Egon Schiele dans ce portrait qui figure sur la couverture du nouveau livre d'
Isabelle Minière, est loin d'atteindre le degré de laideur qui affuble Arthur, le héros de ce roman étonnant.
Arthur est tellement laid, et ce dès sa naissance, que même sa mère ne peut le regarder sans frémir ! Bien sur toute la famille est effondrée. Et puis comment prendre soin d'un tel petit enfant, quand l'embrasser ou lui faire des câlins demandent un effort quasi insurmontable. Heureusement, Arthur compense cette laideur insupportable par un caractère calme et reconnaissant des quelques marques d'affection qu'on lui témoigne. La vie va alors suivre son cours, après qu'un chirurgien plasticien a annoncé aux parents qu'il faudrait attendre au moins une bonne quinzaine d'années avant de pouvoir intervenir ; Maman retournera au travail ce qui la soulage grandement et Papa deviendra nounou à temps plein. le père d'Arthur peut ainsi avoir du temps pour lui, son bébé étant tellement sage, et il va se consacrer au dessin, à la peinture, à la sculpture et mieux encore c'est Arthur qui va devenir l'unique source d'inspiration de son talent.
L'enfance passe, la jeunesse s'installe, les études commencent, Arthur continue à pratiquer les techniques de camouflage destinées à lui rendre la vie plus facile tant sa physionomie dérange, voire attire des rejets parfois violents. Il se retrouve confronté au désir et les pulsions qui l'assaillent lui font vivre des moments à la fois terribles et étonnants. En parallèle, Arthur étudie la psychologie, trouve un maître de thèse qui accepte de l'aider et commence ainsi une enquête qui le mènera au-delà de ce qu'il espérait.
Isabelle Minière nous offre ici un conte drolatique, philosophique, qui nous questionne sur notre rapport à la relativité des apparences, au beau et au laid, à l'intériorité de l'intelligence. L'histoire suit son cours, implacable, conduisant le lecteur à souhaiter aussi intensément qu'Arthur que celui-ci se fasse opérer, tout en le redoutant peut-être encore plus que lui, tellement il pressent combien le fragile équilibre obtenu pourrait en être menacé. Beaucoup d'humour dans cette écriture enlevée, très contemporaine, et ce récit à la première personne nous implique totalement dans cette aventure que la laideur conduit sans la résumer.
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