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Citations sur On se retrouvera (49)

Sa violence ? Est-ce que j’ai hérité de sa violence ? C’est possible, ça, d’hériter du côté sombre de quelqu’un qu’on ne connaît pas ?
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Elle marquait des pauses, parfois au milieu d’un mot, pour repousser la douleur infernale qui parcourait tout son corps. Elle fermait les poings, plissait son visage cireux durant quelques secondes, rouvrait péniblement les yeux. Déglutissait. Sa langue recouverte d’une épaisse pellicule blanche humectait ses lèvres striées de gerçures. Puis elle reprenait là où elle s’était arrêtée. Elle regardait droit devant elle, les yeux brillants. Elle parlait au présent. Comme si ces hommes se forçaient encore en elle. Sa voix ne butait pas sur les mots dérangeants. Ni sur les détails atroces. Ils coulaient de sa bouche comme si elle en avait oublié le sens ; comme si elle ignorait le décalage troublant entre sa voix posée, plate, et l’atrocité de la scène. Toute censure psychologique avait disparu. Pour laisser place à une certaine… aisance. L’aisance du soulagement. De la libération.
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– Elle ressemblait plus à rien. Elle me donnait la gerbe, j’arrivais plus à bander, répond-il avec une moue de dégoût, tout en reboutonnant son jean.

Je passe mes mains sur mon visage. J’effleure les boursouflures, les entailles, ravivant une douleur insoutenable. Maman me caressait les joues comme ça quand j’étais petite, du bout des doigts, en me chantant « Douce nuit ».

Je ramène les bras le long de mon corps. Mes doigts se mettent à pianoter lentement. Ils battent la mesure. Ils m’accompagnent. « Douce nuit, sainte nuit, dans les cieux… »

Le gros au T-shirt bleu sifflote entre ses dents en se rapprochant à pas lents. Il prend son temps. Il s’agenouille, glisse sa main sous ma hanche droite et me retourne. Je retombe comme un poids mort, face contre terre.

« Douce nuit, sainte nuit, dans les cieux, l’astre luit… »
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Il se débarrasse du mégot d’une chiquenaude. Il attrape mes seins et les comprime violemment alors qu’il me pénètre. Une douleur intolérable s’étend comme un élastique de mon bas-ventre à mes seins. Le type s’agrippe à ma poitrine. À chaque coup de rein, il enfonce un peu plus ses ongles dans ma peau. Soudain, il ralentit sa cadence, ôte son polo et me le jette sur le visage. Une odeur âcre, mélange de transpiration et de moisissure, se propage dans mes narines, sur ma langue et dans ma gorge. J’arrête de respirer par le nez et me mets à avaler de grandes goulées d’air par la bouche. Il me laisse son polo sur le visage jusqu’aux dernières saccades. Puis il se relève, récupère son T-shirt maculé de sang et de morve, et rejoint les deux autres, la braguette béante.

Ils lui demandent à quoi il a « joué ».
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Le grand maigre s’avance vers moi en avalant d’avides bouffées d’une cigarette pincée entre le pouce et l’index. Ses paupières sont agitées de petits tremblements, comme parcourues de décharges électriques. Il se positionne entre mes cuisses, remonte mon chemisier jusque sous mes aisselles et rabat mon soutien-gorge au-dessus de ma poitrine. Les deux autres frappent des mains. Sa cigarette se met à virevolter dans l’air comme un insecte hésitant. Des cendres tombent sur mon visage. L’extrémité incandescente se rapproche de mon œil droit, passe avec lenteur devant l’autre, puis s’écrase sur mon téton gauche. Je ressens la brûlure jusque dans mon omoplate et pousse un cri sourd. Il maintient la cigarette jusqu’à la fin du petit grésillement. Jusqu’à ce qu’elle s’éteigne. La douleur et l’odeur de ma chair brûlée me donnent envie de vomir.

De nouveaux cris d’encouragement.
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Comme s’il luttait contre une force invisible, le gamin brun pose un genou à terre. Puis l’autre. Les autres sifflent, applaudissent. Il défait sa ceinture. Encouragements bruyants, sauvages. Il déboutonne son jean. Ses yeux me demandent pardon. Je comprends que c’est fini. Que j’ai perdu. De nouvelles larmes froides coulent dans mes oreilles.

Comme les autres, il s’accroche à moi. Comme les autres, il me pénètre bestialement. Comme les autres, il me fait tellement mal que je voudrais crever.

Je veux partir loin de mon corps. De la douleur. D’ici. Je pense à papa et maman qui m’attendent à la maison. Je pense à la Sainte-Victoire qui se dresse de l’autre côté de la route. Je pense à la bière que j’ai bue au déjeuner. Au sourire d’une cliente, cet après-midi.

Il se relève. Ses yeux m’évitent. Les autres lui tapent dans le dos alors qu’il rajuste son pantalon.
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– Pars. Va-t’en, je lui réponds en silence. Ne le fais pas. Ne me fais pas de mal. Je t’en prie.
Ses yeux me scrutent. Ses yeux m’écoutent. Je continue.
– Va-t’en. Dis-leur d’arrêter. Dis-leur de me laisser tranquille. Dis-leur. Je t’en supplie.
– Hé, c’est quoi ton problème ? T’arrives pas à bander, ou quoi ?
Cette fois, c’est l’ange qui s’énerve.
J’oublie les élancements qui paralysent ma colonne vertébrale et secoue la tête.
– Non, je t’en prie, ne cède pas. Dis-leur non. DIS-LEUR NON, l’implorent mes yeux
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Vas-y. Elle est tout à toi. Fais-la bien gueuler, c’te salope.
Le porc lui tape si fort dans le dos qu’il est propulsé en avant, à mes pieds.
Il me jette un coup d’œil furtif, puis baisse les yeux.
– Ben qu’est-ce t’as, merdeux ? Tu te dégonfles ?
Son regard se balade comme s’il était pris au piège et cherchait une issue. Nouvelle tape dans le dos. Il trébuche mais se retient de me tomber dessus. Il est debout entre mes cuisses maintenant. Les pieds joints. Figé. Sa bande derrière lui. Ses yeux plantés dans les miens.
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Son visage se plisse, les coins de sa bouche s’avachissent. Il attrape mes hanches à pleines mains et se maintient à l’intérieur de moi. Longtemps.
Il s’écarte et remonte son slip en se retournant vers les deux autres.
Je ne crie pas, car je sais qu’il n’y a personne pour entendre mes cris. Je ne cherche même pas à me relever, je ne bouge pas d’un centimètre. Cela ne ferait que retarder la fin de… « ça ».
Le gros porc au T-shirt bleu décroise ses bras flasques et lève une main à la hauteur de ses yeux. Ma culotte dépasse de sa poche.
– Il est où, l’autre morveux ?
Un brun à la peau mate fait deux pas en avant, en tirant sur les manches de son blouson en jean. Il a l’air jeune, bien plus jeune que les autres. Presque un gamin.
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– Ça te plaît, hein ? Dis-le que t’aimes ça !
Sifflements des autres. Applaudissements.
Je ne peux pas. Je ne peux pas dire que j’aime « ça ». Son poing s’écrase sur mon menton, ma lèvre se fend. Le goût métallique se répand dans ma bouche.
– J’aime…
Ma voix n’est qu’un murmure. Je sens les filets de sang qui s’accrochent à mes lèvres comme des barreaux de prison. Il lâche un son rauque d’approbation.
Je le vois aller et venir, aller et venir. À chaque pénétration, je me sens mourir un peu plus
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