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Citations sur Proies (54)

Les abords de la Brûlée, du plus loin qu’on se souvienne, constituaient une retraite idéale pour qui voulait s’éloigner de son quotidien et goûter la fraîcheur que promettent les rivières. On y installait son camp, on y observait les lucioles et les étoiles filantes, on y cueillait des groseilles et des bleuets dans la descente à Picard, là où la déclivité du terrain créait des cascades bouillonnantes au printemps, et on retournait chez soi avec le sentiment de s’être lavé, de s’être délesté d’un fardeau qu’on ignorait peser sur ses épaules.
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Un coin de pays que les gens des environs avaient fait leur, ainsi qu’on fait sienne une maison, une montagne, une prairie dans laquelle on peut se reconnaître et avoir l’impression de toucher la matière qui nous constitue. Les seuls incidents recensés près de la Brûlée au fil des décennies concernaient des promeneurs téméraires qui avaient voulu braver ses crues, des gamins qui s’étaient entaillé les pieds sur ses caps, des pêcheurs plus ivres qu’alertes y ayant piqué du nez avant de se réveiller brusquement en battant des jambes et des bras. Des histoires qui suscitaient la moquerie, mais aucune mort tragique, aucune noyade, aucun de ces drames qui font naître les légendes et transforment les nuits en repaires d’ombres habités par les figures d’une nouvelle hantise, esprits malins ou monstres à visage humain qu’on redoute ensuite de voir apparaître à sa fenêtre.
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Après la troisième ou la quatrième nuit, l’histoire ne nous le révélerait que plus tard, ils avaient abandonné le campement à la hâte, avaient couru en direction du sentier des Ravages et s’étaient dispersés dans les bois, ainsi que l’indiquait le sol tapé et les branches cassées du côté de la rivière. Seule Abigail était demeurée près du sentier, pour des raisons qu’on s’expliquait mal, pendant que les deux autres fuyaient, et il faudrait des semaines pour comprendre, ne serait-­ce qu’en partie, ce qui s’était réelle­ment produit, pourquoi ils étaient partis en catastrophe, à demi vêtus, sans même se munir d’un canif.
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Mais on n’était pas dans Deliverance. On était au foutu royaume du bois de chauffage, où ce qui pouvait vous arriver de pire consistait à vous vomir les tripes au cours d’une partie de chasse bien arrosée ou à tomber nez à nez avec une mouflette qui s’est levée du mauvais pied.
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Non, en ce jour d’insouciance, seuls quelques nuages s’élevaient à l’horizon, qui amèneraient peut-être un peu de pluie aux campeurs le lendemain.
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Lorsque Jude, Abe et Alex avaient pris la route avec sur leur visage ce sourire espérant l’infini, rien ne laissait présager que la folie dont ils s’apprêtaient à croiser le chemin ferait entrer les loups des contes, avec leurs dents acérées et leurs gueules baveuses, dans une région n’ayant entendu leurs hurlements qu’aux premiers jours de la colonisation, quand des hommes aux mains noueuses abattaient des arbres qui, dans leur multitude, semblaient repousser au fur et à mesure, les empêchant de voir les ombres qui rôdaient.
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Laurette avait été désignée pour cette besogne ingrate. On l'avait suppliée de se faire remplacer à la cantine et on lui avait demandé de tenir le rôle de ces oiseaux de malheur qui vont planter leur bec dans la chair des survivants. Tu la connais, Laurette, tu sais parler aux gens, tu vas trouver les mots qu'il faut, et il était vrai que Laurette Tardif, que les clients de sa boulangerie prenaient parfois pour confidente, savait quels mots employer avec un cocu, une femme au bord de la crise de nerfs ou un simple crétin. Que dire, cependant, devant la mort. Aux extrêmes limites de l'expérience du vivant, la parole se vidait de son sens et ne devenait qu'un flot de sons dissonants.
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C'est là qu'ils avaient trouvé le renard, la tête explosée par un projectile de .308. Il gisait dans une anfractuosité, sa longue queue ondulant dans l'eau vive pendant que ses pattes semblaient s'accrocher à la rive. Le renard de Jude, abattu par l'enculé qui se prenait pour un dieu du simple fait qu'il était armé, un petit dieu minable qui tuait pour le plaisir, pour leur montrer ce dont il était capable, pour leur apprendre à s'agenouiller, mais Jude ne s'agenouillerait pas aux pieds de cette andouille, de ce despote, de ce barbare de merde.
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Elle priait donc le ciel, Abe, pas une vraie prière, plutôt cette forme de supplication de qui n'a pas appris à prier, pour qu'un promeneur passe par là, ou un autre putain de chasseur s'aiguisant les griffes en prévision de l'automne, quand elle savait bien que toute la population des environs se préparait pour la foire et que ses chances qu'un échappé s'engage dans le sentier des Ravages aujourd'hui étaient à peu près nulles.
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Les filles étaient dangereuses, il l'avait toujours dit. Elles vous aguichaient avec leurs longues jambes, leurs longs bras bronzés, leurs petites simagrées de poupées stupides, et vous mettaient knock-out en vous tordant les couilles à la première occasion.
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