Ce livre est le récit d'une Aventure, oui avec un A majuscule car, comme le signale l'auteur, ce terme est trop souvent galvaudé. Ici pas « d'aventuriers » sur une plage filmés h24. Un homme face à la Nature, là aussi majuscule, dans ce qu'elle a de plus grandiose et de plus dangereux. Une étendue blanche à perte de vue. Un défi pour emprunter la route mythique des grands explorateurs de l'arctique. Et de route point de traces, une navigation à la boussole le tout sur des skis, à tirer deux traineaux d'un poids total de 170kg au départ de l'expédition.
Folie, inconscience. le traileur longue distance que je suis vous répondra non. Par contre, par expérience, il faut savoir déconnecter quelques neurones pour se lancer. Être prêt à toutes éventualités aussi, bonnes et surtout mauvaises, et pour cela se préparer aussi bien physiquement que tester son matériel dans les conditions les plus proches de la réalité à venir. Se forger un mental d'acier est impératif même en subissant les refus ou atermoiements de partenaires potentiels. Tout cela pour quoi ? Pour Alban, une partie de la réponse se situe dans des expériences scientifiques mais je vous laisse découvrir son autre quête.
Et puis vient le jour du départ : les aléas, des au revoir aux copains et à la civilisation inuit, les premiers pas dans ce milieu hostile et les doutes qui surgissent sur sa capacité à. Adaptation sera l'un des maîtres mots de ce périple. C'est aussi se retrouver face à soi-même, passer par une foule d'émotions. L'Homme étant un animal social, Alban va se mettre à parler avec son matériel allant jusqu'à le considérer parfois comme un ami, indispensable dans la réussite de cette exploration. Mais c'est surtout un déferlement d'images, dont l'ouvrage regorge d'ailleurs, qui entraîne l'aventurier vers des contrées intimes. Une retraite, un ermitage à l'air libre où les réflexions s'enchaînent beaucoup plus rapidement que les pas nécessaires à la progression. C'est aussi des rencontres furtives avec la faune sauvage ou des plongées où « le silence est d'or, le monde s'arrête, il est figé ».
Nombre de sujets sont alors évoqués. le premier évident : les changements climatiques. Sans être dogmatique puisqu'il refuse l'écologie punitive, l'auteur interpelle par les implications au sens large, non seulement sur la nature mais aussi sur les populations locales qui ont à faire face à un tourisme inconnu quelques années en arrière puisque l'évolution météorologique facilite l'accès à ces contrées. Un choc culturel, une évolution des moeurs où les traditions peuvent se diluer.
C'est aussi une réflexion sur l'homme : l'aptitude au dépassement de soi ou à trouver un raccourci vers la facilité, la quête de sens, de sa place dans la société et la volonté de s'y intégrer, la capacité à garder le contrôle, la communion avec son environnement.
Pour Alban, cette expédition fut surtout un chemin de vie, une évidence et surtout un oeil ouvert vers un monde qui n'existera probablement plus que dans les livres d'Histoire Géo d'ici quelques années.
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Rencontre avec Alban Michon, explorateur extrême en milieu polaire.