AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,7

sur 62 notes
5
3 avis
4
2 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le sous-titre de ce roman est Sankofa cry et il résume presque à lui seul le thème central du livre qui est d'ailleurs, à mon sens, plus un conte qu'un roman. Sankofa c'est la somme de toutes les douleurs : la diaspora causée par l'infâme traite négrière, les meurtrissures de la colonisation, les humiliations de la post-colonisation, les dictateurs corrompus et les guerres fratricides qui mutilent la jeunesse et l'avenir ; les souffrances de tout un peuple, celui de l'Afrique Subsaharienne, réunies dans une même plainte sourde et languissante.

Au travers de ce roman, Léonora Miano pousse ses personnages à entendre enfin cette plainte, à l'intégrer, à la comprendre et à la reconnaître. Les maux dont ils souffrent, les épreuves qu'ils endurent sont le fruit d'une plaie restée béante mais qui ne dit pas son nom. Les Aubes écarlates c'est tout le sang qui coule encore de cette plaie qui ne veut pas se refermer. La reconnaissance c'est l'acceptation et l'intégration du passé dans le présent de l'Afrique Subsaharienne pour qu'enfin les populations qui la peuple puissent ouvrir les yeux sur cette blessure et la soigner définitivement.

L'Afrique Subsaharienne doit faire le deuil de ces ancêtres, ceux dont les corps sans sépulture tapissent les fonds de l'Océan Atlantique, ceux qui, dispersés par la traite négrière, ne sont jamais revenus, et honorer leur mémoire au lieu de l'occulter. La solution que propose Léonora Miano est simple et symbolique, ériger des monument à la mémoire des morts et disparus de la traite négrière.

L'Afrique Subsaharienne doit accorder son pardon sans attendre de geste de l'Occident qui se considère prescrit de toutes responsabilités. Accorder son pardon pour se reconstruire, ce sont les mots du roman : "Sankofa ! Pour résider en nous-mêmes, mais aussi hors de nous, réconciliés avec nos peines. Sankofa ! Pour nous délivrer de toute haine." car "le pardon n'est pas parent de l'oubli... le pardon n'est pas mort dans la traversée transatlantique*". Il est le seul remède, le seul baume à appliquer sur le passé pour enfin pouvoir tourner la page et envisager l'avenir sereinement car "Sankofa est le nom d'un oiseau mythique. Il vole vers l'avant, le regard tourné en arrière, un oeuf coincé dans son bec. L'oeuf symbolise la postérité. le fait que l'oiseau avance en regardant derrière lui signifie que les ressorts de l'avenir sont dans le passé. Il ne s'agit pas de séjourner dans l'ancien temps, mais d'en retirer des enseignements..." Enfin tout ça Léonora Miano l'explique bien mieux que moi dans son roman et sa postface.

C'est donc un roman très dense, à l'écriture non conventionnelle, difficile à intégrer (je cogite sans arrêt depuis que j'ai refermé le livre) et riche d'enseignements. C'est aussi un magnifique conte, qui nous happe et nous transporte dans le ressenti des peuples d'Afrique Subsaharienne avec beaucoup de douleurs mais aussi un grand message d'espoir.
Léonora Miano est née au Cameroun et vit en France depuis 1991, aussi je pense qu'il est essentiel, pour nous européens, de lire ses romans afin de se confronter à son point de vue, elle qui a l'avantage et le privilège de partager deux cultures et deux continents.

(*) Nathalie Etoké

Commenter  J’apprécie          435
Lu il y a déjà quelques années, je ne serais pas capable de faire une critique très acérée, mais je me souviens avoir beaucoup aimé. Subtil mélange entre fiction et histoire de l'Afrique, l'auteure touche juste avec ses phrases pleines de candeur. Je le recommande vivement.
Commenter  J’apprécie          30


Lecteurs (165) Voir plus



Quiz Voir plus

Stardust

De quelle origine est Louise ?

Camerounaise
Mauritanienne
Mozambicaine

14 questions
1 lecteurs ont répondu
Thème : Stardust de Léonora MianoCréer un quiz sur ce livre

{* *}