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sur 142 notes
À Rivière-Brûlée, petit village perdu parmi les collines, Judith, Abigail et Alexandre, surnommés respectivement Jude, Abe et Alex, se réjouissent plus que tout d'aller camper quatre nuits en forêt, près de la rivière, La Brûlée. En ce mardi resplendissant, c'est tout sourire, insouciants et heureux, que les trois amis saluent Gilbert, le père de Jude, venu les déposer en voiture près du chemin raboteux. Après avoir marché quelque temps, ils déposent enfin leurs sacs à dos en plein milieu d'une clairière, un endroit idéal pour y planter leurs tentes. Il ne leur reste alors plus qu'à profiter du lieu, du calme environnant, de la rivière pas loin et du soleil qui promet une belle journée. Alors qu'ils s'amusent dans la rivière, un sentiment étrange s'empare d'eux. Comme une impression d'être observés. S'ils se confortent dans l'idée que nombre de personnes empruntent le sentier des Ravages pour se rendre à la Brûlée, ils ne sont pourtant pas rassurés lorsque, de retour à leur campement, tous ont l'impression que quelqu'un est passé par là, sans pour autant avoir déplacé quoi que ce soit. Ils font fi de cette impression, se rassurant les uns les autres que rien ne pourra gâcher leur séjour...

Loin des leurs, en pleine forêt, et alors que les festivités pour la foire annuelle de Rivière-Brûlée se préparent, ces trois amis se sont promis de passer un séjour inoubliable. Inoubliable, il le sera. Mais, hélas, pas dans le sens où ils l'envisageaient. Car, l'on sait, dès les premières pages, qu'un terrible drame va se passer, un drame tel que chaque habitant se souviendra, à tout jamais, de ces jours du mois d'août. Ce n'est pas la forêt, personnage à part entière, sombre et majestueuse dont les trois adolescents auraient dû se méfier mais de ce qui rôde parfois et qui fera d'eux des véritables proies. Si Andrée A. Michaud nous plonge en plein huis clos, nous faisant vivre avec une incroyable intensité, les événements se déroulant en pleine forêt, faisant monter, au fil des pages, une angoisse sourde, presque terrifiante, elle observe, avec la même puissance, ce qui se passe au village, aussi bien sur les parents, terriblement inquiets, pétris de remords, que sur les habitants. Elle dépeint, avec force, les sentiments, les émotions à fleur de peau, les appréhensions de ces proies, de leur entourage mais aussi des différents protagonistes concernés, alors dans l'incompréhension totale de cette violence. Toute une galerie de personnages qu'elle décrit avec profondeur. Tout en finesse, avec des mots toujours justes, percutants, virevoltants, parfois plus poétiques, elle fait monter la tension, installant une ambiance anxiogène, inquiétante voire malsaine. Un roman puissant, haletant et d'une extrême noirceur...
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Après Bondrée , me revoilà en "amour" de la plume de cette grande écrivaine qu'est Andrée A.Michaud ...
A partir d'une histoire "banale "( dans le sens où plein de romans ou de films mélant suspens, et horreur) commencent comme cela, cette auteure arrive à en faire quelque chose de très personnel, collant parfaitement à L ADN canadien...

Tout d'abord , il y a le début : trois adolescents, (deux filles, un garçon) , amis d'enfance, partent camper quelques jours dans la fôrét, au bord d'une rivière. Et l'on sait que c'est courant au Canada, de faire de grandes provisions de grand air avant l'hiver, de liberté, de nature, de débrouillardise, de souvenirs, et de moustiques... Mais ils ne seront pas tous seuls dans cette espace, le danger rôde, embusqué, et plus rien ne sera comme avant.

Andrée A. Michaud ne nous propose pas seulement l'avant et le pendant du drame, mais aussi l'après, le grand après... Toutes les répercussions sur les gens de cette petite communauté, sur les victimes et leurs proches , mais aussi sur celles du "mal"....
Alors au delà de cette hymne à la nature (un peu gâché par ce qui s'y passe) , on a la façon de raconter. Et c'est là que Andrée A . Michaud est unique, car elle mêle pêle melle, la poésie, la précision dans le choix des mots qui désigne un oiseau ou une plante, et les expressions canadiennes que le lecteur ne comprend pas , mais dont il devine le sens dans le contexte. Et c'est savoureux ! Et cela casse un peu ce suspens de dingue et nous permet de reprendre notre soufle. Elégance rime avec cocasserie. A l'universel de la nature, du sentiment de peur, à l'universalité des liens parents-enfants, elle oppose le régionalisme, le "dialecte", les mots de cet endroit du monde. Et c'est beau...
Si beau qu'on en oublierait presque qu'à la page 60 environ, j'ai peur... Tout avait si gentiment commencé, que j'en avais oublié le titre " Proies", sans article pour l'introduire. " Proies" qui claque comme une promesse de trouillomètre qui s'affole chez le lecteur. Un suspens magistral écrit magistralement bien.
Suspens garanti : on est pas là pour "niaiser", "crisse d'andouille" !
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Des adolescents qui affrontent la peur dans la forêt québécoise.

Trois jeunes de 16 ans, deux filles et un garçon, amis de toujours, vont passer quelques jours en camping dans les bois. Ils sont sûrs d'être tranquilles, car le village se prépare à la foire annuelle. Mais leur contemplation des beautés de la nature sera pourtant troublée par des événements qui transformeront en terreur leur projet de vacances.

Un thriller dramatique qui n'est pas tout à fait un drame d'horreur, même s'il raconte beaucoup de peurs : les histoires de fantômes, les bruits de la forêt, l'impression d'être observé, puis la peur au ventre, les cauchemars et même la peur de mourir lorsqu'une balle sifflera près d'eux. On aura le drame des parents qui tentent de se raisonner en se disant qu'ils s'inquiètent pour rien… jusqu'à ce qu'ils doivent faire face au pire, à la disparition de leurs enfants. On aura même la folie meurtrière et la peur de ceux du village qui peut-être en savent trop…

Un excellent suspens avec un grand soin accordé à la psychologie des personnages.
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Capra lupum timet, la chèvre craint le loup. Une locution latine qui exprime à elle seule une peur ancestrale et que de nombreux élèves ont apprise durant leur apprentissage.
Ici point de chèvre mais des adolescents fragiles et sans défense ; pas de loup non plus, mais un prédateur dont on distingue assez vite le regard vicieux au coeur d'une forêt profonde et mystérieuse. On le voit très vite, tous les éléments du suspense angoissant sont réunis.

Non loin du village de Rivière-Brûlée, au Québec, trois adolescents partent camper dans la forêt. C'est l'été et ils se réjouissent de passer quelques journées au grand air. le soir, à la veillée, ils se racontent des histoires de fantômes et jouent à se faire peur. Pourtant en rentrant de leur baignade, ils ont la nette impression que leurs affaires ont été déplacées.

Avec Proies, Andrée Michaud nous plonge avec un plaisir non dissimulé dans nos peurs viscérales. Celles qui nous clouent sur place. Elle le fait avec beaucoup de talent, dans une langue riche et nuancée. Et sans y perdre votre latin, vous pourrez apprécier de nombreuses expressions en québécois qui donnent à la fois un cachet à sa plume mais aussi une distance face à l'effroi.

Après Bondrée et Rivière tremblante, la grande dame du polar québécois nous revient avec Proies. Voilà de quoi combler nos besoins de suspense et de frisson !
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Jude, Aby et Alex, trois amis de longue date, vont décider de partir en camping pendant quelques jours aux alentours de la rivière Brûlée, tandis qu'au village les festivités pour la foire annuelle se mettent en place. Les trois jeunes sont loin de se douter que cette aventure va se transformer en drame.

Quel roman ! Je ressors bluffée et totalement conquise par la plume de l'auteure, tout en nuances et au style intense et élégant. C'est ma première incursion dans l'univers littéraire de l'auteure et une chose est sûre, ce ne sera pas la dernière, tant j'ai aimé sa manière de conter et d'écrire.

Quant à l'intrigue, je l'ai trouvée particulièrement réussie. J'ai été tenue en haleine tout au fil des pages. L'auteure a réussi à instiller un suspense qui monte crescendo et l'ambiance anxiogène est très bien retranscrite.

Le roman peut paraître quelque peu lent à se mettre en place, mais j'ai trouvé cela nécessaire afin d'instaurer le climat pesant qui va être présent tout au long du récit. Et puis il faut dire que l'auteure a un grand talent de conteuse afin de ne jamais ennuyer son lecteur.

Je me suis attachée aux trois personnages et j'ai craint tout du long pour eux. Je suis ressortie bouleversée à maintes reprises.

La plume de l'auteure est tout en finesse et d'une grande élégance. Les descriptions de la nature sont très présentes et elle réussit à créer une véritable dualité entre le rassurant et l'hostile. Ainsi, cette nature est à la fois un refuge et un piège. le style est magistral. Si vous ne connaissez pas encore cette auteure, je ne peux que vous conseiller de la découvrir.

Un roman d'une grande qualité stylistique à l'intrigue hautement anxiogène. Une fois débuté, il est très difficile à lâcher. À découvrir sans hésiter.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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Après avoir adoré "Bondrée" et "Rivière Tremblante" de l' auteure, je reste mitigée après cette troisième lecture. La plume si particulière d'Andrée A. Michaud qui met en avant le parlé québécois avait fait sa force jusqu'à présent. J'ai malheureusement trouvé qu'ici cela alourdissait le récit et le rendait aussi obscur que la forêt où va se dérouler le drame. Il faut dire que l'auteure y mélange allégrement dialogues et narration.

Tout n'est pas à jeter dans cette histoire, bien loin de là. Il faut juste savoir faire abstraction de certaines longueurs (notamment au début) car l'auteure reste la reine des ambiances. Pendant que d'un côté, toute la communauté de ce petit village du Québec prépare joyeusement la foire agricole annuelle, un autre sentiment gagne le lecteur qui suit à quelques kilomètres de là, le périple de 3 amis adolescents partis camper dans la forêt voisine en cette fin d'été. Jouant une fois de plus avec la proximité d'une nature sauvage, Andrée A. Michaud nous campe un huis-clos glacial et fantomatique où les animaux ne sont pas les pires prédateurs. Bien qu'elle ait pris le parti de dévoiler dès le départ qui est le méchant (dommage que la psychologie de ce dernier ne soit pas mieux détaillée), le suspense reste présent. Les personnages se démènent dans cette atmosphère étouffante entre soupçons et regrets, sentiment de culpabilité ou d'impunité pour d'autres. le lecteur lui, se demande quand la traque va prendre fin.

J'accorde un 12/20 à ce roman noir, mâtiné de thriller et de polar. A souligner, la belle couverture du livre avec cette rivière rouge sang, qui évoque à la fois Rivière-Brûlée et le drame qui va s'y passer.
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On ne saurait renoncer au thriller et se priver ainsi de quelques ouvrages remarquables en dépit du tombereau d'inepties qui affectent le genre avec sa légion de sérial-killers grotesques, sa cohorte d'enquêteurs et autres profilers pathétiques systématiquement imprégnés de secrets pesants tout en luttant contre "Le Mal" à l'état pur sur une déclinaison d'intrigues plus ou moins bancales, censées vous procurer quelques frissons. le drame avec cette production médiocre mais foisonnante, c'est que les bons thrillers peinent à émerger, occultés qu'ils sont par les têtes d'affiche et leur conglomérat d'imitateurs qui nous assènent leurs sempiternelles schémas narratifs mettant en scène quelques enquêtes parallèles sanguinolentes pour traquer un tueur maléfique trimbalant un semi-remorque de matériel afin de perpétrer ses crimes s'inscrivant dans une surenchère ridicule où l'abjection et le voyeurisme deviennent les règles inhérentes au genre. Dans ce contexte, on regrettera qu'un ouvrage comme Proies, dernier roman de la québécoise Andrée A. Michaud, n'ait pas suscité davantage d'écho dans les médias, ce d'autant plus qu'il s'inscrit dans un registre similaire à Rivière Tremblante (Rivages/Noir 2018) et surtout à Bondrée (Rivages/Noir 2016), roman culte, qui avait contribué à la renommée de la romancière, tant le récit sortait des sentiers battus avec cette particularité dans une écriture à la fois délicate et foisonnante, savamment travaillée, imprégnée d'idiomes québécois allant bien au-delà de l'exercice folklorique pour servir l'intrigue et habiller ses personnages aux caractères nuancés.

En plein été, du côté du village de Rivière-Brûlée, portant le nom du cours d'eau qui le jouxte, Abigail, Judith et Alexandre décident de camper trois jours dans la forêt pour profiter de la fraîcheur, du grand air et des baignades dans la Brûlée. Au coeur de cet environnement idyllique et isolé, les trois adolescents passent une première journée de rêve, même s'ils éprouvent ce sentiment diffus d'être observés. le soir, s'ensuit la traditionnelle veillée avec ses histoire de fantômes destinées à se faire peur. Mais la sensation d'être surveillés devient plus prégnante le lendemain, lorsqu'en revenant des bords de la rivière, ils découvrent que leurs affaires ont été déplacées. Et puis, il y a ces dessins inquiétants gravés dans le tronc des arbres alentours. Les adolescents ont désormais la certitude qu'un individu rôde dans les environs en jouant avec leurs nerfs tandis que la nature se referme sur eux comme un piège. Survient le drame qui va toucher l'ensemble des habitants de Rivière-Brûlée.

Il émane de l'oeuvre d'Andrée A. Michaud cette indicible fascination pour la forêt, réminiscence de sa jeunesse, qui rejaillit dans le cours de ses intrigues où l'on perçoit cette atmosphère envoûtante, parfois même ensorcelante et basculant peu à peu dans un registre inquiétant cédant le pas à une indéniable terreur que restitue une écriture savamment travaillée. Proies n'échappe pas à cette ambiance forestière fascinante en prenant la forme d'une traque à laquelle trois adolescents sont confrontés en nous rappelant certains aspects du film Délivrance auquel la romancière fait d'ailleurs référence. Mais au-delà de la confrontation entre un tueur sadique et les trois jeunes campeurs qu'il a pris pour cible, l'intrigue prend l'allure d'une fresque sociale mettant en scène l'ensemble de la communauté de Rivière-Brûlée avec une déclinaison de portraits richement illustrés qui s'inscrivent dans une interaction narrative d'une rare intensité. Outre cette écriture dense, chargée d'un force évocatrice peu commune, on apprécie dans Proies toute la tension et l'émotion que l'on ressent en permanence au gré d'une intrigue qui se focalise également autour des conséquences découlant de ce fait divers tragique qui touche bien évidemment les victimes mais également leur entourage proche ainsi que la plupart des habitants du village dont on apprécie la justesse de ton quant aux sentiments qu'ils éprouvent face à un tel drame. Mais c'est également autour du profil du tueur qu'Andrée A. Michaud parvient à s'éloigner des registres habituels du thriller, ce d'autant plus que l'on connaît très rapidement son identité pour davantage s'intéresser à son comportement erratique frisant parfois la stupidité qui ne fait qu'amplifier le chaos bouleversant le destin de tout son entourage. C'est ainsi que l'on apprécie cet équilibre subtil entre tension narrative permanente, environnement fascinant et fresque sociale poignante qui font de Proies un thriller à nul autre pareil qu'il faut découvrir impérativement.


Andrée A. Michaud : Proies. Editions Rivages/Noir 2023

A lire en écoutant : Someone Somewhere (In Summertime) de Simple Minds. Album : New Gold Dream (81/82/83/84) 2016 Virgin Records Limited.
Lien : http://www.monromannoiretbie..
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Prenez un pitch simple (3 ados insouciants partent camper dans la forêt et l'histoire vire au cauchemar) et écrivez un très très bon livre.

Pour cela il vous faudra le talent d'Andrée A. Michaud et ce n'est pas donné à tout le monde.
Il vous faudra être capable d'installer la tension en quelques pages, de construire une atmosphère qui glace le sang.
Il vous faudra être capable de ne pas vous en contenter pour faire dévier votre récit vers plus d'intériorité, être capable de décortiquer les émotions.
Il vous faudra aussi et surtout savoir écrire. de longues phrases généreuses où se mêlent la nature, la poésie, la souffrance.
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Chronique de Flingueuse : le billet de Chantal pour Collectif Polar
Entrer dans l'univers de cette auteure canadienne, c'est pénétrer dans un monde fait de forêts profondes, de mystères, de poésie des lieux mais aussi de cauchemars. Car c'est bien connu, la forêt de nos contes d'enfants recèle peut-être des trésors, mais aussi des monstres auxquels il est parfois impossible d'échapper.
Tout avait bien commencé, pourtant, en ce beau matin d'août. Trois adolescents, Jude, Abe et Alex, partent vivre l'aventure de leur jeune vie, à savoir quelques jours dans la nature sauvage qui borde leur village, Rivière-Brûlée, avec une rivière justement, La Brûlée, au-delà de laquelle on entre dans le royaume des contes. Joie des premières vacances sans parents, excitation d'une liberté gagnée, fougue encore enfantine … Ces trois ados respirent la belle vie. Pourtant, le lecteur est prévenu dès la première phrase : « le mardi 18 août d'une année dont on se souviendrait plus tard comme d'une année de deuil et de stupéfaction ». Voilà, on a une longueur d'avance sur les héros de cette histoire et l'on commence à frissonner avant même qu'il ne se passe quelque chose. Notre imagination va gamberger, et comme à Guignol, on a envie de crier aux trois ados, « Attention ! Fuyez ! ». Et bien sûr, ils n'entendent pas.
L'auteure instille doucement mais sûrement un climat d'angoisse, en alternant les scènes de bonheur simple et joyeux, avec les petits détails qui nous conduisent du côté du monstre des contes, bien réel celui-là, celui qui va transformer les jeunes gens en proies toute désignées de ses pulsions malsaines. Rien de pire que de se sentir observés sans en être sûr … Rien de plus inquiétant que de ne pas voir ses affaires à la place où on les avait laissées … Petit à petit, tout devient matière à se poser des questions, jusqu'à ce que le loup sorte du bois et se jette sur une proie …
Parallèlement à ces heures qui tournent à l'angoisse viscérale, on suit la vie du village, où a lieu la foire annuelle. Autre excitation, celle des adultes cette fois, parenthèse dans la vie rude de ces habitants un peu loin des villes. On découvre alors une sorte de chronique sociale, à travers quelques personnages, tels les parents des trois jeunes, ou Shooter, un peu marginal.
Quand vient le jour du retour, le père de Jude va comme convenu à leur rencontre, pour ramener les trois ados. Ni Jude ni les deux autres ne sont au rendez-vous.
Commence alors un autre volet, celui des recherches. On suit les habitants, les parents, effondrés, le monstre aussi, car on le connaît. Ce choix de l'auteure n'en est que plus fort, et augmente le suspens, la tension.
Ce roman joue avec les nerfs du lecteur de manière tellement puissante qu'on se sent impliqué dans l'histoire comme si l'on était un habitant de Rivière-Brûlée …Il est rare de ressentir cela ! L'écriture d'Andrée A. Michaud, entre tension narrative et descriptions poétiques des lieux, émaillant son texte sans l'alourdir d'expressions québécoises, nous embarque dans un voyage quasi sans retour car on sent bien que « l'après » ne sera pas rose.
Andrée A. Michaud est une auteure qui n'en est pas à son premier roman, mais peut-être n'est-elle pas aussi connue qu'un Michaël Connelly ou Franck Thilliez, et c'est bien dommage, car on ne peut qu'être conquis par ses histoires à l'atmosphère angoissante et à son style très évocateur. À lire, ou à découvrir !
Lien : https://collectifpolar.blog/..
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Aby, Jude et Alex, seize ans, décident de camper durant trois jours au bord de la rivière. Comme tous les parents, les leurs ne sont pas sereins mais relativisent. Nous sommes dans un village, alors que pourrait-il bien leur arriver ? Mais ce séjour, qui avait commencé sous les meilleurs auspices, va rapidement tourner au cauchemar. Une présence menaçante semble rôder non loin de leur campement. Ils le savent, ils le sentent mais choisissent de ne pas écouter leur instinct.
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Andrée A. Michaud nous emmène au coeur de la forêt, non loin du village de Rivière-Brulée, pour suivre trois amis d'enfance, unis comme les doigts de la main. On ressent sans peine leur joie à l'idée de camper seuls dans les bois, de s'amuser comme des fous et de se raconter des histoires qui font peur, la nuit, à la lueur d'une lampe torche. Un enthousiasme communicatif et pourtant, dès le départ, l'inquiétude s'insinue, car on imagine bien que l'autrice n'est pas là pour nous conter fleurette. Son roman s'intitule Proies et qui dit proies
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Petit-à-petit, la légèreté des premières pages laisse place à une atmosphère plus lourde, plus anxiogène. La tension s'immisce jusque dans les dialogues, les interactions se font plus vives. le campement a été visité, pour les adolescents c'est une certitude. Ce sont probablement des personnes qui s'amusent avec eux, mais pas dangereuses, car ça, c'est le genre de chose qui n'arrive pas dans la vraie vie, non ? On n'est pas dans Délivrance ! Alors ils prennent sur eux, c'est ridicule d'avoir la trouille, ils ne vont pas rentrer en avance à la maison, sinon tout le monde se moquera d'eux. Et puis, c'est un peu la faute d'Alex aussi, avec ses histoires de Blanche la fantôme. En attendant, ils n'ont qu'à alterner les tours de garde la nuit. Mais il y a toutes ces sensations, ces ombres, cette brûlure qui démange, autant de signes qui ne trompent pas.
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L'autrice est vraiment très douée pour installer l'ambiance et le décor. On assiste successivement à des scènes véritablement oppressantes, avant d'être ramenés au sein du village, qui pendant ce temps-là prépare des festivités. Deux moments, deux ambiances, qui mettent nos nerfs à vif, alors qu'on voudrait crier à tous ces habitants qu'il se passe quelque chose. Mais ce sont là seulement les prémices de l'intrigue, car le roman ne repose pas uniquement sur ces trois jours de camping, l'autrice nous emmène plus loin, aux prises avec la folie.
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Nous sommes des spectateurs omniscients, très tôt nous savons de quoi il retourne, mais nous sommes face à notre impuissance. On lit ce récit en apnée, sans jamais relâcher sa vigilance, en cohésion avec les émotions des protagonistes, car la menace perpétuelle qui plane sur leur tête accentue le sentiment de tension.
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Tout comme dans Bondrée, la nature en toile de fond, et la forêt particulièrement, est à la fois magnifique et hostile, source de sérénité autant que d'angoisse.
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Je suis une nouvelle fois conquise par la plume de l'autrice, par la profondeur psychologique de ses personnages et sa façon de dépeindre l'ambiance. Un thriller haletant et oppressant !
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Ma chronique est sur le blog.
Caroline - le murmure des âmes livres
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