AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Jours tranquilles à Clichy (30)

Je me complaisais indolemment à me rappeler que je m’étais assis ainsi à Brooklyn Heights il y a des années. Peut-être dans une autre vie. Je ne reverrais probablement jamais Brooklyn. Ni Canarsie, ni Shelter Island, ni Montauk Point, ni Secausus, ni Lake Pocotopaug, ni Neversink River, ni pétoncles au bacon, ni aiglefin fumé, ni palourdes. C’est bizarre comme on peut se traîner dans la lie et se croire chez soi. Jusqu’à ce que quelqu’un dise, balivernes – ou fariboles ! Chez soi ! On est chez soi si on y reste. En d’autres termes, où l’on accroche son chapeau. « Très loin », avait-elle répondu, voulant dire Ménilmontant. Ce n’est pas loin ça. La Chine, voilà qui est loin.
Commenter  J’apprécie          30
Comme dit le proverbe, il n'y a que deux choses à faire quand il pleut, et les putains ne perdaient jamais leur temps à jouer aux cartes.
Commenter  J’apprécie          20
Les nuits où je ne pouvais la voir - quand elle était en mains - je me promenais tout seul, m'arrêtant dans les bistrots des petites rues, les boîtes mal famées, où d'autres filles pratiquaient leur commerce d'une façon sotte et absurde. Parfois, par pure lassitude, je m'en envoyais une, même si cela ne me laissait qu'un goût de cendres.
Commenter  J’apprécie          10
Je fouillai partout mais ne trouvai pas le moindre croûton. Il n’y avait même pas de bouteilles vides dont j’aurais pu encaisser la consigne. Je paniquai. Je ressortis à toute vitesse, décidé à demander crédit au petit restaurant proche de la place Clichy où je mangeais souvent. Juste devant ce restaurant je me dégonflai et tournai les talons. Je me mis alors à déambuler sans but en espérant tomber par miracle sur une connaissance. J’errai ainsi pendant environ une heure, puis je me sentis si épuisé que je décidai de rentrer chez moi et de me coucher. En chemin, je pensai à un ami, un Russe, qui habitait près des boulevards extérieurs. Il y avait des siècles que je ne l’avais pas vu. Aurais-je le culot de me pointer chez lui comme un cheveu sur la soupe pour lui demander de me dépanner ? J’eus alors une idée de génie : j’allais rentrer chez moi, prendre les disques et les lui offrir en guise de petit cadeau. Ainsi, il me serait plus facile, après quelques préliminaires, de parler sandwiches ou gâteaux. J’accélérai le pas, mais j’en a vais plein les pattes et j’étais crevé.
Commenter  J’apprécie          10
À nouveau, elle coula la main jusqu’à mon entre-jambe et la mit en batterie, se cambrant tant qu’elle pouvait, relevant le cul comme pour décrocher le lustre. Je sentis l’orgasme venir, se déclencher au milieu de ma colonne vertébrale ; je pliai un peu les genoux et l’enfonçai encore d’un cran ou deux. Et puis boum ! c’est parti comme une fusée.
Commenter  J’apprécie          10
Elle me toucha avec délicatesse, et comme un phoque dressé ma bite bondit de joie.
Commenter  J’apprécie          10
see that ass? Danish!
Commenter  J’apprécie          00
Apercevoir la lune à l’improviste le jetait dans un état proche de la démence.
— La voilà ! s’écriait-il d’une voix perçante, exactement comme s’il avait vu un fantôme. Mauvais signe, mauvais signe, marmonnait-il alors en se frottant les mains énergiquement avant d’arpenter la pièce, la tête baissée, la bouche entrouverte, sa langue dépassant comme un morceau de flanelle rouge.

[ In Mara-Marignan ]
Commenter  J’apprécie          00
Je réfléchis très vite. Je les dirigerais tous les deux dans ma chambre, je prendrais l’argent de la cachette, le donnerais à la folle, puis, lorsqu’elle retournerait à la salle de bains, je le reprendrais dans son sac et le remettrais dans le Faust de Goethe. Je laisserais Carl lui donner les cinquante francs dont il avait parlé ; cela paierait le taxi. Elle ne chercherait pas ses deux cents balles avant le lendemain matin ; si elle était vraiment frapadingue, l’argent ne lui manquerait pas ; et si elle ne l’était pas, eh bien elle se dirait sans doute qu’elle avait perdu ses billets dans le taxi. En tout cas elle quitterait la maison comme elle y était entrée : en somnambule. Et j’aurais mis ma main au feu qu’elle ne s’arrêterait pas en sortant pour noter notre adresse.
Ce plan fonctionna admirablement, sauf qu’il nous fallut la baiser avant de la virer. Je lui avais donné les deux cent francs, à la grande stupéfaction de Carl, et j’avais persuadé mon ami de se fendre de cinquante francs pour le taxi. Pendant ce temps-là, elle écrivait un autre poème au crayon sur un bout de papier qu’elle avait arraché dans un livre. J’étais assis sur le divan et elle se tenait debout devant moi, nue comme un ver, son cul braqué sous mon nez. Je me demandai si elle continuerait d’écrire si je lui glissais un doigt dans la fente.
Commenter  J’apprécie          00
Carl, qui se tenait au seuil de la pièce, se mit à me faire des gestes pour me signifier qu’elle était folle à lier. La fille, qui fouillait dans son sac pour en sortir ses poèmes, leva soudain les yeux et, remarquant l’expression gênée de Carl, dit très posément qu’il avait sans doute perdu l’esprit.
— Y a-t-il un bidet dans la salle de bain ? demanda-t-elle dans la foulée. J’ai ici un poème que je vous lirai dans un instant ; à propos d’un rêve que j’ai fait l’autre nuit.
En même temps, elle se leva et entreprit d’enlever son corsage et sa jupe.
— Dites à votre ami de se préparer, m’ordonna-t-elle en défaisant ses cheveux. Je coucherai d’abord avec lui.
Carl sursauta. Elle lui faisait de plus en plus peur, mais en même temps il se tordait de rire intérieurement […].
Dès qu’elle se fut enfermée dans la salle de bains, Carl éclata. Il rit comme un fou. Terrifié, voilà ce qu’il était.
— Je ne vais pas le faire, dit-il. Elle risque de m’arracher la queue avec les dents. Flanquons-la à la porte. Je lui refile cinquante balles et je la mets dans un taxi […].
Je me mis en pyjama, puis au lit. Elle en prenait du temps dans la salle de bains. Nous commencions à être inquiets.
— On ferait bien d’aller voir ce qu’elle trafique, dis-je.
— Vas-y, toi, fis Carl. Elle me flanque la trouille.
Je me levai et allai frapper à la porte de la salle de bains.
— Entrez, dit-elle de sa voix atone et blasée.
J’ouvris la porte et je la découvris nue comme un ver, le dos tourné vers moi. Avec son rouge à lèvres, elle écrivait un poème sur le mur.
Je retournai chercher Carl :
— Elle est complètement frapadingue, dis-je. Elle salope le mur avec ses poèmes.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (485) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les écrivains et le suicide

    En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

    Virginia Woolf
    Marguerite Duras
    Sylvia Plath
    Victoria Ocampo

    8 questions
    1720 lecteurs ont répondu
    Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}