Une occasion se présentait chaque année de se faire connaître. Le jour de la grande, et quelquefois de la petite Fête-Dieu, sur le parcours de la procession, à la place Dauphine et sur le Pont Neuf, une exhibition d'objets divers et d'œuvres d'art s'improvisait en plein vent : c'était l'Exposition de la jeunesse. On appendait les tableaux sur les tentures et tapisseries que, par ordonnance de police, les habitants devaient tendre sur le parcours de la procession; en cas de pluie, le spectacle était renvoyé à l'octave, et, si le mauvais temps persistait, on attendait jusqu'à l'année suivante. En 1723, le ciel se montra clément et la fête put avoir lieu. Boucher n'y manqua pas : une mention du Mercure nous apprend qu'il accrocha à l'exposition « plusieurs petits tableaux »; mais nous devons nous contenter de ce maigre renseignement. De ces œuvres de jeunesse, si intéressantes pourtant à connaître, nous n'avons que de lointains échos et de vagues mentions.
En quittant Lemoyne, Boucher vint demeurer chez le père de Cars, le graveur, qui faisait commerce de thèses et qui l'occupa à composer des dessins pour des planches qu'il donnait ensuite à graver. On lui promettait, dit Mariette, le vivre, le couvert et 60 livres par mois : une fortune.