J'avoue, la poésie, à part « le Dormeur du Val », j'avais du mal !
Puis un jour, je me suis posé avec ce recueil dans un trou de verdure où chante une rivière et j'ai perçu le souffle des mots ouvrir mes écoutilles et j'ai entendu les vers se tortiller dans ma tête. J'ai approché un plaisir nouveau, avec parfois un frisson dans l'échine.
Alors demain dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, je partirai me déconfiner avec ma dérogation signée, me présenter à l'administration leur faire part de cette déclaration de
Pierre-André Milhit:
J'avais dans mon crayon des brouettes de désirs
toutes les couleurs du monde
dans une pointe de graphite
toutes les reines et leurs esclaves
la promenade du dimanche
et des histoires d'ombellifères
je taillais mon crayon aux heures pâles
avec le canif des jours de peine
dans la poussière des copeaux
je tricotais des écharpes de mots
Ça rime à quoi tout ça, ne me demandez pas de le dire.
Je pouvais juste le ressentir.
La Garde-barrière dit que l'amour arrive à l'heure.