Dans le plan d’organisation de l’Exposition rétrospective, les pièces de mobilier, depuis le Moyen Age jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, devaient trouver place dans une série de salles concentriques à la cour intérieure du Petit Palais et prenant jour, par de grandes baies, sur les jardins. Elles devaient concourir à former des ensembles reconstituant les différentes époques, et l’idée, à ce point de vue, était bien intéressante qui consistait à enlever aux objets d’art ce caractère mort et inutile qu'ils revêtent dans un musée. Mais c’est à la réalisation que les difficultés devaient commencer; les locaux, comme toujours, ne s’adaptaient pas aux nécessités d’une semblable exposition ; il fallait tenir compte des petits objets de bois, qu’on ne pouvait laisser à portée des mains curieuses ou cupides ; or, c’est avec la vitrine que commence l’aspect musée. Enfin, les meubles se font rares, sont très recherchés par l’étranger, et la réunion n’en était pas commode.
Jusqu’au XVIe siècle, ce qui a dominé les arts industriels quels qu’ils soient, c’est la préoccupation architecturale. A partir de ce moment, on sent chez les ouvriers d’art plus de liberté individuelle, soit qu’ils maintiennent au début du siècle, intactes encore, les traditions nationales, soit qu’avec Charles VIII et Louis XII les influences italiennes aient tendu à devenir prédominantes. On voit les meubles, en particulier, se couvrir de bas-reliefs et même de figures de haut relief empreintes de toute la pureté de dessin de la belle époque de la Renaissance, jusqu’à ce que la manie du luxe et le désir de faire montre de leur habileté professionnelle aient entraîné les ouvriers du meuble dans toutes sortes d’exagérations.