On sait combien fut considérable au XIVe siècle la fabrication de ces petits monuments, diptyques, triptyques ou polyptyques, destinés à prendre place sur les autels secondaires des églises ou dans les chapelles privées ; mais tous ne sont pas d'égale valeur artistique. Ce diptyque-ci se recommande tout particulièrement par l'art avec lequel ont été interprétés les différents sujets de la vie du Christ ou de la Vierge, par l’allongement élégant des corps, la noblesse des attitudes et le souci, que nous avons eu déjà l’occasion de noter, qu’avait l'ivoirier de faire oeuvre plastique en se tenant aussi près que possible de ses maîtres ou rivaux les grands sculpteurs des cathédrales.
Par les Ivoires peut être constituée une série presque ininterrompue de monuments, dont un assez grand nombre à dates certaines, établissant l'histoire d’un art qui, dans bien des cas, permet de parer aux lacunes de la grande sculpture, pour les périodes où les monuments en sont relativement rares. Bien qu’ils ne soient pas nés sur le sol même de la Gaule, il a paru intéressant de montrer quelques spécimens des Ivoires latins, plaques de diptyques consulaires et pyxides, qui sont d'excellents points de départ et offrent tant de motifs décoratifs dont nous constaterons' ensuite la dégénérescence ou les transformations eu Orient comme en Occident.
Un mot maintenant de la disposition adoptée pour cette exposition.
Dans la plupart des expositions rétrospectives jadis organisées, le classement par époque avait été adopté ; il était justifié par l’abondance et la variété des matières. Il a semblé que, dans une manifestation uniquement destinée à retracer l’histoire de l’art français, le classement par matière devait être préféré. De la sorte, si ce programme était rempli, on formait un véritable musée, ayant, bien que réuni pour peu de temps, hélas ! un caractère d'oeuvre définitive dont sont dépourvues la plupart des expositions artistiques.