Citations sur Une putain d'histoire (205)
Jay ne put s'empêcher de sourire : la révolution numérique était en train de bâtir brique par brique le rêve millénaire de toutes les dictature - des citoyens sans vie privée, qui renonçaient d'eux-même à leur liberté...
Son ton disait clairement que cela lui paraissait à peu près aussi crédible que si on lui avait annoncé la résurrection de Mochael Jackson et qu'il préparait en grand secret son retour.
Quand la vie vous écrase, quand le poids de la douleur est trop important, on a tendance à vouloir s'aplatir pour lui échapper, à s'asseoir, à se coucher par terre, à se rapprocher du sol. C'est ce que j'ai fait. Je me suis laissé glisser et je me suis couché en chien de fusil sur la moquette, au pied du lit. Je suis resté comme ça longtemps, mon corps agité de soubresauts, mon esprit en cendres.
Le violoncelle s'est tu.
Au-dessus de ma tête, la pluie produisait un bruit très doux, presque apaisant, sur les feuillages de plus en plus denses et dégouttant d'eau pure. L'humidité faisait briller la forêt - chaque cime, chaque branche, chaque feuille, chaque épine - d'un éclat soyeux malgré le manque de clarté. Ce n'était pas une forêt ordinaire : c'était une forêt ambrophile. Les arbres géants, qui pouvaient atteindre jusqu'à cinquante mètres de haut à certains endroits, privaient le royaume d'en bas de lumière. Sous ce dais, tout était ombre et silence. Dans cet océan vert, vie et mort, croissance et décomposition étaient indissociables. De jeunes fougères alertes jaillissaient des troncs morts, des arbrisseaux sains et vigoureux poussaient sur les carcasses d'arbres décapités par les tempêtes.
Le brouillard et la nuit se pressaient derrière les fenêtres en ce matin d'automne, une brume qui sentait la marée, le poisson et le carburant diesel, comme dans tous les ports du monde. Il y avait aussi les bruits :
le cliquetis infatigable des mâts dans le port,
une enseigne de magasin qui émettait un bruit rouillé en se balançant dans le vent marin,
les mouettes dont les cris vrillaient la brume,
les miaulements du vent lui-même - qui montaient et retombaient, montaient et retombaient -,
la ferveur sourde, lointaine et mystérieuse de la mer,
le teuf-teuf-teuf d'un bateau à moteur invisible quittant le port.
Au commencement est la peur.
La peur de se noyer.
La peur des autres -ceux qui me détestent, ceux qui veulent ma peau.
La peur de la vérité aussi.
......
Autant vous le dire tout de suite : Ce que je vais vous raconter va vous paraître incroyable.Ce n'est pas une histoire banale, je lui dit. Ca non. C'est une putain d'histoire. Ouais, une putain d'histoire.......
Un silence suivit son témoignage. "Putain, quelle histoire" , dit finalement le shérif.
Le respect, ça s’apprend.
Au bout d’un mois, comme je n’avais pas de réponse, je me suis dit que la lettre s’était peut-être égarée. J’en ai écrit une deuxième. Un peu moins belle, mais jolie tout de même. Je n’ai jamais eu de réponse. Alors, je l’ai appelée. Une fois, deux fois, trois fois… Mais, là encore, je tombais toujours sur un répondeur… J’ai bien envisagé de refaire la route une deuxième fois. Mais Carmel, ce n’est pas la porte à côté. Alors, j’ai renoncé. Elle n’a jamais rappelé, jamais écrit. Ça m’a brisé le cœur. Il m’a fallu des années pour m’en remettre…
C’était l’avantage d’avoir des ados pour cible : Internet était le centre de leur monde. Contrairement aux gens de sa génération, il ne constituait pas pour eux un domaine périphérique, mais bien le cœur de leur activité, de leurs affects et de leur existence. L’endroit où tout se passait, où ils se confiaient, se faisaient de nouveaux amis, stockaient leurs infos les plus personnelles et se mettaient à nu.
Il était impensable qu’un ado de seize ans n’eût pas recours à Internet pour communiquer et exister.