vivants s'était creusé trous et passages.
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   je gardai la conscience du visage
  
  
  
  
   Et cependant — comme jadis — je gardai la conscience du visage.

   Et j'étais devenu moi-même ce visage, et j'étais là dans les bras de Vrieslander en train de regarder tout autour de moi.

   Mes yeux naviguaient à travers la pièce et une main étrangère faisait bouger ma tête.

   Je vis alors tout à coup l'air effaré de Zwakh et l'entendis me dire : « Mon Dieu, mais c'est le Golem ! »

   Il s'ensuivit une lutte brève, les autres voulaient arracher la tête la tête sculptée des mains de Vrieslander Celui-ci se défendait et s'écria en riant :

    « Qu'est-ce que vous me voulez, il est complètement raté ! » Il se dégagea, ouvrit la fenêtre et lança la tête dans la rue en dessous.

   À cet instant précis je perdis conscience et plongeai dans de profondes ténèbres tendues de fils d'or scintillants. Quand je me réveillai au bout d'un temps extrêmement long, à ce qu'il me sembla, j'entendis seulement le bout de bois retentir sur le pavé.

… / …


/ traduction de l’autrichien par Jean-Pierre Lefebvre
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« Tous les hommes connaîtraient cette expérience s’ils possédaient la clef. Or la seule et unique clef, c’est que l’on prenne conscience dans le sommeil de la forme de son Moi, de sa peau pourrait-on dire, que l’on trouve les interstices étroits par lesquels la conscience se glisse entre veille et sommeil profond.

« C’est pourquoi je vous ai dit tout à l’heure, j’erre et non pas je rêve.
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J'entendis derrière moi le soupir du tambour lorsque la porte de l'église m'accueillit et je fus englouti par l'obscurité ; figé dans la sérénité, l'autel doré scintillait de son haut à travers les lueurs vertes et bleues de la lumière mourante qui passait dans les vitraux et tombait sur les prie-Dieu. Des étincelles jaillissaient de lampes en verre rouge. Odeur flétrie de cire et d'encens.
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[...] ... Charousek se tut un moment, absent, les yeux dans le vague. Ses doigts caressaient machinalement les limes sur la table.

- "Quand, par la suite, quelques professeurs compatissants ont fait une collecte pour me permettre d'étudier la philosophie et la médecine - en apprenant de surcroît à penser par moi-même - c'est alors que, peu à peu, j'ai pris conscience de ce qu'était la haine : on ne peut haïr aussi profondément que ce qui est partie intégrante de soi-même. Et quand j'ai découvert le secret - quand j'ai tout appris, peu à peu : ce qu'était ma mère - et - et ce qu'elle doit être encore - si elle vit toujours - et que mon propre corps" - il se détourna pour m'empêcher de voir son visage - "est plein de son ignoble sang - eh bien oui, Pernath - pourquoi ne le sauriez-vous pas : il est mon père - alors j'ai compris où était la racine - - - Parfois il me semble que si je suis tuberculeux, si je crache le sang, c'est le fait d'une mystérieuse connexion : mon corps se défend contre tout ce qui est de lui et le rejette avec horreur.

Souvent la haine m'a accompagné jusque dans mes rêves, cherchant à me consoler avec le spectacle de toutes les tortures concevables que je pourrais "lui" infliger, mais toujours je l'ai chassée, parce qu'elle laissait en moi l'arrière-goût fade de l'insatisfaction." ... [...]

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il est accroupi dans le coin et il me regarde avec mon
propre visage.
Je restai là des heures et des heures, immobile,
dans l’angle de la pièce, carcasse paralysée par le
froid dans un vêtement étranger, pourri !
Et lui, en face : moi-même. Muet et immobile.
Nous nous regardions ainsi les yeux dans les
yeux, l’un épouvantable reflet de l’autre...
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La vie entière n'est rien d'autre que des questions devenues formes qui portent en elles le germe de leurs réponses, et des réponses grosses de questions. Celui qui y voit autre chose est un fou.
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