AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782266200585
264 pages
Pocket (01/09/2011)
3.7/5   62 notes
Résumé :


Au Mboasu, petit État d'Afrique équatoriale, vieux dictateur et enfants soldats se disputent le pouvoir en déchirant le pays.

Pendant ce temps, comme le fait Ayané dans un orphelinat de guerre, les femmes s'échinent à recoller les morceaux.

Portées par le verbe des morts et des disparus, elles renforcent le lien entre l'Afrique d'hier et celle d'aujourd'hui.

C'est par elles que ce continent construira s... >Voir plus
Que lire après Les aubes écarlates : Sankofa cryVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
3,7

sur 62 notes
5
3 avis
4
2 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
0 avis
Le sous-titre de ce roman est Sankofa cry et il résume presque à lui seul le thème central du livre qui est d'ailleurs, à mon sens, plus un conte qu'un roman. Sankofa c'est la somme de toutes les douleurs : la diaspora causée par l'infâme traite négrière, les meurtrissures de la colonisation, les humiliations de la post-colonisation, les dictateurs corrompus et les guerres fratricides qui mutilent la jeunesse et l'avenir ; les souffrances de tout un peuple, celui de l'Afrique Subsaharienne, réunies dans une même plainte sourde et languissante.

Au travers de ce roman, Léonora Miano pousse ses personnages à entendre enfin cette plainte, à l'intégrer, à la comprendre et à la reconnaître. Les maux dont ils souffrent, les épreuves qu'ils endurent sont le fruit d'une plaie restée béante mais qui ne dit pas son nom. Les Aubes écarlates c'est tout le sang qui coule encore de cette plaie qui ne veut pas se refermer. La reconnaissance c'est l'acceptation et l'intégration du passé dans le présent de l'Afrique Subsaharienne pour qu'enfin les populations qui la peuple puissent ouvrir les yeux sur cette blessure et la soigner définitivement.

L'Afrique Subsaharienne doit faire le deuil de ces ancêtres, ceux dont les corps sans sépulture tapissent les fonds de l'Océan Atlantique, ceux qui, dispersés par la traite négrière, ne sont jamais revenus, et honorer leur mémoire au lieu de l'occulter. La solution que propose Léonora Miano est simple et symbolique, ériger des monument à la mémoire des morts et disparus de la traite négrière.

L'Afrique Subsaharienne doit accorder son pardon sans attendre de geste de l'Occident qui se considère prescrit de toutes responsabilités. Accorder son pardon pour se reconstruire, ce sont les mots du roman : "Sankofa ! Pour résider en nous-mêmes, mais aussi hors de nous, réconciliés avec nos peines. Sankofa ! Pour nous délivrer de toute haine." car "le pardon n'est pas parent de l'oubli... le pardon n'est pas mort dans la traversée transatlantique*". Il est le seul remède, le seul baume à appliquer sur le passé pour enfin pouvoir tourner la page et envisager l'avenir sereinement car "Sankofa est le nom d'un oiseau mythique. Il vole vers l'avant, le regard tourné en arrière, un oeuf coincé dans son bec. L'oeuf symbolise la postérité. le fait que l'oiseau avance en regardant derrière lui signifie que les ressorts de l'avenir sont dans le passé. Il ne s'agit pas de séjourner dans l'ancien temps, mais d'en retirer des enseignements..." Enfin tout ça Léonora Miano l'explique bien mieux que moi dans son roman et sa postface.

C'est donc un roman très dense, à l'écriture non conventionnelle, difficile à intégrer (je cogite sans arrêt depuis que j'ai refermé le livre) et riche d'enseignements. C'est aussi un magnifique conte, qui nous happe et nous transporte dans le ressenti des peuples d'Afrique Subsaharienne avec beaucoup de douleurs mais aussi un grand message d'espoir.
Léonora Miano est née au Cameroun et vit en France depuis 1991, aussi je pense qu'il est essentiel, pour nous européens, de lire ses romans afin de se confronter à son point de vue, elle qui a l'avantage et le privilège de partager deux cultures et deux continents.

(*) Nathalie Etoké

Commenter  J’apprécie          435
Relevant purement du panafricanisme le livre. de même que Epa, enfant soldat reçoit pour mission de rassembler tous les enfants du village d'Eku déportés par des rebelles pour en faire des guerriers ou enfants soldats, de même que Les aubes écarlates: Sankofa Cry, troisième livre de la trilogie sur le pays de Mboasu, de Léonora Miano, opte pour mission de rassembler les hommes des terres africaines autour d'un même idéal.

La mission d'Epa lui a été confié par son frère sacrifié par des rebelles dans L'intérieur de la nuit, qui n'est autre que la voix des ancêtre ou la voix de la mémoire du monde ou encore la voix de la pureté, ailleurs on dira la voix de Dieu....
Commenter  J’apprécie          220
Qu'il soit fait clair pour tous que le passé ignoré confisque les lendemains.
Qu'il soit fait clair pour tous qu'en l'absence du lien primordial avec nous, il n'y aura pas de passerelle vers le monde.
Qu'il soit fait clair pour tous que la saignée ne s'est pas asséchée en dépit des siècles et qu'elle hurle encore, de son tombeau inexistant.
Qu'il soit fait clair pour tous que rien ne sera reconstruit, chez ceux qui n'assurèrent pas notre tranquillité.
Ne crains pas de comprendre, de rapporter notre propos. Nous sommes les cieux obscurcis qui s'épaississent inlassablement, tant qu'on ne nous a pas fait droit.

Voici les phrases qui terminent le premier chapitre du nouveau roman de Léonora Miano. Ce sont presque des phrases prophétiques, des versets rythmés par l'anaphore "Qu'il soit fait clair". Ce chapitre intitulé "Exhalaisons" rythmera l'oeuvre entière, puisqu'il s'intercalera entre chaque chapitre, tel un refrain lancinant et entêtant.
Entre chaque exhalaison, s'écoulera la narration.
Au début du récit, le lecteur retrouve Ayané, déjà présente dans L'Intérieur de la nuit. (On retrouvera aussi Musango, le personnage principal de Contours du jour qui vient.)
Dans cette précédente histoire, la jeune femme était revenue à Eku, le village de ses parents, pour assister à la mort de sa mère, mais alors qu'elle était au village elle avait aussi été le témoin d'un évènement bien plus cruel : le massacre d'un enfant. Un peu plus tard, les Rebelles qui venaient de commettre cet acte innommable ont pris neuf enfants à Eku. Neuf enfants devenus par la force des choses des soldats. A neuf ans. Ayané avait alors été meurtrie par cette région qui acceptait si facilement la mort ou la perte d'un enfant.
Dans ce nouveau roman, Ayané a trouvé refuge dans une association tenue par une femme blanche. Une femme blanche de peau, mais dont le coeur appartient au continent africain. Ce pays est le sien même si son corps n'en porte pas la couleur. Dans la maison de cette femme, si joliment appelée "La Colombe", sont recueillis des enfants abandonnés et meurtris par la guerre civile qui fait rage à l'extérieur. le lecteur reprend donc là où l'histoire s'était arrêtée.

Justement, un enfant-soldat vient d'arriver à la maison. Ayané n'ose encore y croire, mais il se pourrait bien que derrière ces blessures se dessine le visage d'Epa. Un enfant d'Eku. Un des neuf.
Epa se réveille, et après avoir reconnu Ayané, cette fille de l'étrangère, le voici qui commence à raconter ce qu'il vient de vivre. du moment où il est parti du village jusqu'à son arrivée à l'association. Inutile de vous dire que c'est un chant salvateur qui s'élève de la gorge d'Epa, salvateur puisque cet adolescent se doit de transmettre aux autres l'histoire de son pays, voire du Continent pour pouvoir survivre. Il est aussi préjudiciable pour la société d'oublier et de se tourner vers l'avenir tant que la blessure du passé est encore trop présente.
Le passé est une force qu'il est bon de connaître et de dire.
Les épisodes racontés ne ménagent pas vraiment de détails, mais c'est un détour indispensable pour bien comprendre ce continent. On ne peut ressentir qu'un profond dégoût lorsque certains faits sont racontés, mais à quoi bon se voiler la face quand cela est vraiment arrivé ? Ici l'existence repose sur un gouffre, écrit le narrateur. Mais comment penser autrement face à de telles ignominies ? Souvent, il ne suffit que de dix minutes aux rebelles pour installer des barbelés entre un enfant et son avenir.
Et une vie entière ne sera pas assez longue pour oublier : Ces assassinats nous habiteraient. Ils seraient en nous, comme un mal incurable. Rien ne nous guérirait plus. En sanglotant, j'ai songé que nous n'avions plus notre place à Eku. Et moi le premier. J'avais tellement voulu rejoindre ces Forces du changement ... Je me suis revu, bombant le torse, marchant vers Isilo, la nuit où il nous a agressés. J'étais fier de lui servir d'interprète. Honoré de faire allégeance à son projet. Au fond tout était de ma faute. J'avais ouvert les portes du Mal ...
Epa poursuit son récit, celui des "Embrasements" comme le montre le titre du chapitre suivant. C'est le chapitre de l'incandescence, de la violence.
Puis, l'histoire s'arrêtera durant le temps d'un chapitre, avec de nouvelles exhalaisons.
D'où viennent ces dernières ? D'où sortent-elles ? Elles semblent venir d'âmes errantes : On s'était emparé de nos corps, mais nous préservions nos âmes.
En fait, il s'agit de ces hommes qui disent que le passé le plus amer ne peut être ignoré, ils incarnent le cri de San Ko Fa. Ce sont ces hommes qui ont vécu la traite et qui sont morts durant le traversée. Les voici de retour sur le continent africain.

A travers ces récits à plusieurs voix, ce roman montre à quel point l'esclavage colonial a marqué ce contient. Ces exhalaisons, ce sont les voix de ces hommes morts durant la traversée à fond de cale. Les Aubes écarlates leur donne enfin une Voix pour faire entendre leur cri. Voilà pourquoi le premier chapitre est rythmé comme un chant. C'est une véritable sépulture qu'offre ce livre ou du moins c'est un appel à ériger un monument pour ces hommes morts lors de cette traite. Tant que ce passé restera dans les limbes de l'oubli, il sera impossible selon l'auteur d'aborder sereinement l'avenir.
Mais la route est longue encore pour que les hommes de ce continent comprennent l'utilité de ce passé : le monde pouvait-il comprendre tout cela ? La jeune femme en doutait. le Continent lui-même n'était pas culturellement outillé pour venir à bout de ses fièvres qui le terrassaient. Généralement, lorsqu'une personne souffrait d'un mal autre que physique, on parlait immédiatement d'envoûtements, de sorcellerie, d'attaques mystiques.
Pouvait-on guérir définitivement d'un mal sans nom ?
C'est donc un continent où le renversement des valeurs a eu lieu que ce roman nous peint. Un continent où les voleurs qui gouvernent ce pays ne sont jamais sanctionnés (...) Et puisque ceux qui commandent dans ce pays sont aussi des assassins impunis, le peuple les imite, fait foule pour tuer.
C'est donc un peuple qui délaisse ses morts, dont la vue ne dérange plus personne.
Un continent voué à l'échec.
Sauf si quelqu'un entend la voix de ces âmes errantes et prend la place d'un messager. La Parole peut alors être entendue. Cette voix sera celle d'Epupa. Elle reprendra alors un poème de Birago Diop :
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans l'ombre qui s'éclaire
Et dans l'ombre qui s'épaissit (...)
Ils sont dans la case, ils sont dans la foule.
L'espoir vient peut-être de cette personne.
Sankofa, dit-elle, pour qu'ils habitent notre mémoire. Sankofa ! Pour que le passé nous enseigne qui nous sommes à présent.
(...) Ne crains pas de cheminer vers l'origine ! Ensuite seulement tu pourras te déployer !

Voici donc un roman qui montre le cheminement d'un peuple, de ses errances jusqu'au potentiel apaisement, comme peut le symboliser le titre "Coulées" du dernier chapitre. Cette eau qui laverait ce continent de ses douleurs.
C'est aussi un livre qui parle de déracinement. Ayané est une jeune femme qui n'est toujours pas acceptée par les siens, elle reste la fille de l'étrangère. Cette histoire est donc aussi la sienne, autant que celle du Continent.
C'est donc un roman ancré dans la Terre, un roman tellurique.
Comment rester insensible à ce chant, à cette souffrance que Léonora Miano a su faire remonter au plus profond d'elle-même. Et puis, même si ce livre parle bien-sûr du continent africain, de la partie subsaharienne, il tend aussi à l'universel.
Léonora Miano fait partie de ces auteurs dont la profondeur d'écriture n'est plus à démontrer, et dont la musique m'envoûte à chaque fois.
Lien : http://www.bricabook.com/arc..
Commenter  J’apprécie          10
La critique de Nadiouchka du 20 août 2018 m'a donné envie de découvrir "les Aubes écarlates". Cette lecture me permettrait de découvrir un peu la littérature africaine ; je suis encore très loin d'en saisir toute la richesse.
Je ne connaissait pas l'auteur Léonora Miano. Cet ouvrage est le deuxième tome de sa trilogie.

L'histoire se situe dans un pays imaginaire, le Mboasu, situé en Afrique équatoriale. Une guerre a lieu à la frontière entre le Nord et le Sud de ce pays.
Le jeune Epa est accueilli dans le refuge "La Colombe", association qui s'occupe des enfants abandonnés, créée par une Aïda "une femme blanche" . Il raconte son histoire d'enfant-soldat à Ayané, une jeune femme originaire du même village que lui. Il a une obsession ramener à Eku, leur village, les autres enfants-soldat qu'il a abandonnés lors de sa fuite. le récit d'Epa est terrifiant....

J'ai apprécié l'histoire très difficile des enfants-soldat, leur guerre et le retour au village, le rôle des adultes comme Ayané, Aïda, le Dr Sontané. Mais le personnage qui m'a le plus touchée c'est Epupa, jeune femme enceinte, prise pour une folle par certains, assaillie par des visions :

"- Dans quelle réalité vis-tu Epupa ?
- Quelle façon élégante de me demander si j'ai toute ma tête... je vis dans toute les dimensions de ce que tu nomme réalité. J'aimerais bien qu'il en soit autrement. En tout cas, les hommes rentreront ce soir, avec les enfants.
- Bien."

Ce livre est aussi et surtout un hommage aux victimes de la traite des noirs, particulièrement ceux morts ou disparus en mer.

Livre intéressant mais difficile.
Commenter  J’apprécie          80
L'écriture est racée, l'atmosphère me plait et pourtant je n'ai pas été embarquée par ce livre.

Il m'a manqué un petit quelque chose, du rythme peut-être.
J'associe souvent la musique et la lecture. D'ailleurs, il m'arrive fréquemment de lire ou d'écrire en écoutant mes morceaux préférés.
Je n'ai malheureusement pas reconnu de musicalité particulière...

Je suis passée à côté. Je n'ai pas pu pleinement apprécier ce roman, cela arrive.

Je n'ai pas dit mon dernier mot. Je lirai à nouveau cette autrice qui met à l'honneur l'Afrique d'hier et d'aujourd'hui, où l'avenir est conduit par le regard et le courage des femmes.

Lu en septembre 2018.
Commenter  J’apprécie          123


critiques presse (1)
Lecturejeune
17 février 2012
Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - Après L'Intérieur de la nuit et Contours du jour qui vient (Prix Goncourt des lycéens 2006), Leonora Miano continue sa trilogie africaine. Le personnage central, Epa, a été enrôlé de force dans les troupes d'un meneur fou qui prétend s'emparer d'une région d'Afrique subsaharienne. L'adolescent, dont le frère a été sacrifié sous ses yeux, prend part avec les autres enfants soldats aux actes de barbarie perpétrés par la bande rebelle dans les villages. En fuite, seul, il se sent entouré de présences hostiles, ombres enchaînées venues demander réparation pour les crimes du passé. Sur tout le continent africain, les âmes des esclaves déportés sèment la folie dans les esprits en attendant que justice leur soit rendue, car elles n'ont pas trouvé le repos que leur procurerait une stèle pour honorer leur mémoire.
Les thèmes initiaux du roman - la guerre, l'enfant-soldat - découlent de la violence majeure dans l'histoire du continent : les razzias de la traite négrière, aujourd'hui occultée, à laquelle ont participé les marchands d'esclaves africains. Epa, recueilli par Ayané, qui soigne les victimes de la violence, va reprendre goût à la vie et tenter de ramener les enfants enlevés du village. Il importe de rendre à la communauté ses enfants, de la même manière qu'il faut rendre justice à la mémoire des disparus. Porteur d'un message fort sur le devoir de mémoire, le roman est d'une écriture poétique indéniable. Comme une mélopée, les voix des disparus scandent la tragédie, à la manière du choeur des Erinyes dans le théâtre grec. Le texte se prête parfaitement à une lecture à haute voix. Néanmoins, cet ouvrage « difficile », sur un volet méconnu de l'histoire, aura besoin de la médiation des enseignants, ou des bibliothécaires. Cécile Robin-Lapeyre
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Lorsque nous avons quitté la mine, nos corps sentaient la mort de tous ces hommes. Une odeur de sang, de chair carbonisée. Mes mains tremblaient. Mes oreilles bourdonnaient de leurs cris. Ce n'est pas facile de tuer, Ayané. On s'imagine des tas de choses à ce sujet. On regarde trop de mauvais films. Laisse-moi te le redire : ce n'est pas facile de tuer.
Commenter  J’apprécie          220
Les gamins que nous avions trouvés sur place ne venaient pas nous aider. Ils attendaient les ordres, ne prenaient aucune initiative, agissaient machinalement. C'était une technique de survie. Désolidariser les actes de la pensée. En faire des réflexes. Minimiser ainsi leur portée.
Commenter  J’apprécie          230
A quelques pas de là, le vent hurlait à travers le feuillage des arbres. On aurait dit un chœur enragé. Dans l’obscurité épaisse de cette nuit, les balles ont fusé. Ils se sont tirés dessus jusqu’au point du jour. Nous ne portions pas d’armes, nous autres. Comme je te l’ai dit, on ne nous les laissait pas. On ne nous les donnait que lorsqu’une opération avait été prévue, et seulement à la dernière minute. Ceux d’entre nous qui possédaient des lames, des couteaux ou des pointes de quelque sorte, ne pouvaient s’en servir. Nous étions à plat ventre, cependant que les balles volaient au ras de nos têtes. Parfois, des cris ont été lancés. Près de moi. En face de moi. A côté de moi. Impossible de savoir par qui. Il faisait encore plus noir qu’à notre arrivée. Quelqu’un avait dispersé les branches du foyer, d’un coup de pied mesquin. Les dernières flammes n’avaient pas mis longtemps à s’éteindre.
Commenter  J’apprécie          50
« Qu’il soit fait clair pour tous que le passé ignoré confisque les lendemains »
Commenter  J’apprécie          470
La traite négrière était à inscrire au patrimoine tragique du genre humain. Parce qu’elle avait impliqué des régions différentes du monde. Parce que les bourreaux n’avaient pas été que d’un côté. Parce qu’elle était, à cette échelle-là, le premier crime contre l’humanité dont on ait gardé la trace. (…) La zone subsaharienne du Continent était concernée au premier chef. Elle avait été la source unique du trafic. On ne s’était pas servi ailleurs. Et depuis, les rapports de cette région avec le reste du monde demeuraient les mêmes. Elle était le puits sans fond d’où les autres tiraient leur croissance. Et, comme par le passé, il se trouvait toujours une main autochtone pour participer au crime. Les soulèvements populaires observés çà et là, loin du regard de la communauté internationale, ne venaient jamais à bout des régimes scélérats. Le mal venait de loin. Trop de temps lui avait été laissé pour prospérer. Au fil des âges, il avait tellement profité qu’il se dressait maintenant, haut en stature, expert en cruauté. Il enfantait des monstres à n’en plus finir.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Léonora Miano (46) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Léonora Miano
Romancière, essayiste, prix Médicis en 2013, Léonora Miano s'interroge dans son nouveau livre sur ce qu'elle nomme « le problème blanc » et la blanchité. de quoi décontenancer tous ceux qui veulent évacuer la question fondamentale du racisme et du colonialisme. Entretien dans « À l'air libre », où il est aussi question de mémoire, de migrations et du couple hétérosexuel.
Mediapart n'a qu'une seule ressource financière: l'argent issu de ses abonnements. Pas d'actionnaire milliardaire, pas de publicités, pas de subventions de l'État, pas d'argent versé par Google, Amazon, Facebook… L'indépendance, totale, incontestable, est à ce prix. Pour nous aider à enrichir notre production vidéo, soutenez-nous en vous abonnant à partir de 1 euro (https://abo.mediapart.fr/abonnement/decouverte#at_medium=custom7&at_campaign=1050). Si vous êtes déjà abonné·e ou que vous souhaitez nous soutenir autrement, vous avez un autre moyen d'agir: le don https://donorbox.org/mediapart?default_interval=o#at_medium=custom7&at_campaign=1050
+ Lire la suite
autres livres classés : afriqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (165) Voir plus



Quiz Voir plus

Stardust

De quelle origine est Louise ?

Camerounaise
Mauritanienne
Mozambicaine

14 questions
1 lecteurs ont répondu
Thème : Stardust de Léonora MianoCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..